Une lueur d espoir pour les indiens à l aube de l an 2000 ?  - article ; n°1 ; vol.85, pg 399-409
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Une lueur d'espoir pour les indiens à l'aube de l'an 2000 ? - article ; n°1 ; vol.85, pg 399-409

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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1999 - Volume 85 - Numéro 1 - Pages 399-409
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Dominique Buchillet
Une lueur d'espoir pour les indiens à l'aube de l'an 2000 ?
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 85, 1999. pp. 399-409.
Citer ce document / Cite this document :
Buchillet Dominique. Une lueur d'espoir pour les indiens à l'aube de l'an 2000 ? . In: Journal de la Société des Américanistes.
Tome 85, 1999. pp. 399-409.
doi : 10.3406/jsa.1999.2829
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1999_num_85_1_2829CHRONIQUE DU GROUPE D'INFORMATION
SUR LES AMÉRINDIENS
1. — BRÉSIL
UNE LUEUR D'ESPOIR POUR LES INDIENS
À L'AUBE DE L'AN 2000 ?
Démarcation des terres indiennes
Le 11 décembre 1998, l'actuel président de la République, Fernando Henrique
Cardoso, réélu un mois plus tôt, annonçait la signature des décrets d'homologation de
vingt-deux terres indiennes totalisant 2 409 638 hectares ainsi que celle des arrêtés
interministériels déterminant la démarcation physique de treize autres, d'une superfic
ie totale de 14 600 000 ha. Parmi ces dernières se trouvaient deux cas litigieux : tout
d'abord, la Terre indigène Vale do Javari, au sud de l'État Amazonas, habitat de
plusieurs ethnies (Marubo, Korubo, Matis, Matsés, Kanamari, Kulina), dont une
récemment contactée (Korubo), convoitée par les entreprises et les coupeurs de bois,
les politiciens locaux et les trafiquants de drogue qui ont ouvert dans la région
plusieurs pistes d'atterrissage destinées à importer et écouler la drogue au Brésil,
source d'affrontements violents avec les Indiens. Sa démarcation physique sera finan
cée par des fonds provenant du Plan pilote pour l'Amazonie légale, un sous-
programme du PP-G7. Le second cas litigieux concerne la Terre indigène
Raposa/Serra do Sol, d'occupation traditionnelle des Indiens Makushi, Wapishana,
Taurepang, Patamona et Ingarikó, qui fit l'objet en 1996 d'un arrêté interministériel
signé par l'ancien ministre de la Justice (Nelson Jobim) et qui prétendait réduire de
20 % la superficie identifiée en 1993 par la Fondation nationale de l'Indien/FUNAI,
l'organe indigéniste officiel brésilien (cf. Buchillet 1997). Nous reviendrons plus loin
sur le cas de Raposa/Serra do Sol en raison des pressions et du chantage politique
qu'exercent notamment le gouvernement et les parlementaires locaux pour empêcher
sa démarcation physique.
Selon des données récentes, un peu plus de 60 % des territoires indigènes se
trouvent à l'une des étapes du processus légal de régularisation foncière l environ 28 %
attendent des mesures administratives en vue de leur identification, sont en cours
d'identification ou sujets à une révision de leurs limites ou, enfin, sont soumis à des
restrictions d'usage de la part des non-Indiens 2 ; enfin, près de 4 % sont identifiés
et/ou sujets à contestation conformément aux dispositions du décret présidentiel :
:
JOURNAL DE LA SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES 400
n° 1775/96 (cf. Buchillet 1996 et 1997). Le tableau qui suit récapitule la situation de ces
terres indigènes au Brésil au 19 mai 1999 (cf. ISA 1999a) :
Superficie Situation juridique Nombre % (hectares)
2 697 000 À identifier (dont 2 interdites) 66
2 298 380 En cours d'identification (dont 5 interdites) 57
1 536 583 En cours d'identification/révision 27
Avec restrictions d'usage aux non-Indiens 7 693 786
Sous-total : 157 7 225 749 27,6i
Identifiées/acheminées au ministère de la Justice 1 4 900
2 343 878 Identifiées/approuvées mais sujettes à contestations 19
Sous-total 20 2 348 778 3,53
Délimitées (dont 7 en cours de démarcation) 47 17 695 825
Sous-total : 47 17 695 825 8,29
Réservées 15 74 966
Homologuées 66 17 278 964
Enregistrées 262 58 384 427
Sous-total 343 75 738 357 60,49
Total : 567 103 008 709 100,00
Ces 567 terres indigènes couvrent donc une surface totale de 103 008 709 ha, soit
12 % de la superficie du Brésil. Elles constituent le territoire traditionnel d'environ
300 000 Indiens 3, soit 0,2 % de la population brésilienne. 368 d'entre elles, qui
représentent 98,78 % de l'extension totale des terres indigènes du Brésil (soit
101 762 699 ha), se trouvent en Amazonie légale (couvrant 20,20 % de la superficie
totale de cette dernière) ; les 1 ,22 % restants sont dispersés dans les régions nord-est,
sud-est, sud, et Mato Grosso do Sul. La population indienne de l'Amazonie légale est
estimée à quelque 1 80 000 Indiens, soit 1 % de la population amazonienne. On dispose
enfin d'informations sur 53 groupes « d'Indiens isolés » (non contactés), dont la
FUNAI ayant seulement confirmé à ce jour l'existence de 12 d'entre eux (ISA 1999a).
Avec plus de vingt ans de retard par rapport au terme de cinq ans établi par le
Statut de l'Indien (Loi 6001/73) et quelque six ans de retard par rapport aux disposi
tions constitutionnelles 4, on s'achemine enfin, on l'espère, vers la régularisation
foncière de tous les territoires indigènes au Brésil, celle-ci cessant peu à peu de
constituer le principal problème de la politique indigéniste officielle (Santilli 1999).
Le cas de la terre indigène Raposal Serra do Sol
La publication de l'arrêté interministériel n° 820/98 (cf. Journal officiel
du 14/12/1998) déterminant la démarcation physique sous forme continue des
1 678 800 ha suscita immédiatement, on s'en doute, une levée de protestations au CHRONIQUE DU GROUPE D'INFORMATION SUR LES AMÉRINDIENS 401
niveau local. Le gouvernement de Roraima, plusieurs députés amazoniens ainsi qu'un
groupe de puissants éleveurs et de producteurs de riz, farouchement opposés à la
démarcation du territoire indigène, mènent depuis lors une campagne contre les
Indiens et leurs droits territoriaux. Tous les moyens sont utilisés pour obtenir la
réduction et la fragmentation de l'aire indigène : tentative par un membre important
du cabinet juridique du ministre de la Justice d'empêcher l'acheminement de l'arrêté
interministériel n° 820 qui devait être signé par l'actuel ministre de la Justice Renan
Calheiros, en le remplaçant par un autre de l'ancien Nelson Jobim qui
réduisait le territoire des Indiens de cette région ; plusieurs actions en contestation de
légitimité de l'arrêté interministériel portées devant la Cour de justice ; boycott
économique par les grandes éleveurs et les producteurs de riz qui ont suspendu tout
approvisionnement de la région ; pressions pour que les municipalités de Uiramutâ et
Pacaraima, les villages et les grandes propriétés existant à l'intérieur de la Terre
indigène soient exclus de la démarcation de celle-ci ; création illégale de 1 5 municipali
tés, qui ne sont aujourd'hui que des villages, dont certaines sont occupées par des
chercheurs d'or, à l'intérieur de la réserve indienne ; tentatives d'assassinat et assassi
nats d'Indiens ; chantage politique exercé par certains parlementaires amazoniens sur
la FUNAI (CIMI 1999a-e ; Gonçalves 1999 ; ISA 1999b ; Silva 1999). Nous revien
drons plus loin sur les objectifs de cette Commission d'enquête parlementaire, mais il
est évident que ce chantage cherche à intimider la FUNAI menacée de disparaître si les
accusations d'irrégularités contre elle sont confirmées. Le Conseil indigène du
Roraima/CIR, organisation indienne qui représente et défend les intérêts des quelque
12 000 Indiens de cette région, a vivement protesté, dénonçant le chantage exercé sur
la FUNAI, ainsi que les intimidations et les violences commises sur des Indiens, et
exigeant la démarcation urgente de la Terre indigène Rapo sa/Serra do Sol selon les
termes de l'arrêté interministériel n° 820/98 (CIMI 1999b-c). Le même Conseil a
également requis la protection des communautés indiennes par la Police fédérale qui
est en train d'effectuer une enquête sur les assassinats et tentatives d'assassinat à
l'encontre des Indiens (CIMI 1 999c).
La situation actuelle est très tendue et plusieurs indices nous font suspecter que le
gouvernement fédéral s'apprêterait à revenir sur l'arrêté interministériel, acceptant en
partie les revendications des politiciens et des grands éleveurs locaux. Ainsi, le CIMI a
divulgué en mars 1999 une note selon laq

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