Séries de crânes et armée de squelettes : les collections anthropolgiques en France dans la seconde moitié du xixe siècle - article ; n°3 ; vol.1, pg 203-230
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Séries de crânes et armée de squelettes : les collections anthropolgiques en France dans la seconde moitié du xixe siècle - article ; n°3 ; vol.1, pg 203-230

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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1989 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 203-230
Résumé. — Cet article examine les rapports entre collections anthropologiques et savoir anthropologique en France dans la seconde moitié du XIXe siècle. L'étude analyse d'abord les raisons d'ordre scientifique, technique et patriotique qui ont présidé à la constitution de collections anthropologiques, et notamment de collections craniologiques au Muséum d'Histoire naturelle, à la Société d'Anthropologie de Paris et au Laboratoire d'anthropologie. Les collections confèrent à l'anthropologie une dimension expérimentale non négligeable ; de plus, et à l'instar des sciences naturelles, en particulier de la zoologie et de l'anatomie, l'anthropologie devient à son tour dépendante des collections. Cet article essaie ensuite d'établir les incidences de cette orientation muséologique, spécifique au parcours historique de l'anthropologie en France, sur le développement ultérieur de ce domaine d'études, aussi bien au point de vue théorique (classification raciale, recherches ethnogéniques) que méthodologique (craniométrie et anthropométrie).
SERIES OF CRANIA AND ARMY OF SKELETONS : ANTHROPOLOGICAL COLLECTIONS IN FRANCE IN THE SECOND HALF OF THE NINETEENTH CENTURY Summary. — This article examines the relations between anthropological collections and anthropological knowledge in France during the second half of the nineteenth century. Firstly, our study analyzes the scientific, technical, and patriotic reasons which have governed the setting up of anthropological collections — in particular the collections of skulls in the Muséum d'Histoire Naturelle, the Société d'Anthropologie de Paris, and the Laboratoire d'Anthropologie. These collections have conferred on anthropology a significant experimental dimension. Furthermore, following the example of the natural sciences (particularly zoology and anatomy) anthropology has in turn become dependent upon these collections. Secondly, the article attempts to establish the effects of this museological trend — specific to the historical course of anthropology in France — upon the later development of this field of study, both from a theoretical point of view (racial classification, research on ethnogeneticism) as well as a methodological one (craniology and anthropometry).
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Nélia Dias
Séries de crânes et armée de squelettes : les collections
anthropolgiques en France dans la seconde moitié du xixe
siècle
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, Nouvelle Série, tome 1 fascicule 3-4, 1989. pp.
203-230.
Résumé
Résumé. — Cet article examine les rapports entre collections anthropologiques et savoir anthropologique en France dans la
seconde moitié du XIXe siècle. L'étude analyse d'abord les raisons d'ordre scientifique, technique et patriotique qui ont présidé à
la constitution de collections anthropologiques, et notamment de collections craniologiques au Muséum d'Histoire naturelle, à la
Société d'Anthropologie de Paris et au Laboratoire d'anthropologie. Les collections confèrent à l'anthropologie une dimension
expérimentale non négligeable ; de plus, et à l'instar des sciences naturelles, en particulier de la zoologie et de l'anatomie,
l'anthropologie devient à son tour dépendante des collections. Cet article essaie ensuite d'établir les incidences de cette
orientation muséologique, spécifique au parcours historique de l'anthropologie en France, sur le développement ultérieur de ce
domaine d'études, aussi bien au point de vue théorique (classification raciale, recherches ethnogéniques) que méthodologique
(craniométrie et anthropométrie).
Abstract
SERIES OF CRANIA AND ARMY OF SKELETONS : ANTHROPOLOGICAL COLLECTIONS IN FRANCE IN THE SECOND
HALF OF THE NINETEENTH CENTURY Summary. — This article examines the relations between anthropological collections
and anthropological knowledge in France during the second half of the nineteenth century. Firstly, our study analyzes the
scientific, technical, and patriotic reasons which have governed the setting up of anthropological collections — in particular the
collections of skulls in the Muséum d'Histoire Naturelle, the Société d'Anthropologie de Paris, and the Laboratoire
d'Anthropologie. These collections have conferred on anthropology a significant experimental dimension. Furthermore, following
the example of the natural sciences (particularly zoology and anatomy) anthropology has in turn become dependent upon these
collections. Secondly, the article attempts to establish the effects of this museological trend — specific to the historical course of
anthropology in France — upon the later development of this field of study, both from a theoretical point of view (racial
classification, research on ethnogeneticism) as well as a methodological one (craniology and anthropometry).
Citer ce document / Cite this document :
Dias Nélia. Séries de crânes et armée de squelettes : les collections anthropolgiques en France dans la seconde moitié du xixe
siècle. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, Nouvelle Série, tome 1 fascicule 3-4, 1989. pp. 203-230.
doi : 10.3406/bmsap.1989.2581
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1989_num_1_3_2581et Mém. de la Soc. d'Anthrop. de Paris, n.s., t. 1, nos 3-4, 1989, pp. 203-230 Bull,
SÉRIES DE CRÂNES ET ARMÉE DE SQUELETTES :
LES COLLECTIONS ANTHROPOLOGIQUES EN FRANCE
DANS LA SECONDE MOITIÉ DU XIX< SIÈCLE
Nélia DlAS (*)
Résumé. — Cet article examine les rapports entre collections anthropologiques et savoir
anthropologique en France dans la seconde moitié du xixe siècle. L'étude analyse d'abord
les raisons d'ordre scientifique, technique et patriotique qui ont présidé à la constitution
de collections anthropologiques, et notamment de collections craniologiques au Muséum
d'Histoire naturelle, à la Société d'Anthropologie de Paris et au Laboratoire d'anthropol
ogie. Les collections confèrent à l'anthropologie une dimension expérimentale non négli
geable ; de plus, et à l'instar des sciences naturelles, en particulier de la zoologie et de l'ana-
tomie, l'anthropologie devient à son tour dépendante des collections. Cet article essaie ensuite
d'établir les incidences de cette orientation muséologique, spécifique au parcours histori
que de en France, sur le développement ultérieur de ce domaine d'études,
aussi bien au point de vue théorique (classification raciale, recherches ethnogéniques) que
méthodologique (craniométrie et anthropométrie).
SERIES OF CRANIA AND ARMY OF SKELETONS :
ANTHROPOLOGICAL COLLECTIONS IN FRANCE
IN THE SECOND HALF OF THE NINETEENTH CENTURY
Summary. — This article examines the relations between anthropological collections
and anthropological knowledge in France during the second half of the nineteenth cen
tury. Firstly, our study analyzes the scientific, technical, and patriotic reasons which have
governed the setting up of anthropological collections — in particular the collections of
skulls in the Muséum d'Histoire Naturelle, the Société d'Anthropologie de Paris, and the
Laboratoire d'Anthropologie. These collections have conferred on anthropology a signifi
cant experimental dimension. Furthermore, following the example of the natural sciences
(particularly zoology and anatomy) anthropology has in turn become dependent upon these
collections. Secondly, the article attempts to establish the effects of this museological trend
— specific to the historical course of in France — upon the later develop
ment of this field of study, both from a theoretical point of view (racial classification,
research on ethnogeneticism) as well as a methodological one (craniology and
anthropometry).
I. —INTRODUCTION
Dans le processus d'institutionnalisation de l'anthropologie en France, il est
des aspects qui tranchent par leur originalité. Ainsi la dimension muséologique
(•) Université de Lisbonne : Département d'Anthropologie Sociale et GDR 147 du C.N.R.S (Musée
de l'Homme, place du Trocadéro, 751 16 Paris). Adresse pour la correspondance : Rua Mariano Pina,
lote 10, 10e esq, 1500 LISBOA, Portugal. 204 SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS
a joué un rôle non négligeable dans le développement théorique et méthodologi
que de l'anthropologie, singularisant le parcours historique de ce domaine d'étu
des en France par rapport aux autres pays européens. Il n'est pas dans notre pro
pos ici de fournir un tableau historique des collections anthropologiques existan
tes en France dans la seconde moitié du xixe siècle, mais d'esquisser les linéaments
d'une recherche portant sur les rapports entre et savoir anthropologi
que. Comment rendre compréhensible l'essor prodigieux de collections de nature
anthropologique dans les années 1850-1860 ? Dans quelle mesure ces collections
ont-elles conditionné les orientations théoriques et méthodologiques de l'anthro
pologie ? De quelle manière les transformations internes de ce domaine d'études
se reflètent sur le plan muséologique ? De quelle nature étaient les relations entre
les anthropologues, chargés d'étudier et de classer les collections et les voyageurs
qui les ramenaient ? Quelles ont été les règles présidant à leur collecte ainsi que
les modes et les modalités d'obtention ? Quelles ont été les incidences de cette an
thropologie, à visée craniologique, sur le développement ultérieur de ce champ
d'investigation ?
Le XIXe siècle voit se multiplier des collections anthropologiques (publiques et
privées) dans les principaux pays européens et aux États-Unis (1). Toutefois, dans
ce concert des nations, la France occupe une position quelque peu marginale. En
effet, il faudra attendre la seconde moitié du XIXe siècle pour que se constituent
des collections anthropologiques, d'abord en 1855 au Muséum d'Histoire natur
elle, puis en 1862 au musée de la Société d'Anthropologie de Paris, enfin en 1872
au Laboratoire d'anthropologie de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes. Force est
donc de constater que les principaux centres de recherche et d'enseignement en
matière anthropologique se dotent de collections, comme si le développement de
ce domaine d'études était tributaire de l'accumulation et de l'assemblage d'objets.
Deux remarques doivent d'emblée être faites au sujet de la formation des collec
tions en France. Premièrement et malgré quelques initiatives pionnières dans le
domaine institutionnel, telles la création de la Société d'Anthropologie de Paris
en 1859, du Laboratoire d'anthropologie en 1867 et de l'Ecole d'Anthropologie
de Paris en 1875, la France a du retard en matière muséologique sur les autre pays
européens et les États-Unis. En fait, dès les années 1830-1840, Joseph Barnard

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