Monsieur de Pourceaugnac
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Monsieur de Pourceaugnac

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>Monsieur de PourceaugnacMolière1669PERSONNAGESM. de Pourceaugnac.Oronte.Julie, fille d'Oronte.Nérine, femme d'intrigue.Lucette, feinte Gasconne.Éraste, amant de Julie.Sbrigani, Napolitain, homme d'intrigue.Premier Médecin.Second Médecin.L'Apothicaire.Un Paysan.Une Paysanne.Premier Musicien.Second Musicien.Premier Avocat.Second Avocat.Premier Suisse.Second Suisse.Un Exempt.Deux Archers.Plusieurs Musiciens.Joueurs d'instruments et danseurs.La scène est à Paris.PROLOGUEL’ouverture se fait par Éraste, qui conduit un grand concert, de voix etd’instruments, pour une sérénade, dont les paroles chantées par troisvoix en manière de dialogue, sont faites sur le sujet de la comédie, etexpriment les sentiments de deux amants, qui, étant bien ensemble,sont traversés par le caprice des parents.Première voixRépands, charmante nuit, répands sur tous les yeuxDe tes pavots la douce violence,Et ne laisse veiller en ces aimables lieuxQue les cœurs que l’Amour soumet à sa puissance.Tes ombres et ton silence,Plus beau que le plus beau jour,Offrent de doux moments à soupirer d’amour.Deuxième voixQue soupirer d’amourEst une douce chose,Quand rien à nos vœux ne s’oppose !À d’aimables penchants notre cœur nous dispose,Mais on a des tyrans à qui l’on doit le jour.Que soupirer d’amourEst une douce chose,Quand rien à nos vœux ne s’oppose !Troisième voixTout ce qu’à nos vœux on opposeContre un parfait amour ne gagne jamais rien,Et pour vaincre ...

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>Monsieur de PourceaugnacMolière9661PERSONNAGESM. de Pourceaugnac.Oronte.Julie, fille d'Oronte.Nérine, femme d'intrigue.Lucette, feinte Gasconne.Éraste, amant de Julie.Sbrigani, Napolitain, homme d'intrigue.Premier Médecin.Second Médecin.L'Apothicaire.Un Paysan.Une Paysanne.Premier Musicien.Second Musicien.Premier Avocat.Second Avocat.Premier Suisse.Second Suisse.Un Exempt.Deux Archers.Plusieurs Musiciens.Joueurs d'instruments et danseurs.La scène est à Paris.PROLOGUEL’ouverture se fait par Éraste, qui conduit un grand concert, de voix etd’instruments, pour une sérénade, dont les paroles chantées par troisvoix en manière de dialogue, sont faites sur le sujet de la comédie, etexpriment les sentiments de deux amants, qui, étant bien ensemble,
sont traversés par le caprice des parents.Première voixRépands, charmante nuit, répands sur tous les yeuxDe tes pavots la douce violence,Et ne laisse veiller en ces aimables lieuxQue les cœurs que l’Amour soumet à sa puissance.Tes ombres et ton silence,Plus beau que le plus beau jour,Offrent de doux moments à soupirer d’amour.Deuxième voixQue soupirer d’amourEst une douce chose,Quand rien à nos vœux ne s’oppose !À d’aimables penchants notre cœur nous dispose,Mais on a des tyrans à qui l’on doit le jour.Que soupirer d’amourEst une douce chose,Quand rien à nos vœux ne s’oppose !Troisième voixTout ce qu’à nos vœux on opposeContre un parfait amour ne gagne jamais rien,Et pour vaincre toute chose,Il ne faut que s’aimer bien.Les trois voix ensembleAimons-nous donc d’une ardeur éternelle :Les rigueurs des parents, la contrainte cruelle,L’absence, les travaux, la fortune rebelle,Ne font que redoubler une amitié fidèle.Aimons-nous donc d’une ardeur éternelle :Quand deux cœurs s’aiment bien,Tout le reste n’est rien.La sérénade est suivie d’une danse de deux Pages, pendant laquellequatre Curieux de spectacles, ayant pris querelle ensemble, mettentl’épée à la main. Après un assez agréable combat, ils sont séparéspar deux Suisses, qui, les ayant mis d’accord, dansent avec eux, auson de tous les instruments.ACTE IScène IJulie, Éraste, Nérine.eiluJMon Dieu! Éraste, gardons d’être surpris ; je tremble qu’on ne nous voieensemble, et tout serait perdu, après la défense que l’on m’a faite.ÉrasteJe regarde de tous côtés, et je n’aperçois rien.eiluJAie aussi l’œil au guet, Nérine, et prends bien garde qu’il ne viennepersonne.NérineReposez-vous sur moi, et dites hardiment ce que vous avez à vous dire.eiluJ
Avez-vous imaginé pour notre affaire quelque chose de favorable ? etcroyez-vous, Éraste, pouvoir venir à bout de détourner ce fâcheuxmariage que mon père s’est mis en tête ?ÉrasteAu moins y travaillons-nous fortement ; et déjà nous avons préparé unbon nombre de batteries pour renverser ce dessein ridicule.NérinePar ma foi ! voilà votre père.eiluJAh ! séparons-nous vite.NérineNon, non, non, ne bougez : je m’étais trompée.eiluJMon Dieu ! Nérine, que tu es sotte de nous donner de ces frayeurs !ÉrasteOui, belle Julie, nous avons dressé pour cela quantités de machines, etnous ne feignons point de mettre tout en usage, sur la permission quevous m’avez donnée. Ne nous demandez point tous les ressorts quenous ferons jouer : vous en aurez le divertissement ; et, comme auxcomédies, il est bon de vous laisser le plaisir de la surprise, et de nevous avertir point de tout ce qu’on vous fera voir. C’est assez de vousdire que nous avons en main divers stratagèmes tous prêts à produiredans l’occasion, et que l’ingénieuse Nérine et l’adroit Sbriganientreprennent l’affaire.NérineAssurément. Votre père se moque-t-il de vouloir vous anger de sonavocat de Limoges, Monsieur de Pourceaugnac, qu’il n’a vu de sa vie,et qui vient par le coche vous enlever à notre barbe ? Faut-il que trois ouquatre mille écus de plus, sur la parole de votre oncle, lui fassent rejeterun amant qui vous agrée ? et une personne comme vous est-elle faitepour un Limosin ? S’il a envie de se marier, que ne prend-il uneLimosine et ne laisse-t-il en repos les chrétiens ? Le seul nom deMonsieur de Pourceaugnac m’a mise dans une colère effroyable.J’enrage de Monsieur de Pourceaugnac. Quand il n’y aurait que cenom-là, Monsieur de Pourceaugnac, j’y brûlerai mes livres, ou jeromprai ce mariage, et vous ne serez point Madame de Pourceaugnac.Pourceaugnac ! cela se peut-il souffrir ? Non, Pourceaugnac est unechose que je ne saurais supporter ; et nous lui jouerons tant de pièces,nous lui ferons tant de niches sur niches, que nous renvoierons àLimoges Monsieur de Pourceaugnac.ÉrasteVoici notre subtil Napolitain, qui nous dira des nouvelles.Scène IISbrigani, Julie, Éraste, Nérine.SbriganiMonsieur, votre homme arrive, je l’ai vu à trois lieues d’ici, où a couchéle coche ; et dans la cuisine où il est descendu pour déjeuner, je l’aiétudié une bonne grosse demi-heure, et je le sais déjà par cœur. Poursa figure, je ne veux point vous en parler : vous verrez de quel air lanature l’a dessinée, et si l’ajustement qui l’accompagne y répondcomme il faut. Mais pour son esprit, je vous avertis par avance qu’il estdes plus épais qui se fassent ; que nous trouvons en lui une matière toutà fait disposée pour ce que nous voulons, et qu’il est homme enfin àdonner dans tous les panneaux qu’on lui présentera.ÉrasteNous dis-tu vrai?Sbrigani
Oui, si je me connais en gens.NérineMadame, voilà un illustre ; votre affaire ne pouvait être mise en demeilleures mains, et c’est le héros de notre siècle pour les exploits dontil s’agit : un homme qui, vingt fois en sa vie, pour servir ses amis, agénéreusement affronté les galères, qui, au péril de ses bras, et de sesépaules, sait mettre noblement à fin les aventures les plus difficiles ; etqui, tel que vous le voyez, est exilé de son pays pour je ne sais combiend’actions honorables qu’il a généreusement entreprises.SbriganiJe suis confus des louanges dont vous m’honorez, et je pourrais vous endonner, avec plus de justice, sur les merveilles de votre vie; etprincipalement sur la gloire que vous acquîtes, lorsque, avec tantd’honnêteté, vous pipâtes au jeu, pour douze mille écus, ce jeuneseigneur étranger que l’on mena chez vous ; lorsque vous fîtesgalamment ce faux contrat qui ruina toute une famille ; lorsque, avec tantde grandeur d’âme, vous sûtes nier le dépôt qu’on vous avait confié ; etque si généreusement on vous vit prêter votre témoignage à fairependre ces deux personnages qui ne l’avaient pas mérité.NérineCe sont petites bagatelles qui ne valent pas qu’on en parle, et voséloges me font rougir.SbriganiJe veux bien épargner votre modestie : laissons cela; et pourcommencer notre affaire, allons vite joindre notre provincial, tandis que,de votre côté, vous nous tiendrez prêts au besoin les autres acteurs dela comédie.ÉrasteAu moins, Madame, souvenez-vous de votre rôle; et pour mieux couvrirnotre jeu, feignez, comme on vous a dit, d’être la plus contente dumonde des résolutions de votre père.eiluJS’il ne tient qu’à cela, les choses iront à merveille.ÉrasteMais, belle Julie, si toutes nos machines venaient à ne pas réussir ?eiluJJe déclarerai à mon père mes véritables sentiments.ÉrasteEt si, contre vos sentiments, il s’obstinait à son dessein ?eiluJJe le menacerais de me jeter dans un convent.ÉrasteMais si, malgré tout cela, il voulait vous forcer à ce mariage ?eiluJQue voulez-vous que je vous dise ?ÉrasteCe que je veux que vous me disiez ?eiluJ.iuOÉrasteCe qu’on dit quand on aime bien.eiluJMais quoi ?ÉrasteQue rien ne pourra vous contraindre, et que, malgré tous les efforts d’unpère, vous me promettez d’être à moi.
eiluJMon Dieu ! Éraste, contentez-vous de ce que je fais maintenant, etn’allez point tenter sur l’avenir les résolutions de mon cœur ; ne fatiguezpoint mon devoir par les propositions d’une fâcheuse extrémité, dontpeut-être n’aurons-nous pas besoin ; et s’il y faut venir, souffrez aumoins que j’y sois entraînée par la suite des choses.ÉrasteEh bien…SbriganiMa foi, voici notre homme, songeons à nous.NérineAh ! comme il est bâti !Scène IIIMonsieur de Pourceaugnac se tourne du côté d’où il vient, comme parlantà des gens qui le suivent, Sbrigani.Monsieur de PourceaugnacHé bien, quoi ? qu’est-ce ? qu’y a-t-il ? Au diantre soit la sotte ville, etles sottes gens qui y sont ! ne pouvoir faire un pas sans trouver desnigauds qui vous regardent et se mettent à rire ! Eh ! Messieurs lesbadauds, faites vos affaires, et laissez passer les personnes sans leurrire au nez. Je me donne au diable, si je ne baille un coup de poing aupremier que je verrai rire.SbriganiQu’est-ce que c’est, Messieurs ? que veut dire cela ? à qui en avez-vous ? Faut-il se moquer ainsi des honnêtes étrangers qui arrivent ici ?Monsieur de PourceaugnacVoilà un homme raisonnable, celui-là.SbriganiQuel procédé est le vôtre ? et qu’avez-vous à rire ?Monsieur de PourceaugnacFort bien.SbriganiMonsieur a-t-il quelque chose de ridicule en soi ?Monsieur de Pourceaugnac.iuOSbriganiEst-il autrement que les autres ?Monsieur de PourceaugnacSuis-je tordu, ou bossu ?SbriganiApprenez à connaître les gens.Monsieur de PourceaugnacC’est bien dit.SbriganiMonsieur est d’une mine à respecter.Monsieur de PourceaugnacCela est vrai.SbriganiPersonne de condition.Monsieur de PourceaugnacOui, gentilhomme limosin.
SbriganiHomme d’esprit.Monsieur de PourceaugnacQui a étudié en droit.SbriganiIl vous fait trop d’honneur de venir dans votre ville.Monsieur de PourceaugnacSans doute.SbriganiMonsieur n’est point une personne à faire rire.Monsieur de PourceaugnacAssurément.SbriganiEt quiconque rira de lui aura affaire à moi.Monsieur de PourceaugnacMonsieur, je vous suis infiniment obligé.SbriganiJe suis fâché, Monsieur, de voir recevoir de la sorte une personnecomme vous, et je vous demande pardon pour la ville.Monsieur de PourceaugnacJe suis votre serviteur.SbriganiJe vous ai vu ce matin, Monsieur, avec le coche, lorsque vous avezdéjeuné; et la grâce avec laquelle vous mangiez votre pain m’a faitnaître d’abord de l’amitié pour vous ; et comme je sais que vous n’êtesjamais venu en ce pays, et que vous y êtes tout neuf, je suis bien aisede vous avoir trouvé, pour vous offrir mon service à cette arrivée, et vousaider à vous conduire parmi ce peuple, qui n’a pas parfois pour leshonnêtes gens toute la considération qu’il faudrait.Monsieur de PourceaugnacC’est trop de grâce que vous me faites.SbriganiJe vous l’ai déjà dit : du moment que je vous ai vu, je me suis senti pourvous de l’inclination.Monsieur de PourceaugnacJe vous suis obligé.SbriganiVotre physionomie m’a plu.Monsieur de PourceaugnacCe m’est beaucoup d’honneur.SbriganiJ’y ai vu quelque chose d’honnête.Monsieur de PourceaugnacJe suis votre serviteur.SbriganiQuelque chose d’aimable.Monsieur de PourceaugnacAh ! ah !SbriganiDe gracieux.Monsieur de PourceaugnacAh ! ah !
SbriganiDe doux.Monsieur de PourceaugnacAh ! ah !SbriganiDe majestueux.Monsieur de PourceaugnacAh ! ah !SbriganiDe francMonsieur de PourceaugnacAh ! ah !SbriganiEt de cordialMonsieur de PourceaugnacAh ! ah !SbriganiJe vous assure que je suis tout à vous.Monsieur de PourceaugnacJe vous ai beaucoup d’obligation.SbriganiC’est du fond du cœur que je parle.Monsieur de PourceaugnacJe le crois.SbriganiSi j’avais l’honneur d’être connu de vous, vous sauriez que je suis unhomme tout à fait sincère.Monsieur de PourceaugnacJe n’en doute point.SbriganiEnnemi de la fourberie.Monsieur de PourceaugnacJ’en suis persuadé.SbriganiEt qui n’est pas capable de déguiser ses sentiments.Monsieur de PourceaugnacC’est ma pensée.SbriganiVous regardez mon habit qui n’est pas fait comme les autres ; mais jesuis originaire de Naples, à votre service, et j’ai voulu conserver un peuet la manière de s’habiller, et la sincérité de mon pays.Monsieur de PourceaugnacC’est fort bien fait. Pour moi, j’ai voulu me mettre à la mode de la courpour la campagne.SbriganiMa foi! cela vous va mieux qu’à tous nos courtisans.Monsieur de PourceaugnacC’est ce que m’a dit mon tailleur : l’habit est propre et riche, et il fera dubruit ici.SbriganiSans doute. N’irez-vous pas au Louvre ?
Monsieur de PourceaugnacIl faudra bien aller faire ma cour.SbriganiLe Roi sera ravi de vous voir.Monsieur de PourceaugnacJe le crois.SbriganiAvez-vous arrêté un logis ?Monsieur de PourceaugnacNon ; j’allais en chercher un.SbriganiJe serai bien aise d’être avec vous pour cela, et je connais tout ce pays-.icScène IVÉraste, Sbrigani, Monsieur de Pourceaugnac.ÉrasteAh! qu’est-ceci ? que vois-je ? Quelle heureuse rencontre ! Monsieur dePourceaugnac ! Que je suis ravi de vous voir ! Comment ? il sembleque vous ayez peine à me reconnaître !Monsieur de PourceaugnacMonsieur, je suis votre serviteur.ÉrasteEst-il possible que cinq ou six années m’aient ôté de votre mémoire ?et que vous ne reconnaissiez pas le meilleur ami de toute la famille desPourceaugnac ?Monsieur de PourceaugnacPardonnez-moi. (À Sbrigani.) Ma foi ! je ne sais qui il est.ÉrasteIl n’y a pas un Pourceaugnac à Limoges que je ne connaisse depuis leplus grand jusques au plus petit ; je ne fréquentais qu’eux dans le tempsque j’y étais, et j’avais l’honneur de vous voir presque tous les jours.Monsieur de PourceaugnacC’est moi qui l’ai reçu, Monsieur.ÉrasteVous ne vous remettez point mon visage ?Monsieur de PourceaugnacSi fait. (À Sbrigani.) Je ne le connais point.ÉrasteVous ne vous ressouvenez pas que j’ai eu le bonheur de boire avecvous je ne sais combien de fois ?Monsieur de PourceaugnacExcusez-moi. (À Sbrigani.) Je ne sais ce que c’est.ÉrasteComment appelez-vous ce traiteur de Limoges qui fait si bonne chère ?Monsieur de PourceaugnacPetit-Jean ?ÉrasteLe voilà. Nous allions le plus souvent ensemble chez lui nous réjouir.Comment est-ce que vous nommez à Limoges ce lieu où l’on sepromène ?
Monsieur de PourceaugnacLe cimetière des Arènes ?ÉrasteJustement : c’est où je passais de si douces heures à jouir de votreagréable conversation. Vous ne vous remettez pas tout cela ?Monsieur de PourceaugnacExcusez-moi, je me le remets. (À Sbrigani.) Diable emporte si je m’ensouviens !SbriganiIl y a cent choses comme cela qui passent de la tête.ÉrasteEmbrassez-moi donc, je vous prie, et resserrons les nœuds de notreancienne amitié.SbriganiVoilà un homme qui vous aime fort.ÉrasteDites-moi un peu des nouvelles de toute la parenté : comment se porteMonsieur votre… là… qui est si honnête homme ?Monsieur de PourceaugnacMon frère le consul ?Éraste.iuOMonsieur de PourceaugnacIl se porte le mieux du monde.ÉrasteCertes j’en suis ravi. Et celui qui est de si bonne humeur ? là…Monsieur votre… ?Monsieur de PourceaugnacMon cousin l’assesseur ?ÉrasteJustement.Monsieur de PourceaugnacToujours gai et gaillard.ÉrasteMa foi ! j’en ai beaucoup de joie. Et Monsieur votre oncle ? le… ?Monsieur de PourceaugnacJe n’ai point d’oncle.ÉrasteVous aviez pourtant en ce temps-là…Monsieur de PourceaugnacNon, rien qu’une tante.ÉrasteC’est ce que je voulais dire, Madame votre tante : comment se porte-t-elle ?Monsieur de PourceaugnacElle est morte depuis six mois.ÉrasteHélas ! la pauvre femme ! elle était si bonne personne.Monsieur de PourceaugnacNous avons aussi mon neveu le chanoine qui a pensé mourir de lapetite vérole.
ÉrasteQuel dommage ç’aurait été !Monsieur de PourceaugnacLe connaissez-vous aussi ?ÉrasteVraiment si je le connais ! Un grand garçon bien fait.Monsieur de PourceaugnacPas des plus grands.ÉrasteNon, mais de taille bien prise.Monsieur de PourceaugnacEh ! oui.ÉrasteQui est votre neveu…Monsieur de Pourceaugnac.iuOÉrasteFils de votre frère et de votre sœur…Monsieur de PourceaugnacJustement.ÉrasteChanoine de l’église de… Comment l’appelez-vous ?Monsieur de PourceaugnacDe Saint-Étienne.ÉrasteLe voilà, je ne connais autre.Monsieur de PourceaugnacIl dit toute la parenté.SbriganiIl vous connaît plus que vous ne croyez.Monsieur de PourceaugnacA ce que je vois, vous avez demeuré longtemps dans notre ville ?ÉrasteDeux ans entiers.Monsieur de PourceaugnacVous étiez donc là quand mon cousin l’élu fit tenir son enfant à Monsieurnotre gouverneur ?ÉrasteVraiment oui, j’y fus convié des premiers.Monsieur de PourceaugnacCela fut galant.Érastetrès galant.Monsieur de PourceaugnacC’était un repas bien troussé.ÉrasteSans doute.Monsieur de PourceaugnacVous vîtes donc aussi la querelle que j’eus avec ce gentilhommepérigordin ?
Éraste.iuOMonsieur de PourceaugnacParbleu ! il trouva à qui parler.ÉrasteAh ! ah !Monsieur de PourceaugnacIl me donna un soufflet, mais je lui dis bien son fait.ÉrasteAssurément. Au reste, je ne prétends pas que vous preniez d’autre logisque le mien.Monsieur de PourceaugnacJe n’ai garde de…ÉrasteVous moquez-vous ? Je ne souffrirai point du tout que mon meilleur amisoit autre part que dans ma maison.Monsieur de PourceaugnacCe serait vous…ÉrasteNon : le diable m’emporte! vous logerez chez moi.SbriganiPuisqu’il le veut obstinément, je vous conseille d’accepter l’offre.ÉrasteOù sont vos hardes ?Monsieur de PourceaugnacJe les ai laissées, avec mon valet, où je suis descendu.ÉrasteEnvoyons-les quérir par quelqu’un.Monsieur de PourceaugnacNon: je lui ai défendu de bouger, à moins que j’y fusse moi-même, depeur de quelque fourberie.SbriganiC’est prudemment avisé.Monsieur de PourceaugnacCe pays-ci est un peu sujet à caution.ÉrasteOn voit les gens d’esprit en tout.SbriganiJe vais accompagner Monsieur, et le ramènerai où vous voudrez.ÉrasteOui, je serai bien aise de donner quelques ordres, et vous n’avez qu’àrevenir à cette maison-là.SbriganiNous sommes à vous tout à l’heure.ÉrasteJe vous attends avec impatience.Monsieur de PourceaugnacVoilà une connaissance où je ne m’attendais point.SbriganiIl a la mine d’être honnête homme.Éraste, seul. Ma foi! Monsieur de Pourceaugnac, nous vous en donnerons
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