Internationalisation des réseaux de R&D : une approche par les relations d entreprises - article ; n°1 ; vol.405, pg 141-162
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Economie et statistique - Année 2007 - Volume 405 - Numéro 1 - Pages 141-162
Depuis une quinzaine d'années, l'ouverture internationale des entreprises en matière de R&D s'est développée. Quels sont les avantages qui font que, malgré des coûts d'éloignement potentiellement importants, des entreprises choisissent de déplacer tout ou une partie de leur R&D ? En théorie, les motivations qui interviennent sont au nombre de trois : l'apprentissage, ou augmentation du stock de connaissances, la conquête de nouveaux marchés ou exploitation du stock existant, et enfin, l'accès à des coûts plus faibles pour réaliser l'activité de recherche. L'objectif de cet article est de déterminer l'importance relative de ces motivations pour les entreprises françaises. L'Enquête sur les relations inter-entreprises (Erie) de 2003 permet d'appréhender les relations de R&D entre des entreprises françaises et leurs partenaires, français ou étrangers. Les résultats montrent que la complémentarité avec le partenaire de R&D, qui favorise l'apprentissage, est déterminante lorsque les entreprises choisissent d'internationaliser leur R&D. L'accès à de nouveaux marchés intervient également, mais de façon secondaire. Enfin, l'objectif de réduction des coûts n'est pas important. En particulier, on n'observe jusqu'à présent que très peu de relations avec des partenaires situés dans des pays à bas coûts.
Desde hace unos quince años, se ha desarrollado la apertura internacional de las empresas en materia de Investigación y Desarrollo. ¿ Cuáles son las ventajas que hacen que, a pesar de los costes de alejamiento potencialmente importantes, las empresas eligen desplazar todo o parte de su Investigación y Desarrollo? En teoría, las motivaciones que intervienen son tres: el aprendizaje, o aumento del stock de conocimientos, la conquista de nuevos mercados o explotación del stock existente, y fi nalmente, el acceso a costes más bajos para realizar la actividad de investigación. El objetivo de este artículo consiste en determinar la importancia relativa de estas motivaciones para las empresas francesas. La Investigación sobre las relaciones interempresas
(Erie) de 2003 permite aprehender las relaciones de Investigación y Desarrollo entre empresas francesas y sus socios, franceses o extranjeros. Los resultados ponen de manifi esto que la complementariedad con el socio de Investigación y Desarrollo, que favorece el aprendizaje, es determinante cuando las empresas eligen internacionalizar su Investigación y desarrollo. El acceso a nuevos mercados también interviene, pero de manera secundaria. Finalmente, el objetivo de reducción de los costes no es importante. En particular, hasta ahora sólo se observan muy pocas relaciones con socios situados en países de bajos costes. Internacionalización de las redes de Investigación y Desarrollo: un enfoque por las relaciones de empresas
Internationalisierung der FuE-Netze: ein Ansatz nach Unternehmensbeziehungen. Seit fünfzehn Jahren findet eine verstärkte internationale Öffnung der Unternehmen im Bereich der FuE statt. Welche Vorteile veranlassen die Unternehmen, trotz potenziell hoher Kosten aufgrund der Entfernung ihre FuE ganz oder teilweise zu verlagern? Theoretisch spielen drei Gründe eine Rolle: der Erwerb oder die Ausweitung von Fachwissen, die Eroberung neuer Märkte oder die Nutzung des vorhandenen Bestands sowie die niedrigeren Kosten für die Forschungstätigkeiten. Ziel dieses Artikels ist es, die relative Bedeutung dieser Gründe für die französischen Unternehmen zu bestimmen. Die Erhebung über die zwischenbetrieblichen Beziehungen (Erie) von 2003 gibt Aufschluss über die FuE-Beziehungen zwischen französischen Unternehmen und ihren französischen oder ausländischen Partnern. Die Ergebnisse zeigen, dass die Komplementarität mit den FuE-Partnern, die den Erwerb von Fachwissen fördert, bei der Entscheidung der Unternehmen zugunsten einer Internationalisierung ihrer FuE ausschlaggebend ist. Auch der Zugang zu neuen Märkten ist entscheidend, allerdings in geringerem Maße. Die Kostensenkung ist aber kein wichtiger Faktor. Festgestellt wird insbesondere, dass bislang nur sehr wenige Beziehungen zu Partnern in Ländern mit niedrigen Kosten bestehen.
The Internationalisation of R& D Networks: a Company Relations Approach. For around fifteen years, companies have developed the international side of their R& D. What are the advantages which mean that, despite the potentially high distancing costs, companies choose to outsource all or part of their R& D? In theory, there are three motivations: learning, or an increased knowledge stock, the conquest of new markets or exploitation of existing stock, and fi nally access to lower research costs. The aim of this article is to determine the relative importance of these motivations for French companies. The 2003 Inter-company relations survey (Erie -Enquête sur les relations inter-entreprises) sheds more light on the R& D relationships between French companies and their partners, be they French or foreign. The results show that a complimentary relationship with an R& D partner, which fosters learning, is a determining factor when companies choose to internationalise their R& D. Access to new markets also has an impact, but a secondary one. Finally, the cost-reduction aim is not signifi cant. In particular, up until now very few relationships with partners in low-cost countries have been observed.
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2007
Nombre de lectures 29
Langue Français

Extrait

ENTREPRISES
Internationalisation des réseaux de R&D : uneapprochepar les relations d’entreprises Céline Thévenot*
Depuis une quinzaine d’années, l’ouverture internationale des entreprises en matière de R&D s’est développée. Pourquoi, en dépit de coûts d’éloignement potentiellement importants, des entreprises choisissent-elles de déplacer tout ou une partie de leur R&D ? En théorie, les motivations qui interviennent sont au nombre de trois : l’apprentissage ou augmentation du stock de connaissances, la conquête de nouveaux marchés ou exploita-tion du stock existant, et enfi n, l’accès à des coûts plus faibles pour réaliser l’activité de recherche. L’objectif de cet article est de déterminer l’importance relative de ces motiva-tions pour les entreprises françaises. L’ Enquête sur les relations inter-entreprises ( Erie ) de 2003 permet d’appréhender les relations de R&D entre des entreprises françaises et leurs partenaires, français ou étran-gers. Les résultats montrent que la complémentarité avec le partenaire de R&D, qui favorise l’apprentissage, est déterminante lorsque les entreprises choisissent d’interna-tionaliser leur R&D. L’accès à de nouveaux marchés intervient également, mais de façon secondaire. Enfin, l’objectif de réduction des coûts n’est pas important. En particulier, on n’observe jusqu’à présent que très peu de relations avec des partenaires situés dans des pays à bas coûts.
* L’auteur appartenait, au moment de la rédaction de cet article, à la Direction des statistiques d’entreprise de l’Insee. L’auteur remercie S. Roux, B. Nefussi, C. Lelarge et L. Bloch, ainsi que les membres du séminaire Études de la direction des st atistiques d’entreprises de l’Insee, et ceux du groupe de travail sur la globalisation de l’OCDE, où une première version de ce travail a été présentée en novembre 2006, en particulier T. Hatzichronoglou. Il remercie également les deux relecteurs anonymes pour leurs remarques st imu-lantes. Les erreurs qui pourraient être notées relèvent de son unique responsabilité.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 405/406, 2007
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L aaujgoluorbdalihsuaitiloensdspehèlréecsolnoonmgiteemcposncéepranre-gnées des fonctions de recherche-développe-ment (R&D). Depuis la seconde moitié des années 1990, la place des capitaux étrangers dans les budgets de recherche de la plupart des économies développées augmente (Harfi et al. , 2007, Cnuced, 2005). Le phénomène est encore plus marqué dans les économies en développe-ment. Plusieurs dynamiques alimentent cette évolu-tion. D’une part, la baisse des coûts de trans-port et les nouvelles technologies ont consi-dérablement réduit les coûts d’éloignement. D’autre part, l’organisation des fi rmes a subi de profondes mutations. L’organisation est pas-sée d’un système pyramidal à une structure de réseau. Par nature, ce mode de fonctionnement plus fragmenté se prête mieux à une dispersion géographique des activités. En conséquence de cette double évolution, c’est aujourd’hui sur une base mondiale que les fi rmes conçoivent et organisent leur chaîne de valeur. Face à ce phénomène, la compréhension des mécanismes d’internationalisation de la R&D est importante pour les politiques publiques. Il ne s’agit pas tant d’endiguer une « fuite de la connaissance » que de permettre à la R&D fran-çaise de profiter au mieux de son environnement international (1). L’enjeu est de parvenir à attirer des flux entrants de connaissance, en particulier ceux dont la diffusion sera la plus profi table au tissu économique (Kuemmerle, 1999) (2). L’internationalisation des fonctions de recher-che est pourtant coûteuse pour l’entreprise. L’implantation sur un marché éloigné génère un coût d’entrée et occasionne des incertitudes en matière de protection de la propriété intel-lectuelle, variable selon les États. Ce coût d’en-trée est renforcé par un coût psychologique, le « biais domestique », autrement dit une préfé-rence sans fondement rationnel des dirigeants envers le pays d’origine pour y maintenir les activités de R&D (Lewis, 1999). Le morcel-lement de la recherche génère également des coûts liés à la transmission de l’informa-tion (Barba Navaretti et Venables, 2004 ; von Zedwitz et Gassman, 2002), que les technolo-gies de l’information et de la communication ne peuvent annuler. Enfi n, des comportements opportunistes peuvent apparaître lorsque la R&D est réalisée en commun avec un parte-naire ou sous-traitée. Ils augmentent le risque encouru par la firme et incitent à la centralisa-tion (Markusen, 2001).
En dépit de ces coûts, des forces centrifuges s’exercent sur la fonction de recherche-dévelop-pement. L’entreprise peut implanter un centre de recherche à l’étranger pour adapter sa produc-tion aux goûts des consommateurs. Le stock de connaissances accumulé par l’entreprise sur le marché d’origine est enrichi par la connaissance du marché-cible et permet d’adapter la produc-tion. Ce facteur de proximité de la demande est historiquement le plus important (Cnuced, 2005). La littérature le résume sous le terme d’ exploitation du stock de connaissances de l’entreprise (Kuemmerle, 1999 ; Patel et Vega, 1999). La perspective d’apprentissage est aussi une force centrifuge pour la R&D : internationali-ser sa recherche peut permettre à une entreprise de s’approprier un niveau d’expertise parfois indisponible sur le territoire français et d’aug-menter son stock de connaissances interne : c’est le motif d’ augmentation . L’entreprise choisit alors de localiser sa recherche près de centres d’expertise (von Zedwitz et Gassman, 2002) et accroît le rendement de ses dépenses de recherche en tirant parti de la proximité avec son environnement, en captant des externalités (Audretsch et Feldman, 2004). L’approche par les compétences (par exemple, Mowery, 1998) montre que ces externalités permettent d’exploi-ter la complémentarité entre les connaissances capitalisées par l’entreprise et les connaissances apportées par son environnement relationnel. L’internationalisation des fonctions de R&D se fait dans ce cas dans le but d’ augmenter le stock de connaissances. 1 2 Enfin, les pays à bas coûts, déjà impliqués dans la globalisation des activités de production à faible valeur ajoutée, déplacent leur offre vers des activités à plus haute valeur ajoutée, comme les services informatiques ou la recherche-déve-loppement. Cette offre concurrence directement des activités auparavant réalisées dans le pays de localisation « historique » des entreprises, en proposant un service analogue à un prix plus bas. Le coût de la R&D et la perspective de réa-liser des économies tout en produisant un même 1. Belitz (2004) fait remarquer, dans le cas de l’Allemagne, que les flux de R&D entrants et sortants sont à considérer dans leur ensemble. Un taux important de dépenses de R&D à l’étranger n’est pas un gage de mauvaise santé de la R&D nationale, dès lors que le pays bénéficie symétriquement de fl ux entrants en provenance d’entreprises étrangères. 2. « It is important for public policy makers in industrialized countries to consider that even seemingly small inter-country differences in public and private commitment to R&D can deter-mine what kind of foreign fi rms will carry out in these coun-tries » (Kuemmerle, 1999).
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 405/406, 2007
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