Très peu de couples restent volontairement sans enfant - article ; n°4 ; vol.50, pg 1079-1109
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Très peu de couples restent volontairement sans enfant - article ; n°4 ; vol.50, pg 1079-1109

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Description

Population - Année 1995 - Volume 50 - Numéro 4 - Pages 1079-1109
Toulemon (Laurent). - Très peu de couples restent volontairement sans enfant L'infécondité définitive augmente dans les années récentes, mais beaucoup moins que dans d'autres pays européens. En France, la proportion de femmes restant sans enfant a baissé (de 25 % à 1 1 %), des générations nées en 1900 à celles nées en 1940. Pour les femmes nées entre 1935 et 1950, seuls 4% des couples n'ont jamais voulu d'enfant, et autant sont restés sans enfant à la suite de problème de stérilité. Pour les générations récentes, la proportion de femmes sans enfant va augmenter, principalement en raison de la « redécouverte » par les couples de la possibilité de n'avoir aucun enfant, mais également à cause de difficultés auxquelles seront confrontés de plus en plus de couples qui auront retardé le moment à partir duquel ils essaient d'avoir leur premier enfant.
Toulemon (Laurent). - Few couples remain voluntarily childless Childlessness remains uncommon in France, compared to other european countries. In France, the proportion of women remaining childless has declined from 25 % to 10% for the cohorts born between 1900 and 1940. For women born in 1940-50, only 4 % of the couples never tried to have a child. Half of childless couples are involuntarily childless, because of sterility problems. The proportion of childless women is increasing for recent cohorts, mostly because of the reappearence of the possibility not to have a child. But at the same time, more and more couples will have to face physiologic problems, as a consequence of the nowadays delay in the moment when couples try to have their first child.
Toulemon (Laurent). - Pocas parejas deciden voluntariamente no tener hijos La infecundidad definitiva ha aumentado menos en Francia que en otros países euro- peos. La proporción de mujeres sin hijos al final de la etapa reproductiva disminuyó entre las generaciones nacidas en 1900 y las nacidas en 1940 (de un 25% a un 11%). En el caso de las mujeres nacidas entre 1940 y 1950, únicamente el 3% de las parejas decidió voluntariamente no tener hijos; dos tercios de las parejas sin hijos lo son involuntariamente, debido a problemas de esterilidad. La proporción de mujeres sin hijos va a aumentar entre las generaciones más jóve- nes. La razón principal es que las parejas han redescubierto la posibilidad de no tener hijos, pero al mismo tiempo un numero creciente de parejas debe afrontar los problemas derivados de la postergación del primer hijo.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Laurent Toulemon
Très peu de couples restent volontairement sans enfant
In: Population, 50e année, n°4-5, 1995 pp. 1079-1109.
Citer ce document / Cite this document :
Toulemon Laurent. Très peu de couples restent volontairement sans enfant. In: Population, 50e année, n°4-5, 1995 pp. 1079-
1109.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1995_num_50_4_6028Résumé
Toulemon (Laurent). - Très peu de couples restent volontairement sans enfant L'infécondité définitive
augmente dans les années récentes, mais beaucoup moins que dans d'autres pays européens. En
France, la proportion de femmes restant sans enfant a baissé (de 25 % à 1 1 %), des générations nées
en 1900 à celles nées en 1940. Pour les femmes nées entre 1935 et 1950, seuls 4% des couples n'ont
jamais voulu d'enfant, et autant sont restés sans enfant à la suite de problème de stérilité. Pour les
générations récentes, la proportion de femmes sans enfant va augmenter, principalement en raison de
la « redécouverte » par les couples de la possibilité de n'avoir aucun enfant, mais également à cause
de difficultés auxquelles seront confrontés de plus en plus de couples qui auront retardé le moment à
partir duquel ils essaient d'avoir leur premier enfant.
Abstract
Toulemon (Laurent). - Few couples remain voluntarily childless Childlessness remains uncommon in
France, compared to other european countries. In France, the proportion of women remaining childless
has declined from 25 % to 10% for the cohorts born between 1900 and 1940. For women born in 1940-
50, only 4 % of the couples never tried to have a child. Half of childless couples are involuntarily
childless, because of sterility problems. The proportion of childless women is increasing for recent
cohorts, mostly because of the reappearence of the possibility not to have a child. But at the same time,
more and more couples will have to face physiologic problems, as a consequence of the nowadays
delay in the moment when couples try to have their first child.
Resumen
Toulemon (Laurent). - Pocas parejas deciden voluntariamente no tener hijos La infecundidad definitiva
ha aumentado menos en Francia que en otros países euro- peos. La proporción de mujeres sin hijos al
final de la etapa reproductiva disminuyó entre las generaciones nacidas en 1900 y las nacidas en 1940
(de un 25% a un 11%). En el caso de las mujeres nacidas entre 1940 y 1950, únicamente el 3% de las
parejas decidió voluntariamente no tener hijos; dos tercios de las parejas sin hijos lo son
involuntariamente, debido a problemas de esterilidad. La proporción de mujeres sin hijos va a aumentar
entre las generaciones más jóve- nes. La razón principal es que las parejas han "redescubierto" la
posibilidad de no tener hijos, pero al mismo tiempo un numero creciente de parejas debe afrontar los
problemas derivados de la postergación del primer hijo.TRES PEU DE COUPLES RESTENT
VOLONTAIREMENT SANS ENFANT
«Personnellement, mais les miens feront je ne ce veux qu'ils pas voudront.» d'enfants,
Martin Veyron, Bernard Lermite n° 3,
Albin Michel, 1982
La baisse séculaire de la fécondité, qui amena celle-ci
à un niveau plancher dans V entre-deux-guerres, se conclut par
une hausse de l'infécondité totale que certains, dans le lourd
climat idéologique de l'époque, attribuèrent à des facteurs
physiologiques mais qui traduisait évidemment une volonté de
ne pas avoir d'enfant. Les signes d'une évolution comparable,
en France aujourd'hui, sont beaucoup plus discrets. On man
que encore de recul pour en préciser l'ampleur, mais surtout
le traitement médical de la stérilité rend plus difficile la dé
termination d'un seuil incompressible d'infécondité au-delà
duquel on peut évoquer un «refus d'enfant». Pour atteindre
cet objectif Laurent Toulemon* déploie une impressionnante
batterie de moyens : analyse de l'état civil, des recensements,
d'enquêtes générales ou spécifiques, estimations sur des don
nées très lacunaires, modélisation des comportements, etc. Il
est bon de voir ainsi rappelé que la compréhension de la fé
condité ne se réduit pas à l'interprétation des volontés indi
viduelles.
Au cours du XXe siècle, la fécondité est devenue en France un com
portement de mieux en mieux maîtrisé. Les progrès de l'hygiène, puis la
médicalisation de la grossesse et de l'accouchement ont éloigné le spectre
de la mort de la perspective d'une naissance : les décès maternels ont pra
tiquement disparu et les décès de nouveau-nés sont devenus très rares(1).
La maîtrise a franchi une nouvelle étape, quand les méthodes efficaces de
contraception se sont diffusées, complétées par la possibilité de recourir
à l'avortement. Ultime retournement, les progrès de la médecine conduisent
aujourd'hui certains à réfléchir sur le concept de « droit à l'enfant ».
* INED.
(" Le risque de décès à la suite d'une grossesse est aujourd'hui de l'ordre de 10 pour
100 000 naissances, alors que ce risque valait encore 190 p. 100 000 vers 1930 [Vallin, Meslé
1982]. Rapporté à 1 000 naissances, le risque de décès maternel est donc passé de 1,9 à 0,1
entre 1930 et 1990; la mortalité infantile, quant à elle, valait 83 %< en 1930 et 7 %c en 1990
[Vallin 1973, INED 1994].
Population, 4-5, 1995, 1079-1110 1 080 PEU DE COUPLES VOLONTAIREMENT SANS ENFANT
La maternité a ainsi changé de visage, débarrassée d'abord du risque
de mort, puis des aléas de la physiologie, au prix d'une médicalisation
croissante, pour devenir une question de « libre choix ». Mais quels sont
les termes de ce choix ? Plus précisément, existe-t-il une possibilité de ne
pas avoir d'enfant, contrepartie logique du choix d'avoir des enfants?
Dans une première partie, nous verrons que la fréquence de l'infé-
condité(2) a considérablement baissé entre les générations du début du siècle
et celles qui ont aujourd'hui 50 ans, et que les hommes sont aujourd'hui
plus nombreux que les femmes à rester sans enfant. Les personnes sans
enfant forment un groupe très hétérogène : personnes n'ayant jamais vécu
en couple, couples confrontés à des problèmes de stérilité, couples n'ayant
jamais essayé d'avoir un enfant. Dans une deuxième partie, nous essaierons
d'évaluer l'importance de ce dernier groupe, ceux qui ont choisi de ne pas
avoir d'enfant, ou plus exactement qui n'ont jamais choisi d'avoir un en
fant. La hausse récente de l'infécondité apparaîtra finalement comme la fin
d'une période exceptionnelle, pendant laquelle la vie de couple ne se con
cevait guère sans enfant.
I. - L'infécondité reste rare en France
L'information sur l'infécondité provient de trois sources principales :
les recensements, l'état civil et les enquêtes. Chaque source a ses imper
fections et nous utiliserons simultanément les résultats qu'elles fournissent
pour décrire la baisse continue de l'infécondité en France depuis près de
cinquante ans.
L'enquête sur les familles, réalisée par l'INSEE en même temps que
chaque recensement, est la source d'information la plus précise et c'est
donc principalement sur les enquêtes «famille» de 1962 à 1990 que sont
construits les résultats ci-dessous(3). Ces enquêtes contiennent les histoires
fécondes des femmes et ne font pas la distinction entre enfants adoptés et
enfants «biologiques». Dans cette partie, les enfants adoptés sont donc
inclus dans la fécondité des femmes.
L'infécondité augmente, après cinquante ans de baisse
Une femme sur quatre nées en 1900 n'a pas eu d'enfant ; ce n'est plus le
cas que d'une femme sur dix nées en 1940
Parmi les femmes nées en 1900, 25% n'ont pas eu d'enfant. Au fil
des générations de ce siècle, la proportion de femmes sans enfant a décru,
(2) Par infécondité, on entend ici «infécondité totale», c'est-à-dire le fait de rester
sans enfant en fin de vie ; l'infécondité peut être volontaire ou non, associée à des problèmes
de stérilité ou non.
(3' L'accès aux données a été obtenu dans le cadre d'une convention entre l'INSE

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