Vers Ispahan
191 pages
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Vers Ispahan

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Description

En 1903, au retour de l'Inde, Pierre Loti visite la Perse pendant six semaines environ : Chiraz, Persépolis et Ispahan, voilà les grandes étapes. Les mosquées, les bazars, les jardins pleins de roses et les Persans, voilà le champ d'observation. Vers Ispahan est une peinture fastueuse de la Perse aux mœurs féodales, alors tenue à l'écart du monde. Extrait : Qui veut venir avec moi voir apparaître, dans sa triste oasis, au milieu de ses champs de pavots blancs et de ses jardins de roses roses, la vieille ville de ruines et de mystère, avec tous ses dômes bleus, tous ses minarets bleus d’un inaltérable émail 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 41
EAN13 9782824711133
Langue Français

Extrait

P I ERRE LO T I
V ERS ISP AHAN
BI BEBO O KP I ERRE LO T I
V ERS ISP AHAN
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1113-3
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.Pr emièr e p artie
1CHAP I T RE I
P RÉLU DE
   av e c moi v oir à Isp ahan la saison des r oses, pr enne
son p arti de cheminer lentement à mes côtés, p ar étap es, ainsiQ qu’au mo y en âg e .
i v eut v enir av e c moi v oir à Isp ahan la saison des r oses, consente au
dang er des che vauché es p ar les sentier s mauvais où les bêtes tomb ent, et
à la pr omiscuité des caravansérails où l’ on dort entassés dans une niche
de ter r e baue , p ar mi les mouches et la v er mine .
i v eut v enir av e c moi v oir app araîtr e , dans sa triste o asis, au milieu
de ses champs de p av ots blancs et de ses jardins de r oses r oses, la vieille
ville de r uines et de my stèr e , av e c tous ses dômes bleus, tous ses minar ets
bleus d’un inaltérable émail  ; qui v eut v enir av e c moi v oir Isp ahan sous
le b e au ciel de mai, se prép ar e à de longues mar ches, au brûlant soleil,
dans le v ent âpr e et fr oid des altitudes e xtrêmes, à trav er s ces plate aux
d’ Asie , les plus éle vés et les plus vastes du monde , qui fur ent le b er ce au
des humanités, mais sont de v enus aujourd’hui des déserts.
2V er s Isp ahan Chapitr e I
Nous p asser ons de vant des fantômes de p alais, tout en un sile x
couleur de souris, dont le grain est plus durable et plus fin que celui des
marbr es. Là , jadis, habitaient les maîtr es de la T er r e , et, aux ab ords,
v eillent depuis plus de deux mille ans des colosses à grandes ailes, qui
ont la for me d’un taur e au, le visag e d’un homme et la tiar e d’un r oi. Nous
p asser ons, mais, alentour , il n’y aura rien, que le silence infini des foins
en fleur et des or g es v ertes.
i v eut v enir av e c moi v oir la saison des r oses à Isp ahan. s’aende à
d’inter minables plaines, aussi haut monté es que les sommets des Alp es,
tapissé es d’herb es rases et d’étrang es fleur ees pâles, où à p eine de loin
en loin sur gira quelque villag e en ter r e d’un gris tourter elle , av e c sa p etite
mosqué e cr oulante , au dôme plus adorablement bleu qu’une tur quoise  ;
qui v eut me suiv r e , se résigne à b e aucoup de jour s p assés dans les
solitudes, dans la monotonie et les mirag es. . .
n
3CHAP I T RE I I
EN ROU T E
Mardi, 17 av ril.
    ter r e , notr e déballag e de nomades s’étale , mouillé
d’ embr uns et piteux à v oir , au crépuscule . Be aucoup de v entE sous des nuag es en v oûte sombr e  ; les lointains des plaines de
sable , où il faudra s’ enfoncer tout à l’heur e à la grâce de Dieu, se détachent
en clair sur l’horizon  ; le désert est moins obscur que le ciel.
Une grande bar que à v oile , que nous avions frété e à Bender-Bouchir ,
vient de nous jeter ici, au seuil des solitudes, sur la riv e brûlante de ce
Golfe Per sique , où l’air empli de fiè v r e est à p eine r espirable p our les
hommes de nos climats. Et c’ est le p oint où se for ment d’habitude les
caravanes qui doiv ent r emonter v er s Chiraz et la Per se centrale .
Nous étions p artis de l’Inde , il y a envir on tr ois semaines, sur un
navir e qui nous a lentement amenés, le long de la côte , en se traînant sur les
4V er s Isp ahan Chapitr e I I
e aux lourdes et chaudes. Et depuis plusieur s jour s nous av ons commencé
de v oir , à l’horizon du Nord, une sorte de muraille mondiale , tantôt bleue ,
tantôt r ose , qui semblait nous suiv r e , et qui est là , ce soir encor e , dr essé e
près de nous  : le r eb ord de cee Per se , but de notr e v o yag e , qui gît à deux
ou tr ois mille mètr es d’altitude , sur les immenses plate aux d’ Asie .
Le pr emier accueil nous a été r ude sur la ter r e p er sane  : comme nous
ar rivions de Bombay , où sé vit la p este , il a fallu fair e six jour s de
quarantaine , mon ser viteur français et moi, seuls sur un îlot de maré cag e , où une
bar que nous app ortait chaque soir de quoi ne p as mourir de faim. D ans
une chaleur d’étuv e , au milieu de tour mentes de sable chaud que nous
env o yait l’ Arabie v oisine , au milieu d’ orag es aux asp e cts ap o caly ptiques,
nous av ons là souffert longuement, accablés dans le jour p ar le soleil,
couv erts de taons et de mauvaises mouches  ; la nuit, en pr oie à d’innomables
v er mines dont l’herb e était infesté e .
A dmis enfin à Bender-Bouchir , ville de tristesse et de mort s’il en fut,
gr oup e de masur es cr oulantes sous un ciel maudit, nous av ons fait en
hâte nos apprêts, acheté des objets de camp ement, et loué des che vaux,
des mules, des muletier s, qui ont dû p artir ce matin p our nous r ejoindr e en
contour nant une baie , tandis que nous coupions p ar mer en ligne dr oite ,
afin d’é viter une mar che sous le soleil mortel.
D onc, nous v oici dép osés à l’ entré e de ce désert, en face d’un semblant
de villag e en r uines, où des g ens vêtus de haillons s’asse y ent sur des p ans
de murailles, p our fumer en nous obser vant.
Longs p our p arler s av e c nos batelier s demi-nus, — qui nous ont
app ortés à ter r e sur leur s ép aules r uisselantes, car la bar que a dû r ester à
cent mètr es de la riv e , à cause des bancs de sable . Longs p our p arler s av e c
le chef du lieu, qui a r e çu du g ouv er neur de Bouchir l’ ordr e de me donner
des cavalier s d’ escorte , et ensuite av e c mon « tchar vadar » (mon chef de
caravane ), dont les che vaux et les mules de v raient êtr e là , mais n’ar riv ent
p as.
D e tous côtés, c’ est l’étendue agité e p ar le v ent, l’étendue du désert ou
de la mer . Et nous sommes sans abri, nos bag ag es ép ar s. Et le jour achè v e
de s’éteindr e , sur notr e désar r oi.
elques g oues de pluie . Mais, dans ce p ay s, on n’y pr end p as g arde  ;
on sait qu’il ne pleuv ra p as, qu’il ne p eut p as pleuv oir . Les g ens qui
s’é5V er s Isp ahan Chapitr e I I
taient assis à fumer dans les r uines viennent de fair e leur prièr e du
Moghr eb , et la nuit tomb e , sinistr e .
Nous aendons nos bêtes, qui continuent de ne p as v enir . D ans l’
obscurité , de temps à autr e , des clo chees s’appr o chent en carillon, chaque
fois nous donnant esp oir . Mais non, c’ est quelque caravane étrangèr e qui
p asse  ; p ar vingt ou tr ente , les mules défilent près de nous  ; p our les
empê cher de piétiner nos bag ag es et nous-mêmes, nos g ens crient, — et tout
de suite elles disp araissent, v er s le ténébr eux lointain. ( Nous sommes ici
à l’ entré e de la r oute de Bouchir à Isp ahan, l’une des grandes r outes de la
Per se , et ce p etit p ort en r uines est un p assag e très fré quenté .)
Enfin elles ar riv ent, les nôtr es, av e c for ce clo chees aussi.
Nuit de plus en plus ép aisse , sous un ciel bas et tour menté .
T out est p ar ter r e , jeté pêle-mêle  ; les bêtes font des sauts, des r uades,
— et l’heur e s’avance , nous de v rions êtr e en r oute . D ans les cauchemar s
du sommeil, on a p assé quelquefois p ar de tels embar ras insolubles, on a
connu de ces fouillis indébr ouillables, au milieu de ténèbr es cr oissantes.
V raiment cela semble imp ossible que tant de choses quelconques,

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