La conquête de marchés étrangers dans l industrie chimique - article ; n°1 ; vol.405, pg 119-140
22 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La conquête de marchés étrangers dans l'industrie chimique - article ; n°1 ; vol.405, pg 119-140

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
22 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Economie et statistique - Année 2007 - Volume 405 - Numéro 1 - Pages 119-140
Une entreprise française qui souhaite conquérir un marché étranger peut soit produire son bien en France et l'exporter, soit le produire à l'intérieur de ce marché lui-même. Ce choix est généralement posé comme un arbitrage entre coûts fixes et coûts variables. L'implantation requiert un fort investissement, mais le coût par unité produite est plus faible si la production a lieu localement, car cela permet de réduire les coûts d'acheminement du bien, de la France vers le pays destinataire. Dans ce cadre, il est souvent montré que ce sont les entreprises les plus productives qui consentent à payer le coût élevé de l'implantation à l'étranger. Ce résultat, valable pour l'ensemble des destinations, peut être précisé si l'on distingue la décision de s'implanter non seulement par entreprise, mais également par destination. Nous testons ce résultat dans le cas du secteur très internationalisé de la chimie. Comme attendu, la taille du marché de destination favorise toujours le recours à l'implantation contre les exportations. Cependant, la productivité ne joue positivement que lorsque le marché considéré est suffisamment grand. Dans les marchés restreints ce sont les entreprises les moins productives qui ont le plus de chances de s'implanter. Par ailleurs, les entreprises choisissent davantage de s'implanter dans les pays où beaucoup d'entreprises françaises se sont déjà installées, qui sont géographiquement proches et qui ont une frontière commune avec la France. Si les pays voisins d'une destination particulière offrent des débouchés intéressants pour l'entreprise, celle-ci a davantage tendance à s'y implanter, ce qui confirme e rôle de « plateforme » des investissements à l'étranger.
La conquista de mercados extranjeros en la industria química. Una empresa francesa que desea conquistar un mercado extranjero puede ya sea producir su bien en Francia y exportarlo, o bien producirlo dentro de ese mismo mercado. Esta elección se plantea generalmente como un arbitraje entre costes fi jos y costes variables. La implantación requiere una fuerte inversión, pero el coste por unidad producida es más bajo si la producción tiene lugar localmente, ya que esto permite reducir los costes de transporte del bien, de Francia hacia el país destinatario. En este marco, a menudo se pone de manifi esto que las empresas más productivas son las que están de acuerdo en pagar el elevado coste de la implantación en el extranjero. Este resultado, válido para el conjunto de los destinos, puede precisarse si se distingue la decisión de implantarse no sólo por empresa, sino también por destino. Probamos este resultado en el caso del sector muy internacionalizado de la química. Como se esperaba, el tamaño del mercado de destino siempre favorece el recurso a la implantación contra las exportaciones. Sin embargo, la productividad no infl uye positivamente hasta que el mercado considerado es lo sufi -cientemente grande. En los mercados restringidos, las empresas menos productivas son las que tienen más oportunidades de implantarse. Por otra parte, las empresas eligen más implantarse en los países donde muchas empresas francesas ya están instaladas, que son geográfi camente cercanos y que tienen una frontera común con Francia. Si los países vecinos de un destino particular ofrecen salidas interesantes para la empresa, ésta tiende aún más a implantarse allí, lo que confi rma el papel de plataforma” de las inversiones en el extranjero.
Eroberung ausländischer Märkte in der chemischen Industrie. Ein französisches Unternehmen, das einen ausländischen Markt erobern möchte, kann entweder sein Produkt in Frankreich herstellen und es dann exportieren oder es am ausländischen Markt selbst fertigen. Bei dieser Entscheidung wird generell zwischen fi xen Kosten und variablen Kosten gewählt. Die Gründung einer Niederlassung erfordert zwar erhebliche Investitionen; die Stückkosten sind aber bei einer lokalen Produktion niedriger, da die Beförderungskosten des Produkts von Frankreich in das Bestimmungsland gesenkt werden können. In diesem Zusammenhang wird oftmals aufgezeigt, dass die produktivsten Unternehmen zur Zahlung der höchsten Kosten für die Niederlassung im Ausland bereit sind. Dieses Ergebnis, das für alle Bestimmungsorte gilt, kann präzisiert werden, wenn bei der Entscheidung zugunsten einer Niederlassung nicht nur nach Unternehmen, sondern auch nach Bestimmungsort unterschieden wird. Dieses Ergebnis testen wir für die chemische Industrie, die einen sehr hohen Grad an Internationalisierung aufweist. Erwartungsgemäß wird bei einem großen Bestimmungsmarkt die Errichtung einer Niederlassung den Exporten vorgezogen. Allerdings wirkt sich die Produktivität nur positiv aus, wenn der betreffende Markt ausreichend groß ist. In kleineren Märkten haben die am wenigsten produktiven Unternehmen die meisten Chancen, sich niederzulassen. Zudem bevorzugen die Unternehmen die Länder, in denen bereits zahlreiche französische Unternehmen niedergelassen sein, die geographisch nahe liegen oder die eine gemeinsame Grenze mit Frankreich haben. Wenn ein bestimmtes Nachbarland dem Unternehmen interessante Absatzmärkte bietet, lässt es sich dort vorrangig nieder, was die Rolle der Auslandsinvestitionen als Plattform“ bestätigt.
The Conquest of Foreign Markets in the Chemical Industry. A French company wanting to conquer a foreign market can either produce its product in France and export it, or produce it within the foreign market itself. This choice is usually presented as a balancing act between fi xed costs and variable costs. Setting up locally requires heavy investment, but the cost per unit produced is lower if production takes place locally since it reduces product transport costs from France to the destination country. In this context, it is often shown that the most productive companies agree to pay the high cost of setting up abroad. This result, which is true of all destinations, can be made more precise by distinguishing the decision to set up abroad not only by company, but also by destination. We test this result in the highly internationalised case of the chemical sector. As expected, the size of the destination market always makes it worthwhile setting up abroad rather than exporting. However, productivity only has a positive effect when the market in question is suffi ciently large. In smaller markets the least productive companies are most likely to set up abroad. Furthermore, companies choose to set up more frequently in countries where many French companies are already present, which are geographically close and which share a border with France. If countries neighbouring a particular destination provide interesting opportunities for the company, it is more likely to set up there, which confi rms the platform” role of foreign investment.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2007
Nombre de lectures 28
Langue Français

Extrait

ENTREPRISES
La conquête de marchés étrangers dans l’industrie chimique Benjamin Nefussi*
Une entreprise française qui souhaite conquérir un marché étranger peut soit produire son bien en France et l’exporter, soit le produire à l’intérieur de ce marché lui-même. Ce choix est généralement posé comme un arbitrage entre coûts fi xes et coûts variables. L’implantation requiert un fort investissement, mais le coût par unité produite est plus faible si la production a lieu localement, car cela permet de réduire les coûts d’achemi-nement du bien, de la France vers le pays destinataire. Dans ce cadre, il est souvent mon-tré que ce sont les entreprises les plus productives qui consentent à payer le coût élevé de l’implantation à l’étranger. Ce résultat, valable pour l’ensemble des destinations, peut être précisé si l’on distingue la décision de s’implanter non seulement par entreprise, mais également par destination. Nous testons ce résultat dans le cas du secteur très internationalisé de la chimie. Comme attendu, la taille du marché de destination favorise toujours le recours à l’implantation contre les exportations. Cependant, la productivité ne joue positivement que lorsque le marché considéré est suffi samment grand. Dans les marchés restreints ce sont les entreprises les moins productives qui ont le plus de chances de s’implanter. Par ailleurs, les entreprises choisissent davantage de s’implanter dans les pays où beaucoup d’entre-prises françaises se sont déjà installées, qui sont géographiquement proches et qui ont une frontière commune avec la France. Si les pays voisins d’une destination particulière offrent des débouchés intéressants pour l’entreprise, celle-ci a davantage tendance à s’y implanter, ce qui confirme le rôle de « plateforme » des investissements à l’étranger.
 Benjamin Nefussi appartenait à la Division Synthèse des Statistiques d’entreprises de l’Insee au moment de la rédaction de c et article. * L’auteur tient à remercier deux rapporteurs anonymes pour leurs remarques et conseils qui ont permis d’améliorer considérableme nt la qualité de cet article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 405/406, 2007
119
120
P oenutrreêtprreispersésemnutlesàlétranger,lesgrandestinationales disposent de plusieurs stratégies. Elles peuvent soit expor-ter, soit s’implanter directement dans le pays, soit vendre une licence à une entreprise locale, soit exporter depuis un pays voisin. La locali-sation d’une production éventuellement desti-née à un marché étranger se fait alors dans le pays domestique, dans le pays destinataire du bien, ou dans un pays tiers. Comme tel, ce choix d’une localisation contre une autre a des consé-quences en termes d’emplois. L’apparition de ces grands groupes dans le paysage économique et l’exploitation de données individuelles d’en-treprises ont contribué à modifi er la façon dont les économistes analysent le commerce interna-tional : les théories traditionnelles d’échanges entre pays - par exemple élaborées à partir des avantages comparatifs (Ricardo) ou des dota-tions factorielles (Heckscher et Ohlin) - ont été complétées par un regard nouveau sur les entreprises qui exportent et qui s’implantent à l’étranger. Alors qu’on se demandait « pourquoi les pays échangent-ils des biens ? », on se pose désormais également les questions suivantes : « Quelles sont les entreprises qui exportent et quelles sont celles qui s’implantent à l’étran-ger ? Quels en sont les effets pour le pays d’ori-gine et les pays destination ? ». De façon schématique, la logique d’implanta-tion d’une filiale à l’étranger peut répondre à deux grands types de stratégie : l’implantation dans un but de conquête de marché (investis-sement « horizontal ») ou l’implantation pour tirer parti de coûts de production plus faibles (investissement « vertical »). D’après la Cnuced (2005), les investissements directs à l’étranger (IDE) proviennent et sont destinés respecti-vement pour 65 % et 89 % aux pays dévelop-pés. Cette prépondérance des IDE entre pays riches montre l’importance des investissements « horizontaux » par rapport aux investissements « verticaux » (1). Théoriquement, l’installation d’une fi liale « horizontale » doit se substituer au fl ux d’ex-portations vers ce pays cible. Ces deux straté-gies diffèrent par la nature des coûts qu’elles impliquent. On considère généralement que l’implantation d’une filiale nécessite des coûts fixes plus élevés, mais des coûts variables plus faibles : les salaires à l’étranger peuvent être plus faibles, et l’entreprise ne paie plus les coûts de transport liés à l’exportation. C’est l’arbitrage « proximité-concentration », mis en évidence par Brainard (1993, 1997) : il est préférable
d’être proche de la demande, mais l’installation de filiales à l’étranger duplique les coûts fi xes. Du fait de l’importance des coûts fi xes d’im-plantation, seule une fraction des entreprises peut tirer bénéfice d’un tel investissement et choisir l’implantation contre l’exportation. C’est pourquoi les études sur la conquête de marchés nécessitent le recours à des données individuel-les d’entreprises, qui permettent de distinguer les entreprises selon des indicateurs de taille et de performance. Si une stratégie est rentable pour une entreprise, elle ne l’est peut-être pas pour une autre et ces différences ne peuvent être perceptibles lorsque toute l’information est agrégée au niveau d’un pays ou d’un secteur. 1 Les études récentes retiennent deux grands ensembles de variables individuelles suscepti-bles de jouer un rôle dans le mode de conquête de marché. Tout d’abord, les entreprises se dis-tinguent par leur capacité à rassembler de l’in-formation sur des pays qui leur sont étrangers. Leur « réseau », les contacts qu’elles peuvent avoir à l’étranger, la nationalité du personnel, la « culture » de l’entreprise peuvent les amener à appréhender plus ou moins facilement les sys-tèmes juridiques, les règlementations des mar-chés du travail ou les spécifi cités de la demande des pays cibles. Cet aspect particulièrement « immatériel » de l’entreprise est relativement difficile à capter. Une façon d’en tenir compte consiste à avoir recours à des données de panel. En utilisant le fait que la stratégie retenue par une même entreprise varie d’un pays à l’autre ou d’une année à l’autre, on peut tenter de tenir compte de cette hétérogénéité pourtant inobser-vable (cf. encadré 1). Ensuite, et indépendam-ment de cette « culture » d’entreprise plus ou moins tournée vers l’extérieur, les entreprises ne sont pas toutes également productives sur le marché domestique. Certaines peuvent avoir un mode d’organisation plus effi cace que d’autres, ce qui peut se traduire par une meilleure pro-ductivité et un coût marginal plus faible. La 1. Cette typologie simplifi e considérablement la réalité. En effet, une même implantation à l’étranger peut être motivée à la fois par des éléments de conquête de marché et de réduction des coûts. Si la filiale permet d’approvisionner les pays voisins, on parle d’investissement « plateforme ». La « délocalisation » cor-respond au cas où il y a transfert de la production à l’étranger par une entreprise initialement implantée en France. Enfi n, les implantations à l’étranger peuvent être motivées par des raisons stratégiques comme la recherche de compétences particuliè-res. Par ailleurs, et par manque d’information, on ne distingue pas dans la présente étude entre « fusions et acquisitions » et investissements « greenfield », bien que les déterminants de ces deux modes d’entrées soient susceptibles d’être différents (on entend par investissements « greenfield » un investissement sans capital productif préexistant de l’entreprise dans le pays d’im-plantation).
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 405/406, 2007
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents