Sur les mots Germains, Germani et Γsρμxγtс - article ; n°1 ; vol.3, pg 196-206
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1880 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 196-206
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1880
Nombre de lectures 49
Langue Français

Extrait

C.-A. Piétrement
Sur les mots Germains, Germani et Γsρμxγtс
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série, tome 3, 1880. pp. 196-206.
Citer ce document / Cite this document :
Piétrement C.-A. Sur les mots Germains, Germani et Γsρμxγtс. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série,
tome 3, 1880. pp. 196-206.
doi : 10.3406/bmsap.1880.3297
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1880_num_3_1_3297SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1880. 196
térer les sons dans l'écriture au-delà de toute prévision :
naguère encore, dans les livres les plus autorisés, ils trans
crivaient m, ее, oo, i, les a, г, ou, aï des langues de l'Inde.
Le seul moyen de prévenir et d'éviter de pareilles méprises,
de remédier à l'insuffisance des documents réunis jusqu'à ce
jour est, je crois, la rédaction des Instructions méthodiques
que je propose. C'est seulement ainsi que l'on pourra re
cueillir et conserver pour la science les innombrables débris
de tant de langages qui, sous l'action d'une effroyable con
currence vitale exercée par les idiomes supérieurs, dispa
raissent de jour en jour sans laisser de traces. Si vous vouliez
bien approuver le projet dont je viens d'avoir l'honneur de
vous entretenir, je proposerais de créer une commission à
laquelle il y aurait lieu de confier la rédaction de nos Instruc
tions linguistiques.
DISCUSSION.
M. le président. La proposition de M. Vinson me paraît
digne de toute l'attention de la Société. Il vient de signaler
une lacune regrettable de nos Instructions, à laquelle j'avais
souvent pensé.
La proposition de M. Vinson est adoptée. Sont désignés
pour faire partie de la commission MM. Hovelacque, Girard
de Rialle, André Lefèvre, Goudereau et Vinson.
Sur les mots « Germains, Germant et Fippavtci » ;
FAR M. C.-A. PIETREMENT.
Je ne veux pas rouvrir la discussion sur les Aryas, qui est
close depuis plusieurs mois, ou plutôt, qui est suspendue
jusqu'à la découverte de nouveaux documents sur cette ques
tion. Je veux seulement revenir et insister plus que je ne l'ai
fait sur l'origine des mots Germains et Germani, afin de mont
rer que cette origine est réellement tudesque et non celtique.
Cela donnera un nouveau degré de vraisemblance à l'opinion -A. PIÈTREMENT. — SUR LES MOTS GERMAINS, GERMAN!. 197 С.
que j'ai émise dans les séances du G mars et du 5 juin 1879,
touchant les Fepjxávwt d'Hérodote, dans lesquels je suis porté
à voir des hommes blonds aryanisés. Gela me fournira d'ail
leurs l'occasion de rectifier une erreur qui aurait d'autant
plus de chances de se répandre qu'elle a été patronnée par
un auteur très autorisé.
On lit, en effet, au mot Germain du Dictionnaire de la lan
gue française, de M E. Littré :
« Etymologie: latin, germanm. Les anciens y voyaient le
latin germantes, frère; peuples frères; mais cela ne mérite
aucune considération, les Romains ne tirant pas les noms des
nations barbares de la latinité. On a indiqué une origine
allemande : Wefir, défense, oaffeer, armée,et Mann, homme;
mais le mot germain a toujours été inconnu à l'Allemagne
elle-même ; ce n'est pas le nom qu'elle se donnait. Comme
les Romains n'ont d'abord connu les Allemands que par les
Gaulois, il est très vraisemblable que le mot Germanus est
d'origine celtique, et Mahn en a donné une etymologie très
plausible ; kymri, ger, irlandais, gair, voisin, et man, qui se
trouve dans plusieurs noms de peuples celtiques, Ceno-
rnani, etc., et qu'il assimile au kymri maon, peuple : le peu
ple voisin. »
Ce sont les conclusions de cet article que je vais essayer
de réfuter.
Je ferai d'abord observer que plusieurs peuples ont désigné
leurs voisins par des noms signifiant les barbares, les étran
gers, les ennemis, etc., mais je ne sache pas qu'aucun peu
ple ait jamais désigné les étrangers par l'expression banale
de peuple voisin. Il ne serait cependant pas impossible que
les Gaulois eussent donné le nom dépeuple voisin aux Tudes-
ques, avec lesquels ils étaient en relation ; mais, pour faire
admettre la réalité de ce fait tout au moins singulier, il fau
drait l'appuyer sur des documents positifs qui n'ont jamais
été fournis.
Quant à l'existence du mot celtique man dans plusieurs
noms de peuples celtiques, elle ne prouve absolument rien, 198 SÉANCE DU 5 FÉVRIER 1880.
puisque le tudesque mann existe également dans plusieurs
noms de peuples tudesques, tels que : Marcomani (du gothi
que marka et mann), qui signifie les hommes de la marche,
c'est-à-dire le peuple de la frontière ; Alamanni ou Alemanni
(tudesque all-mann), qui signifie entièrement hommes et qu'on
peut traduire librement par l'expression peuple d'élite ; Nor-
manni (tudesque North-mann), qui signifie les hommes du
Nord, etc.
On sait combien il faut se méfier des considérations pure
ment philologiques pour arriver à la connaissance de i'éty-
mologie des mots, et nous en avons ici un exemple frappant,
qui s'explique très bien par la parenté des dialectes celtiques
et tudesques. Aussi peut-on dire que, en général, on n'est
vraiment sûr du sens étymologique d'un ancien mot que
lorsqu'on sait l'histoire de ce mot, et c'est par conséquent à
l'histoire que nous devons nous adresser pour résoudre la
question controversée.
Au chapitre 31 du premier livre des Commentaires sur la
guerre des Gaules, après la défaite desHelvètes, l'EduenDivitiac
raconte à César que cent vingt mille Germains ont récemment
passé le Rhin et se sont établis en Gaule, tant chez les Eduens
que chez les Séquanes, et qu'Arioviste, roi des Germains,
s'est non seulement emparé du tiers du territoire des Sé
quanes, mais qu'il leur ordonne encore d'en abandonner un
autre tiers à vingt-quatre mille Harudes, qui depuis peu de
mois sont venus le rejoindre. Au chapitre 51 du même livre,
César nous apprend que les Germains d'Arioviste, contraints
de combattre, se placèrent par ordre de nations : les Harudes,
les Marcomans, les Tribokes, les Vangions, les Némètes, les
Séduses et les Suèves. Aux chapitres i à 4 du deuxième livre
du même ouvrage, lors de la coalition contre les Romains
des peuples de la Gaule Belgique, les Rèmes, ou peuple du
territoire de Reims, font dire à César qu'ils n'ont pas voulu
se liguer « avec les autres Belges »; que « la plupart des
Belges étaient originaires de Germanie ; qu'ayant ancienne
ment passé le Rhin, ils s'étaient fixés en Belgique, à cause -A. PIÈTREMENT. — SUR LES MOTS GERMAINS, GERMANI. 199 С.
de la fertilité du sol »; et que, parmi les nations coalisées,
« les Gondruses, les Eburons, les Gœrseses et les Psemanes,
compris sous la dénomination commune de Germains, de
vaient fournir quarante mille hommes ». Enfin, au cha
pitre 32 du livre VI, il est dit que : « les Séguses et les Gon
druses, peuples d'origine germaine, qui habitent entre les
Eburons et les Trévires, envoyèrent des députés à César,
pour le prier de ne point les mettre au nombre de ses enne
mis et de ne pas croire que tous les Germains en deçà du
Rhin fissent cause commune ».
Ces citations, qu'il serait facile de multiplier, suffisent pour
montrer, d'une part, que dès le temps de César le nom de
Germains était déjà donné non seulement aux nations tudes-
ques d'au-delà du Rhin, mais encore à quelques-unes de
celles qui s'étaient déjà établies en deçà de ce fleuve; et,
d'autre part, qu'une partie des "autres habitants des Gaules,
notamment de la Gaule Belgique, quoique ne portant pas le
nom de Germains, étaient anciennement venus de la Ger
manie, étaient également parents des Tudesques d'outre-
Rhin. Les Gaulois apprirent ces faits à César, qui les fit con
naître aux Romains; mais César n'avait pas parlé de l'origine
du mot Germani, et environ un demi-siècle plus tard, Strabon
disait dans sa Géographie, liv. VII, chap, i, § 2 :
« Passé le Rhin, tout de suite après les Celtes (КеХтоос1), on
rencontre, en allant vers l'Est, la nation des Germains. Comp
arés aux Celtes, les Germains offrent bien quelques petites
dif

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