Réussite scolaire : la mobilisation des filles - article ; n°1 ; vol.11, pg 53-89
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Sociétés contemporaines - Année 1992 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 53-89
JEAN-PIERRE TERRAIL The relative overeducation of girls is a recent phenomenon dating back to the 1 960 ' s. It is even more significant since these pupils are from a disadvantaged social origin. Regarding this phenomenon, the author focuses on the mobilization of these pupils (because girls' performances contradict the usual determinants of school failure) and on parents' involvement (because it starts at the very beginning of school years). Based on four surveys, the paper describes the rising preoccupation with school within the families, even within working class families which used to be less concerned with it. A link is then established between success at school and subjective involvement of pupils. The latter is much more significant among girls, particularly in middle classes when the mother works at home and even more so in working classes when the mother works outside without qualifications. Their mobilization and success depends on their parents', particularly their mother's, complicity, daily encouragement and symbolic caution ; such intergenerational dynamics express and explain contemporary changes in women's lives.
La surscolarisation relative des filles est un phénomène récent, qui date des années 1960, et d'autant plus significatif que l'origine sociale des élèves est plus défavorisée. À son propos, l'auteur s'intéresse ici : parce que les performances féminines contredisent les déterminants ordinaires de l 'échec scolaire, à la mobilisation des intéressées ; et parce qu 'elles se manifestent dès les premières années duprimaire, à l'implication des parents. Ens 'appuyant sur 4 enquêtes par questionnaire, il décrit la montée de la préoccupation scolaire dans les familles.jusque dans les catégories ouvrières longtemps les moins concernées. Il établit ensuite l'existence d'un lien entre la réussite à l'école et l'engagement subjectif des élèves. Celui-ci s'avère beaucoup plus significatif chez les filles, notamment dans les milieux intermédiaires quand la mère est au foyer, etplus encore dans les familles populaires lorsque la mère est active sans qualification. Leur mobilisation et leur réussite trouvent chez les parents, et particulièrement dans la complicité maternelle, une condition de possibilité essentielle, encouragement quotidien et caution symbolique tout à la fois : dynamique inter-générationnelle qui exprime, et éclaire, la transformation contemporaine des destins féminins.
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Pierre Terrail
Réussite scolaire : la mobilisation des filles
In: Sociétés contemporaines N°11-12, Septembre / Décembre 1992. pp. 53-89.
Citer ce document / Cite this document :
Terrail Jean-Pierre. Réussite scolaire : la mobilisation des filles. In: Sociétés contemporaines N°11-12, Septembre / Décembre
1992. pp. 53-89.
doi : 10.3406/socco.1992.1081
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/socco_1150-1944_1992_num_11_1_1081Abstract
JEAN-PIERRE TERRAIL The relative overeducation of girls is a recent phenomenon dating back to the
1 960 ' s. It is even more significant since these pupils are from a disadvantaged social origin.
Regarding this phenomenon, the author focuses on the mobilization of these pupils (because girls'
performances contradict the usual determinants of school failure) and on parents' involvement (because
it starts at the very beginning of school years). Based on four surveys, the paper describes the rising
preoccupation with school within the families, even within working class families which used to be less
concerned with it. A link is then established between success at school and subjective involvement of
pupils. The latter is much more significant among girls, particularly in middle classes when the mother
works at home and even more so in working classes when the mother works outside without
qualifications. Their mobilization and success depends on their parents', particularly their mother's,
complicity, daily encouragement and symbolic caution ; such intergenerational dynamics express and
explain contemporary changes in women's lives.
Résumé
La surscolarisation relative des filles est un phénomène récent, qui date des années 1960, et d'autant
plus significatif que l'origine sociale des élèves est plus défavorisée. À son propos, l'auteur s'intéresse
ici : parce que les performances féminines contredisent les déterminants ordinaires de l 'échec scolaire,
à la mobilisation des intéressées ; et parce qu 'elles se manifestent dès les premières années
duprimaire, à l'implication des parents. Ens 'appuyant sur 4 enquêtes par questionnaire, il décrit la
montée de la préoccupation scolaire dans les familles.jusque dans les catégories ouvrières longtemps
les moins concernées. Il établit ensuite l'existence d'un lien entre la réussite à l'école et l'engagement
subjectif des élèves. Celui-ci s'avère beaucoup plus significatif chez les filles, notamment dans les
milieux intermédiaires quand la mère est au foyer, etplus encore dans les familles populaires lorsque la
mère est active sans qualification. Leur mobilisation et leur réussite trouvent chez les parents, et
particulièrement dans la complicité maternelle, une condition de possibilité essentielle, encouragement
quotidien et caution symbolique tout à la fois : dynamique inter-générationnelle qui exprime, et éclaire,
la transformation contemporaine des destins féminins.♦♦♦♦♦♦♦ JEAN-PIERRE TERRAIL ♦ ♦♦♦♦♦♦
REUSSITE SCOLAIRE : LA MOBILISATION DES FILLES
RÉSUMÉ : La surscolarisation relative des filles est un phénomène récent, qui date des années
1960, et d'autant plus significatif que l'origine sociale des élèves est plus défavorisée. À son
propos, l'auteur s'intéresse ici : parce que les performances féminines contredisent les
déterminants ordinaires de l 'échec scolaire, à la mobilisation des intéressées ; et parce qu 'elles
se manifestent dès les premières années duprimaire, à l'implication des parents. Ens 'appuyant
sur 4 enquêtes par questionnaire, il décrit la montée de la préoccupation scolaire dans les
familles.jusque dans les catégories ouvrières longtemps les moins concernées. Il établit ensuite
l'existence d'un lien entre la réussite à l'école et l'engagement subjectif des élèves. Celui-ci
s'avère beaucoup plus significatif chez les filles, notamment dans les milieux intermédiaires
quand la mère est au foyer, etplus encore dans les familles populaires lorsque la mère est active
sans qualification. Leur mobilisation etleurréussitetrouventchezlesparents, et particulièrement
dans la complicité maternelle, une condition de possibilité essentielle, encouragement quotidien
et caution symbolique tout à la fois : dynamique inter-générationnelle qui exprime, et éclaire,
la transformation contemporaine des destins féminins.
L'accès croissant des jeunes d'origine populaire à l'enseignement secondaire
faisait l'objet, au début des années 1980, de deux types de commentaires
sociologiques. Pour les uns, dans la lignée des analyses de la décennie précédente,
l'essentiel était le maintien de l'inégalité des chances scolaires selon l'origine
sociale, au-delàdes apparences de démocratisation. Cette insistance sur la permanence
des écarts entre destins de classe laissait dans l'ombre l'amélioration générale des
scolarisations : comme si le changement, s'étant opéré en quelque sorte naturellement
à partir des réformes institutionnelles des années 1960, n'avait pas à susciter
l'investigation. Pour d'autres la mise en évidence des permanences n'épuisait pas
la question. Encore fallait-il interroger les ressorts, les modalités et les conséquences
de cette amélioration : là notamment où son impact sur les destinées individuelles
s'avérait le plus significatif, dans les milieux populaires (Terrail, 1984).
C'est dans les années suivantes que la prise en compte de la disparité sexuée des
destins scolaires a acquis quelque importance, produisant des travaux qui se laissent
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aujourd'hui ordonner selon la même configuration logique. De l'essor différentiel
spectaculaire des scolarités féminines à partir des années 60, les uns retiennent
surtout ce qui n'a pas changé dans les rapports de sexe à l'école et dans la société ;
les autres s'attachent à en décrypter les conditions et les ressorts. Le point de vue
de la permanence structurale, ici, s'autorise d'un constat et d'une interprétation. Le
constat : la promotion scolaire des filles n'a pas aboli la discrimination sexuée des
filières et des professions, qui les cantonne aux emplois féminins et réserve aux
garçons les positions socio-professionnelles dominantes. L'interprétation, elle,
réfère les performances des filles à la structuration culturelle des rapports de sexe
telle que la domination masculine l'a historiquement façonnée : si elles réussissent
mieux (au moins dans certaines limites), c'est qu'elles se soumettent plus volontiers
aux prescriptions de l'autorité scolaire. Sous un angle comme sous l'autre, le
changement trouverait ainsi sa vérité dans la continuité.
Ce premier point de vue me paraît contestable : il conduit là encore à faire silence
sur ce qui a rendu possible, à un moment donné, cette amélioration si rapide des
scolarités féminines, aux conséquences économiques et sociales déjà si profondes.
Je ne reprendrai pas ici sa discussion problématique, qui a été menée ailleurs : le
lecteur intéressé pourra aisément s'y reporter (cf. Terrail, 1992 b) . L'examen sur le
long terme des destins scolaires de sexe me conduit à lui préférer, avec quelques
autres chercheurs, une seconde approche qui met précisément l'accent, elle, sur les
principes et les conditions de possibilité — historiquement spécifiés — des
changements dans l'activité scolaire des filles. C'est une exploration empirique de
cette deuxième voie que je proposerai ici.
Pour légitimer 1 ' entreprise, j e rappellerai brièvement quelques données factuelles
et les hypothèses qu'elles suggèrent :
• La supériorité des filles est déterminée dans le temps : jusqu'aux années 50, les
garçons sont plus performants, dans le primaire comme dans le secondaire ; les filles
commencent à les rattraper dans les années 60, et creusent très sensiblement l'écart
au cours des années 70 ; mais dès la dernière décennie, les garçons commencent à
réduire leur retard, qui reste cependant sensible : parmi les entrants en 6éme en
1979-80, 124 filles pour 100 garçons accéderont en terminale. Leur supériorité e

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