Systèmes politiques verticaux aux marches de l Empire inca - article ; n°5 ; vol.33, pg 967-989
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1978 - Volume 33 - Numéro 5 - Pages 967-989
How deep were the differences between the Incas' own political economy and that of the North-Andean peoples whom, in 1532, they had only recently conquered? In what way did the seemingly abstract and rigid model of the Fourfold Domain offer a realistic plan for integrating these resistant chiefdoms into a state economy without any local traditional mandate? Since the Spanish invasion froze the provinces of northernmost Tawantinsuyu at varying stages of incomplete consolidation, a comparison between those at the utmost frontier of Inca penetration and those which had lived longer under Inca rule should help us picture Tawantinsuyu not as a static structure, but as a process of historical transformation.
The comparison of three zones allows us to analyze the social, economic and political aspects of this differentiated integration, as well as their destiny beyond the conquest. (One of the original features of these northern zones was the existence of a corps of merchants who travelled long distances and engaged in political activity- the mindalaes.) This integration implies, moreover, that particular kind of dynamic was at work here. This dynamic, deriving ultimately from the difference between, on the one hand, the outward-looking, alliance-oriented character of interzonal ties among chiefdoms which could achieve only local territorial control, and on the other, the aspiration of state-organized societies to territorial control of complete resource assemblies, may be of some use in explaining the explosive growth potential of Andean horizon civilizations.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 64
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Frank Salomon
Systèmes politiques verticaux aux marches de l'Empire inca
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 33e année, N. 5-6, 1978. pp. 967-989.
Abstract
How deep were the differences between the Incas' own political economy and that of the North-Andean peoples whom, in 1532,
they had only recently conquered? In what way did the seemingly abstract and rigid model of the "Fourfold Domain" offer a
realistic plan for integrating these resistant chiefdoms into a state economy without any local traditional mandate? Since the
Spanish invasion froze the provinces of northernmost Tawantinsuyu at varying stages of incomplete consolidation, a comparison
between those at the utmost frontier of Inca penetration and those which had lived longer under Inca rule should help us picture
Tawantinsuyu not as a static structure, but as a process of historical transformation.
The comparison of three zones allows us to analyze the social, economic and political aspects of this differentiated integration,
as well as their destiny beyond the conquest. (One of the original features of these northern zones was the existence of a corps
of merchants who travelled long distances and engaged in political activity- the mindalaes.) This integration implies, moreover,
that particular kind of dynamic was at work here. This dynamic, deriving ultimately from the difference between, on the one hand,
the outward-looking, alliance-oriented character of interzonal ties among chiefdoms which could achieve only local territorial
control, and on the other, the aspiration of state-organized societies to territorial control of complete resource assemblies, may be
of some use in explaining the explosive growth potential of Andean "horizon" civilizations.
Citer ce document / Cite this document :
Salomon Frank. Systèmes politiques verticaux aux marches de l'Empire inca. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations.
33e année, N. 5-6, 1978. pp. 967-989.
doi : 10.3406/ahess.1978.293993
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1978_num_33_5_293993SYST MES POLITiaUES VERTICAUX
AUX MARCHES DE EMPIRE INCA
Que est-il passé dans les sociétés andines après leur soumission au Tawantinsuyu
Les chroniques ne nous ont transmis que les versions incaïques et insistent sur la
générosité de tat et sur son influence civilisatrice sur la diffusion de ses cultes et sur
établissement de structures politiques idéales image de celles de Cuzco Or ces
versions laissent sans réponse deux questions capitales On ignore tout abord la nature
des sociétés que les Incas se proposaient de transformer taient-elles fondamentalement
similaires aux autres ethnies des Andes centrales ou bien possédaient-elles des traits
qualitativement différents Il est très diff cile de trancher cette question les Incas avaient
habitude de dénigrer toutes les populations qui leur étaient soumises qui auraient été
alors que des sociétés barbares behetr as selon le terme espagnol En deuxième lieu
on ne connaît pas par quelle suite interventions concrètes de promesses et de
manipulations les Incas engagèrent dans la refonte des formations autochtones selon un
modèle uniforme La configuration idéale de Empire-des-quatre-quartiers rigide et
abstraite en apparence sans doute fourni un modèle concret pour intégration de plus
un millier ethnies locales plus ou moins réfractaires bien on ignore comment cela
fut possible historiquement
Ces questions sont un intérêt tout particulier dans les marches de empire là où le
Tawantinsuyu subjugua des populations adaptées des milieux écologiques différents de
celui de Cuzco et où les premières vagues des bâtisseurs empires andins avaient guère
eu influence Aranibar 1969-1970 suggéré que la périphérie septentrionale de
empire aurait pu conserver des complexes culturels archaïques disparus dans les Andes
centrales et que par conséquent on pouvait repérer des éléments plus anciens que ceux
des autres régions andines Une telle entreprise de reconstitution peut avérer plus facile
dans les marches où le processus intégration restait inachevé au moment de
effondrement du Tawantinsuyu Car même si les récits de histoire des populations
conquises nous font défaut nous avons dans ces zones de frontière occasion unique de
reconstituer la diachronie partir de la synchronie Si on peut montrer que les marches
les plus reculées de empire ont subi une influence incaïque minime et que celle-ci était
autant plus forte il agissait de provinces moins lointaines les témoignages
ethnohistoriques qui rapportent même ils ne manifestent un présent
ethnographique quand ils sont pris séparément deviennent en revanche une source
diachronique ils sont traités comme un ensemble Dès lors la comparaison de ces
967 TAT INCA ET LES ETHNIES
différents moments pourrait éclairer un jour nouveau le système politique inca
considéré non comme une structure idéale ou comme un système autarcique mais comme
un processus de transformation historique
Il faut cependant tenir compte de trois conditions heuristiques Tout abord nous
devons connaître la séquence pendant laquelle les chefferies furent soumises sinon en
termes de chronologie absolue du moins dans ordre de succession des faits Puis nous
devons poser hypothèse que les différences entre les provinces intégrées empire
résultaient du degré différent incaïsation plutôt que de variations culturelles ou
écologiques Enfin les sources choisies pour étayer cette démarche doivent avoir
approximativement la même ancienneté ce qui permet de contrôler aussi bien les
influences européennes que érosion de la mémoire
Des documents récemment découverts datés du milieu du xvie siècle et relatifs la
sierra de Equateur et de la Colombie ancienne Audiencia de Quito permettent de
satisfaire ces critères Il agit enquêtes détaillées effectuées durant la période comprise
entre 1557 et 1571 et destinées fixer le taux du tribut Ces enquêtes de terrain apportent
des renseignements sur le fonctionnement des chefferies autochtones et sur la politique
Régions de
jr PASTO
... limite nord approximative
:*:{: .=r de la pénétration inca
OTAVALO
QUITO
PURUH
cordillères
régions de montana reliées économiquement aux bassins des plateaux
impériale dans quatre régions du couloir interandin savoir la région de Pasto
extrémité septentrionale de empire dans les provinces actuelles de Narino Colombie et
de Carchi Equateur la région Otavalo berceau des chefferies Caranqui et Otavalo
dans actuelle province Imbabura Equateur la région de Quito dans actuelle
province de Pichincha et dont les chefferies appartenaient la culture Panzaleo la
région de Riobamba dans actuelle province de Chimborazo dont les indigènes étaient
appelés Puruhaes
968 SALOMON ORGANISATION ET INT GRATION
Tests heuristiques
Séquences de la conquête
Une tradition répandue dans les chroniques et dans certains récits locaux veut que
Tupa Inca Yupanqui ait mené les premières expéditions dans le nord Murra 1946
Larrea 1965 Rowe 1964 pp 204-209 Ceux qui comme Cieza Cabello et Sarmiento
étaient les plus familiarisés avec les guerres septentrionales accordent pour les
considérer de pair avec la soumission du littoral Pacifique événement sans doute
apocryphe Leon Börja 1964 comme des campagnes de reconquêtes destinées
étouffer des rébellions locales qui avaient renversé ordre auparavant établi par Tupa
Inca est ainsi que les campagnes de Huayna Capac apparaissent en quelque sorte
comme une deuxième vague militaire déferlant sur le nord dans le sillage de la conquête
initiale Bien que ce scénario de trahisons et de reconquêtes répétées revienne avec une
régularité suspecte qui suggère que le récit fut remanié afin de le conformer un modèle
de légitimation il est vraisemblable que les campagnes de Huayna Capac constituèrent la
deuxième étape une stratégie planifiée visant remplacer des enclaves initialement
établies par son père par une occupation effective impliquant la mise en place un
appareil étatique exécution de ce plan fut ralentie par les défaites militaires des Incas Ce
que nous savons sur ces dernières campagnes nous permet évaluer leurs effets dans
plusieurs régions au moment de arrivée des Espagnols
Dans ce domaine le meilleur témoignage est celui de Miguel Cabello de Valboa seul
chroniqueur qui vécut sur place et qui parcourut les lieux pendant plusieurs années il eut
pour informateurs des nobles Inca de Quit

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