Une mission scientifique au Paraguay (15 juillet 1931-16 janvier 1933). - article ; n°2 ; vol.25, pg 293-334
43 pages
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Une mission scientifique au Paraguay (15 juillet 1931-16 janvier 1933). - article ; n°2 ; vol.25, pg 293-334

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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1933 - Volume 25 - Numéro 2 - Pages 293-334
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1933
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

J. Vellard
Une mission scientifique au Paraguay (15 juillet 1931-16 janvier
1933).
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 25 n°2, 1933. pp. 293-334.
Citer ce document / Cite this document :
Vellard J. Une mission scientifique au Paraguay (15 juillet 1931-16 janvier 1933). In: Journal de la Société des Américanistes.
Tome 25 n°2, 1933. pp. 293-334.
doi : 10.3406/jsa.1933.1892
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1933_num_25_2_1892UNE MISSION SCIENTIFIQUE
AU*
PARAGUAY
(15 juillet 1931-16 janvier 1933),
Par J. VELLARD.
Sur la proposition de M. le Dr. Rivet, professeur d'anthropologie au
Museum et directeur du Musée d'ethnographie du Trocadéro, et vu l'avis
de la Commission des missions scientifiques et littéraires et la décision de
l'Assemblée des professeurs du Museum, M. le Ministre de l'instruction
publique, par arrêté du 14 décembre 1931, et M. le Directeur du Museum,
en date du 31 mai 1931, m'ont chargé [d'une mission d'études au Para
guay, Le but principal de cette mission était l'étude de l'ethnographie
et de l'histoire naturelle de ce pays, spécialement du Chaco. Je devais
également réaliser une série de conférences à Asuncion, et, si l'occasion
s'en présentait, chercher à resserrer les relations entre les milieux scien-
tiques français et paraguayens.
Un argentin, généreux autant qu'éclairé. M. Ricardo de Lafuente-
Machain, avait offert à M. Rivet son appui moral et linancier pour cette
mission. Le service des œuvres françaises à l'étranger a subventionné
également ce voyage sur la demande de M. Dejean, ambassadeur de
France au Brésil, et de M. Rivet. Enfin l'Académie des Sciences, sur la
proposition de M. Gaullery et de M. Lacroix, m'a accordé une subvention
sur le fonds Loutreuil pour me permettre de poursuivre au Paraguay
mes études sur les animaux venimeux sud-américains.
Résidant à Rio de Janeiro quand me fut confiée cette mission, notre
ambassadeur, M. Dejean, voulut bien se charger de faire demander au
gouvernement paraguayen par notre légation d'Asuneion les autorisations
nécessaires pour le voyage. M. Obré, à cette époque chargé delà Légation,
communiqua le 21 juin à M. Dejean que le Ministère des Affaires Étran
gères et le Ministère de la Guerre paraguayens autorisaient le voyage au
Chaco et que franchise de douane m'était accordée pour mes bagages.
M. Dejean me présenta alors personnellement au Ministre du Paraguay
au Brésil, lui demandant d'annoncer ma prochaine arrivée au Paraguay, 294 SOCIÉTÉ DLS AMlíniCANISTKS
ainsi qu'au Ministre de Bolivie pour le cas où mon voyage me conduirait
dans la zone du Ghaco occupée par les Boliviens.
De son côté, M. de Lafuente-Machain avait obtenu du gouvernement
paraguayen et de divers particuliers des autorisations et des promesses
d'appui pour faciliter mes études.
I. — Voyage dis Rio dk Janeiro À Asuncion.
Parti de Rio de Janeiro le 14 juillet, avec 500 kilogs de bagages repré
sentant le matériel nécessaire pour la mission, j'étais le 15 à Sao F' aulo.
Le 16, je quittai cette ville par chemin de fer, à destination de Puerto
Esperanza, petit port brésilien du Matto Grosso, sur lerio Paraguay, où
font escale les vapeurs argentins faisant le service entre Asuncion et
Corumbá.
Pendant la première partie du trajet, dans l'Etat de Sao Paulo, la ligne
traverse une région de hauts plateaux, légèrement ondulés et entièrement
déboisés. De grandes cultures de café et d'orangers alternent avec des
espaces en friche et quelques marécages signalés par des palmiers dans
les bas fonds. De nombreux eucalyptus ont été plantés le long de la
ligne.
Au delà d'Araçatuba, en allant vers le rio Parana, les grandes cultures
disparaissent. Le nord-ouest de Sao Paulo est recouvert par une vaste
forêt, de hauteur moyenne, généralement sèche, avec de nombreux bois
durs et bois de construction actuellement exploités. Les habitations se
groupent le long de la ligne ou dans des campos défrichés au milieu de la
forêt. Parfois, près d'une rivière, apparaissent des prairies inondées. La
ligne est à voie .unique, sans ballast ; le train ne semble pas avoir d'horaire,
bien fixe. Dans les gares, on cruise des convois de marchandises transpor
tant des pièces de bois ou du bétail du Matto Grosso.
Après 35 heures de voyage et trois changements de train, nous avons
traversé le rio Parana sur un grand pont récemment construit. Le fleuve
est déjà très large — 800 mètres environ — et ses rives encaissées sont
bordées de forêts. De l'autre côté commence le Matto Grosso et sesimmenses
savanes parsemées d'arbres noueux et rabougris, formant par endroit des
petits taillis très secs. Du chemin de fer on aperçoit des bandes d'autruches
et parfois un chevreuil. En dehors de la pittoresque, mais peu élevée,
serra de Maracaju, point de partage des eaux entre le Parana et le Para
guay, la région est presque plane, l'altitude varie de 100 à 250 mètres,
s'abaissant vers le Paraguay, de l'est à l'ouest.
Dans les rares petites villes, peuplées de métis débraillés, les intellec
tuels du pays, juge de paix et procureur, accompagnés de l'officier de =- choroti_ SOCI
LEN6U А-Ч ÇKj^wji/fEH I
CARTE 3.
Carte du Paraguay avec indication des itinéraires du Dr .T. Vellard. SOCIÉTÉ DES AMÉRICAMSTES 296
police, venaient lire et commenter les journaux sur le quai de la gare. Le
passage du train deux fois par semaine est la grande distraction locale.
Nous devions aller jusqu'à Puerto Esperanza, et à Sâo Paulo on nous
avait donné nos billets sans difficultés. En cours de route, on nous prévint
que, depuis deux mois, la crue du rio Paraguay avait détruit la ligne sur
plus de 50 kilomètres ; impossible d'aller à Puerto Esperanza. Nous devions,
au point où s'arrêtait le train, la petite station de Miranda, prendre une
petite « lancha » à vapeur qui nous conduirait à Gorumbá en descendant
le rio Salobre, affluent du Paraguay.
Arrivés le 18 au soir à Miranda, nous n'avons atteint Gorumbá que le
21 à midi. En ligne droite il y a 80 kilomètres, mais le fleuve fait de nom
breux coudes et le vapeur très petit, avec deux chalands attachés à ses
flancs, des « chatas », ne voyageait pas la nuit. Le fleuve étroit et peu
profond est très pittoresque ; ses bords sont inhabités et des bandes d'an
imaux aquatiques volant sur les eaux ou fréquentant les bancs de sable et
les fourrés des rives offrent un merveilleux et passionnant spectacle au
zoologiste. Dans les coudes, le bateau s'échouait souvent; deux hommes
descendaient sur la rive, attachaient un câble à un gros arbre et, hâlant
sur un treuil à bras, dégageaient le navire qui allait s'échouer un peu plus
bas.
Gorumbá est une petite ville assez pittoresque étagée sur une falaise du
rio Paraguay. Siège auparavant d'un commerce assez actif avec le Rio de
la Plata, elle a perdu presque toute son importance depuis que le chemin
de fer arrive jusqu'au fleuve. Un petit « saladero », préparant de la viande
sèche, tue en moyenne 16.000 bœufs par an. Nous avons été très bien
reçus par les autorités de Gorumbá que M. Dejean avait fait prévenir de
notre passage. Après quelques jours employés à étudier les environs,
nous avons pris le 26 un bateau argentin à destination ď Asuncion, où étions le 28.
De Gorumbá à Asuncion, la distance est d'environ 1630 kilomètres. La
largeur moyenne du fleuve est de 400 mètres, mais il était alors en pleine
crue et ses rives, surtout celle du Ghaco, se trouvaient en grande partie
inondées, ne montrant au-dessus des eaux jaunâtres que le sommet des
buissons et les têtes d'innombrables palmiers. Sur deux points seulement
les rives sont un peu élevées : près delà forteresse brésilienne deCoimbra,
et un peu au-dessus du rio Appa. Au-dessous du rio Appa, la rive gauche
domine généralement de quelques mètres le niveau des hautes eaux ; des
petites villes, de gros villages plutôt, dont le principal est Concepción, et
de nombreux établissements isolés occasionnent de fréquents arrêts du
vapeur qui apporte et reçoit le courrier. La rive

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