Les travailleurs de la mer
502 pages
Français

Les travailleurs de la mer

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Description

Le roman est dédié à l'île de Guernesey et à ses habitants : Je dédie ce livre au rocher d'hospitalité et de liberté, à ce coin de vieille terre normande où vit le noble petit peuple de la mer, à l'île de Guernesey, sévère et douce, mon asile actuel, mon tombeau probable. Dans la seconde édition, Victor Hugo adjoint une présentation lumineuse de 80 pages, intitulée l'archipel de la Manche. Au-delà de l'histoire de machination crapuleuse et d'amour, des drames personnels des personnages campés avec une modernité surprenante, il s'agit d'un roman terraqué, emmêlant eau et terre, en quête d'un regard sur les océans, comme d'une ode à la mer. Mess Lethierry est propriétaire de la Durande, un steamer coulé par la machination criminelle de son capitaine, le sieur Clubin. Fou de rage à l'idée que le moteur révolutionnaire de son steamer soit définitivement perdu, Lethierry promet sa nièce, Déruchette, à celui qui récupèrera la machine de l'épave coincée entre des rochers au large de Guernesey. Gilliatt, aussi robuste que rêveur, mais surtout épris de Déruchette, accepte le défi. Après maintes péripéties, Gilliatt réussit sa mission mais s'aperçoit à son retour que Déruchette s'est éprise en son absence d'un jeune pasteur (Ebenezer), et que celui-ci l'aime en retour. Gilliatt se sacrifie et s'efface pour le bonheur de la jeune femme. Il se laisse mourir sur un rocher peu à peu submergé par la mer.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 104
EAN13 9782824710747
Langue Français

Extrait

V ICT OR H UGO
LES T RA V AI LLEU RS DE
LA MER
BI BEBO O KV ICT OR H UGO
LES T RA V AI LLEU RS DE
LA MER
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1074-7
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.   liv r e au r o cher d’hospitalité et de lib erté , à ce coin de
vieille ter r e nor mande où vit le noble p etit p euple de la mer , à l’îleJ de Guer nese y , sé vèr e et douce , mon asile actuel, mon tomb e au
pr obable .
V . H.
La r eligion, la so ciété , la natur e  ; telles sont les tr ois lues de l’homme .
Ces tr ois lues sont en même temps ses tr ois b esoins  ; il faut qu’il cr oie ,
de là le temple  ; il faut qu’il cré e , de là la cité  ; il faut qu’il viv e , de là la
char r ue et le navir e . Mais ces tr ois solutions contiennent tr ois guer r es. La
my stérieuse difficulté de la vie sort de toutes les tr ois. L’homme a affair e
à l’ obstacle sous la for me sup er stition, sous la for me préjug é , et sous la
for me élément. Un triple anankè pèse sur nous, l’anankè des dogmes,
l’anankè des lois, l’anankè des choses. D ans Notre-Dame de Paris, l’auteur a
dénoncé le pr emier  ; dans les Misérables , il a signalé le se cond  ; dans ce
liv r e , il indique le tr oisième .
A ces tr ois fatalités qui env elopp ent l’homme se mêle la fatalité
intérieur e , l’anankè suprême , le cœur humain.
Haute ville-House , mar s 1866.
1Les travailleur s de la mer Chapitr e
n
2I
P REMI ÈRE P ART I E
3I
LI V RE P REMI ER
DE QUOI SE COMPOSE
U N E MA U V AISE
RÉP U T A T ION
4CHAP I T RE I
U N MO T ÉCRI T SU R U N E
P A GE BLANCH E
 C  182. . . fut r emar quable à Guer nese y . Il neig e a ce
jour-là . D ans les îles de la Manche , un hiv er où il gèle à glaceL est mémorable , et la neig e fait é vénement.
Le matin de cee Christmas, la r oute qui long e la mer de Saint-Pier r e-Port
au V alle était toute blanche . Il avait neig é depuis minuit jusqu’à l’aub e .
V er s neuf heur es, p eu après le le v er du soleil, comme ce n’était p as encor e
le moment p our les anglicans d’aller à l’église de Saint-Sampson et p our
les w esle y ens d’aller à la chap elle Eldad, le chemin était à p eu près désert.
D ans tout le tr onçon de r oute qui sép ar e la pr emièr e tour de la se conde
tour , il n’y avait que tr ois p assants, un enfant, un homme et une femme .
Ces tr ois p assants, mar chant à distance les uns des autr es, n’avaient
visiblement aucun lien entr e eux. L’ enfant, d’une huitaine d’anné es, s’était
ar rêté , et r eg ardait la neig e av e c curiosité . L’homme v enait der rièr e la
5Les travailleur s de la mer Chapitr e I
femme , à une centaine de p as d’inter valle . Il allait comme elle du côté de
Saint-Sampson. L’homme , jeune encor e , semblait quelque chose comme
un ouv rier ou un matelot. Il avait ses habits de tous les jour s, une
var euse de gr os drap br un, et un p antalon à jambièr es g oudr onné es, ce qui
p araissait indiquer qu’ en dépit de la fête il n’irait à aucune chap elle . Ses
ép ais soulier s de cuir br ut, aux semelles g ar nies de gr os clous, laissaient
sur la neig e une empr einte plus r essemblante à une ser r ur e de prison
qu’à un pie d d’homme . La p assante , elle , avait é videmment déjà sa
toilee d’église  ; elle p ortait une lar g e mante ouaté e de soie noir e à faille ,
sous laquelle elle était fort co queement ajusté e d’une r ob e de p op eline
d’Irlande à bandes alter né es blanches et r oses, et, si elle n’ eût eu des bas
r oug es, on eût pu la pr endr e p our une p arisienne . Elle allait de vant elle
av e c une vivacité libr e et légèr e , et, à cee mar che qui n’a encor e rien
p orté de la vie , on de vinait une jeune fille . Elle avait cee grâce fugitiv e
de l’allur e qui mar que la plus délicate des transitions, l’adolescence , les
deux crépuscules mêlés, le commencement d’une femme dans la fin d’un
enfant. L’homme ne la r emar quait p as.
T out à coup , près d’un b ouquet de chênes v erts qui est à l’angle d’un
courtil, au lieu dit les Basses-Maisons, elle se r etour na, et ce mouv ement
fit que l’homme la r eg arda. Elle s’ar rêta, p ar ut le considér er un moment,
puis se baissa, et l’homme cr ut v oir qu’ elle é crivait av e c son doigt quelque
chose sur la neig e . Elle se r e dr essa, se r emit en mar che , doubla le p as, se
r etour na encor e , cee fois en riant, et disp ar ut à g auche du chemin, dans
le sentier b ordé de haies qui mène au châte au de Lier r e . L’homme , quand
elle se r etour na p our la se conde fois, r e connut D ér uchee , une ravissante
fille du p ay s.
Il n’épr ouva aucun b esoin de se hâter , et, quelques instants après, il se
tr ouva près du b ouquet de chênes à l’angle du courtil. Il ne song e ait déjà
plus à la p assante disp ar ue , et il est pr obable que si, en cee minute-là ,
quelque mar souin eût sauté dans la mer ou quelque r oug e-g or g e dans les
buissons, cet homme eût p assé son chemin, l’ œil fix é sur le r oug e-g or g e
ou le mar souin. Le hasard fit qu’il avait les p aupièr es baissé es, son r eg ard
tomba machinalement sur l’ endr oit où la jeune fille s’était ar rêté e . D eux
p etits pie ds s’y étaient imprimés, et à côté il lut ce mot tracé p ar elle dans
la neig e  : Gillia.
6Les travailleur s de la mer Chapitr e I
Ce mot était son nom.
Il s’app elait Gillia.
Il r esta longtemps immobile , r eg ardant ce nom, ces p etits pie ds, cee
neig e , puis continua sa r oute , p ensif.
n
7

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