Relations industrielles et industrialisation dans les pays en voie de développement - article ; n°114 ; vol.29, pg 229-252
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Description

Tiers-Monde - Année 1988 - Volume 29 - Numéro 114 - Pages 229-252
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Guy Caire
Relations industrielles et industrialisation dans les pays en voie
de développement
In: Tiers-Monde. 1988, tome 29 n°114. pp. 229-252.
Citer ce document / Cite this document :
Caire Guy. Relations industrielles et industrialisation dans les pays en voie de développement. In: Tiers-Monde. 1988, tome 29
n°114. pp. 229-252.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1988_num_29_114_3538RELATIONS INDUSTRIELLES
ET INDUSTRIALISATION
DANS LES PAYS EN VOIE
DE DÉVELOPPEMENT
par Guy Caire*
II n'est pas de définition neutre, car toute tentative pour définir un
objet scientifique est dépendante du paradigme dont on se réclame. Ceci
est vrai pour chacun des deux concepts que nous souhaitons mettre en
relations. Les relations professionnelles, traduction de l'expression industrial
relations, offrent déjà, au simple niveau de la langue, des divergences
sensibles d'interprétation entre anglophones et francophones; ces
sont plus fortes encore si on se réclame d'une approche fonctionnaliste à
la Dunlop1, d'une approche behaviouriste à la Margerison8 ou d'une
approche marxiste à la Hyman2. On se bornera provisoirement à les caract
ériser comme les relations, nécessairement conflictuelles, qui s'établissent
entre salariés et employeurs à propos du travail et qui s'insèrent dans un
ensemble de règles. L'industrialisation fait, elle aussi, tout autant problème.
La désinence du terme indique qu'il s'agit d'un processus plus que d'un
état, mais d'un processus qui peut être conçu de façon plus ou moins
extensive suivant les auteurs4. On retiendra simplement l'idée qu'il y a
* Professeur à l'Université de Paris X - Nanterre.
1. Industrial relations systems, Southern Illinois University Press, 1958.
2. What do we mean by industrial relations ? A behavioral science approach, British
Journal of Industrial Relations, juillet 1969, p. 273-286.
3. Industrial relations, a marxist introduction, Macmillan Press, 1975.
4. C'est ce que soulignent par exemple E. Staley : « Industrialisation est un terme souvent
utilisé sans précision. Au sens étroit il peut signifier le développement des manufactures, au
sens large il peut signifier l'emploi de l'énergie mécanique, d'investissements de grande dimens
ion, de technologie et de méthodes d'organisation complexes, tout ceci impliquant une division
du travail étendue et l'organisation des échanges dans une économie monétaire. Dans ce sens
large, nous pouvons même parler de l'industrialisation de l'agriculture » (The future of under
developed countries, Harpers, 1954, p. 300) ou M. T. S. Markovitch : « A notre sens, la notion
d'industrialisation peut avoir une triple signification : 1 / dans le cadre même de la production
"industrielle" prise dans son ensemble, elle peut désigner l'avance prise par l'industrie propre-
Revue Tiers Monde, t. XXIX, n° 114, Avril- Juin 1988 230 GUY CAIRE
industrialisation lorsqu'un ensemble d'activités faisant appel à des machines
plus ou moins complexes et organisées dans une division du travail plus ou
moins étendue génèrent une figure nouvelle : celle de l'ouvrier d'usine.
C'est dans un contexte très particulier — celui du sous-développement —
qu'il convient d'examiner les interférences se produisant entre relations
industrielles et industrialisation. La difficulté de la tâche s'en trouve accrue
dans la mesure où le développement ne s'identifie plus, on le sait, à
la seule croissance économique dont l'industrialisation serait le vecteur
essentiel, mais où il est aussi, non seulement lié à une certaine idée de
l'homme, ainsi que nous l'a enseigné François Perroux, mais également
conditionné par le type de répartition des richesses, ce qu'évoquent des
expressions telles que stratégie des besoins essentiels, élimination de la
pauvreté et des inégalités, etc.
C'est donc dans un cadre dynamique caractérisant le devenir du système
societal que représente le développement qu'il convient de voir les inter
actions s'établissant entre les deux sous-systèmes que sont les règles jur
idiques constitutives des relations industrielles et les structures économiques
façonnées par l'industrialisation. On examinera donc tour à tour le condi
tionnement des systèmes de relations industrielles par les industrialisations
que connaissent les pays en voie de développement et l'influence en retour
qu'exercent les systèmes de relations sur le processus d'indust
rialisation.
I. — DU CONDITIONNEMENT DES RELATIONS INDUSTRIELLES
PAR L'INDUSTRIALISATION DES PAYS SOUS-DÉVELOPPÉS
Le premier type de problème a depuis longtemps retenu l'attention,
puisqu'il était celui que se proposait d'étudier, dès 1954, le Groupe d'études
interuniversitaires des problèmes du travail dans le développement écono
mique sur la base du canevas élaboré par C. Kerr, J. T. Dunlop, F. Har
bison et C. A. Myers5 et dans lequel on retrouve les trois ingrédients
énoncés par Dunlop' : des acteurs, agissant dans un certain contexte, pour
ment dite sur l'artisanat et le travail familial ; 2 / dans le cadre de l'économie nationale tout
entière, l'industrialisation peut servir à désigner les progrès de la production manufacturière
(éventuellement extractive) par rapport aux autres secteurs de (transports, com
merce, etc.) ; 3 / elle peut enfin indiquer la pénétration des méthodes industrielles dans les
divers secteurs, par exemple dans l'agriculture qui est encore aujourd'hui, dans la plupart des
pays, à l'état non industrialisé » (L'industrie française de 1789 à 1964, Cahiers de VISE A,
novembre 1966).
5. Industrialism and industrial man, Penguin Books, 1973.
6. Op. cit., p. 7. RELATIONS INDUSTRIELLES ET INDUSTRIALISATION 231
élaborer des règles régissant leurs rapports. On peut donc se saisir de cette
trilogie pour examiner notre problème.
A. Les acteurs sont au nombre de trois : travailleurs, employeurs, pouv
oirs publics. Le contexte du sous-développement donne à chacun de ces
acteurs et aux modes d'organisation dont ils se dotent des particularités
spécifiques qu'on peut rapidement rappeler.
Concernant les organisations ouvrières, le principal obstacle est sans
doute la faiblesse numérique des travailleurs industriels : 225 650 au
Cameroun en 1982 par exemple, 229 994 en Bolivie en 1976, 574 578 en
Iraq en 1977, pour ne prendre que quelques exemples. De plus, outre les
différences de structures avec les pays industriels que fait apparaître le
tableau ci-après, les possibilités de recrutement n'existent en fait que dans
quelques secteurs particuliers : l'administration ou les services publics
(électricité, télécommunications, service des eaux), les transports (en parti
culier les chemins de fer, les ports et docks, l'aviation), le secteur des
plantations (par exemple d'hévéas en Malaisie, de canne à sucre à Trinité-et-
Tobago ou à la Jamaïque), le secteur minier et pétrolier. La main-d'œuvre
employée manque généralement de qualification professionnelle, or toutes
les enquêtes de sociologie industrielle s'accordent à reconnaître que les
ouvriers qualifiés constituent le terrain de choix de recrutement syndical
Agr. Indust. Indust. Construct, commerce transp. services
sylvic. extract mánuf. banques entrepots
chasse assuranc. communi.
pêche affaires
immmob.
développés
14,4 22,5 AE.L 11,5 2,2 34,8 7,6 6,8
Illustration non autorisée à la diffusion 18,8 Marché com. 20,5 1,8 32,1 8,5 13,0 5,4
28,7 22,0 5,8 28,4 Amer. Nord 7,3 6,5 U
Squs développés
4,4 4,5 15,9 Amer . Sud 50, 1 1,1 14,5 9,6
Asie 73,1 0,4 8,8 5,2 1,8 9,4
Aff.Nord 69,6 0,5 7,6 2,2 6,3 2,3 11,4
P.V.D.(l) 70,7 0,6 8,9 2,0 5,6 2,2 9,6
(l)Chine , République populaire démocratique de Corée, Mongolie et
République démocratique du Viet Nam exclues
Source : P. Bairoch et J. M. Limbor, Evolution de la population active dans le
monde par branches d'activité et par régions, 1880-1960, dans bit, Essais sur
Vemploi, 1971, p. 34-35, 38-40. 232 GUY CAIRE
et une véritable pépinière de militants, alors que la masse des manœuvres
interchangeables hésite, lorsqu'elle détient un emploi, à s'engager dans
l'action syndicale.
Enfin, les travailleurs industriels

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