Sur la fécondité relative des diverses classes de la société. - article ; n°1 ; vol.9, pg 573-591
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1874 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 573-591
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1874
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gustave Lagneau
Sur la fécondité relative des diverses classes de la société.
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 9, 1874. pp. 573-591.
Citer ce document / Cite this document :
Lagneau Gustave. Sur la fécondité relative des diverses classes de la société. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de
Paris, II° Série, tome 9, 1874. pp. 573-591.
doi : 10.3406/bmsap.1874.3080
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1874_num_9_1_3080G. LAGNEAU. — SUR LA FÉCONDITÉ. 575
retiennent encore une notable quantité d'eau, et qu'ils ne
descendent que beaucoup plus tard à leur capacité définitive.
DISCUSSION.
Sur la fécondité relative des différentes classes de la société*
. M. d'Abbadie demande à la Société pourquoi les pauvres
ont en général plus d'enfants que les riches ; on a cherché à
expliquer ce fait pour les populations maritimes par l'usage du
poisson, mais cette cause ne peut être invoquée quand il s'a
git des populations de l'intérieur des terres. Les gens riches
mangent en général un peu trop ; n'est-ce pas là la raison du
fait énoncé, la force génitale étant diminuée, parce qu'un
apport de sang trop grand aurait lieu vers l'estomac?
M. Gustave Lagneau. « M. d'Abbadie attire l'attention de la
Société sur l'influence restrictive qu'aurait la richesse sur la
fécondité dans les familles. En effet, cette influence restrictive
est souvent observée, les familles pauvres étant ordinair
ement plus nombreuses que les riches. Toutefois cette
influence restrictive de la richesse relative est loin d'être con
stante et générale. Très-manifeste dans les familles dont les
chefs exercent des professions libérales, dans les familles de
rentiers, jouissant d'un revenu plus ou moins fixe, cette in
fluence restrictive de la richesse relative se fait beaucoup
moins sentir dans les familles qui doivent leur situation
aisée à l'industrie, au commerce , à l'agriculture, professions
dans lesquelles la fortune est plus ou moins susceptible de
s'accroître proportionnellement au travail des enfants pouvant
un jour y participer et y trouver des carrières. Ainsi, d'après le
recensement de 1866, en France, tandis que 100 familles de
personnes vivant de professions libérales, ou vivant de leurs
revenus, ne sont composées que de 174 à 180 individus ,
i 00 familes de patrons dirigeant des exploitations commerci
ales, industrielles ou agricoles, sont composées de 273,
de 298 ou de 353 individus *.
» Statistique de la France, l. XVII, p. xlvii, elc. SÉANCE DU 2 JUILLET 1874. 574
Après avoir recherché ailleurs * quelques-unes des causes
multiples qui restreignent la natalité de notre population, j'ai
été amené à penser que la plus ou moins considérable
dans nos pays de l'Europe occidentale dépend beaucoup
moins du degré de fécondité physiologique des divers él
éments ethniques constitutifs d'une population, que du désir
des parents d'assurer à leurs enfants une position sociale
égale à la leur, une situation de fortune au moins aussi heu
reuse que celle dont ils jouissent.
La population de la plupart de nos départements, en parlicu-
lierde nos départements bretons, peu riches, d'unefertililé peu
grande, présente une natalité excédant notablement la mortal
ité *. Au contraire, la population de nos riches et fertiles dépar
tements du Calvados, de l'Eure, de l'Orne, de la Manche, pré
sente parfois une natalité tellement restreinte, qu'en 1860, les
décès ont excédé de 2 375 lesnaissances sur 1 894 424 habitants8,
soit de 12 sur 10000 habitants. Cependant la population de
ces départements est composée d'une part du même élément
ethnique qui existe en Bretagne, de l'élément celtique; d'autre
part de l'élément ethnique Scandinave immigré, des North-
mans, sortis de la Scanzia, dont Jornandès signale la fécon
dité en la désignant sous la dénomination à'officina gentium
aut čerte velut vagina nationum *. Dans ces deux provinces bre
tonne et normande, la natalité semblerait donc se montrer
en raison inverse de la fécondité physiologique des éléments
ethniques constitutifs des populations. Peut-être est-elle in
fluencée par la différence des principales occupations des habi
tants de ces deux régions. En Normandie les habitants, princi-
1 G. Lagneau, De l'influence des professions sur l'accroissement de la po
pulation {Gazette hebdomadaire de médecine, 15 novembre 1872, p. 740-2.
— 6. Lagneau, Situation de la population de la France; dénombrement de
1878 {Gazette de médecine, 83 mai et в juin 1873, p. 334-9
et 365-8).
. * Stat. de France, t. XI, p. 1-5, labl. 1.
» Slat, de t. XIII, p. 94-5, tabl. 14.
♦ Jornancles, De Getarum sive Gothorum origine et rébus gestis, cap. ir,
p. 427; coll. Nisard. LAGNEAU. — SUR LA FÉCONDITÉ. 575 G.
paiement herbogers, ont peu d'emplois, de carrières à offrir à
leurs enfants; aussi en ont-ils peu, afin de leur conserver tou
jours la même position dont ils jouissent eux-mêmes. En
Bretagne, les habitants, principalement pêcheurs, matelots,
trouvent dans la vie maritime de nombreuses carrières offertes
à leurs enfants; aussi en ont-ils un grand nombre.
Une différence analogue m'était signalée par un de mes
parents, conseiller général du département de l'Aisne, dans
deux régions plus restreintes. Sur les plateaux fertiles en cé
réales, en prairies artificielles de l'Orxeois, du Soissonnai3, où
existent de grandes propriétés, les habitants sont soit des fer
miers riches, trouvant dans la direction de grandes cultures de
nombreuses carrières à leurs enfants, soit des manouvriers, par
fois petits propriétaires, mais trouvant toujours à s'employer
facilement sur les grandes propriétés comme laboureurs,
charretiers, calvarniers ou autres ouvriers agricoles. La natal
ité y est assez considérable. Au contraire, dans la vallée de la
Marne, région également fertile, mais où la terre, beaucoup
plus morcelée, ayant grande valeur, est principalement plan
tée en vignes, les habitants, généralement aisés, sont presque
tous propriétaires de petits morceaux de terre qu'ils cultivent
avec soin, mais trouvent peu à s'employer en dehors de leurs
propres vignes. La natalité y est minime, et semble se propor
tionner, dans chaque famille, au peu d'étendue de la propriété,
n'exigeant que peu de bras.
Si la population de l'Angleterre, qui présente, comme celle
de la France, une mortalité de 228 décès sur 10000 habitante,
offre une natalité de 354 naissances, d'un quart supérieure à
celle de 266 offerte par notre population *, cette supériorité
de natalité me paraît devoir être attribuée beaucoup moins
au maintien du droit d'aînesse, qui, dans certaines classes de
la société anglaise, s'oppose à la division de la fortune patri
moniale, qu'aux très-nombreuses carrières que fournissent à
tous les habitants, riches ou pauvres, une agriculture inteu-
» Stat, de France, V série, ». XVIII, p. ex et cxy, SÉANCE DU 2 JUILLET 1874. 576
sive, une industrie très-développée, un commerce immense,
une émigration incessante, enfin des colonies Irès-étendues,
que la métropole laisse se diriger elles-mêmes.
Avant l'abolition du droit d'aînesse par les lois des 15 mars
4790 el 8 avril 1791, en France, comme actuellement encore
en Angleterre, la possibilité de laisser la fortune patrimoniale
à l'aîné, et de ne pas la partager entre les autres enfants, ne
paraît pas avoir favorisé la natalité. Les cadets de famille,
réduits à des conditions de fortune précaires, n'allaient que
trop souvent peupler d'innombrables couvents d'hommes et de
filles. Or, de nos jours, le déficit apporté à la natalité par les
151 671 adultes voués, en 1861, au célibat religieux *, peut
être approximativement évalué à 5417 naissances annuelles,
lorsqu'on tient compte du rapport de 1 naissance pour
28 adultes en général ". ■ ф
En résumé, à propos de la remarque faite par M. d'Abba-
die sur l'influence restrictive de

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