Troc, bons d achat et monnaie : la conception de Ferdinando Galiani - article ; n°5 ; vol.45, pg 1177-1188
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Revue économique - Année 1994 - Volume 45 - Numéro 5 - Pages 1177-1188
Troc, bons d'achat et monnaie. La conception de Ferdinando Galiani
La séparation des deux fonctions de la marchandise, bien de consommation et moyen de paiement, est une condition nécessaire à la réalisation des échanges. Lorsqu'elle s'effectue sur une base purement privée, on obtient le « système des bons d'achat », dont l'étude constitue l'une des contributions les plus intéressantes de F. Galiani à la théorie de l'échange. En partant des indications fournies par cet auteur, on montre que ce système représente en fait la forme parfaite du troc et conduit à l'indétermination des prix. La solution de cette difficulté est la monnaie. Dans ce cadre d'analyse, c'est son principe d'émission qui est déterminant et non l'hypothèse habituellement faite sur les dotations initiales d'un bien particulier.
Barter, tickets and money : Ferdinando Galiani's conception
The separation of the two functions of the commodity (final consumption and means of payment) is the necessary condition of decentralized trades. When this is made on a purely private arrangement, we obtain the « ticket system », the analysis of which constitutes one of F. Galiani's most interesting contributions to the theory of exchange. Starting from the indications supplied by this author, we show that this system is in fact the perfect form of barter and leads to the indetermination of prices. Money is the solution to this difficulty. In this analytical framework, the central point is the issue of the medium of exchange and not the usual hypothesis on the initial endowments of a particular good.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Carlo Benetti
Troc, bons d'achat et monnaie : la conception de Ferdinando
Galiani
In: Revue économique. Volume 45, n°5, 1994. pp. 1177-1188.
Résumé
Troc, bons d'achat et monnaie. La conception de Ferdinando Galiani
La séparation des deux fonctions de la marchandise, bien de consommation et moyen de paiement, est une condition nécessaire
à la réalisation des échanges. Lorsqu'elle s'effectue sur une base purement privée, on obtient le « système des bons d'achat »,
dont l'étude constitue l'une des contributions les plus intéressantes de F. Galiani à la théorie de l'échange. En partant des
indications fournies par cet auteur, on montre que ce système représente en fait la forme parfaite du troc et conduit à
l'indétermination des prix. La solution de cette difficulté est la monnaie. Dans ce cadre d'analyse, c'est son principe d'émission
qui est déterminant et non l'hypothèse habituellement faite sur les dotations initiales d'un bien particulier.
Abstract
Barter, tickets and money : Ferdinando Galiani's conception
The separation of the two functions of the commodity (final consumption and means of payment) is the necessary condition of
decentralized trades. When this is made on a purely private arrangement, we obtain the « ticket system », the analysis of which
constitutes one of F. Galiani's most interesting contributions to the theory of exchange. Starting from the indications supplied by
this author, we show that this system is in fact the perfect form of barter and leads to the indetermination of prices. Money is the
solution to this difficulty. In this analytical framework, the central point is the issue of the medium of exchange and not the usual
hypothesis on the initial endowments of a particular good.
Citer ce document / Cite this document :
Benetti Carlo. Troc, bons d'achat et monnaie : la conception de Ferdinando Galiani. In: Revue économique. Volume 45, n°5,
1994. pp. 1177-1188.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1994_num_45_5_409600bons d'achat Troc,
et monnaie
La conception de Ferdinando Galiani
Carlo Benetti
La séparation des deux fonctions de la marchandise, bien de consommation et
moyen de paiement, est une condition nécessaire à la réalisation des échanges.
Lorsqu'elle s'effectue sur une base purement privée, on obtient le « système des
bons d'achat », dont l'étude constitue l'une des contributions les plus intéressantes
de F. Galiani à la théorie de l'échange. En partant des indications fournies par cet
auteur, on montre que ce système représente en fait la forme parfaite du troc et
conduit à l'indétermination des prix. La solution de cette difficulté est la monnaie.
Dans ce cadre d'analyse, c'est son principe d'émission qui est déterminant et non
l'hypothèse habituellement faite sur les dotations initiales d'un bien particulier.
Cet article propose une présentation et une discussion du problème de
l'échange en partant des indications fournies par F. Galiani . Nous nous limite
rons donc au chapitre 1 du livre II de son ouvrage Delia Moneta (p. 87-91,
éd. Feltrinelli), en excluant ainsi des parties aussi centrales et novatrices que la
théorie de la valeur et la théorie monétaire proprement dite. Bien que limitées
dans leur objet et beaucoup moins connues, les intuitions de F. Galiani concer
nant l'échange ne sont pas intéressantes, compte tenu de l'état actuel de
la théorie économique sur cette question.
Le résultat unanimement considéré comme le plus important de ces dernières
décennies est la démonstration de l'existence de prix qui rendent compatibles
les décisions économiques individuelles. Une des ambiguïtés les plus persistan
tes en la matière est la confusion entre ces prix et l'équilibre dans une économie
de marché. En effet, dans les hypothèses admises, les individus sont en général
dans l'incapacité d'atteindre, par l'échange, leurs objectifs dont la compatibilité
n'est assurée qu'au niveau agrégé par les prix appelés d'équilibre. Cette diffi
culté centrale est indépendante de la théorie utilisée pour déterminer les prix.
Elle se présente aussi bien dans la de l'équilibre général que dans la
théorie classique des prix de production. La situation ainsi créée, dans la théorie
orthodoxe en particulier, est presque caricaturale. L'échange, qui est le seul
moyen par lequel les individus puissent obtenir l'allocation d'équilibre, est
* Université Paris X - Nanterre, UFR de Sciences économiques, 200, avenue de la
République, 92001 Nanterre Cedex.
1. Il reprend, en la développant, une section de notre livre, Moneda y teoria del valor,
UAM et FCE, Mexico, 1990. Il a bénéficié d'une discussion avec J. Cartelier et G. Dele-
place que je tiens à remercier.
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Revue économique — N° 5, septembre 1994, p. 1177-1187. Revue économique
aussi l'activité économique qui est le plus souvent ignorée dans la théorie des
prix d'une économie... d'échange pur.
L'origine du problème est la suivante. Dans la théorie des prix, les individus
sont des consommateurs et des producteurs, les marchandises sont des biens
« utiles » pour la consommation ou la production. Dans la théorie de l'échange
ils doivent être aussi des « commerçants » et des moyens d'échange respective
ment, c'est-à-dire des individus qui achètent (vendent) pour vendre (acheter) et
des biens qui sont l'objet de demande et d'offre par un même individu. En ce sens,
les fonctions des individus et les demandes de biens sont « surdéterminées1 ».
La conséquence bien connue est que l'échange n'est pas viable sauf si la con
figuration des excès de demande individuels vérifie la propriété de coïncidence
réciproque des besoins. En dehors de cet heureux hasard, la seule solution est
l'organisation centralisée des transactions.
Un système d'échanges n'est donc concevable que si la surdétermination
généralisée des biens et des individus est supprimée. C'est dans ce cadre que
l'on peut situer les réflexions de F. Galiani que nous allons analyser.
Rappelons d'abord la solution maintenant classique envisagée par
J.M. Ostroy et R.M. Starr2. Elle consiste à limiter le rôle d'intermédiaire (et, par
là, la surdétermination) soit à un seul individu, soit à un seul bien. Dans les deux
cas, il est nécessaire d'ajouter aux hypothèses habituellement retenues dans la
démonstration d'existence des prix d'équilibre, des conditions supplémentaires
portant sur les dotations initiales. Si l'on adopte la première solution, un seul
individu demande et offre les mêmes biens et il faut lui attribuer une dotation
initiale de chaque bien dont le montant est au moins égal à la demande agrégée.
Il peut alors fonctionner comme une chambre de compensation (clearinghouse),
tous les autres n'échangeant qu'avec lui. Dans le deuxième cas, il faut admettre
que chaque individu détient un stock initial d'un bien particulier, par hypothèse
accepté par tous comme moyen d'échange, dont la valeur est au moins égale à
celle de sa demande totale. Cette « contrainte de Clower » est une condition suf
fisante de la viabilité des échanges. Elle est aussi une condition nécessaire de la
monnaie-marchandise, c'est-à-dire d'un moyen d'échange qui appartient à l'e
nsemble des biens. En effet, sa suppression peut se traduire par le blocage du
système : le moyen d'échange disparaîtrait de la circulation si, avant la réalisa
tion de toutes les transactions, la quantité totale offerte parvenait dans les mains
de ceux qui en ont une demande finale.
On conçoit facilement que de telles hypothèses sur les dotations initiales sont
parfaitement arbitraires. L'approche de F. Galiani permet de les éviter, tout en
restant dans le cadre d'une théorie de la détermination des prix de production ou
d'équilibre général3.
1. Cette « surdétermination » ne se limite pas aux biens, comme l'indiquent
J.M. Ostroy et R. M. Starr, « Money and the Decentralization of Exchange », Econome-
trica, 42 (6), novembre 1974. Voir aussi plus loin.
2. J.M.Ostroy et R.M. Starr, art. cité.
3. Aucune référence ne sera faite au processus par lequel ce

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