Une mortalité tragique et méconnue : les accidents de la circulation en France - article ; n°3 ; vol.2, pg 117-130
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Espace, populations, sociétés - Année 1984 - Volume 2 - Numéro 3 - Pages 117-130
A Tragic and Badly Known Problem: Mortality due to Road Accidents in France
In 1983, nearly 12,000 people were killed on French roads. For about 10 years, a decrease in the number of deaths has been noticed - the maximum was reached in 1972, with 16,600 deaths - when the road traffic is always increasing. However a comparison with a few neighbouring countries shows that improvements are still possible and necessary. The analysis of statistics allows us to be more precise about the spatial, temporal and demographic aspects of death due to road accidents.
En 1983, près de 12.000 personnes ont perdu la vie sur les routes françaises. Depuis une dizaine d'années, on constate une diminution du nombre des victimes - le maximum ayant été atteint en 1972, avec 16.000 tués - alors que le trafic automobile ne cesse de s'accroître. Néanmoins, la comparaison avec quelques pays voisins montre que des progrès sont encore possibles et indispensables. L'analyse des statistiques permet également de préciser les composantes spatiales, temporelles et démogaphiques de la mortalité par accidents de la circulation.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alain Barre
Une mortalité tragique et méconnue : les accidents de la
circulation en France
In: Espace, populations, sociétés, 1984-3. La mortalité adulte dans les pays industrialisés. pp. 117-130.
Abstract
A Tragic and Badly Known Problem: Mortality due to Road Accidents in France
In 1983, nearly 12,000 people were killed on French roads. For about 10 years, a decrease in the number of deaths has been
noticed - the maximum was reached in 1972, with 16,600 deaths - when the road traffic is always increasing. However a
comparison with a few neighbouring countries shows that improvements are still possible and necessary. The analysis of
statistics allows us to be more precise about the spatial, temporal and demographic aspects of death due to road accidents.
Résumé
En 1983, près de 12.000 personnes ont perdu la vie sur les routes françaises. Depuis une dizaine d'années, on constate une
diminution du nombre des victimes - le maximum ayant été atteint en 1972, avec 16.000 tués - alors que le trafic automobile ne
cesse de s'accroître. Néanmoins, la comparaison avec quelques pays voisins montre que des progrès sont encore possibles et
indispensables. L'analyse des statistiques permet également de préciser les composantes spatiales, temporelles et
démogaphiques de la mortalité par accidents de la circulation.
Citer ce document / Cite this document :
Barre Alain. Une mortalité tragique et méconnue : les accidents de la circulation en France. In: Espace, populations, sociétés,
1984-3. La mortalité adulte dans les pays industrialisés. pp. 117-130.
doi : 10.3406/espos.1984.982
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/espos_0755-7809_1984_num_2_3_982ESPACE POPULATIONS SOCIÉTÉS 1984-111 pp. 117-130
UNE MORTALITE BARRE A.
Université de Lille I
TRAGIQUE ET MECONNUE :
LES ACCIDENTS DE LA CIRCULATION
EN FRANCE
brutales la liés vie à Sur une sur (Source: quelque mort les routes violente, 550.000 INSERM). françaises; les décès accidents Depuis c'est enregistrés dire la de Libération, la qu'aucune chaque route provoquant année plus famille, de en 400.000 France, pratiquement, le quart personnes près de ces de n'a disparitions 50.000 ont été perdu éparsont
gnée. L'accident de la route est entré dans les mœurs, au même titre que les autres risques
de la vie quotidienne (H. Margeat, 1982). Des bilans meurtriers sont diffusés chaque week-
end et les colonnes des journaux apportent leur lot quotidien de récits tragiques, dont les
circonstances prouvent, d'ailleurs, que nul n'est à l'abri. Mais si les chiffres, terribles dans
leur sécheresse et masquant une foule de drames, sont connus, ils sont rarement analysés
et médités, en dehors des spécialistes, car beaucoup restent persuadés que « l'accident n'arrive
qu'aux autres» ou qu'il constitue une fatalité, sorte de rançon inéluctable au progrès, face
à laquelle on ne peut qu'avouer son impuissance. Ainsi, en dépit de statistiques autorisant
de multiples approches, la mortalité par accidents de la circulation reste une question assez
méconnue; or, c'est précisément une bonne connaissance du phénomène qui permettra au
public de mieux comprendre et d'adhérer aux mesures réglementaires et techniques adopt
ées depuis plusieurs années par les Pouvoirs publics, soucieux de réduire l'hécatombe.
La mortalité par accidents de la route:
un fléau malgré d'incontestables progrès
Le constat: près de 12.000 morts sur les routes françaises en 1983
En France, les statistiques concernant les accidents de la circulation sont établies à
partir des constats effectués par la Gendarmerie Nationale et par la Police Nationale; la
première relevant les accidents survenus en rase campagne et dans les petites agglomérat
ions, la seconde opérant dans les zones urbaines. Le bilan global des accidents de la route
en 1983, en légère amélioration par rapport à l'année précédente, s'établissait de la façon
suivante :
Blessés Blessés Total Accidents Tués graves légers blessés
1982 230.701 12.410 84.532 236.853 321.385
216.129 11.945 79.447 221.975 301.422 1983
Différence —6,3 % —3,7% —6,0% —6,3 % —6,2% ESPACE POPULATIONS SOCIÉTÉS 1984-111 118
Rappelons qu'en France, depuis 1967, est considérée comme tuée dans un accident
de la circulation toute personne décédée dans les six jours1. Quant au blessé grave, il s'agit
d'un blessé dont la durée d'hospitalisation est égale ou supérieure à six jours2. On conçoit
fort bien le caractère arbitraire de ces définitions d'autant qu'elles diffèrent de celles rete
nues par d'autres pays (T. Benjamin, 1984): ainsi, par exemple, pour la R.F.A., le tué
est la personne décédée dans les trente jours suivant l'accident (définition recommandée
par la C.E.E.) et le blessé grave est toute personne hospitalisée. Par ailleurs, il faut souli
gner que le chiffre des blessés est sous-estimé; en effet, C. Gérondeau (1978) remarque
que le chiffre des blessés déclaré aux assurances dépasse de 20 °7o celui recensé par les servi
ces officiels.
1983 apparaît comme une année de référence dans les statistiques d'accidents de la
circulation en France, puisque c'est la première fois depuis 1964 que le nombre des tués
passe en dessous de la barre des 12.000, alors que depuis une vingtaine d'années, le parc
de véhicules automobiles a plus que doublé. La diminution du nombre des blessés est éga
lement sensible et il faut remonter à 1967 pour trouver un chiffre comparable. Aussi encou
rageants soient-ils, les résultats de 1983 ne sauraient faire oublier le fléau que constituent
les accidents de la route. Car enfin, 12.000 morts, c'est l'équivalent de la population d'une
petite ville comme Langres ou Vitré par exemple; cette comparaison a, d'ailleurs, été utili
sée, à plusieurs reprises, pour alerter l'opinion publique et la sensibiliser aux campagnes
de sécurité routière. Quant au chiffre des blessés, il représente la population de départe
ments comme l'Yonne ou les Ardennes.
Répartition des victimes selon les réseaux et les catégories d'usagers
La répartition des accidents selon le lieu (ville/campagne) ne manque pas d'étonner
(cf. tableau n° 1) : contrairement à une opinion largement répandue, les routes de campa
gne ou les rues des petites agglomérations, tant vantées pour leur calme et leur tranquillité,
sont en fait les voies les plus périlleuses, puisqu'on y recense plus des 2/3 des tués pour
seulement un tiers des accidents; c'est également là que l'on relève 6O°7o des blessés graves.
A l'inverse, les accidents en zone urbaine, bien que deux fois plus nombreux, sont deux
fois moins meurtriers; ils provoquent cependant un grand nombre de blessés légers. Bien
des facteurs expliquent cette distorsion, aux premiers rangs desquels on peut citer l'inc
idence de la limitation de vitesse en ville et le rôle de l'éclairage urbain.
Tableau n° 1
Répartition des accidents de la circulation selon le lieu en 1982
Rase campagne et Ville Total petites agglomérations
*
230.701 Accidents 77.398 153.303
33,5 66,5 100
Tués 8.883 3.527 12.410
28,4 71,6 100
Blessés graves 49.280 35.252 84.532
58,3 41,7 100
Blessés légers 72.411 164.442 236.853
30,6 69,4 100
199.694 Total blessés 121.691 321.385
37,9 62,1 100
Source: CISR. ESPACE POPULATIONS SOCIÉTÉS 1984-III 119
Les autoroutes qu'appréhendent nombre d'automobilistes, hantés par le spectre d'acci
dents spectaculaires tels que les carambolages en chaîne, sont en réalité les voies les plus
sûres du réseau routier français, puisqu'à trafic égal, on y dénombrait en 1982, quatre fois
moins d'accidents et cinq fois moins de tués que sur les routes nationales. Ces excellents
résultats tiennent aux caractéristiques techniques des autoroutes qui ont pour effet d'él
iminer ou de réduire considérablement toute une série de risques d'accidents (R. Lafont,
1984).
«Faire circuler sur les mêmes voies des piétons, des engins à deux roues, des automob
iles, et des poids lourds pesant parfois 38 tonnes, constitue a priori un défi à la sécurité».
Cette remarque de C. Gérondeau (1978) résume parfaitement une des causes essentielles
de la mortalité routière et explique

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