Le travail bénévole : un essai de quantification et de valorisation - article ; n°1 ; vol.373, pg 33-56
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Economie et statistique - Année 2004 - Volume 373 - Numéro 1 - Pages 33-56
Le travail bénévole: un essai de quantification et de valorisation
La mesure de la ressource économique que constitue le travail bénévole réalisé dans le cadre d’un organisme, le plus souvent une association, est un exercice qui devrait être stimulé par la perspective de la construction d’un compte satellite des institutions sans but lucratif. Il s’agit toutefois d’une opération délicate qui, du fait des incertitudes qui lui sont inhérentes, gagne à être menée à partir d’enquêtes réalisées aussi bien en direction des organismes d’accueil des bénévoles qu’auprès des individus eux-mêmes. Sa première étape consiste à quantifier le bénévolat à l’aune d’une unité de temps. L’exploitation de l’enquête
Vie associative, réalisée auprès des ménages par l’Insee en octobre 2002, conduit ainsi à estimer cette ressource à 820 000 emplois «équivalents temps plein» pour la France métropolitaine. Les domaines du sport, des loisirs et de la culture bénéficient, à eux seuls, de près de la moitié de cet apport. La valorisation monétaire de ce temps donné est un exercice qui rencontre les réticences de nombreux économistes, mais aussi celles des acteurs associatifs eux-mêmes. Cette valorisation est confrontée également à plusieurs difficultés, d’ordre aussi bien théorique qu’empirique. Les estimations obtenues ici à partir de l’enquête Vie associative, sur la base de la méthode des coûts de remplacement, doivent donc être appréhendées avec prudence. Elles suggèrent, cependant, qu’une valeur monétaire imputée de cette façon au bénévolat pourrait se situer dans une fourchette de 12 à 17 milliards d’euros, soit de 0,75 % à un peu plus de 1 % du PIB, selon les variantes de la méthode retenue.
An Attempt at a Quantification and Valuation of Voluntary Work
The measurement of the economic resource of voluntary work for an organisation, generally an association, should be encouraged by the prospect of building a satellite account of non-profit institutions. It is nevertheless a tricky operation which, due to its inherent uncertainties, gains from being based on surveys of the bodies for which volunteers work and the individuals themselves. The first step is to quantify voluntary work with a unit of time. Use of INSEE’s October 2002 Vie Associative
(Civil Society) survey of households provides an estimate of this resource at 820,000 •full-time equivalent” jobs in mainland France. Sport, leisure and culture alone account for nearly half of these. Many economists, and also civil society players themselves, are reluctant about putting a monetary value to this given time. Such a valuation also faces many theoretical and empirical problems. The estimates obtained based on the Vie Associative survey and using the replacement costs method should therefore be viewed with care. However, they do suggest that a monetary value imputed in this way for voluntary work could be situated at around the •12 to •17 billion mark, or 0.75% to just over 1% of GDP, depending on the variants of the method used.
Ehrenamtliche Tätigkeit: Versuch einer Quantifizierung und einer Bewertung
Bei der Messung der wirtschaftlichen Ressource, die die ehrenamtliche Tätigkeit innerhalb einer Einrichtung, in der Regel eines Verbandes darstellt, müsste die Perspektive der Erstellung eines Satellitenkontos der gemeinnützigen Einrichtungen als Anreiz dienen. Hierbei handelt es sich allerdings um ein heikles Vorhaben, das aufgrund seiner inhärenten Unsicherheiten eher anhand von Umfragen bei Einrichtungen, die ehrenamtliche Mitarbeiter beschäftigen, wie auch bei den Individuen selbst durchgeführt werden müsste. Die erste Etappe besteht in der Quantifizierung der ehrenamtlichen Tätigkeit gemäß einer Zeiteinheit. Die Auswertung der Erhebung Vereinswesen, die das INSEE im Oktober 2002 bei Haushalten vornahm, ermöglicht so eine Schätzung dieser Ressource für Kontinentalfrankreich auf 820 000 «Vollzeitäquivalente der Erwerbstätigkeit». Allein auf die Bereiche Sport, Freizeit und Kultur entfällt fast die Hälfte davon. Die monetäre Bewertung der für eine ehrenamtliche Tätigkeit gewidmeten Zeit stößt bei zahlreichen Ökonomen, aber auch bei den Verbandsakteuren auf Vorbehalte. Auch ist diese Bewertung mit mehreren Schwierigkeiten verbunden, sowohl theoretischer als auch empirischer Art. Deshalb müssen die in diesem Artikel anhand der Erhebung Vereinswesen vorgenommenen Schätzungen nach der Methode der Ersatzkosten mit Umsicht interpretiert werden. Allerdings lassen sie den Schluss zu, dass ein monetärer Wert, der auf diese Weise für die ehrenamtliche Tätigkeit errechnet wird, innerhalb einer Bandbreite von 12 bis 17 Milliarden Euro liegen könnte, das sind zwischen 0,75 % und etwas mehr als 1 % des BIP, je nach den Varianten der gewählten Methode.
El trabajo benévolo: un intento de cuantificación y de valorización
La medición del recurso económico que constituye el trabajo benévolo realizado en el marco de un organismo, muy a menudo una asociación, es una tarea que debería estar estimulada por la perspectiva de la elaboración de una cuenta satélite de los entes sin fines de lucro. Es sin embargo una operación difícil que, debido a unas cuantas incertidumbres que son propias de esta, merece ser llevada a cabo a partir de unas encuestas realizadas tanto acerca de los organismos de acogida de los benévolos como acerca de los propios individuos. Su primera etapa consiste en cuantificar el trabajo benévolo según una unidad de tiempo. La explotación de la encuesta Vida asociativa, llevada a cabo entre los hogares por el Insee en octubre de 2002, nos lleva a valorar este recurso en unos 820 000 empleos «equivalentes tiempo completo» para la Francia metropolitana. Los ámbitos del deporte, del ocio, y de la cultura se benefician de casi la mitad de esa aportación. La valorización monetaria de ese tiempo dado es un ejercicio que se choca con las reticencias de numerosos economistas, y también con las de los mismos actores asociativos. Esta valorización se confronta igualmente a varias dificultades, de tipo tanto teórico como empírico. Las estimaciones registradas aquí a partir de la encuesta Vida asociativa, basadas en el método de los costes de reemplazo, deben por supuesto valorarse con prudencia. Estas sugieren, sin embargo, que un valor monetario imputado de este modo al trabajo benévolo podría situarse en unos 12 a 17 miles de millones de euros, o sea entre el 0,75 % y un poco más del 1 % del PIB, según las variantes del método escogido.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2004
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Langue Français

Extrait

VIE ASSOCIATIV
Le travail bénévole : un essai de quantification et de valorisation
Lionel Prouteau et François-Charles Wolff*
La mesure de la ressource économique que constitue le travail bénévole réalisé dans le cadre d’un organisme, le plus souvent une association, est un exercice qui devrait être stimulé par la perspective de la construction d’un compte satellite des institutions sans but lucratif. Il s’agit toutefois d’une opération délicate qui, du fait des incertitudes qui lui sont inhérentes, gagne à être menée à partir d’enquêtes réalisées aussi bien en direction des organismes d’accueil des bénévoles qu’auprès des individus eux-mêmes.
Sa première étape consiste à quantifier le bénévolat à l’aune d’une unité de temps. L’exploitation de l’enquêteVie associative, réalisée auprès des ménages par l’Insee en octobre 2002, conduit ainsi à estimer cette ressource à 820 000 emplois « équivalents temps plein » pour la France métropolitaine. Les domaines du sport, des loisirs et de la culture bénéficient, à eux seuls, de près de la moitié de cet apport.
La valorisation monétaire de ce temps donné est un exercice qui rencontre les réticences de nombreux économistes, mais aussi celles des acteurs associatifs eux-mêmes. Cette valorisation est confrontée également à plusieurs difficultés, d’ordre aussi bien théorique qu’empirique. Les estimations obtenues ici à partir de l’enquêteVie associative, sur la base de la méthode des coûts de remplacement, doivent donc être appréhendées avec prudence. Elles suggèrent, cependant, qu’une valeur monétaire imputée de cette façon au bénévolat pourrait se situer dans une fourchette de 12 à 17 milliards d’euros, soit de 0,75 % à un peu plus de 1 % du PIB, selon les variantes de la méthode retenue.
*Lionel Prouteau appartient au LEN-CEBS de la Faculté des Sciences économiques de l’Université de Nantes. François-Charles Wolff appartient au LEN-CEBS de la Faculté des Sciences économiques de l’Université de Nantes, à la Direction des Recherches de la Cnav et à l’Ined. Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article. Les auteurs remercient Edith Archambault pour l’attention qu’elle a bien voulu porter à une version préliminaire de cet article, ainsi que trois rapporteurs anonymes pour leurs remarques, tout en restant évidemment seuls responsables des erreurs qui demeureraient.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 373, 2004
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’attention portée par l’économiste au béné-Lvolat peut emprunter plusieurs voies. La première d’entre elles relève d’une approche de type microéconomique. Il s’agit alors de cerner les motivations du comportement bénévole et sa sensibilité à certaines variables socio-économi-ques comme le revenu, le coût du temps, la com-position de la sphère familiale, etc. L’intérêt se porte également sur l’interaction possible entre ce type de participation au bien commun et des contributions de nature différente, tout particu-lièrement celles qui prennent la forme de dons monétaires. Les travaux interrogent aussi l’effet possible des dépenses publiques sur le don de temps dès lors qu’elles poursuivent des objectifs qui recoupent, au moins partiellement, ceux des associations et de leurs bénévoles. Les études sur ces sujets, d’abord d’origine anglo-saxonne, deviennent progressivement plus riches et plus diversifiées, même si de nombreuses zones d’ombre perdurent (Prouteau, 2002). En parti-culier, les recherches sur les comportements de demande de temps non rémunéré des organis-mes qui accueillent les bénévoles demeurent rares. Cette carence était déjà soulignée il y a une quinzaine d’années par Steinberg (1990). Elle reste, pour l’essentiel, d’actualité. La préoccupation qui préside à l’étude du béné-volat peut être d’un ordre plus macroéconomi-que. L’enjeu est, dans ce cas, plus particulière-ment de mesurer l’importance que représente cette ressource qui contribue à la production de richesses. Cette seconde approche se trouve être aujourd’hui stimulée par le projet de réalisation d’un compte satellite des institutions sans but lucratif (Archambault et Kaminski, 2003). Cette perspective, mise à l’ordre du jour par la com-mission statistique de l’ONU, peut s’appuyer désormais sur un manuel rédigé par des cher-cheurs de l’université américaine Johns Hopkins de Baltimore (United Nations, 2003), et sur les expériences pilotes de plusieurs pays qui ont d’ores et déjà publié une première version de ce compte satellite conforme au manuel (1). En France, l’Insee poursuit des travaux préparatoi-res dans cette direction. Un compte satellite «répond à un besoin fort de connaître plus précisément l’économie d’un domaine», dès lors que ce besoin ne peut être entièrement satisfait dans le cadre des contrain-tes du cadre central de la comptabilité nationale (Braibant, 1994). L’objectif poursuivi est de se libérer de certaines de ces contraintes tout en préservant un degré suffisant de cohérence avec ce cadre. Le compte satellite permet ainsi «de prendre en considération des caractéristiques
propres au champ étudié (Mertens, 2002, » p. 247). Le compte satellite des institutions sans but lucratif et la mesure du bénévolat L’important recours au bénévolat représente indubitablement une des caractéristiques essen-tielles des institutions sans but lucratif (ISBL). Ainsi, aux États-Unis, ce sont les organismes du Non-Profit Sectorqui accueillent la majorité des bénévoles formels, c’est-à-dire des personnes qui rendent des services non rémunérés dans un cadre organisé (Hodgkinsonet al., 1996). C’est également, et plus nettement encore, le cas en France pour les associations (Prouteau et Wolff, 2004a). Or, «la frontière opérationnelle de la production» (Mertens, 2002, p. 142) qui est à l’œuvre dans la comptabilité nationale exclut la prise en compte de tels services réalisés pour des tiers sur une base volontaire. La question de la contribution du bénévolat à la production associative et par conséquent celle de sa mesure sont donc tout naturellement amenées à retenir une attention particulière dans le cadre du compte satellite des ISBL. C’est dans cette optique de mesure que l’on se situe ici en abordant certaines des difficultés de l’exercice mais aussi en précisant les enjeux d’opérations qui ne sont pas réducti-bles à leur seul aspect technique ou statistique. Car mesurer, c’est évaluer une réalité à l’aune d’un étalon dont le choix peut poser problème. Différentes estimations de la ressource béné-vole, telles qu’elles ont été obtenues par des investigations réalisées sur les données recueillies par l’enquêteVie associative con-duite par l’Insee en octobre 2002, sont aussi proposées (cf. encadré 1).(1) Ces estimations ne doivent toutefois pas prêter à malentendu. Elles ont un caractère exploratoire et servent à illustrer les différentes méthodes susceptibles d’être mises en œuvre. Même si les ordres de grandeur présentés sont des indica-tions utiles auxquelles pourront être confrontés les résultats qui seront obtenus dans le cadre d’un compte satellite des ISBL, ils ne sauraient être confondus avec ces derniers. Ils en diffèrent même certainement puisque le périmètre du bénévolat envisagé dans cet article est manifes-tement plus large que celui qui sera retenu dans le compte satellite. Ce dernier a en effet voca-tion à ne considérer que les seules ISBL, 1. En Europe, il s’agit de l’Italie et de la Belgique.
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