Navigations génoises en Orient d après les livres de bord du XIVe siècle - article ; n°4 ; vol.132, pg 781-793
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1988 - Volume 132 - Numéro 4 - Pages 781-793
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Michel Balard
Navigations génoises en Orient d'après les livres de bord du
XIVe siècle
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 132e année, N. 4, 1988. pp. 781-
793.
Citer ce document / Cite this document :
Balard Michel. Navigations génoises en Orient d'après les livres de bord du XIVe siècle. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 132e année, N. 4, 1988. pp. 781-793.
doi : 10.3406/crai.1988.14674
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1988_num_132_4_14674COMMUNICATION
NAVIGATIONS GENOISES EN ORIENT
d'après des livres de bord du xive siècle
PAR M. MICHEL BALARD
Lenteur des navigations médiévales, faible productivité des
transports maritimes, monotonie d'une alimentation fondée sur le
biscuit, le vin et les salaisons, tels sont quelques-uns des lieux
communs de l'histoire maritime du Moyen Âge. Sans les remettre
totalement en cause, une source peu utilisée, les livres et journaux de
bord, nuance les idées reçues et permet de suivre les modalités quo
tidiennes de la navigation beaucoup mieux que les textes normatifs,
dont on ignore toujours à quel point ils sont sur mer strictement
observés.
Encore faut-il s'entendre sur le terme lui-même. A Gênes, dès
le début du xive siècle, la compilation dénommée « Statuts de
Péra » cite le cartularium navis, en même temps qu'elle consacre à
l'écrivain de bord — scriba navis — une rubrique qui renvoie au
bref des consuls des années 11501. C'est dire que dès le milieu du
xne siècle tout navire génois accueille à son bord un scribe dont les
fonctions équivalent sur mer à celles du notaire : il authentifie tous
les accords conclus entre patron, marins et marchands. Quelques
années plus tard, le Liber Gazariae fait obligation aux galères légères
partant pour la Romanie et la Syrie d'avoir à bord un écrivain dont
les fonctions sont précisées en 1339. Le scribe doit enregistrer sur ses
livres la cargaison de chaque marchand, les contrats de recrutement
des marins, la solde qui leur est versée et les dépenses effectuées pour
l'entretien du navire au cours du voyage2. A Venise le scrivan, à
Barcelone Yescriva remplissent des fonctions analogues3.
1. V. Promis, « Statuti délia colonia di Pera », dans Miscellanea di storia
italiana, t. XI, Turin 1871, p. 513-780, rubriques CCXV, CCXIX et CCXXXIII.
Sur ce texte, voir V. Piergiovanni, Gli statuti civili e criminali di Genova nel
Medioevo. La tradizione manoscritta e le edizioni, Gênes 1980, p. 30-84.
2. V. Vitale, Le fonti del diritto marittimo ligure, Gênes 1951, p. 64-68 et 89 ;
cf. G. Forcheri, Navi e navigazione a Genova nel Trecento. Il « Liber Gazarie »,
Gênes 1974, p. 79 et 119-122.
3. J.-C. Hocquet, « Gens de mer à Venise : diversité des statuts, conditions de
vie et de travail sur les navires », dans Le genti del mare Mediterraneo,
éd. R. Ragosta, Naples 1981, t. 1, p. 123 ; Ch. E. Dufourcq, « Les équipages
catalans au xive siècle : effectifs, composition, enrôlement, paye, vie à bord »,
dans ibid., p. 542.
1988 51 COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 782
Quelques épaves de ces cartularia navis sont parvenues jusqu'à
nous sous deux formes différentes : journaux et livres de bord.
Parmi les premiers se rangent deux textes que j'ai publiés : l'itiné
raire de la galère de Simone Lecavella, armée en septembre 1351
pour protéger sur ses arrières la flotte de Paganino Doria, lors de la
Guerre des Détroits ; le journal de la galère de Pellegro Maraboto,
portant à Alexandrie deux ambassadeurs de la Commune de Gênes,
d'août 1369 à janvier 1370. Ce sont des textes succincts, indiquant
les différentes escales et le temps réel passé en mer entre chaque
arrêt4. Les livres de bord sont beaucoup plus complets. On y consigne
en effet les dépenses concernant la galère, fournitures et approvi
sionnements. Étaient connus jusqu'à ce jour le registre tenu par
Tommaso Ottone, scribe de la galère de l'amiral Paganino Doria,
lors de la Guerre des Détroits, du 14 juin 1351 au 13 août 1352, et
le livre de bord de la galère Saint-Antoine, armée en 1382 pour
transporter jusqu'à Alexandrie deux ambassadeurs génois. Utilisé
par J. Day pour une étude des prix agricoles en Méditerranée, ce
dernier livre fournit également de précieuses indications sur la loca
lisation et le rôle des escales sur les routes de l'Orient méditerranéen5.
Quelque peu différent est le registre que j'ai découvert aux
Archives de Gênes et que je voudrais présenter aujourd'hui6. Il s'agit
d'un cahier de treize folios, de l'année 1368. Y sont enregistrées les
dépenses effectuées par le scribe d'un linh génois qui part de Fama-
gouste, se rend à Péra en faisant escale dans diverses îles égéennes
et rentre en Italie, en passant par Famagouste, Rhodes, Coron et
Naples, où s'achèvent les comptes. A première vue, le fascicule est
incomplet : le premier folio porte en effet une note d'après laquelle
le capitaine du navire se reconnaît débiteur de l'écrivain de bord,
pour des dépenses effectuées à Bonifacio, une escale non mentionnée
dans le livre de comptes. Il semble bien que la première partie du
voyage, de Gênes à Famagouste, a fait l'objet d'enregistrements
aujourd'hui perdus.
Telle quelle, notre source n'est ni un journal de bord, ni un
véritable livre de bord, dans la mesure où elle ne contient aucun
4. M. Balard, « A propos de la bataille du Bosphore. L'expédition génoise de
Paganino Doria à Constantinople (1351-1352) », dans Travaux et mémoires du
Centre de recherche d'Histoire et Civilisation byzantines, t. 4, Paris 1970, p. 431-
469, surtout p. 461-467 ; Id., « Escales génoises sur les routes de l'Orient méditer
ranéen au xive siècle », dans Recueils de la Société Jean Bodin. Les grandes escales,
t. 32, 1974, p. 243-264, surtout p. 259-264.
5. Archives d'État de Gênes (abrégé ASG), Antico Comune, Galearum Mari-
nariorum introytus et exitus n° 691 : registre utilisé dans notre article sur la
bataille du Bosphore, cité supra ; ibid., n° 724 : cf. J. Day, « Prix agricoles en
Méditerranée à la fin du xive siècle (1382) », dans Annales ESC, 1961, p. 629-656.
6. ASG, San Giorgio, Galearum S. Georgii, n.g. 2122 /c. NAVIGATIONS GÉNOISES EN ORIENT 783
contrat d'enrôlement, aucune inscription afférente à la cargaison.
Elle n'est qu'un registre d'avitaillement, comportant les dépenses
effectuées pour l'entretien du navire et de son équipage, étant
entendu que, lorsque les marins descendent à terre pour prendre leur
repas dans une auberge, le scribe n'en dit rien. De là viennent la
richesse et les limites de l'information. Richesse, puisque sont enre
gistrés aussi bien les dépenses de bouche que les menus frais d'entre
tien à chaque escale. Limites, car nous ne sommes jamais sûrs de la
durée des arrêts. Nous supposerons que les premiers achats ont lieu
le jour même de l'arrivée du bateau dans un port, et les derniers le
jour même du départ7. En outre, la quantité des denrées est rar
ement indiquée, sauf pour les achats de biscuit. L'enregistrement des
dépenses quotidiennes porte enfin sur plusieurs produits à la fois, ce
qui exclut une étude précise des prix et des rations quotidiennes des
marins.
L'effectif de l'équipage n'est pas connu, non plus que l'objet du
voyage. Le terme de lignum désigne à Gênes un bâtiment moyen ou
même léger, bref tout ce qui n'est pas nef, coque ou galère. Mais le
Liber Gazariae distingue les ligna de bandis ou de orlo, qui sont de
petits bâtiments à voiles, et les ligna de teriis, unité proche de la
galère, puisque dotée de tolets, sur lesquels s'accroche l'estrope de
l'aviron8. Qu'en est-il de notre linh ? Parmi les dépenses effectuées
à Péra, figure l'achat d'un arbor de medio — ce qui sous-entend
qu'existe un autre mât à l'avant du navire — de fil de voile, de
chanvre et de cordages, mais aussi de six rames. A Famagouste, le
scribe enregistre l'acquisition de cordages, de fil et d'aiguilles à voiles.
De

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