Influence des événements de jeunesse et héritage social au sein de la population des utilisateurs des services d aide aux sans-domicile - article ; n°1 ; vol.391, pg 85-114
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Economie et statistique - Année 2006 - Volume 391 - Numéro 1 - Pages 85-114
Des liens sont possibles entre les événements survenus durant l'enfance et la jeunesse, le contexte familial d'origine, et la situation présente des personnes utilisatrices de services d'aide aux sans-domicile. Leur étude prend ici en compte les ressources effectivement mobilisables par ces personnes (les « capitaux ») de façon à percevoir comment, au-delà des accidents de la vie, des effets structurels peuvent être en jeu. L'influence de ces événements et de différentes formes de capital est étudiée au travers de trois caractéristiques considérées comme importantes par les agents en charge de l'action sociale : occuper un emploi, avoir subi récemment une agression, avoir fait une démarche récente auprès d'un bureau d'aide sociale. Certains événements difficiles vécus durant l'enfance ont des répercussions sur deux de ces caractéristiques. Ainsi, la probabilité d'avoir subi une agression et celle d'avoir eu recours au bureau d'aide sociale sont modifiées en cas de déclaration de violences intra-familiales, de placement, de décès précoce d'un parent, de pauvreté économique de la famille d'origine. Des capitaux influencent les probabilités d'occuper un emploi, et d'avoir entamé une démarche auprès d'un bureau d'aide sociale : capital scolaire, social, économique, et de santé. L'effet du placement, durant la jeunesse des enquêtés, sur les deux caractéristiques citées, se maintient après avoir tenu compte des autres événements auquel il se trouve lié. Au sein de cet échantillon, le fait d'avoir été placé se trouve en lien non seulement avec les violences intra-familiales, le décès précoce ou la maladie grave d'un parent, mais aussi avec les difficultés financières de la famille d'origine. Ces résultats doivent être pris avec prudence car l'étude ne dispose pas d'un échantillon témoin.
Einfluss von Ereignissen in der Jugend und soziales Erbe bei Menschen, die Hilfsdienste für Obdachlose in Anspruch nehmen. Zwischen den während der Kindheit oder Jugend stattgefundenen Ereignissen, dem ursprünglichen familiären Kontext und der gegenwärtigen Situation von Menschen, die Hilfsdienste für Obdachlose in Anspruch nehmen, kann ein Zusammenhang bestehen. Bei der Untersuchung dieser Menschen werden hier die Ressourcen, die sie effektiv mobilisieren können, (das «Kapital») berücksichtigt, um Aufschluss darüber zu erhalten, wie neben den Schicksalsschlägen auch strukturelle Effekte mitwirken. Der Einfl uss dieser Ereignisse und der verschiedenen Formen von Kapital wird anhand von drei Merkmalen analysiert, die die Sozialarbeiter für wichtig erachten: Personen mit Arbeit; Personen, die in jüngster Zeit Opfer einer Gewalttätigkeit waren; Personen, die in jüngster Zeit beim Sozialamt Unterstützung beantragten. Bestimmte schwere Ereignisse während der Kindheit wirken sich auf zwei dieser drei Merkmale aus. Mithin ändern sich die Wahrscheinlichkeiten, Opfer einer Gewalttätigkeit gewesen zu sein und Sozialhilfe beantragt zu haben, im Falle von Gewalttätigkeit innerhalb der Familie, Unterbringung in einem Heim, frühem Tod eines Elternteils und wirtschaftlicher Armut der Ursprungsfamilie. Das Kapital hat einen Einfl uss auf die Wahrscheinlichkeiten, eine Beschäftigung zu haben und beim Sozialamt Unterstützung beantragt zu haben: Ausbildungskapital, soziales, wirtschaftliches und gesundheitliches Kapital. Die Auswirkung der Unterbringung der Befragten in einem Jugendheim auf diese beiden Merkmale bleibt auch nach Berücksichtigung der anderen Ereignisse bestehen, mit denen sie verbunden ist. Innerhalb dieser Strichprobe steht die Unterbringung in einem Heim nicht nur im Zusammenhang mit der Gewalttätigkeit innerhalb der Familie, dem frühen Tod eines Elternteils oder der schweren Krankheit eines Elternteils, sondern auch mit den fi nanziellen Schwierigkeiten der Ursprungsfamilie. Allerdings sind diese Ergebnisse mit Bedacht zu verwenden, da die Untersuchung über keine Kontrollstichprobe verfügte.
Influencia de las vivencias juveniles y de la herencia social en el seno de la población de usuarios de los servicios de ayuda a los vagabundos. Existen posibles vínculos entre los acontecimientos vividos durante la infancia y la juventud, el contexto familiar de origen y la presente situación de las personas que utilizan los servicios de ayuda a los vagabundos. Su estudio toma aquí en consideración los recursos efectivamente movilizables por estas personas (los «bienes») para comprender cómo, más allá de los accidentes de la vida, los efectos estructurales pueden jugar un papel. La infl uencia de estos acontecimientos y de las diferentes formas de bienes se estudian a través de tres características, consideradas como importantes por los agentes encargados de la acción social: ocupar un empleo, haber sufrido una agresión recientemente, haber realizado un trámite en una ofi cina de ayuda social recientemente. Algunos acontecimientos difíciles vividos durante la infancia tienen repercusiones sobre dos de estas características. Así, la probabilidad de haber sufrido una agresión y la de haber recurrido a una ofi cina de ayuda social se modifi can en caso de declaración de violencias intrafamiliares, colocación forzada, muerte precoz de un progenitor, pobreza económica de la familia de origen. Los bienes afectan la posibilidad de ocupar un empleo y de haber iniciado un trámite ante una ofi cina de ayuda social: bienes culturales, sociales, económicos y sanitarios. El efecto de la colocación, durante la juventud de los encuestados, sobre las dos características mencionadas, se mantiene tras haber tenido en cuenta los demás acontecimientos a los que se encuentra ligada. Dentro de esta muestra, el hecho de haber sido colocado está vinculado no solamente con la violencia intrafamiliar, la muerte precoz o la enfermedad grave de un progenitor, sino también con las difi cultades fi nancieras de la familia de origen. Estos resultados deben tomarse con prudencia, ya que el estudio no dispone de una muestra testigo.
It is possible to draw links between the present situation of the people using homeless support services, their experiences during childhood and teenage years, and their original family context. The study takes into account the mobilisable resources of these people (their •capital”) in order to understand how, beyond •life accidents”, structural effects could be involved. The infl uence of these events and the different types of capital is studied through three characteristics which social action workers consider as being important: being in employment, having recently been attacked, and having recently made a social welfare application. Certain diffi cult childhood experiences have consequences for two of these characteristics: the probability of having been attacked and of having used a social welfare offi ce is increased in cases of domestic violence, being fostered, the early death of a parent, or the economic poverty of the family of origin. A person’s academic, social, economic and health capital infl uences the probability of having a job, and of having made a social welfare application. The effect of being fostered during youth on these two characteristics remains after other linked events have been taken into consideration. Within this sample, having been fostered is linked not only to domestic violence, the early death or serious illness of a parent, but also to fi nancial diffi culties of the family of origin. These results should be treated with caution as the study does not have a control sample The Infl uence of Events during Youth and of Social Heritage within the Homeless Support Service User Population
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 43
Langue Français

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PAUVRETÉ
Influence des événements de jeunesse et héritage social au sein de la population des utilisateurs des services d’aide aux sans-domicile Jean-Marie Firdion*
Des liens sont possibles entre les événements survenus durant l’enfance et la jeunesse, le contexte familial d’origine, et la situation présente des personnes utilisatrices de services d’aide aux sans-domicile. Leur étude prend ici en compte les ressources effectivement mobilisables par ces personnes (les « capitaux ») de façon à percevoir comment, au-delà des accidents de la vie, des effets structurels peuvent être en jeu. L’infl uence de ces évé-nements et de différentes formes de capital est étudiée au travers de trois caractéristiques considérées comme importantes par les agents en charge de l’action sociale : occuper un emploi, avoir subi récemment une agression, avoir fait une démarche récente auprès d’un bureau d’aide sociale. Certains événements diffi ciles vécus durant l’enfance ont des répercussions sur deux de ces caractéristiques. Ainsi, la probabilité d’avoir subi une agression et celle d’avoir eu recours au bureau d’aide sociale sont modifi ées en cas de déclaration de violences intra-familiales, de placement, de décès précoce d’un parent, de pauvreté économique de la famille d’origine. Des capitaux infl uencent les probabilités d’occuper un emploi, et d’avoir entamé une démarche auprès d’un bureau d’aide sociale : capital scolaire, social, économique, et de santé. L’effet du placement, durant la jeunesse des enquêtés, sur les deux caractéristiques citées, se maintient après avoir tenu compte des autres événements auquel il se trouve lié. Au sein de cet échantillon, le fait d’avoir été placé se trouve en lien non seulement avec les violences intra-familiales, le décès précoce ou la maladie grave d’un parent, mais aussi avec les difficultés financières de la famille d’origine. Ces résultats doivent être pris avec prudence car l’étude ne dispose pas d’un échantillon témoin.
* L’auteur appartient à l’Ined.
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De nombreux travaux ont montré que les traumas durant l’enfance et l’adolescence sont inséparables des stigmates sociaux, qu’il y a une intrication du psychologique et du social. D’une part, ces « événements familiaux gra-ves » ne sont pas indépendants du contexte socio-économique, d’autre part, ils agissent sur la genèse des rapports à l’autorité, aux institu-tions, ils pèsent sur la compréhension et la per-ception du monde social à travers l’élaboration de structures cognitives et de principes d’orga-nisation, ils altèrent l’estime de soi et affectent les ressources mobilisables par l’agent social. Les différentes analyses sociologiques mettent en évidence l’existence de liens entre les épreu-ves juvéniles et les difficultés vécues à l’âge adulte. Ces aspects biographiques sont parti-culièrement importants lorsque l’on considère les populations sans domicile puisque les per-sonnes ayant connu des événements douloureux durant leur enfance et la jeunesse ont une proba-bilité plus élevée de se retrouver sans logement autonome stable à l’âge adulte (Bassuket al., 1997 ; Hermanet al., 1997 ; Marpsat et Firdion, 2000a ; Shinnet al., 1991 ; Susseret al., 1993). Cela conduit à s’interroger : comment de tels événements biographiques infl uent sur la situa-tion présente des personnes sans domicile et, au-delà des accidents de la vie, comment des effets structurels peuvent être en jeu ? Parmi les événements survenus durant l’en-fance et l’adolescence, le placement (1) mérite une attention particulière. Les personnes ayant été « placées » sont largement sur-représentées parmi les populations sans domicile (estimées à 23 % sur cette enquête de l’Insee, à comparer à 2 % en population générale logée), en particulier parmi les plus jeunes (35 % parmi les 18-24 ans), et ce phénomène s’observe aussi dans d’autres pays occidentaux comme les États-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne (Firdion, 2004). Des études nord-américaines ont montré que le placement durant la jeunesse se trouve associé à des difficultés sociales à l’âge adulte (Herman et al., 1994 ; Koegelet al. Mangine ;, 1995et al., 1990 ; Zlotnicket al., 1998), ce que confir-ment des observations en France, en particulier dans le cas des jeunes (de Gouy, 1996 ; Frechon, 2001 ; Marpsat et Firdion, 2001). L’interrogation porte donc sur le lien possible entre le placement durant l’enfance et une vulnérabilité particulière de ces jeunes « placés », une fois devenus adul-tes. La fin de la prise en charge de ces jeunes par l’Aide Sociale à l’Enfance est certainement un cap difficile à franchir, l’émancipation devant se faire à 18 ans (2) sans que ces jeunes adultes aient toujours accédé à l’indépendance écono-
mique et sans qu’ils puissent toujours bénéfi cier de l’aide de leur famille, qui n’existe plus ou avec qui les liens ont été rompus, ou trop dis-tendus. En cette époque où les emplois et les logements bon marché sont rares, l’accession à une autonomie résidentielle et économique est, pour eux, singulièrement diffi cile. Une phase transitoire de précarité peut alors toucher les personnes les plus vulnérables. Notre interro-gation est la suivante : parmi les sans-domicile, les personnes ayant connu le placement se dis-tinguent-elles des autres utilisateurs de services d’aide, et si oui en quoi ?(1) (2) Par l’étude de ces éléments individuels, nous pouvons aborder des phénomènes se situant à un niveau collectif ou structurel. Ainsi, la vul-nérabilité devant la maladie et la mort est iné-galement répartie selon les groupes sociaux, les situations de précarité économique et le stress économique ont des répercussions importantes sur la santé physique et psychique des parents comme sur celle des enfants, non seulement par des effets de privation et de carences mais aussi par des effets sur les rapports au sys-tème de santé, sur le souci de soi, l’accès aux droits (Chambaz et Herpin, 1995 ;Chauvin et Lebas, 1998 ; Dally, 1997 ; Goldberget al., 2003 ; MacLeod et Shanahan, 1993 ; Menahem, 1992). Dans un tel cadre, les troubles mentaux peuvent aussi bien être considérés comme des pathologies tout comme un mode d’adaptation à des conditions de vie diffi ciles (Bresson, 2003 ; Snow, 1986). L’état de santé d’un agent social résulte donc de l’histoire de son capital santé (dont une partie est innée et l’autre acquise), dans un contexte social particulier, et consti-tue ou non une ressource, selon son niveau de qualité. La mobilisation d’une telle ressource est complexe ; ainsi, dans le cas des populations sans domicile, un mauvais état de santé peut être un atout pour accéder prioritairement à telle structure d’hébergement (pour un séjour de moyenne durée, comme les lits infi rmiers), mais être en même temps un handicap pour trouver un emploi (surtout un emploi non qualifi é exi-geant de la force). L’analyse nécessite donc de 1. Le placement d’un mineur hors de sa famille résulte d’une décision administrative ou judiciaire au titre de la protection de l’enfance, le mineur est alors « confi é » à une famille d’accueil, un village d’enfants ou une structure collective et pris en charge financièrement et administrativement par l’Aide sociale à l’en-fance, ou la protection judiciaire de la jeunesse ; hors cas d’ur-gence, un enfant ne peut être hébergé sans l’accord de la famille ou d’un juge. Un enfant, qui n’a plus de parent légal (orphelin, abandon), peut être placé sur décision du Conseil de famille des pupilles de la nation. 2. Tout au moins, l’accession à l’autonomie devra se faire impé-rativement avant 21 ans, l’allocation Jeunes majeurs pouvant être mobilisée entre 18 et 21 ans.
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prendre en compte les différents éléments de tés et leur logique spécifique) selon Bourdieu contexte. (cf. encadré 1). Ce sociologue a surtout basé son approche sur le capital culturel, plutôt Cette étude se situe dans le cadre de la théorie qu’économique, mais il s’est intéressé aussi des « capitaux » (c’est-à-dire un ensemble de aux positions des agents dans l’espace social en ressources et de pouvoirs effectivement utili- fonction de la structure et de la répartition des sables) et des « champs » (avec leurs proprié- différentes espèces de capital, et notamment de
Encadré 1 UNE APPROCHE EN TERMES DE « CAPITAUX » ET DE « CHAMPS SOCIAUX » Selon Bourdieu (1984), « les champs se présentent Il peut paraître paradoxal d’appliquer ce cadre théo-(…) comme des espaces structurés de positions (ou rique à des personnes qui ont peu de capitaux, qui de postes) dont les propriétés dépendent de leur posi- éprouvent souvent de l’impuissance face aux condi-tion dans ces espaces et qui peuvent être analysés tions qu’elles subissent. Il est vrai que leur engage-indépendamment des caractéristiques de leurs occu- ment dans le jeu de la vie est réduit et que les stra-pants » (p. 113) ; un champ se défi nit par « des enjeux tégies développées pour répondre aux enjeux de ce et des intérêts spécifiques, qui sont irréductibles aux champ sont fortement contraintes. Toutefois, en dépit enjeux et aux intérêts propres à d’autres champs » d’un horizon temporel très proche, pour faire face au (pp. 113-114). Le pouvoir, et la domination, s’exerce- quotidien, ces agents sociaux sont amenés à opérer ront dans chacun des champs en mobilisant le capital des choix, à tirer parti de leurs capitaux (bien que spécifique à ce champ. On peut considérer que les fragiles et faibles) et à élaborer des stratégies ; ils ne mécanismes de ces champs s’appliquent à des capi- constituent pas une catégorie de population vivant taux dont certains sont spécifi ques à l’univers de l’as- dans un monde social distinct, même si le champ de sistance : « La logique spécifi que de chaque champ l’action sociale est spécifi que par ses enjeux et cer-détermine [les propriétés] qui ont cours sur le marché, tains des capitaux en jeu (spécifi cité qui pourrait tout qui sont pertinentes et effi cientes dans le jeu consi- aussi bien être énoncée sous une autre forme pour déré, qui, dans la relation avec ce champ, fonctionnent d’autres champs plus traditionnels). comme capital spécifique et, par là, comme facteur explicatif des pratiques » (Bourdieu, 1979, p. 127). Par Revenons un instant sur lecapital social que tel ailleurs, ces formes de capital sont inégalement répar- Bourdieu l’a décrit. Ce concept a été critiqué pour ties parmi les catégories sociales. certains de ses aspects. En tant que capital, s’il peut être considéré comme s’inscrivant dans la durée De quelles ressources ou « capitaux » les usagers des (quoique les transformations actuelles des modes services d’aide aux sans-domicile peuvent-ils dispo- de régulations sociales tendent à fragiliser tous les ser dans leurs rapports avec les organismes d’assis- statuts) et comme pouvant être transmis (deux des tance, les personnes logées avec lesquelles ils ont un caractéristiques d’un capital), il peut être plus diffi -contact dans la rue ou dans un autre lieu public, et les cilement considéré comme résultant d’un sacrifi ce autres personnes qui se trouvent dans leur situation ? (en temps, en énergie, etc.) en vue d’un bénéfi ce Il apparaît que cinq catégories de capital peuvent être futur (Sobel, 2002). Cependant, cette critique repose distinguées : surtout sur la notion de « sacrifi ce » puisque le main-- ou le développement d’un capital social néces- tiende santé physique ou mentale (capital com-le capital plexecarunedéfaillanceducapitalsantéprivelindi-dsitestmoouyjeonursscedyquicloensreancrdertodutuàtefamitpscoemt,papraarbfloeisà,vidu de ressources mais lorsque celle-ci est reconnue e par un organisme d’assistance, elle ouvre droit à des d’autres formes de capital. prestations ou allocations, par exemple accident du Selon Bourdieu : « lecapital socialest l’ensemble des travail ou allocation adulte handicapé) ; ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la -le capital social (capital lié à la possession d’un d’un réseau durable de relations plus ou possession réseau de relations sociales que l’individu peut mobili- moins institutionnalisées, d’interconnaissance et d’in-ser dans ses stratégies) ; terreconnaissance ; ou, en d’autres termes, à l’appar-- tenance à un groupe, comme ensemble d’agents quile capital scolaire et professionnel (au sens d’expé-rience professionnelle acquise) ; ne sont pas seulement dotés de propriétés communes (susceptibles d’être perçues par l’observateur, par les -le capital économique (emploi rémunéré, alloca-autres ou par eux-mêmes) mais sont aussi unis par des tions, indemnités de chômage, etc.) ; liaisons permanentes et utiles. Ces liaisons sont irré--capital symbolique (il s’agit d’une valeur positive ductibles aux relations objectives de proximité dansle attachée à la personne et reconnue par le groupe social l’espace physique (…) ou même dans l’espace éco-dans lequel elle vit, c’est-à-dire des personnes qui ne nomique et social parce qu’elles sont fondées sur des partagent pas nécessairement sa situation, comme les échanges inséparablement matériels et symboliques intervenants sociaux par exemple ; cette ressource peut dont l’instauration et la perpétuation supposent la re-être convertie en ressource économique ou matérielle connaissance de cette proximité. Le volume du capital lorsqu’elle donne droit à une prestation ou un service, social que possède un agent particulier dépend donc par exemple dans le cas d’une femme enceinte). de l’étendue du réseau des liaisons qu’il peut effective-
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