Religion et politique : comment ont pris fin les combats de gladiateurs - article ; n°4 ; vol.34, pg 651-671
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Annales. Histoire, Sciences Sociales - Année 1979 - Volume 34 - Numéro 4 - Pages 651-671
Religion and politics how gladiatorial fighting came to an end Georges VILLE The history of gladiatorial fighting is the history of the conflict between the taste for blood and highly historical and political yearning for civil peace The Christians themselves condemned combats between gladiators more as an impure spectacle on par with the obscenities of the stage than as repulsive institution they were thinking more of the spectators than of the gladiators The true cause of the suppression of gladiatorial combats is to be sought in the transformation of imperial power in the course of the 3rd century paternal king took the place of the civic magistrate
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Georges Ville
Religion et politique : comment ont pris fin les combats de
gladiateurs
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 34e année, N. 4, 1979. pp. 651-671.
Abstract
Religion and politics how gladiatorial fighting came to an end Georges VILLE The history of gladiatorial fighting is the history of
the conflict between the taste for blood and highly historical and political yearning for civil peace The Christians themselves
condemned combats between gladiators more as an impure spectacle on par with the obscenities of the stage than as repulsive
institution they were thinking more of the spectators than of the gladiators The true cause of the suppression of gladiatorial
combats is to be sought in the transformation of imperial power in the course of the 3rd century paternal king took the place of the
civic magistrate
Citer ce document / Cite this document :
Ville Georges. Religion et politique : comment ont pris fin les combats de gladiateurs. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 34e année, N. 4, 1979. pp. 651-671.
doi : 10.3406/ahess.1979.294077
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1979_num_34_4_294077ETUDE
RELIGION ET POLITIQUE COMMENT ONT PR/S F/N
LES COMBATS DE GLADIATEURS
Lors de sa mort accidentelle le septembre 1967 Georges Ville ancien
membre de cole fran aise de Rome et conservateur au Musée du Louvre
laissé le manuscrit une thèse sur la gladiature romaine qui était entièrement
rédigée sauf la conclusion article on va lire occupe la place de cette
conclusion qui faisait défaut
Que faire Il est arbitraire de fabriquer du Ville mais il aurait été encore plus
arbitraire de laisser le hasard de la mort fabriquer un Ville incomplet
autant plus que plusieurs sources étaient notre disposition abord un
fichier des textes païens et chrétiens que Ville avait relevés pour sa conclusion
tous les textes cités ci-dessous proviennent de ce fichier Ensuite article que Ville
publié en 1960 dans les Mélanges de cole de Rome sur la cessation des jeux
de gladiateurs au IVe siècle est une première esquisse de cette conclusion Enfin
Ville parlait beaucoup du problème de la gladiature et de sa disparition et ai
encore dans les oreilles le souvenir de longues heures de soliloques car la
gladiature avait fini par devenir le mythe personnel de Ville il testait ou
investissait sa vie intérieure ses particularités personnelles sa vision du monde et
des hommes ses convictions et actions politiques Dans article on va lire tous
les détails sont douteux mais ensemble est certain Ville aurait peut-être
approuvé une par une aucune des phrases qui suivent en revanche je réponds
de lojustesse de ensemble on retrouvera ici le tour esprit les convictions et la
vision historique de ce non-conformiste qui expliquait qui voulait entendre
que seul un préjugé humanitaire avait mis fin la gladiature Ville était de
ceux pour qui histoire comme spectacle de irrationalité du passé sert
suggérer que notre présent doit être notre insu non moins irrationnel
historien ne ressuscite pas le passé il tue le présent
Paul VEYNE
Comment la gladiature a-t-elle pu être possible Et si elle été comment
a-t-elle pu cesser de être Certes le sadisme est de tous les temps et on ne peut
pas se faire illusions sur les véritables mobiles des foules qui assistaient aux
651 TUDE
supplices de notre Ancien Régime et aux autodafés Mais cette jouissance sadique
était pas avouée par la morale chrétienne et était pas non plus le but de ces
atrocités on ne les avait pas instituées pour le plaisir les spectateurs étaient
censés assister un châtiment exemplaire voir passer la justice du roi et
manifester leur prince ils étaient de son parti et ils indignaient contre les
hors-la-loi qui avaient osé se dresser contre son autorité Dans le cas des spectacles
de arène au contraire horreur publique ne se couvrait aucun prétexte
atrocité était légitime légale organisée par les pouvoirs publics ou avec leur
aveu Le souverain ce garant de état de société contre état de nature était lui-
même organisateur de ces meurtres ludiques en pleine paix publique les arbitrait
et souvent présidait si bien que les poètes de cour pour flatter le maître le
félicitaient de amusante ingéniosité des supplices il avait fait organiser pour la
voluptas et la laetitia publiques Si au contraire un flatteur avait félicité le roi
Espagne ou de France avoir procuré pareil plaisir ses sujets il aurait attenté
la majesté du roi et la dignité de sa justice
Notre hypothèse sera la suivante si la gladiature été possible est parce
il faut bien distinguer entre deux sentiments il est aisé de confondre un
de ces sentiments est peu répandu moins une religion lui donne une
importance historique ce sentiment est la commisération qui il est pas étayé
par une morale religieuse existe spontanément que chez une minorité
individus aux nerfs fragiles autre sentiment largement répandu est la
prudence la peur du meurtre dans enceinte de la paix civile bien que nous
parlions de sentiments il ne agit pas de psychologie mais comme on verra de
politique
Le premier sentiment interdit pas la violence la guerre les supplices de
criminels il interdit seulement on en réjouisse ou on assiste Le second
sentiment le plus répandu ne fait pas du tout évanouir au spectacle du sang
versé et empêche pas de se délecter sadiquement ou suicidairement ce
spectacle mais il fait éprouver une sourde inquiétude pour avenir Inquiétude
qui accommode fort bien du moins sur le moment de la délectation que
procure la grande majorité des individus le spectacle des supplices car il est
un troisième sentiment sans lequel toute cette histoire serait incompréhensible
savoir le plaisir que procure très généralement la souffrance autrui Plaisir
presque innocent parler de sadisme serait envoyer le pavé de ours il rien
une délectation perverse profondément enfoncée dans la constitution psychique
bizarre de certains individus un peu particuliers et qui ne sont pas comme les
autres est plutôt un sadisme de masse celui qui fait arrêter les automobilistes
au bord des routes quand il eu un accident de voiture et qui assure le succès
des films de guerre Plaisir superficiel et banal on savoure il se présente
après quoi on pense plus
un côté nous avons donc une sensibilité qui fait évanouir certains
individus au spectacle du sang versé nous parlons de sensibilité et non de pitié ou
indignation morale côté de cette minorité aux nerfs fragiles qui prend sa
faiblesse pour du sens moral nous avons la grosse majorité elle se délecte
presque innocemment au spectacle des gladiateurs mais ensuite elle éprouve
une sourde inquiétude base de prudence car le souvenir du sang versé ne laisse
pas être mena ant Bien entendu cette inquiétude prend un coloris moral il est
impur que le sang coule ce qui veut dire non pas il est impur de le faire couler
et de faire souffrir autrui nous avons tous assez de courage pour supporter les
652 VILLE LA FIN DE LA GLADIATURE
maux de notre prochain) mais il est impur assister ce spectacle est ainsi
que chez nous les exécutions publiques de condamnés les pendaisons en place
publique ne sont plus tolerables Comme on voit cette attitude de la grande
majorité du public est ambivalente elle se délecte innocemment du spectacle des
gladiateurs et en même temps elle éprouve un malaise parce que le sens de la
prudence et le sens de la décence sont froissés en elle Elle admet et refuse la fois
la gladiature elle hésite Hésitation prudence secrète décence morale voilà la
clé de attitude de Ciceron de Sénèque et pour une partie entre eux tout au
moins des chrétiens eux-mêmes Les sages paiens et un certain nombre de
chrétiens ne sont pas allés au-delà Le refus absolu horreur la commisération
altruisme la charité tout cela leur est resté étranger La gladiature est le meurtre
apolitique un innocent elle est un plaisir mais un plaisir qui fait trembler
Montrons abord les réactions de la minorité aux nerfs fragiles puis les
hésitations de la foule et des sages eux-mêmes nous verrons enfin comment ces et ambivalence de attitude de la majorité ont abouti une réaction
pharisienne mais prévisible tenir le gladiateur lui-même pour impur tout en
admirant son courage
horreur des combats On fait vite le tour des témoignages où on voit des
Romains éprouver pour le spectacle des combats horreur qui aurait été
croyons-nous la nôtre Crudele gladiatorium spectaculum et inhum

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