Assélnour et la guerre des clans
136 pages
Français

Assélnour et la guerre des clans

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
136 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Au sein du Sahara, des clans de sorciers s’affrontent pour le pouvoir, ils finissent par s'unir autour du « pacte originel » pour la création d'une cité, Assélnour.
« Assélnour et la guerre des clans » est le premier tome d’un nouveau genre, l'héroic fantasy orientale.

Informations

Publié par
Publié le 06 mai 2017
Nombre de lectures 0
Langue Français

Extrait

ASSÉLNOUR ET LA GUERRE DES CLANS
Il y a 2500 ans 1  Proche du Sahara, aux pieds des montagnes de l’Atlas, se trouvait le village de Gércif. Un enfant jouait dans la rue, Salim. Il était fils de commerçants et avait grandi au sein des souks bruyants, qui regorgeaient toutes sortes de secrets : les marchandises étaient rapportées par les caravanes qui sillonnaient tous les continents. Gentil et apprécié de tous les villageois, il était de taille moyenne pour son âge, ses cheveux et ses yeux étaient bruns. Il portait un gilet brodé sur les contours, un pantalon qui s’arrêtait au mollet et un turban sur la tête, pour le protéger du soleil. Presque tous les garçons de la région portaient ces vêtements.  Salim avait plusieurs amis. Deux d’entre eux occupaient une place privilégiée dans son cœur : Amar et Jawél. Tous trois formés une bande inséparable. Amar était le plus grand en âge et en taille, mais aussi le moins mature. Il avait un caractère bien trempé, mais il était profondément bon, ce qui n’avait pas échappé à ses camarades. Il était le fils unique des plus riches commerçants de
Gércif, ce qui expliquait en partie son comportement.  Jawél, de taille intermédiaire entre ses deux amis, était le plus introverti. Il était le fils cadet d’une famille de paysans. Ses amis connaissaient peu de choses sur lui, hormis les moments qu’ils passaient ensemble. Sa gentillesse les avait conquis. Régulièrement, les mauvaises langues répandaient des rumeurs sur ses origines : certaines disaient que ses parents l’avaient trouvé un matin, au pas de leur porte, âgé de quelques mois, s’agitant dans un couffin richement orné. D’autres affirmaient qu’il était le fils d’une famille de sorciers bannie d’Assélnour. Cela paraissait peu probable car les sorciers ignoraient les hommes, des fourmis à leurs yeux. Ses deux camarades écoutaient alors ces rumeurs avec beaucoup d’amusement.  Tous les villageois avaient cependant entendu parler de la guerre qui avait sévi chez les sorciers, juste après qu’ils soient tous trois nés. Elle avait duré des mois, ébranlant toute la région. Souvent, pendant le conflit, le ciel s’assombrissait, les ténèbres recouvraient le Sahara, puis jaillissaient, au-dessus d’Assélnour, des pluies de foudres qui rendaient leurs éclats d’or aux dunes. – Suivez-moi, j’ai des choses à vous montrer !  Salim aimait s’amuser avec Amar et Jawél dans les labyrinthes que constituait le souk. Celui-ci n’avait plus de secrets pour eux : ils en avaient exploré les moindres recoins. Malgré les précautions de leurs parents, les garnements
3
savaient qu’il renfermait toutes sortes d’objets fabuleux, les plus étranges étaient évidemment ceux qui provenaient d’Assélnour.  Quel enchantement que de se perdre au milieu des merveilles que cachent les fondouks, où sont entreposés les produits du souk ! Les parents d’Amar et de Salim possédaient les plus grands de Gércif. Les garçons occupaient la majeure partie de leur temps à les explorer.  Le mardi était le jour du grand marché, la foule était plus dense dans le village, et les affaires fructueuses. – Tu es certain que l’on ne sera pas repéré ? demanda Jawél à Salim, car si mon père l’apprend, je n’aurai plus le droit d’être ami avec toi. – Aucune chance, répliqua Salim, le fondouk de mon père est trop grand, et j’ai trouvé une cachette d’où il est impossible de nous voir : l’étalage de tapis. – Je crois qu’il vaut mieux rejoindre le fondouk de mon père, insista Amar, il est plus grand, il y a plus de choses à faire. – Non, celui de mon père vaut vraiment le coup aujourd’hui, se défendit Salim. Le mardi, il y a toujours les nomades du Sahara qui viennent pour s’approvisionner. – Pareil pour le fondouk de mon père, il n’y a rien d’extraordinaire dans ce que tu dis. – Si, il y a cette tribu de nomades qui élève des serpents à cornes, et qui fait peur à tout le monde…
4
– Les Issawas ! interrompit Jawél. – Oui, ajouta Salim, ils viennent presque toutes les semaines, depuis un an. Et à chaque fois, c’est un bonheur, vous savez qu’ils vivent tout près de… – … la cité des sorciers, interrompit de nouveau Jawél.  Salim sourit devant l’entrain de son camarade et reprit : – Eh bien, quand ils trouvent des objets qui en proviennent, ils s’empressent de les rapporter à mon père, qui en est friand. Je ne m’ennuie jamais quand ils sont là !  Salim lança un regard à Jawél pour qu’il le soutienne un peu plus. – Il faut reconnaître, Amar, intervint-il enfin, que l’on s’ennuie dans le fondouk de ton père, il n’y a que des tapis, de la vaisselle et des épices. Je suis lassé des parties de cache-cache. À présent, tous les mardis, on y ira s’amuser dans le fondouk de Salim.  Deux voix contre une, Amar s’inclina.  En fin de journée, ils entrèrent silencieusement dans l’entrepôt. Ils se précipitèrent vers les tapis qui étaient placés au centre du fondouk. L’étalage était large d’une vingtaine de mètres, des tapis étaient étendus par terre ou suspendus sur les côtés. Amar se prit les pieds dans l’un d’eux, essaya de se rattraper sur d’autres, puis finit par les entraîner tous dans sa chute : l’étalage était dorénavant nu. – Tu le fais exprès ! s’énerva Salim. – Non, non, je te le jure.
5
 Il y avait de la sincérité dans son regard, ce qui calma Salim. – Vite, vite, on replace les tapis comme ils étaient, sinon mon père va s’en rendre compte !  Les garçons se dépêchèrent de les replacer presque à l’identique. Des bruits retentirent enfin à l’entrée. Chacun d’eux se cacha dans un coin. Ils se concentrèrent sur les convives : trois nomades accompagnaient le père de Salim. Ils reconnurent le chef de la tribu des Issawas. Son visage semblait sévère, la rudesse de sa vie devait y être pour quelque chose. – Mon cher ami, dit le père de Salim, qu’as-tu à me proposer aujourd’hui ? Je ne te promets pas de tout prendre, les temps sont durs. – Oui, oui, je comprends, de toute façon je n’ai pas grand-chose.  Il fit un signe à un de ses hommes, qui s’avança. Il tenait une grande corbeille en osier qu’il ouvrit aussitôt : des sifflements de serpents s’en échappaient. Le père de Salim était inquiet. – Comment ça ? Des serpents ! s’écria le commerçant. – Pas n’importe quels serpents, ils proviennent de la cité des sorciers, nous les avons capturés il y a trois jours.  Le chef de tribu fit un second signe à son proche, qui déposa le panier devant le père de Salim. – Je vous prie de le retourner, demanda le chef des Issawas.  Le commerçant, interloqué, obéit. Les serpents tombèrent en formant un bloc.
6
– Ces serpents peuvent lire l’avenir, mon ami, ils ne se trompent jamais, nous les avons longuement éprouvés dans notre camp !  Les reptiles commencèrent à se mouvoir et formèrent deux mots : « mort » et « douleur ». Les membres de la tribu en étaient pétrifiés. – Nous nous sommes trompés sur leur pouvoir, s’empressa d’ajouter le chef de tribu, ne vous inquiétez pas !  Il fit signe à son subalterne de ranger les serpents dans la corbeille, puis lui murmura à l’oreille : – Je n’ai pas envie de gâcher les bonnes relations que j’ai avec lui, on les vendra ailleurs !  Le père de Salim semblait de plus en plus agacé. – Nous avons aussi des volatiles très spéciaux, provenant aussi d’Assélnour, ajouta le nomade.  Il fixa du regard son second sbire, qui s’avança avec un second panier. Des bruits de battement d’ailes en sortaient. Les enfants étaient captivés. – Ce sont des pigeons voyageurs, très utiles pour les messages, mais…  Le silence de quelques secondes qui suivit ne présageait rien de bon pour la suite des négociations. Le père de Salim qui s’impatientait prit les devants : – Ce n’est pas ce qui manque à Gércif, il y en a presque dans toutes les fermes ! – Ils ont cependant une singularité, se contenta de répondre le nomade. – Quelle est-elle ? interrogea aussitôt le commerçant. – Quand ils volent, ils peuvent traverser la matière.
7
 Le père de Salim réfléchit un instant. – Je pense avoir des clients pour eux !  Le nomade sortit un pigeon de la corbeille, celui-ci vola dans le fondouk, traversa les étalages, les colonnes, les tapis au-dessus des enfants et le plafond et disparut complètement. – C’est le problème de ces oiseaux de malheur, s’amusa à remarquer le chef des Issawas, ils sont dressés pour retourner à Assélnour. – Vous voulez rire, je ne pourrai jamais vendre ça, c’est prendre le risque de perdre ma clientèle ! Je suis inquiet, car je vous avais préparé des tissus et des vivres, comme chaque semaine, et je sais que vous en avez besoin. Mais je ne peux pas accepter vos marchandises… J’ai aussi une famille à nourrir, vous comprenez ?  Le chef de la tribu acquiesça, il regarda fixement le dernier de ses hommes et finit par hocher la tête. – Il y a encore une chose qui peut vous intéresser, une jarre qui provient aussi d’Assélnour. Nous voulions la garder, car son pouvoir nous est très utile pour rendre la justice au sein de notre tribu.  Le père de Salim était cette fois-ci très curieux, il sentait dans la voix du nomade que celui-ci lui faisait une difficile concession. – Mais j’ai besoin de ces vivres, je suis prêt à l’échanger !  Son dernier homme revint avec la poterie, qu’il déposa devant le commerçant. – Cette jarre, lorsqu’elle est remplie de l’eau de l’oued, le Méluya, peut montrer des choses, des
8
événements qui se sont produits, il suffit de la questionner.  Le nomade continua sa longue description, les yeux du commerçant s’écarquillaient à l’écoute des anecdotes que les nomades avaient vécues avec la poterie. Le père de Salim accepta aussitôt la transaction et les nomades purent se retirer avec leur butin.  Les enfants étaient conquis, ils n’avaient pas perdu une goutte de la conversation : la jarre provenait bien d’Assélnour et avait été retrouvée flottante dans l’oued. Les nomades avaient découvert son pouvoir par inadvertance, lorsque des femmes de la tribu se servaient d’elle pour puiser l’eau : des images apparurent à sa surface. La jarre attisa singulièrement la curiosité des garçons, qui étaient malgré tout habitués à ce genre d’objets magiques. – Voilà notre nouvelle mission, s’empressa d’expliquer Salim. Demain nous emprunterons la jarre et nous la porterons jusqu’à l’oued. – Oui, il nous faut au moins la tester pour que ton père ne se fasse pas duper, ajouta Jawél.  C’était un réel plaisir pour Salim et Amar lorsque Jawél s’exprimait : il rendait honorables les bêtises les moins pardonnables.  Le lendemain, les enfants mirent en exécution leur plan. Chacun d’eux avait demandé la permission de jouer près de l’oued à ses parents. Celui-ci passait seulement à quelques centaines de mètres du village et ne présentait aucun danger
9
durant la saison sèche, son débit étant très faible. Amar et Jawél rejoignirent Salim au fondouk qui se situait sous l’appartement familial et qui était désert. Sans faire le moindre bruit, ils allongèrent la jarre et la firent rouler au dehors de l’entrepôt. Le soleil était à son zénith, les ruelles vides, les températures élevées avaient eu raison de tous les villageois. La tâche était plus délicate que prévu, les galets qui jonchaient le bord du Méluya menaçaient de briser la jarre. Au bout des trois cents mètres qui séparaient Gércif de l’oued, ils délaissèrent la poterie et se jetèrent dans l’eau pour se rafraîchir. Ils positionnèrent ensuite l’ouverture de la jarre contre le courant, pour la remplir aussitôt. Amar, le plus fort des trois, la tira de l’eau et la déposa sur la rive. Les garçons se précipitèrent autour, pour observer son intérieur, mais n’aperçurent que le fond d’argile. Tous ces efforts avaient été vains.  La conversation de la veille émergea dans les pensées de Salim : une incantation était inscrite sur le bas de la jarre. Sans perdre un instant, il s’abaissa et rechercha la gravure qu’il énonça enfin à voix haute : – Ô Méluya, que ton eau pure lève les voiles sur les secrets de ce monde !  Une image apparut au niveau de son embouchure, ce qui émoustilla les trois camarades : ils s’apercevaient penchés au-dessus d’elle. – Dis-nous où t’ont trouvée les nomades qui t’ont ramenée à mon père, demanda Salim le premier.
10
 Soudain l’oued et ses rives apparurent, la jarre le dévalait à toute vitesse, avant de s’écarter du courant et de se retrouver coincée entre deux rochers. Des hommes vinrent ensuite la repêcher. Amar, enthousiaste, profita de l’occasion pour mettre en lumière un véritable crime à ses yeux. Sur un ton moins solennel, il demanda : – Jarre, révèle-moi qui a volé mon terrible lance-pierre, la semaine dernière !  Salim pâlit. On l’apercevait près de la maison d’Amar, celui-ci s’amusait à perfectionner son engin de guerre, assis devant la porte d’entrée où il s’engouffra subitement, laissant son instrument sur le palier. Tout à coup Salim sortit de sa cachette, se précipita sur le lance-pierre et prit la fuite. Amar, en colère, se tourna vers son ami qui se contenta pour toute défense : – Ce n’est qu’un emprunt, j’avais l’intention de te le rendre !  L’après-midi fut rythmé par autant de découvertes sulfureuses. Amar et Salim s’amusaient beaucoup avec la poterie, pendant que Jawél, légèrement en retrait, méditait. Loin de partager leur gaieté, son visage était impassible, une terreur s’était emparée de lui. Le pouvoir de cet objet l’inquiétait. Alors que ses amis multipliaient les questions, un désir effréné inonda toutes ses pensées : il voulait tout savoir ! D’un pas résolu, il s’avança vers la poterie. – Maudite Jarre, révèle-moi ce secret qui hante mes cauchemars, dis-moi qui sont mes parents !
11
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents