Rôle des facteurs géographiques comme freins des processus et entreprises de développement - article ; n°29 ; vol.8, pg 3-13
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Description

Tiers-Monde - Année 1967 - Volume 8 - Numéro 29 - Pages 3-13
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

Pierre George
Rôle des facteurs géographiques comme freins des processus
et entreprises de développement
In: Tiers-Monde. 1967, tome 8 n°29. pp. 3-13.
Citer ce document / Cite this document :
George Pierre. Rôle des facteurs géographiques comme freins des processus et entreprises de développement. In: Tiers-
Monde. 1967, tome 8 n°29. pp. 3-13.
doi : 10.3406/tiers.1967.2330
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1967_num_8_29_2330SUR LE ROLE
DES FACTEURS GÉOGRAPHIQUES
COMME FREINS DES PROCESSUS
ET ENTREPRISES
DE DÉVELOPPEMENT
par Pierre George*
L'introduction des notions de blocage et de frein du développement
dans une analyse des conditions géographiques du et
de la croissance, revient à poser la question de savoir sous quelle forme
et dans quelle mesure les facteurs naturels interdisent ou retardent la
croissance et le développement. Il n'est pas douteux que, les conditions
techniques, économiques, psychologiques du développement étant
réalisées, les rythmes seront modulés par les résistances permanentes
ou occasionnelles opposées dans un milieu donné par les facteurs
naturels. En termes économiques, ceux-ci s'expriment par une pression
sur les coûts, par l'insécurité plus ou moins grande des investissements.
Sur le plan technique, ils appellent la mobilisation de compétences et
d'instruments plus ou moins rares. Ceci revient à dire que, dans certaines
limites du pouvoir d'investissement et d'amortissement des risques sur
le long terme, d'une part, en l'absence de moyens techniques ou de cadres
techniques appropriés, d'autre part, le milieu naturel peut comporter
des obstacles momentanément insurmontables ou retarder considérable
ment le développement en limitant l'efficacité des investissements et
de 1' « entreprise » en général, ou en l'exposant à des coups de frein
occasionnels, dont la localisation précise dans le temps ne peut pas être
* Professeur à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l'Université de Paris.
3 PIERRE GEORGE
prévue. Seules les économies disposant de fortes réserves financières
et maîtresses des techniques les plus sûres et les plus puissantes peuvent
mettre l'activité productive à l'abri des surprises et apporter au milieu
naturel les correctifs indispensables. S'il est faux de dire que certaines
zones ou régions ne se prêtent pas au développement, subissent les effets
d'une malédiction naturelle dans leur climat, leurs sols, leur écologie, il
faut convenir, en revanche, qu'elles appellent l'application de moyens de
domestication, dont la possession suppose résolus les problèmes du
développement. C'est sans doute par l'analyse des facteurs géographiques
que l'on peut le mieux faire apparaître la nécessité de formes spécifiques
d'aide des pays industriels pour assurer le développement de pays sous-
développés. On peut imaginer qu'un jeune État réforme de lui-même
son inexpérience politique et mette un terme à ses gaspillages, qu'il
ajuste sa croissance démographique à ses moyens. L'assainissement
de plaines inondables, la régularisation des grands fleuves, l'étalement
des perspectives de production sur le moyen terme pour compenser
l'effet des catastrophes périodiques, la prévision même de ces catastrophes
dans le court terme, requièrent l'intervention financière et technique
de pays qui ont franchi les seuils en deçà desquels les hommes ne peuvent
maîtriser leur nature (i). Le problème est, en fait, très difficile à résoudre,
car il suppose la conjonction de moyens qui ne sont réunis que dans les
pays développés, et de connaissances que l'on n'acquiert qu'au cœur
même des pays à développer. Il ne saurait être posé en termes clairs
qu'à travers des exemples pris dans le cadre d'une systématique des
données, par référence à des situations géographiques définies.
I. — Les facteurs climatiques et hydrologiques
Les limites climatiques apparemment imposées au développement
sont des de température et de distribution de l'eau. Pour des
économies agricoles, l'espace humanisé s'arrête là où l'insuffisance et
(i) II est facile d'objecter que le développement des pays actuellement les plus avancés
a eu à tenir compte de semblables difficultés d'ordre naturel et en a triomphé sans aide exté
rieure. Il suffirait de rappeler le cas de régions réputées pauvres pendant des siècles, devenues
des régions riches. Mais, outre qu'il faille jauger à leur juste mesure les impératifs issus des
conditions naturelles dans chaque type de pays, il convient de rappeler que la domestication
du milieu géographique de la zone tempérée a duré des millénaires, que les grandes épidémies,
par exemple, n'ont été définitivement enrayées qu'il y a un siècle. Les problèmes de dévelop
pement tels qu'ils sont posés aujourd'hui sont des problèmes qui appellent des solutions
rapides, et c'est en fonction de ce souci d'accélération des interventions qu'il faut juger des
situations. LE ROLE DES FACTEURS GÉOGRAPHIQUES
la brièveté de la distribution de calories atmosphériques (solaires) ne
permet plus le développement d'une végétation productive et là où le
rapport précipitation/évaporation (aridité) prohibe également la végé
tation : déserts froids, déserts chauds, déserts d'altitude. Les climats
arctiques, ceux des déserts chauds, sont difficiles à supporter par l'orga
nisme humain, mais peuvent être compensés par des protections et
des correctifs techniques, vêtement, climatisation des locaux habités et
des locaux de travail, adductions d'eau. Les nécessités d'ordre écono
mique ou stratégique ont ainsi provoqué des aménagements de la vie
dans l'Arctique et dans le désert : stations côtières d'équipement tech
nique et militaire de la périphérie de l'océan Glacial arctique, mines du
Grand Nord canadien ou sibérien, mines et exploitations pétrolières des
déserts et des très hauts plateaux (Pamir, Andes). Mais le coût de la
présence de l'homme est très élevé ; il ne se justifie que par un calcul de
rentabilité et implique la mobilisation de moyens techniques d'équipe
ment et de liaison qui ne sont accessibles qu'aux économies les plus
développées, et qui sortent en partie du cadre même de la notion de ren
tabilité dans la mesure où l'investissement et les dépenses sont justifiés
par des considérations extra-économiques.
En dehors des cas limites des franges de l'espace habité, les facteurs
climatiques pèsent plus ou moins lourdement sur la vie des groupes
humains. L'exemple le plus suggestif est celui des pays subarides carac
térisés par l'irrégularité du régime des précipitations. Des groupes
d'années sèches qui peuvent tendre vers la stérilisation et la déserti
fication alternent avec des séries d'années humides, les années de « vaches
grasses ». Cette insécurité prohibe tout peuplement stable et toute activité
continue. Les années sèches sont des années de misère, de famine, de
surmortalité et d'exode. Les seuls remèdes sont, d'une part, des travaux
d'irrigation permettant de constituer des réserves de terres continûment
productives et, d'autre part, une capitalisation d'une fraction du produit
brut des bonnes années pour assurer la compensation du déficit des
périodes sèches. L'un et l'autre supposent l'acquisition de techniques
d'un niveau élevé dès que sont franchis les seuils qui limitent l'extension
des pratiques traditionnelles.
En supposant résolu le problème de l'irrégularité et de l'insécurité,
certaines régions arides sont affectées d'une répartition très inégale de
leur lot annuel d'humidité : Sénégal, Mali, Soudan reçoivent la totalité
des précipitations annuelles en trois mois (période dite de Г « hivernage »,
5 PIERRE GEORGE
qui correspond saisonnièrement à notre été). L'agriculture doit accomplir
son cycle annuel en moi

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