Y a-t-il eu en France une « génération romantique de 1830 »? - article ; n°28 ; vol.10, pg 103-118
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Description

Romantisme - Année 1980 - Volume 10 - Numéro 28 - Pages 103-118
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M James S. Allen
Y a-t-il eu en France une « génération romantique de 1830 »?
In: Romantisme, 1980, n°28-29. pp. 103-118.
Citer ce document / Cite this document :
Allen James S. Y a-t-il eu en France une « génération romantique de 1830 »?. In: Romantisme, 1980, n°28-29. pp. 103-118.
doi : 10.3406/roman.1980.5345
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1980_num_10_28_5345James S. ALLEN
Y a-t-il eu en France une « génération romantique de 1830 » ?
La définition du romantisme français a peut-être entraîné plus de
débats, à divers degrés de sophistication, que toute autre forme litté
raire en Europe. Depuis que les écrivains conscients, sous la Restaurat
ion, ont vainement essayé de se définir, il a été difficile, sinon impossib
le, de découvrir quelle était l'essence de la « nouvelle » littérature.
Avant la Révolution de 1830, le Globe publia une série d'articles, dont
chacun proposait une définition différente (1) ; bien après la bataille
à'Hernani, les célèbres hommes de lettres provinciaux d'Alfred de Muss
et proclamaient qu'ils continuaient à avoir du romantisme des concept
ions contradictoires. Pour beaucoup d'hommes du XIXème siècle,
comme pour Dupuis et Cotonet, le romantisme n'était guère plus qu'un
usage abusif des adjectifs. Une telle confusion était évidemment inhé
rente à la nature même de la nouvelle littérature qui privilégiait le sin
gulier et l'émotionnel, et donc l'irréfléchi, par rapport au désir d'uni
versel, de rationnel et d'ordre du néoclassicisme du XVIIIème siècle,
de sorte que les meilleurs historiens des idées et de la littérature ont
peut-être demandé au romantisme plus de cohérence qu'il n'était poss
ible d'en trouver. Arthur O. Lovejoy avait beaucoup insisté jadis pour
que l'on utilise le mot au pluriel, parce qu'il distinguait non pas un mais
plusieurs romantismes dignes de ce nom (2).
Le plus récent débat, lancé par René Welleck, Morse Peckham et
d'autres a utilement démystifié le romantisme français, bien que les pro
blèmes posés n'aient guère été résolus à la satisfaction de tous (3). Si
l'on ne peut plus parler d'école, de mouvement ou de courant, il reste
au moins une unité de la conception romantique de la poésie et de l'
imagination poétique, de la nature et de ses rapports avec l'homme. Il se
peut qu'il y ait une plus grande unité dans la conscience d'eux-mêmes
1. P. Trahard éd., Le Romantisme défini par Le Globe, Presses françaises,
1924.
2. A. O.Lovejoy, « On the discrimination of Romanticisms », PMLA, 39,
1924—2, p. 229-253. Pour l'étude « nominaliste », cf. par exemple, J. Aynard,
« Comment définir le romantisme ? » Revue de littérature comparée 5, 1925,
p. 641-658 ;P. Moreau, Le Romantisme, De Gigord, 1932, et J.-B. Barrère, « Sur
quelques définitions du », Revue des sciences humaines, n. 62-63,
1951, p. 98-1 10.
3. R. Wellek, « The Concept of ' Romanticism ' in Literary History », Compar
ative Literature 1, 1949-2, p. 1-23 et 147-172 ;et « Romanticism Re-Examined »,
dans Concepts of Criticism, St.G. Nichols éd., New Haven, Yale U.Pr., 1936 ; Peck-
ham, « Toward a Theory of Romanticism » , Publications of the Modern language
Association, 61, 1951, p. 5-23 et « Toward a Theory of Romanticism, II : Recons
iderations », Studies in 19, 1961, p. 1-8 ainsi que H.H. Remak,
« West European Romanticism : Definition and Scope », dans Comparative Litera
ture : Method and Perspective, P. Stallknecht et F. Horst éd., Carbondale, U .Illinois
Pr., 1961, p. 223-259, et « Trends of Recent Research on West European Romant
icism » dans Romantic and its Cognates : The European History of a word, H.
Eichner, éd., Toronto, U. of Toronto Pr., 1972, p. 263-292. 1 04 James S. ALLEN
qu'avaient les romantiques, laquelle a été étudiée il y a peu (4). Cette
nouvelle tendance de l'histoire littéraire et de la critique n'interdit ce
rtainement pas des approches différentes du romantisme français, venant
de spécialistes définissant la littérature par son seul contexte social. Par
exemple, le romantisme peut être pensé comme l'attribution à l'écrivain
par lui-même d'un rôle à caractère sacerdotal, ou comme le résultat de
la révolution bourgeoise de 1789, comme l'ont montré, après Welleck,
Paul Bénichou et Pierre Barbéris (5). Quels que soient les mérites de ces
points de vue spécifiques, ce genre de recherche extra-littéraire suggère
une approche différente du problème de la définition du romantisme à
partir de l'histoire générale, approche limitant l'étude des idées à un
temps et à un milieu social relativement imposés. Ignorer l'atmosphère
qui imprègne le début du XIXème siècle français, atmosphère produite
autant par la révolution que par le romantisme, crée une « distorsion
culturomorphique » (6) au sein de l'histoire des idées, qui complique
démesurément toute définition de la nouvelle littérature.
Peut-être peut-on prouver l'utilité d'une approche extra-littéraire
pour une meilleure compréhension du Romantisme français en étudiant
le problème des générations historiques. Y en a-t-il une qui soit spécifi
que à la France de 1830 ? La question a déjà été soulevée (7) et la pré
sente tentative ne garantit pas une réponse définitive. On ne passe pas
facilement de la discussion sur les auteurs à celle sur les textes : il serait
absurde d'affirmer trop hautement l'unité d'une génération qui a pro
duit des textes fort dissemblables. Cependant l'étude de cette cohorte
d'écrivains pris dans leur période la plus créative, lors de la floraison
des œuvres romantiques, pourrait éclairer un aspect important de la
création littéraire française en 1830. Le concept de « génération »
a été précédemment utilisé dans l'histoire littéraire française avec
des résultats intéressants, alors même qu'il est autant démographique
4. Par exemple, H. Bloom éd. Romanticism and Consciousness : Essays in
Criticism, New -York, Norton, 1970, et Thorburn et Hartman, éd. Romanticism :
Vistas, Continuities, and Instances, Ithaca, Cornell UJr. 1973.
5. P. Bénichou, Le Sacre de l'écrivain, Corti, 1973, et Barbéris, Balzac et le
Livre mal du et siècle, société Gallimard, en France au 1969-70, XVIIIème 2 vol. siècle, Pour Mouton, le XVIIIème 1965-1970, siècle 2 voir vol. F. Furet,
6. C'est le terme utilisé par R. Darnton pour désigner l'erreur commise par
les historiens de la littérature et des idées qui essayent de cerner l'état de l'opinion
à partir de quelques œuvres exceptionnelles d'auteurs toujours considérés aujour
d'hui comme dignes d'études. Cette approche néglige malheureusement le vaste
corpus des œuvres qui furent lues et considérées comme importantes par le passé.
Ainsi, en étudiant souvent des écrivains inconnus de leur vivant ou écrivant à un
autre endroit et à un autre moment, les historiens de la littérature ont rendu im
possible la définition du romantisme français. Voir Darnton, « Reading, Writting,
and Publishing in Eighteenth Century France : A Case Study in the Sociology of
Literature » dans Historical Studies Today, F. Gilbert and S. Graubard, éd. New
York, Norton, 1972, p. 238-280.
7. Par exemple dans le volume de M. Milner, Le Romantisme, 1 : 1820-1843,
Arthaud, 1973, p. 44-48. a-t-tt eu en France une <r génération romantique de 1830 ? » 105 Y
et social que littéraire (8). Aussi un coup d'œil à la génération de 1830,
considérée dans son contexte historique, semble pouvoir expliquer
pourquoi tant d'écrivains français ont déclaré lui appartenir et comment
ils purent être perçus comme un groupe, groupe dont la production
peut aider à élaborer une nouvelle définition du romantisme français(9).
Cela dit, tout d'abord, qu'est-ce qu'une génération ? Bien qu'il ait
fait couler presque autant d'encre que le romantisme, le consensus au
tour de ce sujet est plus grand qu'

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