Services et nouvelles stratégies industrielles: quels enjeux pour le Sud ? - article ; n°115 ; vol.29, pg 949-960
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Tiers-Monde - Année 1988 - Volume 29 - Numéro 115 - Pages 949-960
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bruno Lanvin
Services et nouvelles stratégies industrielles: quels enjeux pour
le Sud ?
In: Tiers-Monde. 1988, tome 29 n°115. pp. 949-960.
Citer ce document / Cite this document :
Lanvin Bruno. Services et nouvelles stratégies industrielles: quels enjeux pour le Sud ?. In: Tiers-Monde. 1988, tome 29 n°115.
pp. 949-960.
doi : 10.3406/tiers.1988.3730
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1988_num_29_115_3730ET NOUVELLES STRATÉGIES SERVICES
INDUSTRIELLES :
QUELS ENJEUX POUR LE SUD?
par Bruno Lanvin*
Depuis quelques années, et plus précisément depuis la réunion minist
érielle du GATT de novembre 1982, les services occupent le devant de la
scène internationale dans le domaine des négociations commerciales
multilatérales. La réunion de Punta del Este, à l'automne 1986, a entériné
l'inscription du thème des services à l'ordre du jour de l'Uruguay Round.
Cette reconnaissance officielle de l'importance des services dans l'économie
internationale reste néanmoins très ambiguë, pour au moins trois raisons :
1 / Le cadre institutionnel proposé pour la négociation du gatt (avec un
comité pour les biens et un autre pour les services) demeure trop imprécis
pour que les problèmes qui avaient plusieurs fois failli bloquer le processus
entre 1983 et 1986 ne ressurgissent pas un jour ou l'autre; 2 / La dimens
ion commerciale n'est peut-être que l'une des facettes (et sans doute
pas la plus importante) de la question des services; enfin 3/11 pourrait être
dangereux pour un grand nombre de pays en développement, tentés de
lâcher la proie pour l'ombre, de renoncer trop vite à leurs politiques indust
rielles au profit d'hypothétiques « politiques de services » censées stimuler
leur performance commerciale.
C'est sur ce dernier point que la présente communication tente
d'apporter quelques éléments de réflexion. Dans une première partie, il
s'agira de caractériser ce que l'on a pu appeler la « montée des services »
dans les économies industrielles, tout en relativisant l'importance des
phénomènes dits de « désindustrialisation ». Dans une seconde partie, on
* Economiste à la cnuced (Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Déve
loppement, Genève). Les vues exprimées ici doivent être considérées comme propres à leur
auteur, et ne reflétant pas nécessairement celles de la cnuced.
Revue Tien Monde ,t. XXIX, n° 115, Jufflet-Septembre 1988 950 BRUNO LANVIN
tentera de circonscrire les enjeux du Tiers Monde dans l'ensemble des
évolutions structurelles qui découlent des éléments précédents, et de
montrer que le développement accéléré des activités de services (et notam
ment des services d'information), loin d'invalider la notion de politique
industrielle, lui donne au contraire une importance nouvelle.
I. — SOCIÉTÉS DE SERVICES ET DÉSINDUSTRIALISATTON
L'augmentation de l'importance relative des activités dites « tertiaires »
voire « quaternaires » dans les économies avancées est incontestable; elle est
même devenue spectaculaire au cours des dix à vingt dernières années.
Toutefois, et quelle que soit l'ampleur. de ce phénomène, il ne semble pas
justifier totalement les analyses (particulièrement nombreuses aux Etats-
Unis) selon lesquelles les économies les plus modernes seraient sur le point
de se « désindustrialiser » totalement.
1. La montée des services dans les économies avancées
Pour l'ensemble des pays de l'OCDE, les services fournissent plus de
la moitié de la production (à l'exception du Japon, cette proportion a aug
menté dans tous les pays avancés de 1964 à 1982) et près des deux tiers de
l'emploi.
Il est d'autre part remarquable que, aux Etats-Unis par exemple,
toutes les branches du secteur « services » aient connu la même évolution
positive : qu'il s'agisse des transports et télécommunications, du commerce,
des activités financières (y compris banques, assurances et immobilier), des
administrations ou des « services privés divers », leur contribution relative à
la valeur ajoutée nationale a augmenté au cours de la période 1979-1984.
Du point de vue de l'emploi, l'évolution est tout à fait comparable.
Enfin, en ce qui concerne les échanges internationaux, les services ont,
là aussi, de plus en plus souvent pris le relais de l'industrie manufacturière.
Qu'il s'agisse des Etats-Unis, de la France, ou encore du Royaume-Uni, le
déficit des échanges de marchandises est (partiellement) compensé par un
excédent dans le domaine des services.
Une évolution aussi spectaculaire ne pouvait que susciter les ra
isonnements par extrapolation. Au cours des dernières années, nomb
reuses ont été les analyses concluant à la « désindutrialisation » des
Etats-Unis, voire du monde occidental, comme si la loi des avantages
comparatifs dictait une division internationale du travail où les économies ET NOUVELLES STRATÉGIES INDUSTRIELLES ' 951 SERVICES
les plus avancées pourraient se permettre de « sous-traiter » la production
manufacturière en ne produisant plus que des services1. Une certaine
démythification semble ici salutaire.
2. La nécessaire relativisation du phénomène
Certains analystes du « services » se sont sans doute
montrés quelque peu hâtifs dans leur zèle à sonner le glas des théories
économiques dominantes : celles-ci n'ont sans doute pas encore dit leur
dernier mot, notamment dans le domaine de l'échange international. Il est
néanmoins probable que l'ampleur et la rapidité des évolutions décrites
plus haut continueront à susciter un réexamen critique (et parfois décapant)
de nos outils d'analyse*. , . .
Le développement explosif des activités de services a en outre donné
lieu à d'autres débordements, notamment en termes de prospective sociale
(l'avènement de la « société de services » devant assurer la résorption totale
du chômage dans un univers pacifique et convivial)8 et économique (une
nouvelle « dynamique des avantages comparatifs » étant censée rompre la
dépendance des pays en développement à l'égard des exportations de
matières premières et fonder un ensemble de relations économiques
internationales justes et mutuellement rémunératrices)4.
La démythification du phénomène est ici d'autant plus nécessaire que
ce dernier, une fois dégagé d'un certain nombre de malentendus théoriques
et statistiques, demeure authentiquement révolutionnaire. Parmi les nomb
reuses idées fausses concernant les services, certaines sont particulièrement
importantes dans le contexte des politiques industrielles. Elles tiennent
notamment à trois types d'erreurs d'appréciation : confiance excessive
dans les statistiques disponibles, négligence de la composante conjoncturelle
du phénomène, et sous-estimation des fonctions économiques de l'industrie.
1 . Cette vision s'est cristallisée aux Etats-Unis dans le vocable de hollow corporation, qui
fait référence aux entreprises industrielles qui, progressivement, « externalisent » la production
elle-même pour ne plus conserver que des emplois de services. Voir l'excellent dossier de Business
Week, The hollow corporation (3 mars 1986).
2. Cette démarche a d'ailleurs été rendue nécessaire par la crise elle-même. Voir à ce sujet
D. Bell et I. Kristol, The crisis in economic theory, New York, Basic Books, 1981 Trad, franc. :
Crise et renouveau de la théorie économique, Paris, Bonnel/Publisud, 1986.
3. Pour une critique détaillée de ce type d'approche, voir B. Lanvin, La société d'information
en suspens, Paris, Futuribles, octobre 1986.
4. Les études de la cnuced sur les services (notamment Les services et le développement,
TD/B/1008, Genève, 1984) tentent de faire la part du réalisme dans ce contexte. Sur le même
sujet, voir B. Lanvin et F. Prieto, Les services, clé du développement économique ?, Revue
Tiers-Monde, Paris, janvier-mars 1985. , " , . , BRUNO LÀNVIN 952
' a I Les statistiques sont trompeuses
. Qu'il s'agisse des cadres de comptabilité nationale ou de paiements
internationaux, les typologies et agrégats utilisés ont

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