Réflexions sur une politique des revenus - article ; n°2 ; vol.17, pg 179-228
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Description

Revue économique - Année 1966 - Volume 17 - Numéro 2 - Pages 179-228
50 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 75
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur Hubert Brochier
Réflexions sur une politique des revenus
In: Revue économique. Volume 17, n°2, 1966. pp. 179-228.
Citer ce document / Cite this document :
Brochier Hubert. Réflexions sur une politique des revenus. In: Revue économique. Volume 17, n°2, 1966. pp. 179-228.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1966_num_17_2_407700REFLEXIONS
SUR UNE POLITIQUE DES REVENUS *
La note présentée sous ce titre ne prétend pas constituer une mise
au point définitive sur une question dont l'importance n'est apparue
que depuis peu, en France, et dont les conséquences ne sont pas
encore mesurées très clairement, semble-t-il. La mise en oeuvre d'une
« politique des revenus » ne concerne pas seulement la hiérarchie des
rémunérations entre les individus et entre les groupes, ni même la
politique économique dans son ensemble, mais encore la situation des
centres de décision effectifs dans l'économie, la structure des orga
nisations représentatives (patronales aussi bien qu'ouvrières), aussi
bien que la nature et les modalités de l'action revendicative — la
stratégie syndicale tout entière. Elle a des objectifs à court terme
(stabilisation du niveau général des prix) et des à plus long
terme (réduction des inégalités et disparités issues de la croissance)...
Il n'est pas étonnant que la discussion d'un aussi vaste ensemble
de questions provoque quelque confusion et laisse ouvertes bien des
interrogations.
Nous avons tenté, dans cette étude, de montrer clairement quels
problèmes techniques pose inévitablement toute tentative de maîtrise
aussi bien des salaires que des revenus non salariaux, puis de faire
apparaître les conséquences d'une politique des revenus conçue d'après
les modalités prévues dans le « Rapport présenté sur la politique des
revenus établi à la suite de la Conférence des revenus » * au niveau
(*) Le texte ci-dessous reproduit l'essentiel d'une note rédigée à l'intention
des syndicalistes du S.G.E.N. (Syndicat général de l'éducation nationale —
C.F.D.T.) en janvier 1965. Elle n'est donc pas exactement conçue ni écrite dans
le style d'une publication scientifique. Il est apparu préférable de lui laisser ses
caractères propres, en la diminuant toutefois d'une partie institutionnelle aujour
d'hui périmée (et ayant fait l'objet au surplus publication précédente dans
la Revue économique, « La politique des revenus et la planification française »,
nov. 1964, pp. 868-881), et en lui adjoignant un addendum résumant brièvement
les développements survenus en 1965 et les réflexions qu'ils peuvent inspirer.
1. Documentation française, 1964, n° 47. REVUE ECONOMIQUE 180
de la politique syndicale. En conclusion, on trouvera sous une forme
sans doute trop brève, une première réflexion sur la manière de poser
le problème de l'inégalité des revenus dans les sociétés industrielles
capitalistes et quelques propositions concrètes pour une politique
orientée dans le sens d'une société plus égalitaire.
Il est à craindre que ces réflexions n'apparaissent comme exces
sivement critiques et trop généralement négatives. J'avoue avoir été,
lorsque j'ai commencé à étudier la question, impressionné et séduit
par l'apparente simplicité de la politique des revenus (que l'on peut
ramener pour l'essentiel au partage du Revenu national, autour d'une
table, entre un petit nombre de représentants qualifiés des groupes
sociaux), par sa nécessité apparente dans le contexte économique
inflationniste que connaissent les pays de l'Europe occidentale, par
l'heureux compromis qu'elle semble promettre entre nécessités écono
miques et préoccupations sociales. Plus j'avançais dans l'étude des
problèmes de technique économique que suppose une maîtrise conve
nable des salaires et des revenus salariaux, plus les difficultés de
l'entreprise, la multiplicité et l'énormité de ses répercussions m'appa-
raissaient avec évidence. Enfin, c'est peu de dire que la politique
des revenus met en cause de manière fondamentale la structure et
la stratégie des syndicats dans les sociétés industrielles. C'est pour
quoi j'en suis venu à un point de vue plus critique et je me suis
résolu, ici, avant tout à faire ressortir les difficultés d'une telle entre
prise. Mais je tiens à dire, sans pour autant atténuer de quelque
manière ce qu'on lira plus loin, que je considère les positions soute
nues ici comme provisoires : je souhaiterais vivement qu'une discus
sion approfondie s'engage sur les problèmes d'une politique de maît
rise des salaires réels, problèmes qui n'ont jamais été, à ma connais
sance, abordés en France comme ils l'ont été dans les pays anglo-
saxons.
I
LES DIFFICULTES SPECIFIQUES D'UNE POLITIQUE DES SALAIRES
Nous nous placerons donc pour commencer dans les perspectives
volontairement limitées qui ressortent du « Rapport sur la politique
des revenus ». Bien des incertitudes restent encore à lever sur les
institutions qui pourraient être mises en œuvre dans l'esprit de ce
rapport. POLITIQUE DES REVENUS 181 UNE
Supposons seulement que le gouvernement, en définissant les
grandes lignes de la planification en valeur au début de chaque période
de cinq ans, puis au seuil de chaque année, fixe, par secteur, les taux
de croissance maxima des rémunérations compatibles avec les équi
libres généraux définis par le plan. Demandons-nous quelle pourra
être l'efficacité des recommandations ainsi définies. Deux groupes de
difficultés principales apparaissent : l'un porte sur la maîtrise effec
tive des salaires réels, l'autre sur les principes et les conséquences
d'une manipulation des disparités de salaires.
A) Peut-on maîtriser les solaires effectifs ?
Telle est bien la question essentielle à laquelle on doit être en
état de donner une réponse positive si l'on veut qu'une politique des
salaires ait un sens. Or les diverses expériences historiques de poli
tique des salaires centralisées ainsi que le souci unanime du gouver
nement français et des organisations représentatives des divers grou
pes sociaux de rester dans le cadre de l'orientation et de l'incitation
ne permettent pas d'être très optimistes à ce sujet.
Le premier problème qu'aurait à résoudre une politique des salaires
n'est autre que le choix de la variable essentielle sur laquelle porterait
cette politique. Suivant l'optique grossièrement quantitativiste qui
semble avoir dicté certaines positions gouvernementales, ce pourrait
être, par exemple, la masse globale des salaires distribués 2. On fixe
rait ainsi à 3 ou 4 % par an, approximativement équivalent au taux
de croissance de la productivité, la limite dans laquelle on s'effor
cerait de maintenir la hausse globale des salaires S.
Mais une telle technique paraît à la fois trop simpliste et trop
globale pour être efficace. Elle est d'abord d'un maniement statis
tique malaisé : si l'on veut éviter d'enregistrer, après que toutes les
données statistiques aient été réunies, un chiffre qui pourrait être
éloigné de l'objectif poursuivi mais sur lequel toute intervention
serait, désormais, impossible, il faudrait concevoir la mise sur pied
2. Voir par exemple l'interview accordée par M. G. Pompidou à l'hebdo
madaire L'Entreprise du 20 juin 1964 (pp. 27 et 29).
3. Les orientations adoptées par le Ve plan fixent à 4,8 % le taux de crois
sance du revenu réel des exploitants agricoles (contre 2,6 % en moyenne pour
la période 1960-1965), à 3,3 celui des salariés, tous glissements catégoriels compris
(au lieu de 5,3), la progression des revenus de salariés ne changeant pas de
qualification devant être de l'ordre de 2,8 par an. Enfin, le revenu brut des entre
preneurs individuels augmenterait de 3,3% (au lieu de 4%). 182 REVUE ECONOMIQUE
d'un recensement statistique au moins trimestriel de la masse des
salaires — ce qui n'est pas impossible, mais impose de nouveaux
moyens.
D'autre part, une progression donnée de la masse salariale peut
résulter de mouvements fort différents suivant les branches

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