Serbie : quelle transition économique après une décennie de sanctions et de guerre ? - article ; n°1 ; vol.35, pg 85-115
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 2004 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 85-115
Au terme d'une décennie de sanctions internationales et des bombardements de l'OTAN en 1999, l'économie de la Serbie paraît dévastée avec une chute de plus de 50 % de la production et une importante décapitalisation. Le nouveau pouvoir engage rapidement, à partir de la fin de 2000, des réformes caractéristiques de la transition. Trois ans plus tard, les résultats macroéconomiques sont médiocres, surtout en terme de croissance et, encore plus, d'investissement. Les investissements directs étrangers paraissent alors devoir jouer un rôle déterminant mais sont freinés par un risque-pays demeuré important, notamment pour des raisons de politique intérieure.
Following a decade of international sanctions and NATO's bombing in 1999, the Serbian economy has been devastated: production has dropped more than 50 %, and decapitalization is rife. The new authorities launched quickly, in late 2000, reforms typical of economic transition. Three years later, the macroeconomic results are poor, especially in terms of growth and, even more, of investment. Though potentially decisive, foreign direct investments are impeded given the risks in a country with an unstable domestic political situation.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Michel Drouet
Serbie : quelle transition économique après une décennie de
sanctions et de guerre ?
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 35, 2004, N°1-2. Sortir de la transition bloquée : Serbie-
Monténégro. pp. 85-115.
Résumé
Au terme d'une décennie de sanctions internationales et des bombardements de l'OTAN en 1999, l'économie de la Serbie paraît
dévastée avec une chute de plus de 50 % de la production et une importante décapitalisation. Le nouveau pouvoir engage
rapidement, à partir de la fin de 2000, des réformes caractéristiques de la transition. Trois ans plus tard, les résultats
macroéconomiques sont médiocres, surtout en terme de croissance et, encore plus, d'investissement. Les investissements
directs étrangers paraissent alors devoir jouer un rôle déterminant mais sont freinés par un risque-pays demeuré important,
notamment pour des raisons de politique intérieure.
Abstract
Following a decade of international sanctions and NATO's bombing in 1999, the Serbian economy has been devastated:
production has dropped more than 50 %, and decapitalization is rife. The new authorities launched quickly, in late 2000, reforms
typical of economic transition. Three years later, the macroeconomic results are poor, especially in terms of growth and, even
more, of investment. Though potentially decisive, foreign direct investments are impeded given the risks in a country with an
unstable domestic political situation.
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Drouet Michel. Serbie : quelle transition économique après une décennie de sanctions et de guerre ?. In: Revue d’études
comparatives Est-Ouest. Volume 35, 2004, N°1-2. Sortir de la transition bloquée : Serbie-Monténégro. pp. 85-115.
doi : 10.3406/receo.2004.1645
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_2004_num_35_1_1645Revue d'études comparatives Est-Ouest, 2004, vol. 35, n° 1-2, pp. 85-116
Serbie : quelle transition économique après
une décennie de sanctions et de guerre ?
Michel DROUET *
RÉSUMÉ : Au terme d'une décennie de sanctions internationales et des
bombardements de l'OTAN en 1999, l'économie de la Serbie paraît dévastée
avec une chute de plus de 50 % de la production et une importante décapit
alisation. Le nouveau pouvoir engage rapidement, à partir de la fin de 2000,
des réformes caractéristiques de la transition. Trois ans plus tard, les résultats
macroéconomiques sont médiocres, surtout en terme de croissance et, encore
plus, d'investissement. Les investissements directs étrangers paraissent alors
devoir jouer un rôle déterminant mais sont freinés par un risque-pays
demeuré important, notamment pour des raisons de politique intérieure.
Abstract: Following a decade of international sanctions and NATO's
bombing in 1999, the Serbian economy has been devastated: production has
dropped more than 50 %, and decapitalization is rife. The new authorities
launched quickly, in late 2000, reforms typical of economic transition. Three
years later, the macroeconomic results are poor, especially in terms of growth
and, even more, of investment. Though potentially decisive, foreign direct
investments are impeded given the risks in a country with an unstable
domestic political situation.
Introduction : Sanctions internationales et guerre
La Serbie a amorcé le processus de transition vers une économie de
marché de type capitaliste en 1989, dans le cadre de l'ex- Yougoslavie l et
du programme de réforme économique présenté par le premier ministre
fédéral, Ante Markovic, en décembre 1988. Ce programme comportait
deux volets. Le premier mettait l'accent sur la stabilisation macroécono-
Maître de conférences en sciences économiques, LESSOR, Université de Haute-Bretagne
(michel.drouet@uhb.fr).
1. Nous retiendrons la dénomination d'ex- Yougoslavie pour la République socialiste fede
rative de Yougoslavie (RSFY ; en serbo-croate : SFRJ - Socijalisticka Federativna Republika
Jugoslavia) de 1945 à 1991, de Yougoslavie pour la République fédérale de Yougoslavie
(RFY ; en serbe : SRJ - Savezna Republika Jugoslavia) regroupant de 1992 à 2003 la Serbie
et le Monténégro et, enfin, de Serbie-Monténégro pour la Communauté d'États qui prévaut
entre ces deux pays depuis le 4 février 2003. 86 Michel Drouet
mique en donnant, à la fin 1989, la priorité à la lutte contre l'inflation 2
avec pour instrument principal une politique monétaire restrictive. Le
deuxième concernait les réformes structurelles avec pour objectif premier
le développement de la propriété privée des moyens de production et la
transformation du régime de propriété des entreprises existantes, caractér
isé par l'autogestion et la sociale des moyens de production
(Drouet, 1992). En émana la loi fédérale de décembre 1989, modifiée en
août 1990, permettant la privatisation des entreprises autogérées ; sa mise
en œuvre ne put cependant qu'être amorcée compte tenu des tensions
politiques internes croissantes qui débouchèrent sur la sécession de la
Slovénie et de la Croatie, le 25 juin 1991, et sur des conflits armés en
Croatie au cours de l'été et surtout à l'automne 1991.
Les premières sanctions économiques furent prises par l'Union euro
péenne le 15 novembre 1991 mais elles valaient pour l'ensemble des
Républiques de l'ex- Yougoslavie et consistaient en la suspension de faci
lités commerciales et de l'aide que l'Union européenne accordait anté
rieurement à ce pays. Cependant, dès le 2 décembre 1991, dans le cadre de
mesures incitatives pour encourager les différentes Républiques à recher
cher une solution pacifique à la crise, seuls la Serbie et le Monténégro
demeurèrent frappés pas ces sanctions, les autres bénéficiant
du rétablissement des facilités commerciales. Cette réorientation des sanc
tions de l'Union européenne à rencontre uniquement de la Serbie et du
Monténégro fut également appliquée par les pays de l'AELE et, ultérie
urement, par les principaux autres pays de l'OCDE dont les États-Unis.
Néanmoins, c'est le conflit en Bosnie-Herzégovine qui conduisit le
Conseil de sécurité des Nations-Unies à prendre, à partir de la résolution
752 du 30 mai 1992, des sanctions globales et d'intensité croissante à l'en-
contre de la Serbie et du Monténégro, en particulier avec la résolution 820
du 17 avril 1993. Interdisant toute relation commerciale, financière, scien
tifique, culturelle et sportive, ces résolutions conduisirent à un quasi-isol
ement de la Serbie et du Monténégro. Par ailleurs, la participation de la
Yougoslavie de 1992 (Serbie-Monténégro) aux instances internationales
(ONU, FMI, Banque mondiale, GATT, ...) fut remise en cause. Le refus de
la considérer comme le seul successeur de l'ex- Yougoslavie conduisait en
effet à ce qu'elle doive, à l'instar des nouveaux États issus de l'ex-
Yougoslavie, redemander son adhésion à ces instances, demande qui, vu
2. L'augmentation annuelle de l'indice des prix à la consommation était de 194 % en 1988
et de 1 265 % en 1989 pour la Serbie et le Monténégro, hausses très proches de celles pré
valant dans l'ensemble de l'ex- Yougoslavie ; sauf indication contraire, toutes les données
statistiques utilisées dans l'article sont tirées de Statisticki Godisnjak Jugoslavije (Annuaire
statistique de la Yougoslavie), Beograd : Savezni Zavod za Statistiku, 1990 (SFRJ) et 2002
(SRJ). Serbie : quelle transition économique ? 87
les circonstances, ne pouvait aboutir. Ces sanctions, les plus fortes parmi
celles prises jusqu'alors par le Conseil de sécurité à rencontre d'un
membre de l'ONU, furent quelque peu allégées à partir de septembre
1994 pour être suspendues au lendemain des accords de Dayton qui
mettaient fin au conflit en Bosnie-Herzégovine par la résolution 1022 du
22 novembre 1995 ; elles ne furent réellement supprimées qu'avec la réso
lution 1047 du premier octobre 1996, soit environ quatre ans et demi après
le début de leur instauration 3.
La levée de ces sanctions ne signifiait cependant pas le retour à la
normale pour la Serbie et le Monténégro. En effet, ces Républiques
demeuraient frappées par les conséquences négatives de leur non-appar
tenance au GATT/OMC ainsi qu'à des institutions financières

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