L'Ile Crémieu ou plateau de Crémieu - article ; n°1 ; vol.4, pg 47-98

L. François

Description

Les Études rhodaniennes - Année 1928 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 47-98
52 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: LES_ETUDES_RHODANIENNES
• Publié le: 01 janvier 1928
• Nombre de lectures: 22
• Langue: Français
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Extrait

Louis François
L'Ile Crémieu ou plateau de Crémieu
In: Les Études rhodaniennes. Vol. 4 n°1, 1928. pp. 47-98.
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François Louis. L'Ile Crémieu ou plateau de Crémieu. In: Les Études rhodaniennes. Vol. 4 n°1, 1928. pp. 47-98.
doi : 10.3406/geoca.1928.6642
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_1164-6268_1928_num_4_1_6642.
GRÉMIEUOU PLATEAU DE CRÉMIEU" L'ILE
PAR L. FRANÇOIS
INTRODUCTION
LES LIMITES. LES CARACTÈRES GÉNÉRAUX
A; une trentaine de kilomètres .de Lyon, vers l'Est, se dressent,
au-dessus d'une plaine assez uniforme, hautes de. 150 à 200 mètres,.
d'imposantes1 corniches calcaires. C'est vraiment/ lorsqu'il vient de
Lyon, le premier relief qui arrête le voyageur: il se trouve en pré
sence du plateau de Crémieu. D'une hauteur moyenne de 300 à 400;
mètres, ce forme un vaste triangle de 40.000 hectares, com
prenant tout le canton de Crémieu ; et la partie septentrionale de
celui ? de ? Morestel. Il i se f termine • de . façon ? abrupte au-dessus i du
Rhône, vers l'Ouest, tandis qu'il s'abaisse en lignes molles'et tran
quilles du côté de l'Est, au pied c|u Jura.
Ce plateau est si bien individualisé au point de vue topographi
que qu'iba-reçu^le nom d'.« Ile Crémieu ». Ce nom ne lui a;pas>été
donné par. la science; il est pour. ainsi dire sorti du pays lui-même.
Un écrivain du xvie siècle l'emploie déjà: « Au-dessus de Bourgoin ?
est une île célèbre formée par, un marais demi-circulaire qui s'étend
depuis Faverge jusqu'à Anthon et dont les extrémités touchent am
Rhône. A'.travers le Marais coule la rivière du Chéruis (sic) qui se .
réunit au Rhône près ď Anthon. Cette île renferme vingt-six villa
ges. Crémieu en est le chef-lieu et lui donne son nom»1. Plus on
1.' Aymar du'Rivail, Description du Dauphine, de la Savoie, du Comtat-
Venaissin, de la Bresse, et d'une partie de la Provence,^ la Suisse et du Piémont;
au. XVIe siècle. Trad. Antonín Macé, Grenoble, 1852. , 48г . L. FRANÇOIS -
remonte dansle passé, en effet, et plus le plateau apparaît comme,
réellement encerclé par les eaux.
Formée de.roches calcaires, donc de sol très sec, l'Ile Crémieu;est
limitée par le Rhône ou bornée de régions basses que ce fleuve trans
forme en marécages. Le Rhône contourne l'Ile Crémieu ; vers le
Nord savant de disperser, ses eaux en bras multiples à, travers la
plaine de Lyon. Au Nord-Est, sa vallée, faite d'une suite de défilés ■
et de bassins, sépare le plateau des escarpements du Jura Méridio
nal ; puis le: Rhône revient vers le Sud-Ouest après le coude de
Vertrieu et son cours sert de limite à l'Ile Crémieu : sur sa façade
Nord-Ouest. Au Sud, s'étendent les larges dépressions de Morestel,:.
du Marais des Vernes et de la Verpillère. Aujourd'hui dépourvues de.
rivières et empruntées seulement à leurs extrémités par la Save et
la Bourhre, elles semblent avoir été déblayées dans des temps très
anciens par le Rhône coulant directement de l'Est à l'Ouest. De dix
à vingt mètres à- peine plusélevées que le lit actuel, du fleuve, elles
n'ont été longtemps que des zones malsaines de marais.. Pour. les
assécher, de longs travaux de drainage, commencés sous Louis XIV
et terminés sous. Napoléon Ier, ont été nécessaires; encore mainte
nant, à la moindre crue du Rhône, toute la région du Bouchage et
de Morestel se trouve rapidement inondée. La région sise à l'Ouest
comme' en témoignent des ' de Crémieu fut longtemps un' marais,
noms de fermes, tels que la Mare, le Jonchais, et, malgré les travaux
d'assèchement entrepris, les habitants se plaignent encore de brouil
lards fréquents.
• C'est donc au Rhône, aux vallées qu'il a creusées autrefois, à son
cours actuel, et aux marais qu'il imprègne de son eau, que notre
région doit son nom d'Ile Crémieu.
La nature de son sol, sa structure ne l'individualisent pas moins.
„Constitué de couches de calcaire jurassique légèrement inclinées-
vers l'Est, le plateau de Crémieu se distingue des plateaux molassi-
ques et tertiaires du Bas-Dauphiné qui lui font suite vers le Sud à
une altitude sensiblement égale. Le calcaire donne un sol rocheux,,
sec et « ardent », que couvrent- naturellement les taillis de chênes
ou les landes à buis.- La molasse est imperméable, son plateau plus:
rectiligne et plus uniforme. L'érosion a mieux aplani la roche plus
tendre et creusé des vallées plus larges. Les landes sont moins vast
es, les bois moins nombreux et au chêne se mêle le châtaignier.. CRÉMIEU 49V L'ILE
Sa nature calcaire a fait rattacher vers l'Est l'Ile Crémieuau Jura
Méridional. Elle y est à la vérité comme accolée. En. certains en
droits le Rhône s'encaisse en de profonds défilés, et des Iambeaux-
de plateau, annexes du plateau de Crémieu, identiques de relief et'
de structure, se retrouvent sur sa rive droite* Mais les formes mass
ives du Jura -dominent l'Ile Crémieu- de 600 à 1.000 mètres;-la
structure en plus de l'altitude la différencie du Jura; ici véritable
chaîne plissée, là plateau aux couches'à peine ondulées ou faillées.
Aussi est-ce bien comme une table qu'apparaît, des hauteurs de la
Chartreuse de Portes, ce compartiment affaissé et non plissé du Jura, •
ce reste de vieille surface qui semble être descendue par failles, et
qui a été retravaillée par une érosion récente
Si on considère, d'une part, la faible altitude du plateau, qui él
imine la possibilité d'une gamme: de ressources comme dans les
pays de montagne, d'autre part, le peu de fertilité de ce sol calcaire,
sec et caillouteux, où le rocher paraît souvent à nu, on comprendra
pourquoi l'Ile Crémieu est, au point de vue économique, assez pau
vrement dotée..
Une bonne partie du plateau est recouverte de landes et de bois
qui ne sont ici que dès taillis. Sur 22.488 hectares, le canton de Cré
mieu en compte 5.531 en bois et.l.59O enlandes; c'est presque le
tters- du sol qui leur est abandonné. Le paysage à l'automne, est su
perbe. Du côté d'Annoîsin, de Châtelans, de Saint-Baudille, sur les
plus hautes croupes, le gris-vert sombre et austère de la lande do
mine, tandis que du côté de Parmilieu, de Bouvesse, de Courtenay,
les taillis de chênes recouvrent les collines et les flancs du plateau
d 'un manteau presque continu aux riches tons brun-rouge. Mais
la richesse n'est que dans les couleurs.
Sur ce maigre sol habite une population peu nombreuse et en-d
iminution constante. De 73 habitants au kilomètre carré en 1891,
la densité du canton de Crémieu décroît à 58 en 191 1, à 55 en-1921,
et celle. du de Morestel aux mêmes dates de 71 à 59,.puis à
52. La densité accuse des chiffres plus faibles encore lorsqu'on ne
considère que la surface.du plateau, abstraction faite des régions
bordières.plus riches et plus peuplées. Dès 1891, elle atteint à peine
48 habitants au kilomètre carré; elle tombe à 34 en-1921.:
Tous ces chiffres ne sont cependant pas les-signes d'une irrémé
diable pauvreté. Il existe en effet un élément de diversité et de ri- .FRANÇOIS-. .50 L.
de richesse toute relative d'ailleurs, empressons-nous de le chesse,
dire; nous>voulons parler de nombreux-dépôts glaciaires qui par
sèment le plateau et remplissent les dépressions. La teinte verte
du glaciaire occupe une grande place sur la carte géologique. Au
quaternaire la région «fut recouverte ou .traversée à1 plusieurs re
prises par les glaciers.. Leur action est partout reconnaissable. Ala
surface du plateau d'abord :sur les dalles calcaires de petites coll
ines ou des placages d'argile et de cailloux de toutes sortes décèlent
la moraine ; le relief semble comme empâté par les formes molles des
vagues morainiques. Sur le pourtour ensuite, particulièrement à
l'Ouest et au Sud où; l'on descend du plateau par des vallées en
gorges; surcreusées et remblayées. Dans les zones bordières enfin,
à