Souvenirs d enfance coniagui - article ; n°1 ; vol.51, pg 277-290
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Description

Journal des africanistes - Année 1981 - Volume 51 - Numéro 1 - Pages 277-290
Abstract Extracts from two autobiographies describing the lives of Coniagui children near Youkounkoun, Guinea, before independence in 1958. Particular attention is given to food habits, parent-child relationships, socialization and the learning of farming techniques.
Résumé Extraits de deux autobiographies illustrant différents aspects de la vie des enfants Coniagui vers Youkounkoun, avant la création de la République de Guinée (1958), en particulier les habitudes alimentaires, les rapports parents- enfants et l'apprentissage des relations sociales et des techniques agricoles.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Monique Gessain
A. Sara
Souvenirs d'enfance coniagui
In: Journal des africanistes. 1981, tome 51 fascicule 1-2. pp. 277-290.
Résumé Extraits de deux autobiographies illustrant différents aspects de la vie des enfants Coniagui vers Youkounkoun, avant la
création de la République de Guinée (1958), en particulier les habitudes alimentaires, les rapports parents- enfants et
l'apprentissage des relations sociales et des techniques agricoles.
Abstract Extracts from two autobiographies describing the lives of Coniagui children near Youkounkoun, Guinea, before
independence in 1958. Particular attention is given to food habits, parent-child relationships, socialization and the learning of
farming techniques.
Citer ce document / Cite this document :
Gessain Monique, Sara A. Souvenirs d'enfance coniagui. In: Journal des africanistes. 1981, tome 51 fascicule 1-2. pp. 277-290.
doi : 10.3406/jafr.1981.2030
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1981_num_51_1_2030MONIQUE GESSAIN & ALPHONSE SARA
SOUVENIRS D'ENFANCES CONIAGUI
Les documents utilisés ci-dessous proviennent d'observations faites par
Monique Gessain en 1946 et 1948-9 en Guinée dans les villages coniagui grou
pés autour de Youkounkoun, alors chef lieu de subdivision (la capitale admin
istrative de la région est aujourd'hui Koundara). Ils sont illustrés par les
souvenirs d'Urbain Mbozir (né vers 1924) rédigés de 1951 à 53 et d'Alphonse
Sara (né vers 1945) rédigés en 1963.
Sorti de la première enfance, le petit garçon ou la petite fille de 2 ou 3
ans marche seul, apprend à bien parler (jusque là sa mère était la seule à
comprendre son langage de bébé), mange, à quelque chose près, la nourriture
des adultes.
Jusque vers б ou 7 ans, les enfants passent tout .leur temps à côté des
femmes. Jeux et apprentissage vont de pair...
«Nous arrivions (en visite dans un village autre que le mien) à la
tombée de la nuit, écrit Alphonse Sara. Les voisins venaient nous
saluer.
• Moi, j'étais déjà couché, j'étais fatigué et puis ma grand-mère, trop
superstitieuse, m'interdisait de me faire voir par les visiteurs avant
le lendemain. Etendu sur un lit élevé de quelques centimètres, mon
petit corps était recroquevillé sur la natte en bambou, un sommeil
de plomb m'emportait bientôt vers un monde fabuleux : des prises
de tourterelles dans les sous-bois, cueillette de fruits sauvages, randon
nées dans les champs, tout était pour fournir la matière de mes
rêves. Le lendemain, je me réveillais avec les grands (en cela au
moins je reçus force compliments). Mais parfois je parachevais mon
sommeil auprès du feu matinal qui me retenait jusqu'à l'heure où
la rosée libère les herbes des alentours. Alors je me dirigeais vers la
case-cuisine pour allumer le feu et chauffer le reste de la veille. Le
(plat) ainsi chauffé dans la petite marmite à sauce servait de petit
déjeuner à toute la maisonnée». (Sara, I, p. 25 et 26).
«Ma petite tante alors prenait une marmite, quelques calebasses, les
plus sales, celles qui avaient contenu les repas de la veille, elle se
chargeait du tout et allions tous deux à la fontaine du village, à peu 278 M. GESSAIN & A. SARA
près à deux kilomètres... Nous arrivions et tandis que T. lavait les
calebasses et les canaris, moi j'allais jouer avec les têtards qui empest
aient les petites flaques d'eau. T. était fîère de moi, aussi ne souff
rait-elle pas de me voir me rendre vilain par ces saletés de boue que
j'attrapais inévitablement, partout dans le corps. Elle m'appelait,
me grondait et me lavait. J'assistais au ravitaillement. Les femmes se
servaient par ordre d'arrivée mais surtout selon l'âge. Les premières
arrivées et les plus âgées se servaient d'abord... Nous revenions alors
au village. Je dandinais devant. Elle ne voulait jamais me laisser
derrière. Les sorciers profitent du manque de vigilance des parents
pour emporter les petits , disait-elle. Alors je multipliais mes pas me mettre au même rythme que T. qui malgré sa charge mar
chait très vite.
Lorsque nous arrivions à quelques pas de notre carré,T. interpellait
ma grand -mère. Elle abandonnait sa pioche, crachait de côté le
tabac qu'elle avait en bouche. Elle venait tandis que T. restait immob
ile avec sa charge devant la porte de la case -cuisine. (Ma grand-mère)
était grande, mais T. ployait les genoux pour lui permettre de saisir
à deux mains la calebasse d'eau posée sur le goulot du canari. (Ma
grand-mère) le faisait d'une manière très preste après avoir passé
un peu de crachat sur ses paumes pour mieux pincer la calebasse
susceptible de se glisser entre les mains. Ma grand-mère faisait une
petite (place) au sol et y posait la calebasse. Elle allait reprendre
le travail à côté de T. T. vidait le contenu dans les grands réservoirs,
canaris alignés dans la case -cuisine. Elle prenait une gaule four
chue à l'extrémité. Elle soulevait le toit du grenier. Un des bambous
constituant les matériaux de charpente reposait sur la fourche de la
gaule qui s'équilibrait verticalement au sol. Pour plus de sécurité
ma tante la calait avec ses pieds et la maintenait avec sa main gauche.
Le toit laissait ainsi une ouverture avec le mur en vannerie. Ma
tante m'appelait. Je ne me faisais pas prier deux fois. Sans qu'elle
me donne aucun ordre, je comprenais aussitôt. J'escaladais les murs
en vannerie par les piquets fixés au sol et flanqués à ces murs. Je
grimpais et en quelques secondes je me trouvais dans le grenier
surélevé. Elle me tendait trois calebasses. La première devait conte
nir le fonio. Une petite boîte de tomate vide servait de mesure.
Quatre mesures de cette régalait suffisamment la petite fa
mille. La seconde calebasse devait contenir du mil, la troisième
du haricot. Après cette ration, je dégageais le foin de fonio et je me
servais en arachide. C'est cette récompense qui me rendait si dévoué.
La ration terminée, ma tante allumait un feu, soit au foyer au milieu
de la cour, soit dans la case-cuisine. Elle mettait la marmite entre
les trois cailloux traditionnels. De temps à autre, elle activait le feu
en soufflant dessus de tous ses poumons. La plupart du temps
cette tâche me revenait, je l'exécutais avec zèle, plutôt excité par
la perspective du repas que par simple dévouement». (Sara, I. p.
28-34). SOUVENIRS D'ENFANCE CONIAGUI 279
Alimentation, hygiène
En général, quand l'enfant sait parler, il mange comme les adultes. Tradi
tionnellement les filles coniagui ne mangeaient pas de viande. Dès 1946, de
nombreuses femmes mariées en et les jeunes filles commençaient à
le faire mais beaucoup de vieilles n'en avaient jamais consommé et disaient,
en cuisant la viande de leur mari, que la calebasse où il y a eu de la viande
sent mauvais1 . Les garçons ne mangeaient autrefois pas de viande avant huit
ou dix ans, mais en 1946 on leur en donnait beaucoup plus tôt.
On évite de donner aux enfants, filles ou garçons, des épices très fortes :
sumbara ou piment. La mère fait goûter à son bébé la bière qu'elle boit et de
nombreux bébés semblent l'apprécier.
Les enfants mangent avec les femmes, aux mêmes heures que celles-ci.
On interdit à l'enfant de manger n'importe quand et n'importe où, de peur
qu'il soit empoisonné. Mais s'il a faim dans la journée, sa mère prépare pour
lui un peu de nourriture. Si la famille n'a pas assez de provisions pour que tous
fassent trois repas par jour, le matin, à midi et le soir (le repas le plus import
ant est celui du soir ; si l'on ne fait qu'un repas, c'est celui-là et dans ce cas,
à midi on ne prend qu'une soupe légère), on donne à manger aux enfants le
matin, même s'il n'y a pas assez de nourriture pour en donner aussi aux parents.
Le climat d'extrême liberté dans lequel sont élevés les enfants* s'étend
à la nourriture.
Comme je demande à G. son plus ancien souvenir, il me raconte
qu'à trois ou quatre ans, il ne voulait manger que du fonio blanc
non bouilli avant d'être pilé et cuit sans cendre, ce qui le rougit.
Sa mère était toujours en promenade et une voisine plus âgée donnait
à manger à l'enfant ce qu'il aimait : il y vivait, restant coucher là
et ne voulant pas vivre avec sa mère chez laque

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