Le ralentissement de la productivité du travail au cours des années 1990 : l impact des politiques d  emploi - article ; n°1 ; vol.376, pg 3-23
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Economie et statistique - Année 2004 - Volume 376 - Numéro 1 - Pages 3-23
Le ralentissement de la productivité du travail au cours des années 1990: l’impact des politiques d’emploi
Au début des années 1990, la productivité du travail s’est infléchie en France. Le taux de croissance annuel de la productivité par salarié dans le secteur marchand non agricole a décru de 2 % par an sur la période 1982-1992 à 0,7 % sur la période 1993-2002. Ce ralentissement s’est traduit par un enrichissement apparent de la croissance en emploi de 1 600 000 personnes entre 1993 et 2002, localisé essentiellement dans les secteurs des services. De nombreux travaux ont été menés sur ce sujet, sur données micro ou macroéconomiques, sans qu’aucun d’eux ne puisse prétendre rendre compte du phénomène de manière entièrement satisfaisante. La baisse des gains de productivité du travail en France est analysée ici à partir de données macroéconomiques trimestrielles portant sur le secteur marchand non agricole. Une équation d’emploi est estimée en s’attachant aux déterminants de long terme. Plusieurs variables permettent de rendre compte de la baisse des gains de productivité: évolution de la durée du travail, coût du travail et coût relatif des facteurs de production •capital, travail qualifié et peu qualifié –, part dans l’emploi des travailleurs à temps partiel. Les équations sont estimées pour l’ensemble du secteur marchand non agricole, puis, de manière séparée, pour les branches manufacturière et non manufacturière, afin de prendre en compte la forte croissance de l’emploi dans les services. La réduction de la durée travaillée et celle du coût relatif du travail peu qualifié par rapport au travail qualifié ont contribué à la baisse des gains de productivité du travail. Ils se sont vraisemblablement accompagnés d’un ralentissement de la productivité tendancielle.
Verlangsamung der Arbeitsproduktivität in den 1990er Jahren: Auswirkungen der Beschäftigungspolitiken
Anfang der 1990er Jahre ging die Arbeitsproduktivität in Frankreich zurück. Die jährliche Wachstumsrate der Produktivität pro Arbeitnehmer im nichtlandwirtschaftlichen marktbestimmten Sektor ging von 2 % im Zeitraum 1982-1992 auf 0,7 % im Zeitraum 1993-2002 zurück. Ihren Niederschlag fand diese Verlangsamung in einem sichtbaren Beschäftigungswachstum um 1 600 000 Personen zwischen 1993 und 2002, im Wesentlichen in den Dienstleistungssektoren. Zu diesem Thema wurden anhand mikro-oder makroökonomischer Daten zahlreiche Arbeiten durchgeführt, die aber allesamt keine zufriedenstellende Erklärung für dieses Phänomen lieferten. Der Rückgang der Arbeitsproduktivitätsgewinne in Frankreich wird hier mittels vierteljährlicher makroökonomischer Daten des nichtlandwirtschaftlichen marktbestimmten Sektors analysiert. Geschätzt wird eine Beschäftigungsgleichung mit langfristigen Determinanten. Mehrere Variablen geben Aufschluss über den Rückgang der Produktivitätsgewinne: Entwicklung der Arbeitszeit, Arbeitskosten und Kosten der Produktionsfaktoren (Kapital, qualifizierte und wenig qualifizierte Arbeit), Anteil der Teilzeitbeschäftigten an der Beschäftigung. Die Gleichungen werden zunächst für den gesamten nichtlandwirtschaftlichen marktbestimmten Sektor und danach getrennt für das verarbeitende und das nicht verarbeitende Gewerbe geschätzt, um das starke Beschäftigungswachstum im Dienstleistungssektor berücksichtigen zu können. Die Verkürzung der Arbeitszeit und die Reduzierung der Kosten der wenig qualifizierten Arbeit gegenüber der qualifizierten Arbeit trugen zum Rückgang der Arbeitsproduktivitätsgewinne bei. Vermutlich ging damit eine Verlangsamung der Trendproduktivität einher.
La disminución de la productividad laboral en los años noventa: el impacto de las políticas de empleo
A principios de los noventa, la productividad laboral se ha ralentizado en Francia. La tasa de crecimiento anual de la productividad por asalariado en el sector comercial no agrícola ha pasado del 2 % al año en el periodo 1982-1992 al 0,7 % en el periodo 1993-2002. Esta disminución ha ido junto con un aparente enriquecimiento del crecimiento en empleo de 1 600 000 personas entre 1993 y 2002, localizado esencialmente en los sectores de servicios. Aunque muchos estudios han tratado el tema, con datos micro o macroeconómicos, ninguno ha conseguido dar cuenta del fenómeno de manera satisfactoria. La baja de las ganancias de productividad laboral en Francia se analiza aquí a partir de datos macroeconómicos trimestrales sobre el sector comercial no agrícola. Se realiza una ecuación de empleo basada en los determinantes de largo plazo. Muchas variables permiten dar cuenta de la baja de las ganancias de productividad: evolución de la duración laboral, coste laboral y coste relativo de los factores de producción •capital, trabajo cualificado y poco cualificado –, proporción en el empleo de los trabajadores a tiempo parcial. Las ecuaciones se realizan aquí para la totalidad del sector commercial no agrícola, y luego por separado, para las ramas fabril y no fabril, para tener en cuenta el fuerte crecimiento del empleo en los servicios. La reducción de la duración laborada y la del coste relativo del trabajo poco cualificado en comparación con el trabajo cualificado han contribuido a la baja de las ganancias de productividad laboral. Han ido a la par con una disminución de la productividad tendencial.
The Slowdown in Labour Productivity in the 1990s: The Impact of The Employment Policies
Labour productivity fell in France in the early 1990s. The annual growth rate in productivity per employee in the non-agricultural market sector fell from 2% per year over the 1982-1992 period to 0.7% over the 1993-2002 period. This slowdown was reflected by an apparent employment upturn of 1,600,000 people from 1993 to 2002, centred mainly in the service sectors. Many papers based on micro-and macroeconomic data have been published on this subject, although none have been able to claim to give an entirely satisfactory explanation of the phenomenon. The drop in labour productivity gains in France is analysed here based on quarterly macroeconomic data for the non-agricultural market sector. An employment equation is estimated with a focus on long-term determinants. A number of variables can explain the drop in productivity gains: the change in working hours, the cost of labour and the relative cost of inputs •capital and skilled and unskilled labour •and the proportion of part-time workers in employment. The equations are estimated for the entire non-agricultural market sector and then separately for the manufacturing and nonmanufacturing sectors to take into account the strong employment growth in services. The shorter working week and reduction in the relative cost of unskilled labour compared with skilled labour both contributed to the downturn in labour productivity gains, which were probably accompanied by a slowdown in underlying productivity.
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 32
Langue Français

Extrait

PRODUCTIVIT
Le ralentissement de la productivité du travail au cours des années 1990 : l’impact des politiques d’emploi Pierre-Olivier Beffy et Nathalie Fourcade*
Au début des années 1990, la productivité du travail s’est infléchie en France. Le taux de croissance annuel de la productivité par salarié dans le secteur marchand non agricole a décru de 2 % par an sur la période 1982-1992 à 0,7 % sur la période 1993-2002. Ce ralentissement s’est traduit par un enrichissement apparent de la croissance en emploi de 1 600 000 personnes entre 1993 et 2002, localisé essentiellement dans les secteurs des services. De nombreux travaux ont été menés sur ce sujet, sur données micro ou macroéconomiques, sans qu’aucun d’eux ne puisse prétendre rendre compte du phénomène de manière entièrement satisfaisante. La baisse des gains de productivité du travail en France est analysée ici à partir de données macroéconomiques trimestrielles portant sur le secteur marchand non agricole. Une équation d’emploi est estimée en s’attachant aux déterminants de long terme. Plusieurs variables permettent de rendre compte de la baisse des gains de productivité : évolution de la durée du travail, coût du travail et coût relatif des facteurs de production capital, travail qualifié et peu qualifié –, part dans l’emploi des travailleurs à temps partiel. Les équations sont estimées pour l’ensemble du secteur marchand non agricole, puis, de manière séparée, pour les branches manufacturière et non manufacturière, afin de prendre en compte la forte croissance de l’emploi dans les services. La réduction de la durée travaillée et celle du coût relatif du travail peu qualifié par rapport au travail qualifié ont contribué à la baisse des gains de productivité du travail. Ils se sont vraisemblablement accompagnés d’un ralentissement de la productivité tendancielle.
* Pierre-Olivier Beffy appartient à l’OCDE et Nathalie Fourcade à la Direction Générale du Trésor et de la Politique Économique (DGTPE). Au moment de la rédaction de cet article, les auteurs faisaient partie de la division Croissance et politiques macroéconomiques de l’Insee. Cet article n’engage que ses auteurs : il ne reflète pas la position de l’Insee, de l’OCDE ou de la DGTPE. Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article. Les auteurs remercient Hélène Baron et Ronan Mahieu qui ont participé à une version antérieure de cet article, Didier Blanchet, Nicolas Carnot, Benjamin Delozier, Eric Dubois, Stéphane Gregoir, Selma Mahfouz et Paul-Emmanuel Piel pour leur assistance et leurs commentaires, ainsi que les deux rapporteurs anonymes d’ Économie et Statistique pour leurs précieuses remarques. Ils ont également bénéficié des réflexions du groupe de travail Dares-DPAE-Insee sur l’emploi. Les erreurs qui subsisteraient leur sont entièrement imputables.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 376-377, 2004
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A tur advéabilu ts deesst  ainnfnlééecsh i1e9 e9n0 ,F lraa nprcoe.d uLcet itvaiutéx  ddue croissance annuel de la productivité par salarié dans le secteur marchand non agricole (SMNA) est passé de 2 % par an sur la période 1982-1992 à 0,7 % par an sur la période 1993-2002 (1). Ce ralentissement s’est traduit par un enrichisse-ment apparent de la croissance en emploi de 1 600 000 personnes entre 1993 et 2002, loca-lisé essentiellement dans les secteurs des servi-ces (Lerais, 2001). De nombreux travaux ont été menés sur ce sujet, à partir de données micro ou macroéconomiques, sans qu’aucun ne puisse prétendre  rendre compte du phénomène de manière entièrement satisfaisante. Si les études microéconomiques permettent de décrire cet infléchissement de manière fine, en tenant compte des comportements hétérogènes des fir-mes, des salariés et des secteurs, les études macroéconomiques ont un intérêt pratique : les équations d’emploi agrégées fournissent en effet des coefficients facilement interprétables, et s’insèrent aisément dans les modèles macro-économétriques utilisés par de nombreux orga-nismes pour faire des prévisions. C’est cette seconde optique qui est adoptée ici. Plusieurs études ont tenté d’introduire dans les équations d’emploi macroéconomiques des variables explicatives de la baisse des gains de productivité telles que la variation de la durée travaillée ou l’impact des mesures favorables à l’emploi. Duchêne, Forgeot et Jacquot (1997) et Gonzalez-Demichel, Ménard et Nauze-Fichet (2000) ne parviennent à rendre compte que par-tiellement du phénomène. L’Horty et Rault (2002), utilisant des données de la base 1980 des comptes trimestriels français, montrent que la prise en compte des heures travaillées et du coût du travail permet un ajustement satisfai-sant, mais leur période d’étude (1976-1996) ne couvre qu’une partie de la période correspon-dant au ralentissement de la productivité du tra-vail, et l’équation estimée jusqu’en 1992 sous-estime l’emploi dans les secteurs non industriels entre 1993 et 1996. Dans ces conditions, la plu-part des équations d’emploi macroéconomiques (par exemple celle de l’emploi non manufactu-rier dans le modèle MÉSANGE élaboré par la Direction de la Prévision et de l’Analyse Écono-mique et l’Insee) modélisent le ralentissement de la productivité sous la forme d’une rupture de la tendance exogène de la productivité de long terme du travail. Une telle spécification permet un ajustement satisfaisant de l’équation aux données sur le passé, mais ne fournit aucun élé-ment explicatif sur la baisse des gains de pro-ductivité. Elle ne donne donc pas d’indication
sur la manière de prolonger la tendance exogène de la productivité du travail dans le futur. C’est en quoi elle pose problème en prévision. (1) Le ralentissement de la productivité du travail en France est étudié ici à partir de données macro-économiques trimestrielles portant sur le secteur marchand non agricole. On estime une équation d’emploi en s’attachant aux déterminants de long terme. Plusieurs variables permettent de rendre compte de la baisse des gains de productivité : évolution de la durée du travail, coût du travail et coût relatif des facteurs de production (capital, travail qualifié et peu qualifié), part dans l’emploi des travailleurs à temps partiel. Les équations sont estimées pour l’ensemble du secteur mar-chand non agricole, et, de manière séparée, pour les branches manufacturière et non manufactu-rière, le ralentissement de la productivité du tra-vail concernant essentiellement les services. La réduction de la durée travaillée et celle du coût relatif du travail peu qualifié ont contribué à la baisse des gains de productivité. Ils se sont vrai-semblablement accompagnés d’un ralentisse-ment de la productivité tendancielle. Un cadre explicatif du ralentissement de la productivité du travail ’équation d’emploi utilisée dans cet article L est une équation de demande de travail de la part des entreprises. Leur comportement résulte d’un programme d’optimisation classi-que dans les modèles macroéconométriques, décrit dans l’encadré 1. On suppose qu’il existe trois facteurs de production substituables : le capital, le travail non qualifié et le travail quali-fié. Dans ce cadre, le volume d’emploi dépend du niveau d’activité, de la productivité tendan-cielle du travail, de sa durée, de son coût moyen, ainsi que du coût relatif du travail peu qualifié par rapport au travail qualifié. Les variables retenues et le champ de l’étude Les graphiques montrant l’évolution des varia-bles utilisées et qui ont valeur d’illustration générale sur la période sont regroupés annexe 3. 1. Le secteur marchand non agricole (SMNA) désigne les bran-ches EB à EP selon la nomenclature NES. Le secteur manufactu-rier regroupe les branches EC à EF, soit les industries automobile, des biens de consommation, des biens d’équipement et intermé-diaires. Le secteur non manufacturier contient les autres bran-ches du champ EB-EP.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 376-377, 2004
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