La mise en valeur de la basse vallée de la Medjerda et ses perspectives humaines - article ; n°349 ; vol.65, pg 199-222
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Description

Annales de Géographie - Année 1956 - Volume 65 - Numéro 349 - Pages 199-222
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Poncet
La mise en valeur de la basse vallée de la Medjerda et ses
perspectives humaines
In: Annales de Géographie. 1956, t. 65, n°349. pp. 199-222.
Citer ce document / Cite this document :
Poncet Jean. La mise en valeur de la basse vallée de la Medjerda et ses perspectives humaines. In: Annales de Géographie.
1956, t. 65, n°349. pp. 199-222.
doi : 10.3406/geo.1956.14287
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1956_num_65_349_14287199
LA MISE EN VALEUR
DE LA BASSE VALLÉE DE LA MEDJERDA
ET SES PERSPECTIVES HUMAINES
(Pl. VI-VII.)
La basse vallée de la Medjerda fait actuellement l'objet d'importants
travaux de modernisation et d'équipement, dans le cadre des plans quadrien
naux français. L'ordre de grandeur des investissements prévus pour l'ensemble
des barrages, canaux d'irrigation, stations hydroélectriques, travaux d'as
sainissement et de protection des sols contre l'érosion, serait d'une
vingtaine de milliards, dont 13 auront été dépensés au terme du second
quadriennat (1954-1957). Ces capitaux représentent près de 15 p. 100 de la
totalité des crédits engagés jusqu'ici pour l'équipement moderne de la Tunisie
(plans en cours). C'est dire l'ampleur et l'importance de l'effort consenti,
surtout si on rapproche ces sommes de celles consacrées, par exemple, à
l'industrie de transformation (1 milliard prévu au cours du second plan).
Si l'on se reporte aux considérations développées par les services officiels1,
il s'agirait, pour la Tunisie, de faire face à un problème qualifié de « dramat
ique »... : l'abaissement relatif des principales productions tunisiennes, par
rapport à Y accroissement des consommations, et particulièrement des consom
mations de produits importés. Un excessif gonflement démographique, doublé,
selon certaines statistiques, d'une élévation de la consommation par tête
d'habitant, entraînerait le creusement d'un fossé de plus en plus large entre
les besoins et les possibilités productives. Le problème demande à être
précisé. Même s'il y a augmentation dans les importations de certains
nouveaux produits de consommation, même si des besoins d'un caractère
différent se font jour avec l'évolution de certaines populations — en parti
culier des populations urbaines — , cela ne signifie pas que les niveaux de
vie s'accroissent au sein des populations rurales, qui demeurent les plus
nombreuses. Nous n'en voulons pour preuve que cet accroissement démog
raphique, qui va de pair avec un appauvrissement général de la paysannerie
dans un pays resté essentiellement agricole.
Appauvrissement dont la région de la Basse-Medjerda donne facilement une idée :
il suffît de se reporter aux premiers rapports administratifs faits sous le Protectorat,
à la fin du siècle dernier, pour y trouver des indications probantes. Vers 1896, les
« rapports sur l'organisation des cheikhats » soulignent l'aisance relative des populat
ions de PAriana, de La Manouba, de Kalaat-el-Andless ou de Tébourba, comme de
celles du Djebel Lansarine ou d'Aïn-Ghellal.... Le premier recensement nous montre
des populations peu nombreuses, disposant à leur gré de vastes espaces où elles
trouvaient toute la place nécessaire à des ensemencements annuels largement suffisants
1. A Paris : Rapport Général de la Commission a" Étude et de Coordination des Plans de Modern
isation et ď Équipement (Présidence du Conseil, juin 1954). — A Tunis, brochure éditée par
le Commissariat a la Mise en Valeur de la Vallée de la Medjerda (mars 1955). 200 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
et à un pâturage bien plus abondant que de nos jours (sur friches non débroussaillées
et sur jachères non travaillées).
A La Cebala de Bizerte, par exemple, 2 600 hab. disposaient de 600 chevaux,
2 500 bovins, 7 600 ovins-caprins, près de 30 000 oliviers, et ensemençaient 8 500 ha
pouvant produire 40 000 qx de grains par an (1896). Aujourd'hui (1949-1950), pour
11 800 hab., les terres annuellement ensemencées en céréales ne sont passées qu'à
10 000 ou 11 000 ha, dont 3 000 ou 4 000 en culture moderne ; production totale,
60 000 à 70 000 qx ; il y a 38 000 oliviers, près de 50 000 arbres fruitiers et 700 ha de
vigne ; le cheptel compte 800 à 900 chevaux, moins de 5 000 bovins, 9 000 à 10 000
ovins-caprins. Rapportées au nombre des habitants, les ressources ont considérabl
ement diminué : moins de 6 qx de grains, au lieu de 15 ; 3 oliviers, au .lieu de 10 ;
1/2 tête de gros bétail, au lieu de 1 ; moins d'une tête de petit bétail, au lieu de 3 par
habitant. La croissance de la production fruitière et viticole d'exportation, qui
d'ailleurs ne profite qu'à une minorité de cultivateurs modernes, ne compense pas une
diminution aussi considérable des productions vivrières de base.
Il en va de même dans le cheikhat plus montagneux d'Aïn-Ghellal : en 1896,
pour 1 280 hab., on y dénombrait : 1 540 bovins, 11 000 ovins et caprins, 1 450 ha
cultivés. En 1949-1950, pour 5 800 hab., 1 840 bovins, moins de 8 000 ovins-caprins,
5 000 à 6 000 ha de cultures annuelles. Si les défrichements intenses ont permis de
maintenir à peu près les surfaces ensemencées au même taux par habitant qu'à la
fin du siècle dernier, en revanche, cette extension de la monoculture céréalière se
traduit par une diminution extraordinaire des ressources en bétail : plus d'un bovin
et 9 ovins-caprins par habitant en 1896 ; bovins, 1/3 de tête, ovins-caprins, 1 1/2 tête
par habitant de nos jours, soit une diminution de l'ordre des deux tiers pour le gros
bétail et des cinq sixièmes pour le petit.
Le fait dominant demeure que l'accroissement démographique — dû
surtout à l'amélioration des conditions d'hygiène et aux succès remportés
dans la lutte contre les épidémies, mais peut-être aussi au progrès des méthodes
de recensement — et l'insuffisante augmentation des ressources mises à la
disposition de ces populations de plus en plus nombreuses créent en Tunisie,
comme dans toute l'Afrique du Nord, des problèmes angoissants. Les autorités
gouvernementales seraient donc fondées à parer au plus pressé, en cherchant
à augmenter par tous les moyens le rythme des productions de base faisant
vivre la population. Nous allons cependant voir, en étudiant cette région de
la Basse-Medjerda, où a été entrepris un grand effort d'amélioration du milieu
naturel et d'élévation des rendements agricoles, qu'il ne suffit pas de consi
dérer les problèmes sous un angle purement technique. La répartition et
l'utilisation des ressources, celles des moyens de production, l'orientation des
activités, c'est-à-dire, en définitive, les structures sociales et économiques,
sont largement responsables d'une situation qui pourrait continuer à s'aggra
ver, même dans le cadre de nouveaux progrès matériels. De lourds mécomptes
attendraient les du Plan de Mise en valeur de la Vallée de la
Medjerda, et surtout les gouvernements qui se borneraient à fournir des
moyens d'équipement et de modernisation, sans entreprendre parallèlement
d'étudier et de transformer les mauvaises conditions humaines qui existent
actuellement dans ce périmètre — et qui peuvent stériliser, du point de vue
social, toute l'œuvre réalisée à si grands frais. LA BASSE VALLÉE DE LA MEDJERDA 201
I. — Le milieu naturel en Basse-Medjerda
Le relief. — Du point de vue géologique, la basse vallée de la Medjerda
appartient en majeure partie à une région de subsidence et d'effondrement,
à laquelle se rattache aussi la zone du lac de Bizerte et du lac Ichkeul, dont
elle n'est séparée que par des plissements récents. L'enfoncement par subsi
dence et l'accumulation des dépôts continuent d'ailleurs de nos jours à carac
tériser la partie la plus orientale de cette plaine deltaïque. Au Nord-Ouest,
comme au Sud-Est, à partir de Djédeïda et de Tébourba, les djebels Lansa-
rine, Baouala, Bezina, Sakkak, Kechaba d'une part, les djebels Nahli, Ahmar
et Aïn-el-Krim, de l'autre, constituent les rameaux terminaux de l'Atlas
Saharien Nord-Occidental1. Sur cette région si caractérisée s'ouvre au Sud,
parla vallée de l'Oued Ghafrou, le bassin intérieur de La Mornaghia - Bordj-
el-Amri - Fuma, dominé

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