Rôle du taux de change dans l ajustement d une économie à faible revenu. Une revue de la littérature récente - article ; n°118 ; vol.30, pg 357-402
47 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Rôle du taux de change dans l'ajustement d'une économie à faible revenu. Une revue de la littérature récente - article ; n°118 ; vol.30, pg 357-402

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
47 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tiers-Monde - Année 1989 - Volume 30 - Numéro 118 - Pages 357-402
46 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Pierre Jacquemot
Rôle du taux de change dans l'ajustement d'une économie à
faible revenu. Une revue de la littérature récente
In: Tiers-Monde. 1989, tome 30 n°118. pp. 357-402.
Citer ce document / Cite this document :
Jacquemot Pierre. Rôle du taux de change dans l'ajustement d'une économie à faible revenu. Une revue de la littérature
récente. In: Tiers-Monde. 1989, tome 30 n°118. pp. 357-402.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1989_num_30_118_3840ROLE DU TAUX DE CHANGE
DANS L'AJUSTEMENT D'UNE ÉCONOMIE
A FAIBLE REVENU
Une revue de la littérature récente
par Pierre Jacquemot*
Tandis que les grandes monnaies entraient toutes à compter de 1973 dans
un système de flottement généralisé, divers aménagements se succédant par la
suite, les gouvernements de nombreux pays en développement ont manifesté
jusqu'au début des années 1980 une grande réticence à modifier de façon di
scrétionnaire la parité de leur propre monnaie.
La Banque mondiale constatait encore en 1983 que les gouvernements afr
icains en particulier n'utilisaient pas la dévaluation de « manière active », mais,
influencés par « l'attitude négative et dogmatique » de ses détracteurs l'appl
iquaient de « manière réactive comme en témoigne la conduite de leurs négociations
avec le fmi »x. Pour l'institution internationale, la surévaluation des monnaies
africaines aurait été en moyenne de 75 % entre 1974 et 1984, alors que, pendant
le même temps, la dépréciation des monnaies asiatiques aurait été de 26 %2.
Elle reconnaissait cependant que la surévaluation des monnaies de certains pays
n'avait pas été recherchée pour elle-même par les gouvernements concernés. Dans
la majorité des cas, elle avait été plutôt la résultante d'une politique monétaire et
budgétaire volontariste visant à forcer le rythme de la production. La priorité
accordée à l'industrie par l'imposition de quotas ou de droits de douane à l'entrée
avait conduit au maintien de hauts prix pour les biens manufacturés locaux
comparativement aux prix internationaux. La croissance des dépenses de l'Etat,
liée à l'extension de ses fonctions économiques et sociales, a également été un
facteur de déséquilibre continu des paiements extérieurs et donc du taux de
change. Enfin, la croissance des apports en capitaux publics à des conditions
* Maître de conférences à l'Université de Paris-Dauphine, cedre.
1. Cf. S. Please et K. Y. Amoako, 1983.
2. Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde, 1987, p. 122. On trouvera
également des indications sur l'évolution des taux de change dans les diverses publication du
Fonds monétaire international. L'inversion de la tendance des taux de change des pays asia
tiques à faible revenu se situe en 1982 et celle des pays africains en 1984 selon World Economie
Outlook, 1987, p. 12. Depuis 1983, on constate également une sous-évaluation systématique
ment recherchée par les gouvernements des monnaies latino-américaines (Chili, Colombie,
Equateur, Mexique, Paraguay et Uruguay).
Revue Tiers Monde, t. XXX, n° 118, Avril-Juin 1989 358 PIERRE JACQUEMOT
concessionnelles permettait de différer la prise d'une décision toujours interprétée
comme le signe d'un échec politique.
Depuis le début de l'actuelle décennie et avec l'extension rapide des pro
grammes d'ajustement structurel, les actions volontaristes sur le taux de change
figurent désormais en bonne place dans pratiquement tous les accords signés
avec le fmi3.
Cette étude propose une synthèse des travaux parmi les plus récents relatifs au
rôle et à l'efficacité de la politique du taux de change dans les pays les moins
avancés4. Les principales questions sont donc abordées avec à l'esprit la situa
tion qui prévaut dans une économie qui se caractérise par la faiblesse de son
produit intérieur, sa spécialisation primaire, sa dépendance et sa vulnérabilité
dans l'échange avec l'extérieur, la désarticulation de ses structures productives,
la fragmentation de ses marchés intérieurs et enfin le rationnement des réserves
disponibles en devises et mises sur un marché des changes rudimentaire.
i. — l'orthodoxie confirmée
La théorie académique de l'ajustement par le change6 enseigne que la déva
luation n'est susceptible de donner sa pleine efficacité que dans des économies
qui ne connaissent pas une forte dégradation de leurs termes de l'échange, dont les
exportations jouissent d'une élasticité de la demande élevée, dont l'appareil de
production est diversifié et peut en conséquence répondre aux diverses incitations
du système de prix, où les transferts intersectoriels des facteurs de production ne
se heurtent à aucune rigidité de nature structurelle et où enfin les acteurs sociaux
ne tentent pas d'indexer trop rapidement leurs revenus nominaux sur l'évolution
du taux de change et des prix intérieurs tout en répondant instantanément aux
signaux du marché. Si telle est la conclusion à laquelle est parvenue la théorie de
l'ajustement, il est difficile de comprendre pourquoi une économie qui serait
placée dans une telle situation aurait besoin de procéder à un ajustement de ses
structures de production et d'échanges et il est encore plus malaisé de comprendre
pourquoi une économie qui ne présenterait pas de telles conditions pourrait tirer
parti de la dévaluation pour assurer son développement. Cet enseignement au
résultat paradoxal explique certainement pourquoi l'analyse de l'impact réel de
la dépréciation du taux de change sur la restructuration de l'offre et de la demande
dans le contexte d'une économie en développement a été l'objet de multiples
controverses.
3. Entre 1981 et 1983, 64% des programmes prévoyaient une telle disposition et si l'on
exclut le cas des pays appartenant à une zone monétaire, la proportion était de 82%
(G. G. Johnson, 1985).
4. Une présentation de la littérature anglo-saxonne contemporaine sur la question du taux
de change dans les pays en développement est proposée par J. Williamson (1982), P. Wickham
(1985), A. O. Krueger (1985) et S. Edwards (1989).
5. Entendons par là celle des grands précurseurs : S. Alexander, G. Haberler, A. O. Hir-
schman, H. G. Johnson, A. P. Lerner, A. Marshall, J. E. Meade, R. A. Mundell, J. Robinson
ou J. Viner. TAUX DE CHANGE ET AJUSTEMENT 359
De nombreux auteurs se sont efforcés de confirmer la validité du cadre ana
lytique inspiré par la théorie monétaire de la balance des paiements, tout en
apportant des amendements dans certaines de ses hypothèses traditionnelles
pour le rendre plus adéquat au contexte des économies étudiées*. La justifica
tion de la dévaluation comme pièce maîtresse d'une politique d'ajustement repose
pour ces auteurs sur l'analyse des mécanismes par lesquels une modification signifi
cative du taux de change de la monnaie d'une économie considérée par rapport
aux monnaies de ses principaux partenaires est censée agir à la fois sur sa balance
des paiements courants, sur sa production et sur les modalités de la répartition
de ses revenus.
A partir d'une situation de départ caractérisée par un déséquilibre des comptes
extérieurs, trois effets positifs sont recherchés par la correction du taux de
change :
1 / un changement notable dans les prix relatifs, et par conséquent dans les
quantités des biens et services faisant l'objet de transactions avec l'extérieur,
conduisant au rétablissement progressif de la balance commerciale;
2 / un effet de réduction de la demande globale dont le caractère excédentaire
par rapport à l'offre disponible est, en règle générale, à l'origine des déséquil
ibres tant internes qu'externes;
3 / enfin, une réallocation sélective des revenus par la modification des prix
relatifs intérieurs favorisant un déplacement des facteurs de production en
direction des secteurs « exposés » au commerce international (secteur expor
tateur et secteur d'import-substitution) et aux dépens des secteurs « abrités »
(c'est-à-dire tournés vers le marché domesti

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents