Un modèle économique de croissance interséculaire du commerce mondial (XIIe-XVIIIe siècles) - article ; n°1 ; vol.25, pg 100-126
28 pages
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1970 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 100-126
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Hermann Van Wee
Theo Peeters
Un modèle économique de croissance interséculaire du
commerce mondial (XIIe-XVIIIe siècles)
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 1, 1970. pp. 100-126.
Citer ce document / Cite this document :
Wee Hermann Van, Peeters Theo. Un modèle économique de croissance interséculaire du commerce mondial (XIIe-XVIIIe
siècles). In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 1, 1970. pp. 100-126.
doi : 10.3406/ahess.1970.422201
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1970_num_25_1_422201Un modèle dynamique de croissance
interséculaire du commerce mondial
(Xlle-XVIIIe siècles) *
Les possibilités d'application de la théorie économique et de l'écono-
métrie à l'histoire
Depuis longtemps déjà les historiens ont fait usage de données quantitatives
en étudiant scientifiquement le passé économique. A l'issue d'études desc.ip-
tives, des chiffres sont repris comme tels : ils sont également insérés comme
matériel d'illustration ou de preuve après opération statistique.
Pour des études analytiques, des chiffres sont souvent recherchés syst
ématiquement et étudiés à l'aide de techniques statistiques simples ou plus raf
finées. L'analyse quantitative pratiquée de cette façon donne la possibilité
d'acquérir une compréhension plus profonde de la structure ou du développe
ment d'un phénomène \
L'historien peut encore approfondir ou élargir l'analyse au point de vue
méthodologique, en faisant appel à la théorie économique quand il formule ses
hypothèses de travail, et en intégrant ensuite des techniques économiques dans
la vérification de ses hypothèses. Des données historiques réelles peuvent alors
constituer le matériel concret nécessaire à l'application de l'économétrie. Il est
également possible que des calculs économétriques soient employés pour
* Nous tenons à remercier de tout cœur MM. H. Daems et R. Carpreau, de l'Institut des
Sciences Économiques et du Centre d'Études Économiques de l'Université de Louvain, qui,
tous deux, nous ont rendu de très grands services pendant l'élaboration des équations d'ident
ité. Le Professeur Fr. Crouzet, le professeur K. Tavernier et J. Verstraete nous ont aidés par
des remarques suggestives, dont nous leur sommes très reconnaissants. Nous remercions éga
lement Wolters-Noodhof NV, éditeur de la revue « Tijdschrift voor Geschiedenis » et le comité
de rédaction, qui ont eu l'amabilité de permettre la reproduction de quelques passages publiés
par nous en néerlandais dans la dite revue au courant de 1969 et insérés dans l'étude présente.
1. F. REDLICH, « Potentialities ans Pitfalls in Economie History », Explorations in Entrepre
neuria/ History, Second Series, 6, 1968, pp. 93-108.
100 INTERSÉCULAIRE (Xlle-XVIII* SIÈCLES) H. VAN DER WEE ET T. PEETERS CROISSANCE
combler les lacunes du matériel quantitatif ou qualicatif de base x : des don
nées fragmentaires permettent par exemple d'établir des évolutions ou relations
passées et futures par extrapolation 2. Cette méthode rend de grands services
surtout quand les structures sont vraisemblablement restées identiques : cer
tains aspects du passé économique, dont les preuves qualitatives ou quantita
tives ont été détruites ou perdues, sont reconstruites, ce qui permet d'avoir une
vision plus claire et complète du fait historique3. Certains phénomènes imaginaires
sont même calculés grâce à cette méthode, servant alors d'instruments de comp
araison; par exemple, R. Fogel élabora un système hypothétique de canaux
en Amérique du Nord; il calcula son coût en utilisant des données chronolo
giques réelles, compara ses calculs avec les coûts réels de la construction des
chemins de fer américains et aboutit à des conclusions remarquables *.
Insérer la théorie économique et les techniques économétriques dans la
recherche historique contribue indubitablement à une meilleure compréhension
du passé économique. La théorie est logique et bien bâtie, l'économétrie dispose
d'instruments de calcul très raffinés : les deux disciplines servent de complé
ment là où les sources existantes ne permettent qu'une reconstitution partielle
par la critique historique traditionnelle. L'on ne peut cependant en conclure que
toute théorie économique ou tout instrument économétrique puisse s'appliquer
à l'histoire 6 : la discontinuité est, en effet, trop typique de beaucoup de phéno
mènes historiques. Le sens aigu de la critique, l'érudition solide et large de l'his
torien restent donc essentiels et ont seuls le pouvoir de sélectionner valablement
les modèles théoriques et les techniques applicables à l'histoire.
L'expérience qualitative du développement du commerce dans le passé
Une information statistique traditionnelle jointe à une étude qualitative nous
apprend qu'il y a eu un interséculaire très net de l'économie
mondiale entre le XIIe et le XVIIIe siècle, mais non pas de façon linéaire e. Vus
globalement, les XIIe, XIIIe et XVIe siècles ainsi que le début du XVIIe siècle
furent des périodes de forte expansion, alors que le XIVe, le XVe et la plus grande
partie du XVIIe siècle se caractérisaient par un malaise économique, un ralenti
ssement dans la croissance globale et même un recul dans diverses régions d'Eu
rope. Les données qualitatives et quantitatives laissent supposer que le com
merce mondial exerçait une fonction motrice dans le processus de croissance
en Europe. Une première analyse superficielle fait immédiatement ressortir cer-
1. A. H. CONRAD, « Econometrics and Southern History », Explorations in Enterpreneurial
History, Second Series, 6, 1968, p. 37.
2. A. FISH LOW, American Railroads and the Transformation of the Ante-Bellum Economy.
Cambridge (Mass.), 1965, pp. 316-423.
3. A. H. CONRAD, о. с, p. 51.
4. R. W. FOGEL, fíai/roads and American Economic Growth. Essays in Econometric Hist
ory. Baltimore, 1964, pp. 49-110, pp. 250-253.
5. L. S. DAVIS, « And It Will Never Be Literature. The New Economic History : A Critique »,
Explorations in Entrepreneurial History, Second Series, 6, 1 968, p. 87.
6. Pour une analyse plus complète : H. VAN DER WEE, The Growth of the Antwerp Market
and the European Economy (fourteenth -sixteenth centuries). Paris-Louvain-La Haye, 1963,
vol. II, pp. 309-332.
101 DOMAINES DE L'HISTOIRE LES
taines corrélations. Les siècles de croissance globale correspondaient aux phases
de prospérité du commerce transcontinental en Europe, surtout dans la direction
nord-sud, mais également dans la direction est-ouest. En plus, pendant le pre
mier cycle de croissance, l'expansion de la navigation en Méditerranée formait
le cadre de la prospérité du trafic transcontinental; pendant le second cycle de
croissance, ce dernier était favorisé par une forte reprise du trafic vers le Levant \
mais principalement par l'expansion de la navigation atlantique et interconti
nentale, ainsi que par les découvertes. Dans les territoires d'outre-mer, le pre
mier cycle de croissance était soutenu par le commerce transcontinental par
caravanes entre le Levant et l'Extrême-Orient, le second cycle, par les routes
transcontinentales menant aux mines d'argent du Mexique et du Pérou.
Par contre, les siècles de ralentissement ou de stagnation dé la croissance
se caractérisaient par un recul évident du commerce transcontinental en Europe
et par l'intensification de l'expansion maritime. Pendant la première phase de
malaise, la Hanse allemande et la liaison directe des ports de la mer du Nord
avec l'Italie constituaient les principaux facteurs de la croissance maritime. La
destruction par la Hollande, l'Angleterre et partiellement la France du monopole
que détenaient l'Espagne et le Portugal quant à la navigation vers l'Afrique et
les Indes, a contribué aux succès ultérieurs du développement maritime pen
dant la seconde phase de malaise.
Il est assez étonnant de constater que les succès maritimes remportés durant
ces périodes de malaise n'ont pas apporté de croissance spectaculaire dans les
territoires d'outre-mer. Au contraire, la dépression des XIVe et XVe siècles

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