Quitter le nid : entre forces centripètes et centrifuges - article ; n°1 ; vol.381, pg 147-175
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Economie et statistique - Année 2005 - Volume 381 - Numéro 1 - Pages 147-175
La façon dont les jeunes quittent le domicile de leurs parents s'est modifiée pendant les vingt dernières années sous l'effet de la poursuite massive des études supérieures et des fluctuations du chômage. L'augmentation de la co-résidence avec les parents de 1984 à 1996 est venue pour l'essentiel du développement des études supérieures, même si paradoxalement les étudiants ont de moins en moins co-résidé sur la période. Entre 1996 et 2002 au contraire, la co-résidence a diminué avec la baisse du chômage. Même si le taux de co-résidence des enfants actifs a légèrement augmenté sur la période 1984-2002, le fait pour un enfant de gagner sa vie marque toujours logiquement le signal du départ. En revanche, la manière dont le revenu parental influence le choix des jeunes adultes de quitter le domicile de leurs parents reste mal connue. Certains auteurs trouvent un léger effet positif compatible avec l'hypothèse de parents « altruistes » aidant leur enfant à partir, mais d'autres on mis en évidence un effet négatif qu'ils interprètent comme le signe que les parents souhaitent retenir leur enfant au domicile. En fait, il semble que l'altruisme peut s'exprimer par plusieurs voies. Soit davantage de revenu parental augmente la consommation de l'enfant indépendant et encourage donc son départ, soit davantage de revenu parental accroît plus sa consommation quand il co-réside et le pousse au contraire à rester. En outre, plus de confort chez les parents, c'est-à-dire un transfert « en nature » sous forme de logement, doit inciter à rester. Ne pas prendre en compte les caractéristiques du logement parental biaise donc les résultats.
Dejar el nido: entre fuerzas centrípetas y centrífugas
La manera como los jóvenes dejan el domicilio de los padres se ha modificado en los últimos veinte años bajo la influencia de un aumento masivo de los jóvenes universitarios y de las flutuaciones del paro. El aumento de la co-residencia con los padres de 1984 a 1996 se ha debido esencialmente al desarrollo de los estudios superiores, aunque paradójicamente los estudiantes hayan co-residido cada vez menos en el periodo. Entre 1996 y 2002 al contrario, la co-residencia ha disminuido con la baja del paro. Aunque la tasa de co-residencia de los hijos activos haya aumentado un poco en el periodo 1984-2002, el hecho para un hijo de ganarse la vida marca lógicamente la señal de partida. En cambio, la manera como la renta de los padres influye en la decisión de los jóvenes adultos de dejar el domicilio de sus padres sigue siendo mal conocida. Algunos autores señalan un pequeño efecto positivo compatible con la hipótesis de padres «altruistas» que ayudan a su hijo a irse, pero otros han puesto de manifiesto un efecto negativo que interpretan como el signo de que los padres desean retener a su hijo. En realidad, parece que el altruismo puede expresarse por unas vías diferentes. O bien más renta de los padres aumenta el consumo del hijo independiente y favorece por tanto su partida, o bien más renta de los padres aumenta el consumo del hijo cuando co-reside y le incita al contrario a quedarse. Además, más confort en casa de los padres, es decir una transferencia «en especie» bajo la forma de un alojamiento, debe incitar a quedarse. El no tener en cuenta las características de la vivienda de los padres cambia por tanto los resultados. Al experimentar esas hipótesis con la ayuda de la encuesta Logement de 2002, se valora que los hijos de las familias más humildes y de las más acomodadas tienen mayores posibilidades de irse. Pero la calidad de la casa de los padres •en sentido amplio •importa. Su localización es primordial. El disponer de menos espacio incita a irse, así como la falta de intimidad debida a la presencia de un padrastro o de una madrastra. Si razonamos a partir de viviendas parentales de misma calidad, observamos que los hijos, sobre todo los más jóvenes, se van tanto más que sus padre les ayudan.
Verlassen des Elternhauses : zwischen Zentripetal-und Zentrifugalkräften
Die Art, wie die Jugendlichen ihr Elternhaus verlassen, hat sich in den letzten zwanzig Jahren aufgrund des massiven Anstiegs der Anzahl Studierender und der Schwankungen der Arbeitslosigkeit verändert. Dass das Zusammenleben mit den Eltern zwischen 1984 und 1996 zunahm, ist im Wesentlichen auf das vermehrte Absolvieren eines Studiums zurückzuführen, auch wenn die Studierenden paradoxerweise im gleichen Zeitraum immer weniger zu Hause wohnten. Zwischen 1996 und 2002 nahm dagegen das Zusammenleben mit dem Rückgang der Arbeitslosigkeit ab. Die Anzahl der mit ihren Eltern zusammenlebenden erwerbstätigen Kinder ist im Zeitraum 1984-2002 zwar leicht gestiegen; die Tatsache, dass ein Kind seinen Lebensunterhalt selbst bestreiten kann, ist logischerweise aber auch immer ein Signal für das Verlassen des Elternhauses. Wie die Einkünfte der Eltern die Entscheidung der Jugendlichen, das Elternhaus zu verlassen, beeinflussen, ist allerdings wenig bekannt. Manche Autoren sehen einen leichten positiven Effekt, der mit der Hypothese der «altruistischen» Eltern, die ihre Kinder bei der Gründung eines eigenen Haushalts unterstützen, vereinbar ist, wohingegen andere einen negativen Effekt ausmachen, den sie als Zeichen dafür interpretieren, dass die Eltern ihre Kinder zu Hause behalten wollen. Altruismus kann sich auf unterschiedliche Weise äußern. Höhere Einkünfte der Eltern steigern entweder den Konsum des unabhängigen Kindes und fördern somit seinen Auszug oder sie führen zu noch mehr Konsum, wenn es mit ihnen zusammenlebt, und veranlassen es im Gegenteil zu bleiben. Zudem verleitet der größere Komfort bei den Eltern, das heißt der Transfer von «Sachleistungen» in Form der Wohnung, zum Bleiben. Mithin verzerrt die Nichtberücksichtigung der Merkmale des Elternhauses die Ergebnisse. Beim Test dieser Hypothesen anhand der Erhebung
Wohnen von 2002 wird geschätzt, dass bei den Kindern der Eltern mit den niedrigsten Einkünften und bei denjenigen der wohlhabendsten Eltern die Wahrscheinlich
Leaving the nest : between centripetal and centrifugal forces
The way in which young people leave home has changed over the last twenty years due to massive enrolment in higher education and unemployment fluctuations. The increase in coresidence with parents from 1984 to 1996 was due mainly to the development of higher education, even though students paradoxically coresided less and less over the period. Conversely, coresidence decreased with the drop in unemployment from 1996 to 2002. Even though the rate of coresidence for working children increased slightly over the 1984-2002 period, the fact that a child earns a living logically always sounds the signal to leave home. However, there is still little known about how parental income influences young adults’ decisions to leave home. Some authors find a slightly positive effect compatible with the hypothesis of •altruistic” parents helping their child to leave home, while others find a negative effect that they interpret as a sign that the parents wish to keep their child at home. Altruism would actually appear to be expressed by a number of channels. Either higher parental income increases independent children’s consumption and hence encourages their departure, or higher parental income increases more the consumption of children when they live at home and encourages them to stay. Moreover, greater comfort at home, i. e. a transfer •in kind” in the form of housing, is an obvious encouragement to stay. The characteristics of the parents’ housing should therefore be taken into account to avoid a bias in findings. Using the 2002 Housing survey to test these assumptions, we deem that the children from the poorest and the richest families are most likely to leave home. Yet the quality of the parental housing •in the broad sense •is an important factor. Its location is key. Less space encourages children to leave home, as does the lack of privacy due to the presence of a stepparent. Given an equal quality of parental housing, children, especially the youngest, are more likely to leave home when their parents can assist them.
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2005
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Langue Français

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LOGEMEN
Quitter le nid : entre forces centripètes et centrifuges
Anne Laferrère*
La façon dont les jeunes quittent le domicile de leurs parents s’est modifiée pendant les vingt dernières années sous l’effet de la poursuite massive des études supérieures et des fluctuations du chômage. L’augmentation de la co-résidence avec les parents de 1984 à 1996 est venue pour l’essentiel du développement des études supérieures, même si paradoxalement les étudiants ont de moins en moins co-résidé sur la période. Entre 1996 et 2002 au contraire, la co-résidence a diminué avec la baisse du chômage. Même si le taux de co-résidence des enfants actifs a légèrement augmenté sur la période 1984-2002, le fait pour un enfant de gagner sa vie marque toujours logiquement le signal du départ. En revanche, la manière dont le revenu parental influence le choix des jeunes adultes de quitter le domicile de leurs parents reste mal connue. Certains auteurs trouvent un léger effet positif compatible avec l’hypothèse de parents « altruistes » aidant leur enfant à partir, mais d’autres on mis en évidence un effet négatif qu’ils interprètent comme le signe que les parents souhaitent retenir leur enfant au domicile. En fait, il semble que l’altruisme peut s’exprimer par plusieurs voies. Soit davantage de revenu parental augmente la consommation de l’enfant indépendant et encourage donc son départ, soit davantage de revenu parental accroît plus sa consommation quand il co-réside et le pousse au contraire à rester. En outre, plus de confort chez les parents, c’est-à-dire un transfert « en nature » sous forme de logement, doit inciter à rester. Ne pas prendre en compte les caractéristiques du logement parental biaise donc les résultats.
En testant ces hypothèses à l’aide de l’enquêteLogement 2002, on estime que les de enfants des familles les plus modestes et de celles les plus aisées ont le plus de chances de partir. Mais la qualité du logement parental – au sens large – importe. Sa localisation est primordiale. Disposer de moins d’espace pousse à partir, de même que le manque d’intimité lié à la présence d’un beau-parent. Quand on raisonne à qualité du logement des parents égale, les enfants, surtout les plus jeunes, partent d’autant plus que leurs parents peuvent les aider.
*du CREST (Centre de Recherche en Économie et Statis-Anne Laferrère appartient au département de la Recherche tiques). Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article. L’auteur remercie les rapporteurs de la revue pour leurs remarques.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 381-382, 2005
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Lts eareniée st l shc àedseesio xannf eesdou  dtsedelicimp sruel padé drtdeiou  darép n-tiels de la vie : poursuivre des études supérieu-res, rechercher un emploi, fonder un couple, puis une famille. Ces choix sont liés à celui d’un logement ; en effet, l’offre locale d’enseigne-ment et d’emploi influencent le départ et les couples résidant avec leurs parents sont rares. La façon dont les parents interviennent, soit en continuant à héberger leurs enfants, soit en aidant financièrement leur installation, a sans doute une influence sur ces choix. C’est à ces effets du revenu et du logement des parents sur la co-résidence avec leurs enfants que l’on s’intéresse ici. Allongement de la durée des études et accroissement du chômage des jeunes... Pour des raisons liées aux données utilisées et qui seront explicitées plus bas, on ne s’attache pas ici directement au choix d’emploi ou d’études supé-rieures des jeunes. Cependant, l’espacement régulier des enquêtesLogement 1988, (1984, 1992, 1996, 2001) permet de brosser, à grands traits, la façon dont les jeunes ont choisi de coha-biter plus ou moins avec leurs parents selon ces choix. Deux phénomènes sont remarquables. Le premier est la poursuite des études supérieu-res par les générations arrivées plus nombreuses
au baccalauréat au milieu des années 1980. Le taux d’étudiants parmi les jeunes de 20-29 ans a doublé, passant de 10 % en 1984 à 14 % en 1988, et 18 % en 1992, niveau qui ne croît plus que faiblement ensuite (21 % fin 2001). Le second est la fluctuation conjoncturelle du marché de l’emploi. Le taux de chômage des jeunes (chômeurs/chômeur + actifs occupés aux enquêtesLogement entre %) est stable à 14,4 1984 et 1988 : la poursuite accrue d’études supérieures n’est donc pas due initialement à des difficultés sur le marché de l’emploi, mais bien à l’arrivée de classes pleines au baccalau-réat. Le taux de chômage augmente ensuite jusqu’en 1992 (18,4 %), cette fois-ci en même temps que le taux d’étudiants ; sa progression continue de 1992 à 1996 – pour atteindre 21,5 % – tandis que le taux d’étudiants est stable. Il  baisse en fin de période (15,4 % fin 2001), sans que le taux d’étudiants soit modifié : c’est le taux de jeunes actifs occupés qui remonte alors sensiblement avec l’amélioration de la conjonc-ture (1) (cf. tableau 1 et graphique I, structure d’activité). 1. La suppression du service national des jeunes gens à partir de la génération née en 1979 ne se fait sentir qu’après 1998 et a bénéficié plutôt à l’emploi qu’à la poursuite des études : entre 1998 et 2001, le taux d’étudiants n’augmente pas davantage que celui des étudiantes tandis que le taux d’actifs occupés s’accroît deux fois plus que le taux d’actives. Des sursis étaient en effet lar -gement attribués aux étudiants.
Graphique I Structure d’activité et taux de co-résidence des jeunes de 20-29 ans
72,1 0 72,5 7 É tudiant
70,1
47,4 37,1
60,5 50,3 37,5
65 59,9 55 60 Ch ômeur 53,1 45 50 47,8 Ensemble 47,1 35 34,7 35,6 40 32,7 % étudiant 25 Inactif 30 25,8 24,9 26,2 26,9 15 % ch ômeur Actif 24,6% inactif 20 5 1984 1988 1992 1996 2001 Lecture : l’échelle des ordonnées à gauche est celle du taux de co-résidence (traits pleins). Celle de droite est celle de la s tructure d’activité (traits pointillés). Par exemple 59,2 % des jeunes sont actifs occupés fin 2001 et 26,9 % d’entre eux co-résident avec leurs pa rents. Source : enquêteLogement,Insee.
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