Allez, juste pour c’te nuit, c’est tout! Cinquante euros et j’t’offre la pizzaen prime.
C’estplutôt un bon deal, non ?
Et d’la Braü? Ok. Vapour la bière… J’passerai à Lidlte prendre six Pill’s Braü.Huit ! Putain Knut’! Tu vas pas t’enfiler quatre litres de bière en une nuit?! J’t’emmerde Harold. Tu m’prends huit Braüou ton service tu t’le carres au cul !
Ok, c’est bon, dit Harold en soupirant. J’me d’mande où tu fous tout ça Knut’? Tu
t’enfiles d’la bière tous les jours que Dieu fait et t’as même pas d’bide. T’es maigre
comme une biscotte desséchée !
Dieu n’a rien àvoir la d’dans» répondit KnokkeLeZout en regardant sa pelouse
toute pelée, qui lui faisait office de jardin. «C’est dans les gênes,c’esttout. J’y peux
rien, c’est comme ça! »
Un ange passa.Harold observait attentivement son ami, se demandant s’il n’était pas en
train de faire une bêtise. Il finit son verre de bière et le reposa sur la table d’un salon de jardin
fatigué,que Knut’ avait récupéré lorsque ses voisins l’avaient jeté aux encombrants.
KnokkeLeZout ouvrit son sachet de tabac et se roula une cigarette presque aussi fine
qu’une allumette, comme il en avait le secret. Il la posa sur ses lèvres et l’alluma. La moitié de
la cigarette partit presque aussitôt en fumée.
«Bon, reprit Harold. On fait comme on a dit. J’viens t’chercher ce soir àhuit heures
moins l’quart avec la pizza et les bières. J’te montre c’que t’as à faire, c’estàdire pas grand
chose, et demain matin,j’reviens t’chercher à sept heures, juste avant la relève.
boule offert pour le même prix !). Ouais, il espéraitde tout cœur que Monsieur Gérard soit de
bonne humeur ce soir, sinon, il risquerait fort d’y avoir de la casse…
Harold se massa de nouveau la main avant de monter dans sa petite Saxo. Il resta quelques
instants pensif, les mains sur le volant, puis alluma le moteur et rentra chez lui.
19h45
Harold gara la Saxo devant chez Knut’ et klaxonna deux fois. Il vit le petit corniaud se jeter sur la fenêtre et aboyer comme un dératé. «Quel con ce clebs! » ditHarold entre ses dents.
Laporte d’entrée s’ouvrit et KnokkeleZoutsortit de chez lui, vêtu d’un vieux Bombers
et d’un calot de marin sur le sommet du crâne. Il se coula sur le siège passager et gratifia
Harold d’un sourire niais. «T’as pas oublié ma Braü j’espère?
Elle est sur la banquette arrière ta bière, dit Harold en montrant de la tête le sac en
plastique derrière lui.
Parfait !
J’t’ai pris d’la pizza aussi. T’auras qu’à la faire réchauffer au microonde.
Ouais ouais, fit Knut’,d’un air de dire que manger n’était pas dans ses priorités. Et
t’as mon p’tit dédommagement?
Ouais. J’ai un billet d’cinquante dans mon larfeuille…»
KnokkeleZout tendit la main aux doigts jaunis par le tabac.
«J’te les donnerai demain matin si le boulot est bien fait, lui dit Harold.
Qu’est c’que ça change? Ben disons que j’sais pas trop où tu vas c’soir mais ça m’a pas l’air très très net ton histoire…J’t’ai dit que ça t’regardai pas Knut’! Oh, j’m’en branle de tes affaires mon gros. C’est juste que j’voudrais être sûr d’avoir
mon pognon.Et comme j’te connais, t’es capable de perdre c’que t’as en moins de
temps qu’il faut pour l’dire si tu vois des cartes… Alors ouais, j’préférerais être payé
maintenant si ça t’gêne pas.
Ok Knut’…, dit Harold résignéen lui tendant le billet. Mais vas past’payer une pute
ce soir avec, hein !
KnokkeleZout partit d’un rire gras. «T’as p’t’être c’qu’il faut en réserve dans les frigos non ?
T’es vraiment qu’un gros dégueulasse bordel… On ne rit pas avec ça Knut’!
Pfff… t’inquiètes pas. Y z’entendent plus rien tes p’tits protégés. Et pis, jamais
j’baiserais avec de la viande froide. J’suis pas cinglé! Glacés comme y doivent être
dans tes frigos, c’est des coups à perdre sa queue…
T’as du respect pour rien, soupira Harold.
C’est pas toi qui va m’faire des leçons d’morale tout d’même! J’crois qu’t’es plutôt
mal placé pour ça.
Je ne te donne pas de leçon de morale. J’dis juste qu’il y a certaines choses avec
lesquelles on nerit pas, c’est tout!
Et moi j’dis juste que t’es une putain de chochotte parfois! »
La Saxo démarra, crachant derrière elle une fumée épaisse et opaque qui n’avait rien à