Essai d histoire socio-économique des villages de la basse vallée de l Euphrate - article ; n°3 ; vol.54, pg 271-282
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Essai d'histoire socio-économique des villages de la basse vallée de l'Euphrate - article ; n°3 ; vol.54, pg 271-282

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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1979 - Volume 54 - Numéro 3 - Pages 271-282
Les terres de la moyenne vallée de l'Euphrate étaient soumises au régime de la propriété tribale. Le passage à l'économie de marché s'est fait essentiellement par le biais des cultures irriguées. Mais la propriété paysanne a été supplantée par ta propriété urbaine et bourgeoise, puis par les coopératives d'Etat.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Hannoyer
Essai d'histoire socio-économique des villages de la basse
vallée de l'Euphrate
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 54 n°3, 1979. pp. 271-282.
Résumé
Les terres de la moyenne vallée de l'Euphrate étaient soumises au régime de la propriété tribale. Le passage à l'économie de
marché s'est fait essentiellement par le biais des cultures irriguées. Mais la propriété paysanne a été supplantée par ta propriété
urbaine et bourgeoise, puis par les coopératives d'Etat.
Citer ce document / Cite this document :
Hannoyer Jean. Essai d'histoire socio-économique des villages de la basse vallée de l'Euphrate. In: Revue de géographie de
Lyon. Vol. 54 n°3, 1979. pp. 271-282.
doi : 10.3406/geoca.1979.1259
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1979_num_54_3_1259Revue de Géographie de Lyon, 1979/3
ESSAI D'HISTOIRE SOCIO-ECONOMIQUE DES VILLAGES
DE LA BASSE VALLEE DE L'EUPHRATE
par Jean Hannoyer
La basse vallée de l'Euphrate s'étend sur une largeur de 5 à 14 km entre
le rétrécissement de Halabiyyé-Zalabiyyé et la frontière irakienne au-delà
d'Abu Kamâl (180 km). La vallée est prise entre le désert de Châmiyyé en
rive droite et celui de Jeziré en rive gauche. Depuis la construction du barrage
de Tabqa le cours du fleuve s'est stabilisé ; des crues parfois violentes en
avaient souvent modifié le tracé et il arrivait qu'un village de rive gauche se
retrouve en rive droite et réciproquement, ou que les terres d'un même village
soient divisées par le fleuve (de graves conflits à ce sujet ne sont pas encore
réglés aujourd'hui).
L'Euphrate a amené une série de dépôts qui constituent des îlots dans le
fleuve ou des bancs de sable : ce sont les dépôts actuels 1. Les dépôts récents,
datant de quelques centaines à quelques milliers d'années, constituent des
sols qui dominent le fleuve de 2 à 4 m. On y distingue deux niveaux bien
différenciés séparés par un talus : les parties basses fréquemment occupées
par des mares permanentes ou semi-permanentes correspondant à d'anciens
bras du fleuve. Les dépôts sub-récents enfin dominent à 5 ou 6 m au-dessus
du fleuve ; ils datent de quelques milliers d'années. Cette terrasse descend
progressivement vers la falaise latérale (rive droite) et un talus de terrasses
cailouteuses anciennes (rive gauche) qui marquent la limite de la vallée avec
la steppe désertique. Aux dépôts récents et sub-récents correspondent deux
modes de colonisation et d'irrigation différents : les petites aires en bordure
de l'Euphrate sur la terrasse basse, desservies par de nombreuses petites
stations de pompage privées contrastent avec les grandes aires d'irrigation
implantées sur la haute terrasse et alimentées par des stations de pompage
gérées par des coopératives.
Une moyenne de 163 mm de pluie tombe annuellement à Deir-ez-Zor
et la quasi totalité du Mohafazat est ainsi située en zone semi-aride nécess
itant le recours à l'irrigation pour exploiter les terres. Les cultures sèches
sont laissées « ala may Allah » (litt. à l'eau de Dieu) mais celle-ci sert sur-
1. Les données techniques sont empruntées aux études de la G.E.R.S.A.R. avec laquelle
j'ai effectué les enquêtes socio-économiques de la vallée en 1975. Je remercie les membres
de cette société de m avoir ouvert leurs dossiers. 272 J. HANNOYER
tout aux troupeaux de moutons, conduits chaque hiver dans le désert que
quelques heures de pluie suffisent à faire fleurir. Les terres cultivées le sont
à 42 % en coton, 46 % en céréales et 6,5 % en maraîchage et vergers. Il n'y
a pas à proprement parler d'assolement ; dans la plupart des cas, coton et blé
sont cultivés alternativement une année sur deux et parfois le blé est remis
en culture avec du sésame. Dans le domaine de la production animale on
comptait en 1975 28 500 têtes de bovins et 280 000 ovins.
A la fin de l'époque ottomane, la région était habitée par des tribus qui
ne se sont adonnées à l'agriculture que de façon partielle et progressive, dans
le cadre de villages décrits comme « la simple fixation de camps nomades »
(R. Naffakh, 1964). C'est le passage de cette phase au stade actuel de
l'évolution, caractérisée par la prépondérance de l'Etat et de ses grands projets,
que nous vous proposons de suivre.
De la nasba au gharraf
Entre 1 850 et 1 860 les Ottomans « créent » la ville de Deir-ez-Zor en y
installant une importante garnison destinée à leur assurer le contrôle de ce
point stratégique, carrefour des routes d'Alep à Bagdad et de Damas à
Mossoul. Centre d'une importante région de nomadisme, Deir n'était alors
qu'un hameau qui servait de point d'étape et de marché pour les tribus. Mais
la fin du règne ottoman fut trop instable pour permettre un développement
intensif des ressources qu'offrait la région.
Au temps du protectorat français, deux tribus se sont partagé les terres
de la basse vallée : les Beggara et les Ageydât. « Les Beggara étaient autrefois
la tribu la plus puissante de la région de Deir-ez-Zor. A la suite de luttes
incessantes avec les Ageydât et les Djebbour, ils furent rejetés sur la rive
gauche de l'Euphrate où ils parvinrent à se maintenir ». Les Ageydât forment
un ensemble tribal plus important. Il s'agit plus d'une confédération de tribus
que d'un ensemble homogène. Ils sont connus pour leur longue et violente
insoumission. C'est à eux que reviendrait la libération de Deir de l'occupation
anglaise (1919) et ils opposèrent beaucoup de résistance à la pacification
militaire du Mandat français. Ils n'en ont pas moins été contraints à la
fixation, donc à se faire agriculteurs.
Au plan agricole, cette période est celle de la nasba, seule machine
élévatrice d'eau utilisée pour l'irrigation des terres proches du fleuve ou de
celles situées autour des puits. D'abord importé de la région de Mossoul très
vite l'appareil est fabriqué dans la région de Deir. A la nasba est fixée une
poulie en bois, la bakra, à laquelle est suspendue une outre retenue par deux
cordes en peau. L'outre est tirée par un bœuf ou une mule qu'accompagne un
paysan. «Durant toute l'ascension l'extrémité de l'outre (cou du chameau)
est repliée. En arrivant au terme de la course l'extrémité est tendue, le pli
du manchon étiré et l'eau peut se déverser» (Charles, 1939).
L'organisation de la vie agricole semble réglée sur l'irrigation. La terre
irriguée par la nasba est nommée bakra ; le gouvernement avait pris la bakra
comme unité de base pour le prélèvement de l'impôt ; c'est aussi en
qu'était compté le droit de du mukhtar sur les villageois ; enfin
« le partage de la moisson... est basé sur l'irrigation puisque c'est elle seule VILLAGES DE LA BASSE VALLÉE DE l'EUPHRATE 273
qui permet d'utiliser le terrain. Il y a donc trois systèmes selon que la nasba
est à une, deux ou trois poulies ». Charles poursuit la description en présentant
la très minutieuse opération de partage, fonction des apports de chacun à
l'irrigation. La moisson est distribuée dans des proportions variables au pro-
priétaire de la terre (bu да), au sâjî (chargé des canaux), à chaque conducteur
de haridelle, et le cas échéant au salarié chargé de ce dernier travail et qui
n'a pas la propriété d'un animal. La qualité de la terre fait varier la part de
son propriétaire.
Le point important est que l'irrigation est gérée par le village lui-même.
Ce n'est pas l'eau qui est rémunérée mais le travail et la terre. La nasba n'est
pas l'occasion d'une exploitation extérieure car elle est propriété du village.
La redistribution du produit agricole est donc en grande partie réalisée entre
les villageois. Quand la nasba ne compte qu'une bakra, le travail agricole
peut être fait par une seule famille et l'unité d'irrigation correspond au groupe
domestique.
C'est par l'intermédiaire de l'élevage que la ville rentrera de façon


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