Un état des revenus hongrois au XIIe siècle - article ; n°6 ; vol.17, pg 1117-1124
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1962 - Volume 17 - Numéro 6 - Pages 1117-1124
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

Charles d'Eszlary
Un état des revenus hongrois au XIIe siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 17e année, N. 6, 1962. pp. 1117-1124.
Citer ce document / Cite this document :
d'Eszlary Charles. Un état des revenus hongrois au XIIe siècle. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 17e année, N.
6, 1962. pp. 1117-1124.
doi : 10.3406/ahess.1962.420920
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1962_num_17_6_420920ET PROBLÈMES DOCUMENTS
Un état des revenus hongrois
au XIIe siècle '
La Bibliothèque Nationale de Paris possède sous la cote « Latin, 6238 »
ид volume comprenant une collection de manuscrits de la fin du xve
et du début du xvie siècles. Les pages 20 et 21 sont un curieux docu
ment, se rapportant à la situation financière de la Hongrie à la fin du
xue siècle. Il s'agit non d'un original, mais d'une copie de la fin du
xve En voici le texte intégral :
Regni Ungarie fines et dominatus amplitudo.
In regno Bele régis sunt he terre : Ungaria caput
regni, Croacia, Dalmacia et Hama.
In Ungaria sunt due sedes archiépiscopales, Stri-
goniensis et Colocensis. Strigonhim habet de curia
régis de moneta VI mille mar cas et decimam mone-
tarum, et est metropolis Ungarie. Colocensis sedem
habet Bachiensan, et habet duo milia et quingentas
mar cas.
Sufjraganei domini Strigoniensis sunt : episcopus
Agriensis habens III milia marcarum ;
Woacensis septingentas marcas ;
Quinque ecclesiensis habens mille et quingentas
marcas ; episcopus Gcuriensis habens mille marcas,
episcopus Wesprimiensis habens mille sepiingentas
marcas ; episcopus Nitriensis habens mille centum
marcas.
Suffraganei Colocensis sunt : episcopus Suna-
densis vel a fluvio preterlabente Morisensis, habens
duo milia marcarum ; episcopus Biarch, cuius sedes
1. Communication faite aux « Journées d'Histoire du Droit et des Institutions des
Pays de l'Ouest de la France », Nantes, le 10 juin 1961.
1117 ANNALES
dicitur Orosiensis, habens mille marcas ; episcopus
Ultrasylvanus habens duo milia marcarum ; epis
copus Zagrabiensis super flwmen Soa, habens mille
quingentas marcas.
In Dalmacia sunt duo archiepiscopatus : Iace-
zensis habens quingentas marcas; Espaletensis habens
quadringentas marcas; unde et insi-
militer habent suffraganeos decem.
Rex Ungarie de reditu monetě sue habet sexa-
ginta millia marcas per annum. Idem habet de sale
suo XVI millia marcas. Idem habet de pedagiis et
passagiis et mercatis seu foris, que omnia sua sunt,
XXX millia marcarum. Idem habet de alienis hos-
pitibus régis de Ultrasylvas XV millia marcarum.
Idem habet de sua tercia parte de septuaginta duobus
comitibus suis de redditu annuo XX V millia mar
carum. Idem habet de duce Sclavonie per annum X
mille marcas.
Unusquisque comitum septuaginta duorum semel in
anno regent Ungarie procurât, et antequam de mensa
surgat, dona dat munus centum marcarum, et aliquis
eorum II c. marcas, in quibus ad minus presumitur
summa solius régis larga computacione X mille
marcarum, et prêter hec dona regine et filiorum régis
magna, in argento seu pannis sericis et equis, et
prêter hec tricesima.
Populus terre régi facit victum plenarium.
Ce texte se compose de trois parties : la première constate que la
Hongrie est un pays vaste et puissant dont le Roi est Béla, qui gouverne,
outre ce pays, plusieurs autres régions ; la seconde énumère les arche
vêchés et évêchés de la Hongrie lato sensu, en indiquant leurs revenus ;
enfin, la troisième partie expose en détail les revenus du Roi, et leurs
origines.
Quel est le roi Béla ici nommé ? La Hongrie a eu quatre rois du nom
de Béla ; seul, Béla III, qui régna de 1172 à 1196, pouvait disposer de
revenus aussi élevés.
Ce document n'a ni destinataire, ni signataire, omission qui n'est
sans doute pas le fait du copiste, mais a dû exister dans le manuscrit
original perdu. En effet, ce texte paraît être un rapport confidentiel qui,
tombé entre des mains incompétentes, aurait pu causer, sinon à son
destinataire, du moins à son auteur de graves inconvénients.
1118 REVENUS HONGROIS
L'auteur de l'acte original vivait sûrement en Hongrie et connaiss
ait bien le pays, comme l'atteste la désignation géographique des
évêchés énumérés, par exemple « episcopus Sunadensis vel a fluvio pre-
terlabente Morisensis » ( = Csanad, auprès du fleuve Maros), ou « epis
copus Zagrabiensis super f lumen Soa » (= Zagrab au-dessus de la Save),
désignation qui est tout à fait exacte. Mais il ressort également que le
rédacteur n'était pas originaire de Hongrie : l'orthographe de plusieurs
mots hongrois, à la différence d'autres manuscrits datés de la même
époque ou plus tardifs, décèle une prononciation incorrecte. Ces défor
mations ne sont pas le fait d'un auteur d'origine germanique ou slave
(bien que le nom de quelques villes, comme par exemple Vac ou Vesz-
prém, ait été écrit avec un W), car il ne réussit pas à transcrire le Cs
(= tch) : il écrit au lieu de « Csanad », « Sunad », orthographe typique
ment française. Pour le nom de la ville de « Gyor », il rend le ô hon
grois en employant l'orthographe française : eu. Enfin, argument
décisif : il a mal écrit le h, parce qu'il ne pouvait pas le prononcer,
comme c'est le cas des Français en général. Ainsi, au lieu de « Bihar »,
il écrit tout simplement « Biar » ; mais pour indiquer néanmoins la
présence de cette lettre, qui lui est difficile à prononcer, il la remplace
par un « ch », qu'il place à la fin du mot : ainsi le mot « Bihar » devient
« Biarch ».
Le destinataire du document original ne peut avoir été hongrois,
lui non plus : il eût été inutile, en effet, de lui faire connaître le nom de
son roi, la grandeur du pays, le nombre des pays vassaux, remplacement
des archevêchés et des évêchés, et le sort de la population sur les domaines
royaux. De plus, les revenus royaux ne sont exprimés ni en produits
naturels, ni en argent hongrois, dont on ne connaissait la valeur qu'à
l'intérieur du pays, et si le manuscrit avait employé les unités courantes,
un étranger n'aurait pu se rendre compte de leur importance. Il est très
probable que l'auteur a voulu faciliter la compréhension de son texte
en employant, pour la désignation des revenus, des valeurs monétaires
internationales : les marks. On connaissait à l'époque, il est vrai, plu
sieurs espèces de marks : les marks de Buda, de Pozsony, de Ratisbonne,
de Francfort, d'autres encore, mais il faut remarquer que la valeur de
ces marks ou du marc de Troyes, très répandu en Hongrie pendant
le xne siècle, ne varie guère.
Constatons seulement pour le moment que le rédacteur étranger ne
nourrissait pas de sentiments hostiles vis-à-vis de la Hongrie. Sinon, il
se serait intéressé à l'organisation, à l'équipement et à l'effectif de l'a
rmée hongroise et non aux archevêchés, évêchés et revenus civils du roi.
C'aurait été le cas pour les étrangers originaires des pays limitrophes de la
Hongrie : Autriche, Bohême, Pologne, puissances avec lesquelles Béla III
était en état de guerre et qui jalousaient l'état hongrois.
Pour trouver des amis de la Hongrie à cette époque, il faut s'éloigner
1119 ANNALES
des voisins directs et tourner ses regards vers la France, alors alliée de
la Hongrie. A partir du milieu du xne siècle, plus exactement, à partir
de l'ambassade que le roi Géza II (1141-1162) envoya à Paris, les relations
franco-hongroise furent de plus en plus fréquentes.
Mais dans quelles conditions notre document a-t-il vu le jour ? Pour
quoi concerne-t-il les finances publiques de la Hongrie ? Nous ne pou
vons répondre à ces questions sans évoquer la situation de la Hongrie à
la fin du xne siècle et la biographie de Béla III, un de ses plus grands
rois.
A Géza II, roi de Hongrie de la Maison des Arpad, succéda, en 1162,
son fils aîné, Etienne III (qui devait régner de 1162 à 1172). Son pouvoir
ne se consolida qu'après la paix avantageuse signée avec l'Empereur
Manuel III Comnène. Une des clauses du traité était l'envoi du frère
cadet d'Etienne III, Béla, comme otage à Consta

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