Spéculation, hétérogénéité des agents et apprentissage : un modèle de marché des changes artificiel.  - article ; n°4 ; vol.48, pg 869-897
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Spéculation, hétérogénéité des agents et apprentissage : un modèle de marché des changes artificiel. - article ; n°4 ; vol.48, pg 869-897

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Description

Revue économique - Année 1997 - Volume 48 - Numéro 4 - Pages 869-897
Spéculation, hétérogénéité des agents et apprentissage. Un modèle de « marché des changes artificiel »
Les dynamiques cambiaires apparemment erratiques observées ces vingt dernières années semblent remettre en cause la vision classique de marchés financiers efficients et rationnels. Dans ce travail, on tente de montrer que l'incapacité des modèles standards à rendre compte des dynamiques financières, et particulièrement des dynamiques cambiaires, provient de l'hypothèse générale d'agents économiques rationnels et homogènes. Puis on ébauche les bases d'une approche alternative de la spéculation, reconnaissant l'hétérogénéité des indivi­dus et la rationalité imparfaite qui les caractérise. Un modèle de « marché des changes artificiel » est développé dont les résultats de simulation recouvrent plusieurs des faits stylisés observés sur les marchés des changes.
Speculation and learning : a model of an artificial market
Exchange rate dynamics since the collapse of Bretton-Woods have experienced wild swings and a high volatility, thus questionning the adequacy of the classical vision of efficient markets. In this work, we try to show that the failure of standard models of exchange rate determination and rational speculation to capture observed stylized facts is due to the general hypothesis of homogeneous and rational economic agents. An alternative approach to speculation is tentatively developed, grounded on heterogeneity of individuals and their imperfect rationality. We build a simulation model of an artificial foreign exchange market, which, the first results show, is able to recover some of the major stylized facts observed on foreign exchange markets.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Madame Hélène Tordjman
Spéculation, hétérogénéité des agents et apprentissage : un
modèle de "marché des changes artificiel".
In: Revue économique. Volume 48, n°4, 1997. pp. 869-897.
Résumé
Spéculation, hétérogénéité des agents et apprentissage. Un modèle de « marché des changes artificiel »
Les dynamiques cambiaires apparemment erratiques observées ces vingt dernières années semblent remettre en cause la
vision classique de marchés financiers efficients et rationnels. Dans ce travail, on tente de montrer que l'incapacité des modèles
standards à rendre compte des dynamiques financières, et particulièrement des dynamiques cambiaires, provient de l'hypothèse
générale d'agents économiques rationnels et homogènes. Puis on ébauche les bases d'une approche alternative de la
spéculation, reconnaissant l'hétérogénéité des indivi-dus et la rationalité imparfaite qui les caractérise. Un modèle de « marché
des changes artificiel » est développé dont les résultats de simulation recouvrent plusieurs des faits stylisés observés sur les
marchés des changes.
Abstract
Speculation and learning : a model of an artificial market
Exchange rate dynamics since the collapse of Bretton-Woods have experienced wild swings and a high volatility, thus
questionning the adequacy of the classical vision of efficient markets. In this work, we try to show that the failure of standard
models of exchange rate determination and rational speculation to capture observed stylized facts is due to the general
hypothesis of homogeneous and rational economic agents. An alternative approach to speculation is tentatively developed,
grounded on heterogeneity of individuals and their imperfect rationality. We build a simulation model of an "artificial foreign
exchange market", which, the first results show, is able to recover some of the major stylized facts observed on foreign exchange
markets.
Citer ce document / Cite this document :
Tordjman Hélène. Spéculation, hétérogénéité des agents et apprentissage : un modèle de "marché des changes artificiel". In:
Revue économique. Volume 48, n°4, 1997. pp. 869-897.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1997_num_48_4_409920hétérogénéité Spéculation,
des agents et apprentissage
Un modèle de « marché des changes artificiel »
Hélène Tordjman*
Les dynamiques cambiaires apparemment erratiques observées ces vingt
dernières années semblent remettre en cause la vision classique de marchés
financiers efficients et rationnels. Dans ce travail, on tente de montrer que l'inc
apacité des modèles standards à rendre compte des dynamiques financières, et
particulièrement des dynamiques cambiaires, provient de l'hypothèse générale
d'agents économiques rationnels et homogènes. Puis on ébauche les bases d'une
approche alternative de la spéculation, reconnaissant l'hétérogénéité des indiv
idus et la rationalité imparfaite qui les caractérise. Un modèle de « marché des
changes artificiel » est développé dont les résultats de simulation recouvrent plu
sieurs des faits stylisés observés sur les marchés des changes.
SPECULATION AND LEARNING : A MODEL OF AN ARTIFICIAL
MARKET
Exchange rate dynamics since the collapse of Bretton-Woods have experien
ced wild swings and a high volatility, thus questionning the adequacy of the classi
cal vision of efficient markets. In this work, we try to show that the failure of
standard models of exchange rate determination and rational speculation to cap
ture observed stylized facts is due to the general hypothesis of homogeneous and
rational economic agents. An alternative approach to speculation is tentatively
developed, grounded on heterogeneity of individuals and their imperfect rationali
ty. We build a simulation model of an "artificial foreign exchange market", which,
the first results show, is able to recover some of the major stylized facts observed
on foreign exchange markets.
Classification JEL : C63, D83, D84, F31 , G14
* CREI, Faculté d'Économie et de Gestion, Université Paris XIII, avenue J.-B. Clément,
93430 Villetaneuse.
Le modèle présenté section III a été élaboré en collaboration avec Luigi Marengo, qui
en a de plus assuré la programmation. Mes remerciements vont également à Giovanni
Dosi et à André Orléan pour leurs commentaires et suggestions sur une version anté
rieure de cet article, ainsi qu'à deux rapporteurs anonymes de la revue.
869
Revue économique — vol. 48, N° 4, juillet I997, p. 869-897. Revue économique
INTRODUCTION
Depuis la fin du système de Bretton- Woods, les grandes devises ont été sujet
tes à des vagues successives d'appréciation et de dépréciation d'une ampleur
sans précédent. Ces mouvements apparemment erratiques défient les explica
tions traditionnelles de la détermination des taux de change. C'est ainsi que les
modèles « fondamentalistes », qu'ils soient exprimés en termes de parité des
pouvoirs d'achat, de parité des taux d'intérêt et/ou de différentiels de soldes cou
rants, se sont montrés incapables d'en rendre compte. Notons que les taux de
change sont loin d'être les seuls à avoir connu une telle instabilité : les marchés
boursiers et obligataires ainsi qu'un certain nombre de marchés dérivés ont aussi
traversé des périodes très mouvementées (crise boursière d'octobre 1987,
« bulle » financière au Japon au début des années quatre-vingt-dix, crise du
marché obligataire américain en 1994, crise mexicaine de l'hiver 1994-1995...).
Cette instabilité récurrente des marchés financiers pose avec acuité la ques
tion de la détermination du prix d'actifs dont la valeur intrinsèque est pour le
moins ambiguë. Est-il possible de lier les dynamiques dérivant des facteurs fo
ndamentaux sous-jacents à celles qui sont engendrées par les offres et les demand
es s'exprimant sur le marché ? Si ce sont ces dernières qui, in fine, déterminent
le prix, comment celui-ci peut-il refléter l'état des variables fondamentales de
l'économie ? La réponse traditionnelle, qui s'élabore à partir de l'hypothèse de
spéculation rationnelle1, doit faire face à un certain nombre de problèmes théo
riques et empiriques.
Concernant les limitations empiriques des modèles de spéculation ration
nelle, il faut noter qu'ils ne peuvent expliquer des faits bien connus comme :
a) la persistance d'opportunités de profit (cf. le problème de la prime de change
à terme ainsi que l'autocorrélation positive des rendements espérés des actions ;
Bilson [1981]), b) des anomalies statistiques des séries, tels un fort kurtosis et
une persistance de la variance (Friedman et Vandersteel [1982], Baillie et Mac-
Mahon [1989]), et c) des biais systématiques dans la formation des anticipations
- on observe des phénomènes de contagion (Shiller [1989]) et des effets de seuil
liés à la valeur nominale des taux de change (De Grauwe et Decupere [1992]),
ainsi que des biais systématiques dans la formation des croyances individuelles
(Ito [1990] et Camerer [1987]), et une hétérogénéité des représentations indivi
duelles (Frankel et Froot [1987] et Froot et Ito [1989]).
D'un point de vue théorique, on peut mentionner les difficultés des modèles
de bulles à expliquer leur émergence (Diba et Grossman [1987]), les problèmes
liés à la convergence vers un équilibre d'anticipations rationnelles (EAR) (Fryd-
man et Phelps [1983]), et le paradoxe du « no trade » (c'est-à-dire lorsqu'on finit par
converger vers un EAR, les agents n'ont aucune motivation à échanger, et on ne peut
rendre compte de l'échange spéculatif à l'équilibre (Milgrom et Stokey [1982]). Ce
dernier point met en lumière la contradiction attachée à l'hypothèse d'homogénéité
des agents : à l'équilibre, ceux-ci n'ont une motivation à échanger que s'ils ont des
croyances différentes, ce qui est incompatible avec l'hypothèse de rationalité2.
1. Une des contributions fondatrices est celle de Friedman [1953]. Pour des dévelop
pements plus récents, voir par exemple Hirschleifer [1975], Figlewski [1978] et Blan

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