Marguerite Duras, l alcool et « la permanence de la blessure ».
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Marguerite Duras, l'alcool et « la permanence de la blessure ».

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Alcool
Marguerite Duras, l’alcool et « la permanence »
L
7 T H S- ju i n2 0 0 2-
ncent Jaury 1 rue de sèvres -86-44-29-45. rdille-Pontet.
NÈe le 4 avril 1914 ‡ Gia Dinh, banlieue nord de SaÔgon en Cochinchine, dans une famille de la petite bourgeoisie, dÕun pËre professeur de mathÈmatiques et dÕune mËre institutrice, Mar-guerite Duras, alors Donnadieu, a une enfance malheureuse. Son pËre meurt alors quÕelle nÕa que sept ans. Son frËre aÓnÈ, Pierre, opiomane, la frappe rÈguliËrement, la traumatise sexuellement ; sa mËre, dÈpressive, hystÈrique, en dÈcoud souvent physique-ment avec Marguerite. Ce qui lui fait Ècrire amËrement dans LÕamant : ´ Dans mon enfance, le malheur de ma mËre a occu-pÈ le lieu du rÍve ª. De surcroÓt, sa mËre nÕa jamais cachÈ sa prÈfÈrence pour lÕaÓnÈ, ce que Duras subit´ comme un grand malheur ª. CÕest dans ce contexte peu rÈjouissant que sa mËre lÕincite ‡ boire alors quÕelle est encore trËs jeune. Elle lui dit :´ Chez nous, dans le Nord, quand les filles sont maigres, on leur fait boire de la biËre ª.Incontestablement, cÕest l‡-bas, sur ces terres indochi-noises, quÕelle prend lÕhabitude de boire.
« Dès que j’ai commencé à boire, je suis devenue une alcoolique »
Sa premiËre grande pÈriode dÕalcoolisme est celle de la LibÈra-tion, dËs juin1944. AprËs avoir quittÈ SaÔgon en 1936 afin dÕen-tamer un cursus universitaire ‡ Paris, dÕabord en mathÈmatiques puis en droit et en sciences politiques ; aprËs sÕÍtre engagÈe dans la RÈsistance pendant la deuxiËme guerre mondiale, Duras par-ticipe pleinement ‡ lÕeuphorie de lÕaprËs guerre. Paris retrouve son rÙle de capitale des Lettres et des Arts que Vichy tenta dÕamoindrir au nom de la dÈcentralisation. FranÁois Mauriac Èvoque´ cet air lÈger que nous respirons sous ce ciel de Paris, sous cet azur comme lavÈ o˘ le drapeau franÁais ressemble ‡ lÕaile vivante dÕun grand archange.ªDans le climat fiÈvreux du quartier latin, Sartre Ètablit peu ‡ peu son magistËre et Duras, en marge, constitue ´ le groupe de la rue Saint BenoÓt ª. Edgar Morin, Jean-Toussaint Desanti, Georges Semprun, Georges Bataille, Claude Roy, Maurice Blanchot, Maurice Merleau-Ponty, Clara Malraux, Francis Ponge, Gaston Gallimard... se rÈunissent effec-tivement presque tous les soirs au 5 de la rue Saint BenoÓt chez Duras et son mari Robert Antelme, pour y discuter littÈrature et politique. On est´ ivres de joie ªet on est bien souvent ivre tout court. Gin, whisky et rhum ne manquent jamais.A lÕÈpoque, Duras est une des seules femmes ‡ boire beaucoup comme les hommes, sans pour autant faire scandale. Elle sÕengage politiquement, comme elle le fera toute sa vie. Elle est membre du PCF de lÕautomne 1944 ‡ 1950 dans ce souci constant de se positionner du cÙtÈ des opprimÈs. En 1955, elle court le risque de sÕengager dans la Fondation du ComitÈ des intellectuels contre la poursuite de la guerre en AlgÈ-rie. L‡ encore, aprËs les meetings, on lËve souvent le coude au bis-trot tout en parlant politique. Quelques dÈcennies plus tard, Duras jette un regard sans amÈ-nitÈ sur cette pÈriode:´ JÕai commencÈ ‡ boire aux fÍtes, aux rÈunions politiques, dÕabord les verres de vin et puis le whisky. DËs
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