La mobilité sociale et professionnelle à la lumière de l échantillon démographique permanent : six approches longitudinales - article ; n°1 ; vol.316, pg 63-76
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Description

Economie et statistique - Année 1998 - Volume 316 - Numéro 1 - Pages 63-76
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur François Héran
La mobilité sociale et professionnelle à la lumière de
l'échantillon démographique permanent : six approches
longitudinales
In: Economie et statistique, N°316-317, Octobre 1998. pp. 63-76.
Citer ce document / Cite this document :
Héran François. La mobilité sociale et professionnelle à la lumière de l'échantillon démographique permanent : six approches
longitudinales. In: Economie et statistique, N°316-317, Octobre 1998. pp. 63-76.
doi : 10.3406/estat.1998.2649
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1998_num_316_1_2649MOBILITE SOCIALE LA
ET PROFESSIONNELLE
À LA LUMIÈRE DE L'ÉCHANTILLON
DÉMOGRAPHIQUE PERMANENT :
SIX APPROCHES LONGITUDINALES
permanent Un tous fil conducteur de » l'exploitation (désormais réunit EDP), d'une les textes une même base qui source, longitudinale composent l'« Échantillon ce de dossier données démographique : ils individuellrésultent
es, entretenue par l'Insee depuis trente ans. L'institut, en effet, est autorisé à
conserver, pour un échantillon d'individus représentant 1/100 de la population
résidant en métropole, les informations consignées dans les bulletins de recen
sements successifs (1968, 1975, 1982, 1990 et, bientôt, 1999). Validé par un
avis favorable de la Commission nationale de l'informatique et des libertés
(Cnil) et un décret du Conseil d'État, ce vaste panel sert de base à des études
de type démographique ou sociologique, à l'exclusion de tout usage administr
atif. Les chercheurs, sélectionnés par l'Insee, y ont accès sous une forme
rigoureusement anonyme.
L'EDP et le Longitudinal study : une exception franco-britannique
Au moment précis où les démographes français mettaient en place l'EDP, à la
fin des années 60, leurs collègues d'outre-Manche faisaient de même pour
l'Angleterre et le Pays de Galles : l'EDP a pour pendant le Longitudinal study,
bien connu des chercheurs britanniques. Pourquoi cette solution ? Ne suffisait-
il pas d'exploiter des registres de population correctement mis à jour ? Ce
recours était hors de portée, car la France et l'Angleterre comptaient, et compt
ent toujours, parmi les rares pays d'Europe à ne pas avoir de registres de
population. Ce point mérite une explication. Chez la plupart de nos voisins,
Benelux, Allemagne, Italie, Espagne, il est obligatoire de déclarer tout change
ment de résidence aux autorités locales. La composition détaillée du nouveau
foyer est consignée dans des registres communaux nominatifs, tenus à jour en
permanence. Ce système d'enregistrement a été développé à l'extrême dans
les pays d'Europe du Nord (Pays-Bas, Danemark, Norvège, Suède, Finlande),
fidèles à la tradition du « contrôle des âmes » assuré par les pasteurs. Les
registres de population y sont centralisés par le biais d'identifiants individuels,
ce qui permet virtuellement à l'administration de suivre chaque foyer dans ses
déplacements successifs. Ces mêmes pays peuvent ainsi rapprocher au
niveau individuel des fichiers nationaux d'origine diverse (Sécurité sociale, fisc,
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 316-317, 1998 - 6/7 63 logement, migrations, etc.), au point que le Danemark, les Pays-Bas et, scolarité,
bientôt, la Norvège et la Finlande, se passent désormais de recensement : il leur
suffit d'interconnecter leurs principaux fichiers de population, dans un cadre légal
strictement défini, pour localiser la population en temps réel et la décrire dans sa
diversité.
Rien de tel en France ou en Angleterre, où ces registres de population sont
inconnus. On comprend que les démographes français spécialisés dans l'étude
des migrations internes fassent aujourd'hui le pèlerinage d'Oslo ou de
Stockholm pour faire tourner leurs modèles : les changements de résidence y
sont enregistrés en continu, avec des durées de séjour complètes qui se prêtent
particulièrement bien à la mise en œuvre des « modèles de durée » . Mais on com
prend aussi que la solution Scandinave ne soit pas à l'ordre du jour dans les pays
soucieux de renforcer, en amont, la protection de la vie privée. Que ce soit l'Insee,
la Cnil ou l'opinion publique en général, tout le monde s'accorde aujourd'hui
à préférer la formule classique du recensement à celle d'une fusion systématique
et permanente des fichiers administratifs.
On ne s'attardera pas ici sur les raisons historiques ou culturelles de cette except
ion franco-britannique (il serait intéressant de savoir pourquoi le projet qu'eut
Napoléon d'instaurer des registres locaux de population a si vite tourné court).
L'essentiel est de noter que la statistique publique française ne dispose pas
aujourd'hui des moyens de suivre en permanence les déplacements de la popul
ation. Ainsi, le Répertoire national d'identification des personnes physiques
confié à l'Insee (RNIPP) ne contient, outre les éléments de base du « numéro de
Sécurité sociale » et la mention éventuelle du décès, que les nom et prénoms de
l'intéressé : les adresses personnelles n'y figurent pas. Quant aux bulletins ind
ividuels du recensement conservés par les directions régionales de l'Insee
jusqu'au recensement suivant et dûment protégés par la loi de 1 951 sur le secret
statistique, ils ne constituent pas un registre local de population : il suffit
de déménager au lendemain du recensement pour que la localisation individuelle
devienne impossible.
Comment l'EDP s'insère-t-il dans ce dispositif ? C'est bien une base d'études
longitudinale, puisqu'il permet de suivre les mêmes personnes d'un recensement
à l'autre. Ce n'est pas pour autant un registre de population à la mode Scandinave.
D'abord, parce qu'il n'est pas exhaustif : il s'agit, rappelons-le, d'un échantillon
au 1/100. Ensuite, parce qu'il ne donne pas l'adresse complète des personnes
mais seulement la commune de résidence. Enfin et surtout, parce qu'il ne peut
ni décrire ni dater les changements de commune survenus dans le long intervalle
qui sépare deux recensements. On a coutume de comparer l'enquête transver
sale à une photographie et le suivi longitudinal au tournage d'un film. Si l'on veut
filer la métaphore, on dira que l'EDP occupe, en quelque sorte, la position inte
rmédiaire d'un roman-photo dont les prises de vue seraient séparées de longs
intervalles - soit les sept à neuf ans qui courent entre deux recensements ! Si la
description réitérée des mêmes personnes lui confère son caractère longitudinal,
ce n'est pas encore la base d'études dont rêve le spécialiste des biographies
professionnelles ou migratoires : il raconte bien une histoire, mais cette histoire
est fragmentaire.
Pour combler partiellement cette lacune, les concepteurs de l'EDP ont imaginé,
comme pour son équivalent britannique, d'insérer dans la base d'études les pri
ncipaux événements en provenance de l'état civil : naissance, mariages, décès,
64 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 316-317, 1998 - 6/7 naissances des enfants, reconnaissances, avec, si possible, les communes de
résidence et les professions enregistrées à ces occasions. Ainsi enrichie, la
biographie familiale, professionnelle et résidentielle n'en reste pas
moins incomplète : la saisie des professions dans l'état civil ne saurait avoir
la même précision qu'au recensement ; il y manque la formation des unions de
fait, de même que le divorce (donnée d'origine juridique plus complexe
à recueillir) ; il y manque aussi la datation des changements de commune qui
surviennent en dehors des mariages ou des naissances. Une fois les enfants
nés et les mariages conclus, la biographie résidentielle et professionnelle des
couples se limite aux données recueillies à l'occasion des recensements ; elle
devient aussi pauvre en événements enregistrés que celle des célibataires.
Peut-on exploiter l'EDP comme un registre de population ?
Malgré ces lacunes, peut-on envisager d'exploiter l'EDP ainsi enrichi par l'état
civil comme s'il s'agissait d'un registre de population de type nordique ? C'est
la question que se sont posée Daniel Courgeau, Eva Leli

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