Son Excellence Eugène Rougon
365 pages
Français

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Description

Son Excellence Eugène Rougon est le sixième volume de la série Les Rougon-Macquart. Dans cet ouvrage, selon ses propres termes, Zola pénètre les « coulisses politiques » du Second Empire. Les personnages sont des proches du pouvoir : ministres, députés, hauts fonctionnaires. L'action se déroule de 1856 à 1861. Extrait : Delestang baissa le nez. Toujours il se trouvait embarqué dans quelque passion scabreuse. En 1851, il avait même failli compromettre son avenir politique 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 50
EAN13 9782824702551
Langue Français

Extrait

ÉMI LE ZOLA
SON EX CELLENCE
EUGÈN E ROUGON
BI BEBO O KÉMI LE ZOLA
SON EX CELLENCE
EUGÈN E ROUGON
1876
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-0255-1
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
    encor e deb out, au milieu du lég er tumulte que
son entré e v enait de pr o duir e . Il s’assit, en disant à demi-v oix,L néglig emment  :
― La sé ance est ouv erte .
Et il classa les pr ojets de loi, placés de vant lui, sur le bur e au. A sa
g auche , un se crétair e , my op e , le nez sur le p apier , lisait le pr o cès-v erbal
de la der nièr e sé ance , d’un balbutiement rapide que p as un député n’é
coutait. D ans le br ouhaha de la salle , cee le ctur e n’ar rivait qu’aux or eilles
des huissier s, très-dignes, très-cor r e cts, en face des p oses abandonné es
des membr es de la Chambr e .
Il n’y avait p as cent députés présents. Les uns se r env er saient à demi
sur les banquees de v elour s r oug e , les y eux vagues, sommeillant déjà .
D’autr es, pliés au b ord de leur s pupitr es comme sous l’ ennui de cee
corvé e d’une sé ance publique , baaient doucement l’acajou du b out de leur s
doigts. Par la baie vitré e qui taillait dans le ciel une demi-lune grise , tout le
1Son Ex cellence Eugène Roug on Chapitr e I
pluvieux après-midi de mai entrait, tombant d’aplomb , é clairant
régulièr ement la sé vérité p omp euse de la salle . La lumièr e descendait les gradins
en une lar g e napp e r ougie , d’un é clat sombr e , allumé e çà et là d’un r eflet
r ose , aux encoignur es des bancs vides  ; tandis que , der rièr e le président,
la nudité des statues et des sculptur es ar rêtait des p ans de clarté blanche .
Un député , au tr oisième banc, à dr oite , était r esté deb out, dans l’étr oit
p assag e . Il fr oait de la main son r ude collier de barb e grisonnante , l’air
pré o ccup é . Et, comme un huissier montait, il l’ar rêta et lui adr essa une
question à demi-v oix.
― Non, monsieur K ahn, rép ondit l’huissier , monsieur le président du
conseil d’État n’ est p as encor e ar rivé .
Alor s, M. K ahn s’assit. Puis, se tour nant br usquement v er s son v oisin
de g auche  :
― Dites donc, Béjuin, demanda-t-il, est-ce que v ous av ez v u Roug on,
ce matin  ?
M. Béjuin, un p etit homme maigr e , noir , de mine silencieuse , le va la
tête , les p aupièr es baantes, la tête ailleur s. Il avait tiré la planchee de
son pupitr e . Il faisait sa cor r esp ondance , sur du p apier bleu, à en-tête
commer cial, p ortant ces mots  : Béjuin et C, cristallerie de Saint-Florent .
― Roug on  ? rép éta-t-il. Non, je ne l’ai p as v u. Je n’ai p as eu le temps
de p asser au Conseil d’État.
Et il se r emit p osément à sa b esogne . Il consultait un car net, il é
crivait sa deuxième ler e , sous le b ourdonnement confus du se crétair e , qui
ache vait la le ctur e du pr o cès-v erbal.
M. K ahn se r env er sa, les bras cr oisés. Sa figur e aux traits forts, dont
le grand nez bien fait trahissait une origine juiv e , r estait maussade . Il r
eg arda les r osaces d’ or du plafond, s’ar rêta au r uissellement d’une av er se
qui cr e vait en ce moment sur les vitr es de la baie  ; puis, les y eux p erdus, il
p ar ut e x aminer aentiv ement l’ or nementation compliqué e du grand mur
qu’il avait en face de lui. A ux deux b outs, il fut r etenu un instant p ar les
p anne aux tendus de v elour s v ert, char g és d’aributs et d’ encadr ements
dorés. Puis, après av oir mesuré d’un r eg ard les p air es de colonnes, entr e
lesquelles les statues allég oriques de la Liberté et de l’ Ordre public
mettaient leur face de marbr e aux pr unelles vides, il finit p ar s’absorb er dans
le sp e ctacle du ride au de soie v erte , qui cachait la fr esque r eprésentant
2Son Ex cellence Eugène Roug on Chapitr e I
Louis-P hilipp e prêtant ser ment à la Charte .
Cep endant, le se crétair e s’était assis. Le br ouhaha continuait dans la
salle . Le président, sans se pr esser , feuilletait toujour s des p apier s. Il
appuya machinalement la main sur la p é dale de la sonnee , dont la gr osse
sonnerie ne dérang e a p as une seule des conv er sations p articulièr es. Et,
deb out au milieu du br uit, il r esta là un moment, à aendr e .
― Messieur s, commença-t-il, j’ai r e çu une ler e . . .
Il s’inter r ompit p our donner un nouv e au coup de sonnee , aendant
encor e , dominant de sa figur e grav e et ennuyé e le bur e au monumental,
qui étag e ait au dessous de lui ses p anne aux de marbr e r oug e encadrés
de marbr e blanc. Sa r e ding ote b outonné e se détachait sur le bas-r elief
placé der rièr e le bur e au, où elle coup ait d’une ligne noir e les p eplums de
l’ Agricultur e et de l’Industrie , aux pr ofils antiques.
― Messieur s, r eprit-il, lor squ’il eut obtenu un p eu de silence , j’ai r e çu
une ler e de monsieur de Lamb erthon, dans laquelle il s’ e x cuse de ne
p ouv oir assister à la sé ance d’aujourd’hui.
Il y eut un lég er rir e sur un banc, le sixième en face du bur e au.
C’était un député tout jeune , vingt-huit ans au plus, blond et adorable , qui
étouffait dans ses mains blanches une g aieté de jolie femme . Un de ses
collègues, énor me , se rappr o cha de tr ois places, p our lui demander à l’
or eille  :
― Est-ce que Lamb erthon a v raiment tr ouvé sa femme . . .  ?
Contezmoi donc ça, La Rouquee .
Le président avait pris une p oigné e de p apier s. Il p arlait d’une v oix
monotone  ; des lamb e aux de phrase ar rivaient jusqu’au fond de la salle .
― Il y a des demandes de cong é . . . monsieur Blachet, monsieur
Buquin-Le comte , monsieur de la Villardièr e . . .
Et, p endant que la Chambr e consulté e accordait les cong és, M. K ahn,
las sans doute de considér er la soie v erte tendue de vant l’imag e sé ditieuse
de Louis-P hilipp e , s’était tour né à demi p our r eg arder les tribunes. A
udessus du soubassement de marbr e jaune v einé de laque , un seul rang de
tribunes meait, d’une colonne à l’autr e , des b outs de ramp e de v elour s
amarante  ; tandis que , tout en haut, un lambr e quin de cuir g aufré
n’arrivait p as à dissimuler le vide laissé p ar la suppr ession du se cond rang,
réser vé aux jour nalistes et au public, avant l’ empir e . Entr e les gr osses
3Son Ex cellence Eugène Roug on Chapitr e I
colonnes jaunies, dé v elopp ant leur p omp e un p eu lourde autour de
l’hémicy cle , les étr oites log es s’ enfonçaient, pleines d’ ombr e , pr esque vides,
ég ayé es p ar tr ois ou quatr e toilees clair es de femme .
―  Tiens  ! le colonel Job elin est v enu, mur mura M. K ahn.
Il sourit au colonel, qui l’avait ap er çu. Le colonel Job elin p ortait la
r e ding ote bleu foncé qu’il avait adopté e comme unifor me civil, depuis sa
r etraite . Il était tout seul dans la tribune des questeur s, av e c sa r osee
d’ officier , si grande , qu’ elle semblait le nœud d’un foulard.
P lus loin, à g auche , les y eux de M. K ahn v enaient de se fix er sur un
jeune homme et une jeune femme , ser rés tendr ement l’un contr e l’autr e ,
dans un coin de la tribune du Conseil d̵

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