Une double famille
71 pages
Français

Une double famille

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
71 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

830. La Comédie humaine - Études de moeurs. Premier livre, Scènes de la vie privée - Tome I. Premier volume de l'édition Furne 1842 Dans une rue sombre des alentours de l'Hôtel de Ville de Paris, vivent une mère et sa fille occupées à longueur de journée à des travaux de couture. Une de leur distraction est de regarder passer les hommes. Souvent, derrière un passant, la jeune fille rêve d'une idylle qui finit par arriver. Un jeune avocat épouse une jeune femme très religieuse. Mais avec les années, la religion se transforme en un rigorisme, une dévotion des plus étroites. Très vite, son mari en pleine réussite étouffe, et fuit cette vie étriquée. Deux histoires, deux vies parallèles dans ce roman où Balzac dénonce la bigoterie, et qui était initialement intitulé La Femme vertueuse. Extrait : L’inconnu devinait aussi que la jeune fille avait passé son dimanche à finir la robe au dessin de laquelle il s’était intéressé 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 13
EAN13 9782824710396
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
U N E D OU BLE F AMI LLE
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
U N E D OU BLE F AMI LLE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1039-6
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
Except where otherwise noted, this work is licensed under
h tt p : / / c r e a ti v e c o m m on s . or g / l i c e n s e s / b y - s a / 3 . 0 /
Lir e la licence
Cee œuv r e est publié e sous la licence CC-BY -SA, ce qui
signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.U N E D OU BLE F AMI LLE
A MAD AME LA COMT ESSE LOU ISE DE T Ü RH EIM
Comme une mar que du souv enir et de l’affe ctueux r esp e ct de
son humble ser viteur ,
DE BALZA C.
   T our niquet-Saint-Je an, naguèr e une des r ues les plus
tortueuses et les plus obscur es du vieux quartier qui entour eL l’Hôtel-de- Ville , ser p entait le long des p etits jardins de la
Préfe ctur e de Paris et v enait ab outir dans la r ue du Martr oi, pré cisément
à l’angle d’un vieux mur maintenant abau. En cet endr oit se v o yait le
tour niquet auquel cee r ue a dû son nom, et qui ne fut détr uit qu’ en 1823,
lor sque la ville de Paris fit constr uir e , sur l’ emplacement d’un jardinet
dép endant de l’Hôtel-de- Ville , une salle de bal p our la fête donné e au duc
d’ Ang oulême à son r etour d’Esp agne . La p artie la plus lar g e de la r ue du
T our niquet était à son déb ouché dans la r ue de la Tix eranderie , où elle
n’avait que cinq pie ds de lar g eur . A ussi, p ar les temps pluvieux, des e aux
noirâtr es baignaient-elles pr omptement le pie d des vieilles maisons qui
b ordaient cee r ue , en entraînant les ordur es dép osé es p ar chaque
ménag e au coin des b or nes. Les tomb er e aux ne p ouvant p oint p asser p ar-là ,
1Une double famille Chapitr e
les habitants comptaient sur les orag es p our neo y er leur r ue toujour s
b oueuse , et comment aurait-elle été pr opr e  ? lor squ’ en été le soleil
dardait en aplomb ses ray ons sur Paris, une napp e d’ or , aussi tranchante que
la lame d’un sabr e , illuminait momentanément les ténèbr es de cee r ue
sans p ouv oir sé cher l’humidité p er manente qui régnait depuis le r
ez-dechaussé e jusqu’au pr emier étag e de ces maisons noir es et silencieuses.
Les habitants, qui au mois de juin allumaient leur s lamp es à cinq heur es
du soir , ne les éteignaient jamais en hiv er . Encor e aujourd’hui, si quelque
courag eux piéton v eut aller du Marais sur les quais, en pr enant, au b out de
la r ue du Chaume , les r ues de l’Homme- Ar mé , des Billees et des D
euxPortes qui mènent à celle du T our niquet-Saint-Je an, il cr oira n’av oir
marché que sous des cav es. Pr esque toutes les r ues de l’ancien Paris, dont les
chr oniques ont tant vanté la splendeur , r essemblaient à ce dé dale humide
et sombr e où les antiquair es p euv ent encor e admir er quelques
singularités historiques. Ainsi, quand la maison qui o ccup ait le coin for mé p ar
les r ues du T our niquet et de la Tix eranderie subsistait, les obser vateur s
y r emar quaient les v estig es de deux gr os anne aux de fer scellés dans le
mur , un r este de ces chaînes que le quartenier faisait jadis tendr e tous
les soir s p our la sûr eté publique . Cee maison, r emar quable p ar son
antiquité , avait été bâtie av e c des pré cautions qui aestaient l’insalubrité de
ces anciens logis, car p our assainir le r ez-de-chaussé e , on avait éle vé les
b er ce aux de la cav e à deux pie ds envir on au-dessus du sol, ce qui oblig e ait
à monter tr ois mar ches p our entr er dans la maison. Le chambranle de la
p orte bâtarde dé crivait un cintr e plein, dont la clef était or né e d’une tête
de femme et d’arab esques r ong és p ar le temps. T r ois fenêtr es, dont les
appuis se tr ouvaient à hauteur d’homme , app artenaient à un p etit app
artement situé dans la p artie de ce r ez-de-chaussé e qui donnait sur la r ue du
T our niquet d’ où il tirait son jour . Ces cr oisé es dégradé es étaient
défendues p ar de gr os bar r e aux en fer très-esp acés et finissant p ar une saillie
r onde semblable à celle qui ter mine les grilles des b oulang er s. Si p endant
la jour né e quelque p assant curieux jetait les y eux sur les deux chambr es
dont se comp osait cet app artement, il lui était imp ossible d’y rien v oir , car
p our dé couv rir dans la se conde chambr e deux lits en ser g e v erte réunis
sous la b oiserie d’une vieille alcô v e , il fallait le soleil du mois de juillet  ;
mais le soir , v er s les tr ois heur es, une fois la chandelle allumé e , on p ouvait
2Une double famille Chapitr e
ap er ce v oir , à trav er s la fenêtr e de la pr emièr e piè ce , une vieille femme
assise sur une escab elle au coin d’une cheminé e où elle aisait un ré chaud
sur le quel mijotait un de ces rag oûts semblables à ceux que sav ent fair e les
p ortièr es. elques rar es ustensiles de cuisine ou de ménag e accr o chés
au fond de cee salle se dessinaient dans le clair-obscur . A cee heur e ,
une vieille table , p osé e sur une X, mais dénué e de ling e , était g ar nie de
quelques couv erts d’étain et du plat cuisiné p ar la vieille . T r ois mé chantes
chaises meublaient cee piè ce , qui ser vait à la fois de cuisine et de salle à
mang er . A u-dessus de la cheminé e s’éle vaient un fragment de mir oir , un
briquet, tr ois v er r es, des allumees et un grand p ot blanc tout ébré ché .
Le car r e au de la chambr e , les ustensiles, la cheminé e , tout plaisait né
anmoins p ar l’ esprit d’ ordr e et d’é conomie que r espirait cet asile sombr e et
fr oid. Le visag e pâle et ridé de la vieille femme était en har monie av e c
l’ obscurité de la r ue et la r ouille de la maison. A la v oir au r ep os, sur sa
chaise , on eût dit qu’ elle tenait à cee maison comme un colimaçon tient
à sa co quille br une  ; sa figur e , où je ne sais quelle vague e xpr ession de
malice p er çait à trav ers une b onhomie affe cté e , était cour onné e p ar un
b onnet de tulle r ond et plat qui cachait assez mal des che v eux blancs  ; ses
grands y eux gris étaient aussi calmes que la r ue , et les rides nombr euses
de son visag e p ouvaient se comp ar er aux cr e vasses des mur s. Soit qu’ elle
fût né e dans la misèr e , soit qu’ elle fût dé chue d’une splendeur p assé e ,
elle p araissait résigné e depuis long-temps à sa triste e xistence . D epuis le
le v er du soleil jusqu’au soir , e x cepté les moments où elle prép arait les r
ep as et ceux où char g é e d’un p anier elle s’absentait p our aller cher cher les
pr o visions, cee vieille femme demeurait dans l’autr e chambr e de vant la
der nièr e cr oisé e , en face d’une jeune fille . A toute heur e du jour les p
assants ap er ce vaient cee jeune ouv rièr e , assise dans un vieux fauteuil de
v elour s r oug e , le cou p enché sur un métier à br o der , travaillant av e c
ardeur . Sa mèr e avait un tamb our v ert sur les g enoux et s’ o ccup ait à fair e
du tulle  ; mais ses doigts r emuaient p éniblement les b obines  ; sa v ue était
affaiblie , car son nez se x ag énair e p ortait une p air e de ces antiques
lunees qui tiennent sur le b out des narines p ar la for ce av e c laquelle elles
les compriment. and v enait le soir , ces deux lab orieuses cré atur es
plaçaient entr e elles une lamp e dont la lumièr e , p assant à trav er s deux glob es
de v er r e r emplis d’ e au, jetait sur leur ouv rag e une forte lueur qui p er
met3Une double famille Chapitr e
tait à l’une de v oir les fils les plus déliés four nis p ar les b obines de son
tamb our , et à l’autr e les dessins les plus délicats tracés sur l’étoffe qu’ elle
br o dait. La courbur e des

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents