Formaldéhyde et asthme,…

Labo

Description

• exposé - matière potentielle : au domicile
• exposé

1 Le formaldéhyde inhalé et la réponse bronchique Anne Casset1, 2, Ashok Purohit1, Caroline Marchand3, Stéphane Le Calvé3, Carole Donnay1, Béatrice Uring-Lambert4, Siamak Bahram4, Gabrielle Pauli1, 2, Frédéric de Blay1, 2 1 Service de Pneumologie, Hôpital Lyautey, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, BP 426, 67091 Strasbourg Cedex, France. 2 EA 3771, Inflammation et environnement dans l'asthme, Faculté de Pharmacie, Université Louis Pasteur-Strasbourg I, Illkirch, France.

• recherche d'ige spécifiques
• sensation d'irritation oculaire
• diminution de l'aération
• diminution significative des taux de nerve growth
• asthme professionnel
• milieu intérieur
• symptômes respiratoires
• formaldéhyde
• exposition
• expositions
• taux

Sujets

• Exposé
• Louis Pasteur University
• Strasbourg

Informations

• Publié par: vien0
• Nombre de lectures: 82
• Langue: Français

Extrait

1


Le formaldéhyde inhalé et la réponse bronchique



1, 2 1 3 3Anne Casset , Ashok Purohit , Caroline Marchand , Stéphane Le Calvé ,
1 4 4 1, 2Carole Donnay , Béatrice Uring-Lambert , Siamak Bahram , Gabrielle Pauli ,
1, 2Frédéric de Blay

1 Service de Pneumologie, Hôpital Lyautey, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg,
BP 426, 67091 Strasbourg Cedex, France.
2 EA 3771, Inflammation et environnement dans l'asthme, Faculté de Pharmacie,
Université Louis Pasteur-Strasbourg I, Illkirch, France.
3 Centre de Géochimie de la Surface, CNRS and Université Louis Pasteur, 1 rue
Blessig,67084 Strasbourg Cedex, France.
4 Laboratoire d'Immunologie, Hôpital de Hautepierre, Hôpitaux Universitaires de
Strasbourg, France






2
Résumé:

Le formaldéhyde est un polluant chimique du milieu intérieur très ubiquitaire. Les
expositions à de fortes concentrations en milieu professionnel ont révélé son
caractère irritant et allergisant. Cependant, les taux d'exposition plus faibles en milieu
domestique pourraient également avoir un effet sur la santé respiratoire, de façon
non spécifique puisque retrouvé également pour d'autres polluants. Une
potentialisation de la réponse à l'allergène a été observée sur la sensibilisation chez
l'animal et chez des enfants. Cette action a également été retrouvée sur les
symptômes respiratoires avec un risque d'asthme augmenté de 39% pour une
-3exposition au domicile à plus de 60µg.m . Nous avons récemment pu montrer dans
une étude chez des asthmatiques sensibilisés aux acariens que la réponse à
l'allergène lors de tests de provocation bronchique était aggravée après une
-3exposition de 30 minutes à 100µg.m de formaldéhyde. Toutes les données
montrent que la faible exposition au formaldéhyde dans l'habitat est suffisante pour
provoquer une sensibilisation mais également une aggravation des symptômes chez
les sujets présentant un asthme allergique. Compte tenu des arguments publiés, il
conviendrait que soient connues les concentrations de formaldéhyde dans les
produits utilisés au sein de l'habitat afin de permettre d'améliorer la qualité de l'air
intérieur.
3

Introduction

Si le rôle des allergènes est essentiel dans la genèse de l’asthme allergique,
le rôle des polluants chimiques dans la sensibilisation et le déclenchement des
symptômes d’asthme allergique a été soulevé (1, 2). Des études épidémiologiques
ont mis en évidence un lien entre l’augmentation de la pollution atmosphérique et
l’augmentation d’hospitalisation pour exacerbation des symptômes d’asthme (3, 4).
Cependant, l’intérêt pour l’environnement intérieur est progressivement apparu
puisqu’un citadin, dans le monde moderne, passe environ 90% de son temps à
l’intérieur des locaux. De plus, les caractéristiques de l'environnement intérieur ont
été modifiées par des changements dans les méthodes et les matériaux de
construction, par exemple la diminution de l’aération (double vitrage en PVC) ou
l'augmentation de l’isolation (fibres de laine de verre ou de roche, mousse urée-
formol) (5). Des conditions favorables à l’augmentation des teneurs de polluants
chimiques (faible taux de renouvellement de l’air) seraient de ce fait exacerbées avec
l'émergence d'un syndrome associé: le "syndrome des bâtiments malsains" (6).
Enfin, l’inhalation préalable ou concomitante de polluants de l’environnement
intérieur autres que les allergènes pourrait modifier la réponse bronchique à ces
allergènes (7). Parmi les polluants de l'environnement intérieur, le formaldéhyde est
universellement rencontré.

Ce composé en phase gazeuse est incolore à température ambiante,
hautement réactif et se polymérise rapidement. Les taux mesurés en milieu extérieur
-3sont faibles, de l'ordre de 5µg m . Si des concentrations plus élevées ont été
-3 -3publiées (3 µg.m à 43 µg.m ), le site d'étude en zone périurbaine révélait le rôle
potentiel du trafic automobile adjacent dans l'émission de ce polluant (8).
Parallèlement, les mesures en milieu intérieur sont généralement 8 à 9 fois plus
élevées et sous tendent l'existence de sources de formaldéhyde à l'intérieur même
des bâtiments (9, 8). En effet, le formaldéhyde entre dans la composition de résines
qui sont utilisées pour coller et agglomérer des bois, papiers, laine de verre ou laine
de roche. Il est également utilisé dans la production de plastiques, de peintures…
(10). Ainsi, dans l'environnement intérieur domestique, il émane d’un certain nombre
de matériaux de construction ou d’ameublement : panneaux de bois aggloméré, tapis
4
récents, peintures, produits textiles et résines (Tableau I) (11). A cela s’ajoute le
tabagisme des occupants, le formaldéhyde faisant partie des nombreux constituants
de la phase gazeuse de la fumée de cigarette (12). En France, l'étude pilote de la
compagne de l'Observatoire de la Qualité de l'Air Intérieur menée en 2001 dans 88
-3 -3logements a révélé des taux variant de 2µg.m à 60 et 75 µg.m dans la cuisine et la
chambre, respectivement. Cinquante pour cent des logements présentaient des taux
-3 -3supérieurs à 20 µg.m et 10% des taux supérieurs à 41 µg.m (13). A Strasbourg,
-3 -3une teneur moyenne de 37,8µg.m (min 14,7 - max 79,8 µg.m ) a été mesurée dans
les logements de 19 sujets asthmatiques allergiques (données non publiées). En
milieu professionnel, son utilisation est très répandue et des émissions ont été
relevées dans diverses industries : de la chimie, du papier, du caoutchouc, du textile,
de la raffinerie de pétrole, de la construction automobile, de la métallurgie, … Des
taux très élevés peuvent être rencontrés certains atteignent la Valeur Limite
-3d'Exposition (VLE), fixée en France à 1 200µg.m (tableau II) (14).L'exposition peut
consister en l'inhalation de formaldéhyde sous forme de vapeur ou de particules
sèches résultant de la synthèse ou du chauffage de résines à base de formaldéhyde,
de la manipulation ou de la fabrication de panneaux agglomérés (15, 16). Le
formaldéhyde en exposition aiguë ou chronique peut avoir un impact sur la santé en
particulier respiratoire (17). Ce composé chimique est connu sur le plan clinique pour
ses propriétés irritantes, notamment pour être capable d'induire un syndrome
d'irritation bronchique, le RADS (Reactive Airways Dysfunction Syndrome (18). Il
pourrait également agir comme agent responsable d'une sensibilisation IgE
dépendante mais aussi comme un facteur concomitant capable d'influer la réponse à
l'allergène.


1. LE FORMALDEHYDE RESPONSABLE D'UNE SENSIBILISATION IgE
DEPENGANTE.

La recherche d'IgE spécifiques permet d'objectiver une éventuelle
sensibilisation IgE dépendante au formaldéhyde. Seuls deux sujets parmi 30,
présentant des symptômes ORL et exposés à des inhalations de formaldéhyde en
milieu professionnel, avaient des RAST positifs pour le formaldéhyde (19). Sur un
échantillon de 37 ouvriers exposés au formaldéhyde, la recherche des IgE pour le
5
formaldéhyde était négative chez tous les sujets bien que l’interrogatoire clinique ait
permis de différencier les signes cliniques selon les effets du formaldéhyde sur les
patients : pas d’effet oculaire ou respiratoires (9 patients), effet irritant probable,
défini par une absence de temps de latence d'apparition des symptômes et une
irritation des muqueuses (14 sujets), effet irritant certain (14 sujets), possible effet
allergique (4 sujets) (20). Ainsi, ces anticorps sont inconstamment retrouvés dans
des populations symptomatiques et exposées professionnellement au formaldéhyde.
A fortiori, lorsque des études épidémiologiques ont cherché à mettre en évidence
des IgE chez des sujets exposés professionnellement au formaldéhyde mais non
symptomatiques, comme des anatomo-pathologistes, les résultats étaient tous
négatifs (21-23).
En considérant de faibles taux d'exposition au formaldéhyde da