Société et espace transnationalisés dans le Venezuela actuel - article ; n°84 ; vol.21, pg 709-720
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Description

Tiers-Monde - Année 1980 - Volume 21 - Numéro 84 - Pages 709-720
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 15
Langue Français

Extrait

Milton Santos
Société et espace transnationalisés dans le Venezuela actuel
In: Tiers-Monde. 1980, tome 21 n°84. pp. 709-720.
Citer ce document / Cite this document :
Santos Milton. Société et espace transnationalisés dans le Venezuela actuel. In: Tiers-Monde. 1980, tome 21 n°84. pp. 709-
720.
doi : 10.3406/tiers.1980.3973
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1980_num_21_84_3973s
LE VENEZUELA :
PROFUSION ET PÉNURIE
SOCIÉTÉ ET ESPACE
TRANSNATIONALISÉS
DANS LE VENEZUELA ACTUEL
par Milton Santos*
Les nouvelles conditions de l'économie mondiale ont imposé un
réagencement universel qui atteint chaque pays de façon particulière.
Il s'agit de la tendance à la transnationalisation de l'économie, sous le
commandement de compagnies géantes décidées à imposer coûte que
coûte un nouvel ordre mondial leur réservant l'hégémonie. De ce fait,
l'espace de la coopération mondiale s'élargit et s'approfondit, moyennant
une division du travail passant par-dessus les frontières nationales. C'est
dire que, surtout dans le Tiers Monde, augmente le rôle déformant de
l'intrusion de variables nouvelles.
Comme la composante scientifique et technique de l'économie gagne
en importance, les pays qui ne sont pas suffisamment dotés dans ce
domaine sont rudement atteints. Le Venezuela en est un cas typique du
fait que, ayant un produit brut volumineux, augmenté brutalement par
les recettes pétrolières1, le pays est devenu capable de pourvoir des Etats
voisins et lointains avec des prêts financiers significatifs, tout en ayant
à emprunter lourdement pour l'expansion et même le fonctionnement
de son économie. On pourrait dire que le Venezuela prête du capital
financier et emprunte du capital technologique. C'est ainsi que sa balance
du commerce et celle des paiements se détériorent, et que la dette du pays,
inexistante jusque récemment, est devenue colossale.
Le Venezuela, en effet, ne faisait pas partie des pays débiteurs à la fin
* Professeur de géographie à l'Université fédérale de Rio de Janeiro.
i. D'après les données de Sergio Aranda (La Economia VenezoJatia, Bogota, Siglo XXI,
1977) citées dans l'article de J. A. Michelena publié dans ce numéro, les revenus du pétrole
ont augmenté plus de trois fois entre 1942 et 1944, et de nouveau entre 1945 et 1948, lors du
premier « boom » qui a eu lieu au début du processus de modernisation du Venezuela, mais
seulement d'un peu plus de deux fois entre 1957 et 1975. Entre cette dernière année et 1975,
l'augmentation a été à nouveau de trois fois.
Bévue Tien Monde, t. XXI, n° 84, Octobre-Décembre 1980 I — v-» tr\
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des années i960. Mais fin 1978, sa dette extérieure s'élevait à plus de
2 milliards de dollars, tandis que le pays avait prêté environ 4 milliards
de dollars à des pays d'Amérique centrale, des Antilles et d'Afrique noire
(voir l'article de D. F. Maza Zavála, dans ce même numéro). La dette
publique s'élevait cette année-là à plus de 4 milliards de dollars.
En même temps, le pays doit réduire la production de pétrole (de
presque 20 % entre 1974 et 1976) pour essayer de maîtriser l'inflation.
Parallèlement et au même moment, et du fait de l'entrée de grandes firmes
internationales2, la tendance à la concentration du capital s'accentue et
entraîne une double à la chute de l'emploi, soit du fait des
2. D'après Rosa Maria Estaba de Perez (Las empresas transnationales como variable funda
mental para el analisis espacial), vers 1971, 438 entreprises industrielles, parmi les 5 732 pré
sentes dans le pays, avaient une participation directe de conglomérats nord-américains. De
ce total, 42 % se consacraient à des activités de commerce, services, banques, finances,
investissements, assurances. Dans la région centrale, l'axe Puerto-Cabello-La Guayra, on
en trouvait 69,6 % du total en 1971. Mais le pourcentage d'entreprises étrangères ou asso
ciées à des capitaux nord-américains était de 89 %.
Industries vénézuéliennes contrôlées par le capital étranger
Importance relative du nombre d'entreprises
par entité fédérale et branche d'activité
District
fédéral Miranda Carabobo Aragua Zulia
Agriculture. Pêche 50,0 16,8
Banque. Financement 100,0
Investissements. Assurance
Commerce 4,6 82,4 0,9
Ingénierie. Construction 76,9 15,4
Ind. automobile 34,8 21,7 43,5
Chimie. Pharmaceutique 13,2 67,7 2,9 10,3 5,9
Equipement électrique 50,0 28,6 14,3
Aliments 69,8 12,1 12,1 3,o
Métallique 22,2 11, 1 5,6 44,4
Papier et dérivés 43,o 7,1 21,4 21,4
18,2 Textiles 36,4 45,4 Cle Pétrole et Services 63,6 15,2
Services 100,0
Autres 60,0 2O,O 13,3 6,7
Total 71,5 9,1 6,9 5,0
(Source : Liste complète d'entreprises vénézuéliennes contrôlées par le
capital étranger, Reventon, Caracas I, 37-38, 57-59, mai 1971, cité dans Manuel
Briceno, Algunas consideraciones sobre la formation del espacio en Venezuela,
ula Merida, 1976.) 712 MILTON SANTOS
nouveaux coefficients techniques, soit du besoin de faire appel à des étran
gers pour occuper des emplois spécialisés nouvellement créés. L'expan
sion sans précédent de la consommation3 entraîne des résultats compar
ables, car elle aussi amène à une concentration des activités commerciales
de tout ordre, ayant comme conséquence une chute de l'emploi.
D'autre part, la densification du capital qui résulte des nouvelles
orientations de l'économie tend à décourager l'activité agricole non
monopoliste, ayant des effets récessifs sur l'emploi. Pour les grossistes
importateurs, il est aussi plus commode de traiter avec une poignée de
vendeurs à l'étranger ou à l'intérieur, que de négocier avec un grand
nombre de moyens et petits producteurs. Si on ajoute à cela l'essor du
secteur public et l'élévation du niveau des salaires dans les secteurs
secondaire et tertiaire urbains, on comprend plus facilement le formi
dable exode des Vénézuéliens vers les villes. L'urbanisation a ainsi atteint
un taux de 85 % l'année 19794.
Le vide ainsi créé dans les campagnes et l'attraction des salaires en
monnaie forte sur des habitants appauvris de pays voisins, aident à
expliquer une volumineuse migration de Latino-Américains, non plus
seulement de Colombiens comme au début, mais aussi de Dominicains,
3. Le pouvoir d'achat individuel, qui s'était développé entre 1936 et 1950, et qui avait
plafonné à partir de 1950, double pratiquement entre 1970 et 1975. Déjà en 1968, on ne
comptait que 8,1 % de familles vivant d'autoconsommation.
Venezuela : Estimation du pouvoir d'achat du salaire moyen (i8gi-ig^r)
Produit Indices Indices de Pouvoir
Année national de prix salaire moyen de consommation
1 700 100 1,0 1891 100
1926 180 4 100 174 O.9
210 222 1,0 1936 5 100
1941 5 800
320 1950 8 607 1.5 483
1961 19988 410 641 1,6
1971 450 670 1,6 44 354
4- Venezuela : Population vivant dans des localités déplus de 10 000 hab.
1873 8.3 %
8,5 - 1920
19,2 - 1936
23,2 - 1940
- 1950 ?6,4 - 1961 47.2
- 1971 65.5
(Julio Paez Celis, 1974, p. 40.) SOCIÉTÉ ET ESPACE TRANSNATIONALISÉS 713
Equatoriens, Argentins, Uruguayens, Chiliens etc., sans oublier les
Cubains et d'autres ressortissants de l'Amérique centrale. On affirme à
Caracas que le pays aurait reçu environ 3 millions de nouveaux migrants
depuis l'élévation des prix du pétrole : dans ces 5-6 ans, la seule ville
de Caracas et sa région métropolitaine auraient accueilli la plupart de ces
migrants auxquels s'ajoutent des milliers de Vénézuéliens.
Toutes ces tendances sont renforcées par le rôle que s'est assigné le
pouvoir public. Du moment où les firmes travaillant sur le territoire sont
de plus grande dimension, leurs besoins en facilité de circulation aug
mentent, et l'Etat

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