Qu est ce que le réformisme
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Que Faire – Numéro 0 – janvier/mars 2005 Qu'est-ce que le réformisme ? Diane Adam, Nicolas Verdon Le mouvement ouvrier européen s'est structuré politiquement à la fin du XIXe siècle. Sous l'impulsion de la deuxième Internationale, des partis sociaux-démocrates se sont développés à une échelle de masse. eAinsi en Allemagne, au début du XX siècle, le SPD comptait plus d'un million de membres. Il contrôlait des dizaines de quotidiens, des syndicats, de nombreuses associations ; le parti constituait un véritable Etat dans l'Etat. En France, la SFIO créée en 1905 était bien plus modeste mais elle allait tripler ses effectifs en moins de dix ans pour atteindre près de 100 000 membres à la veille de la première guerre mondiale. Le développement des analyses réformistes au sein de la social- edémocratie au début du XX siècle eDominée par le SPD allemand, la II Internationale se revendiquait du marxisme. En théorie elle prétendait n'avoir aucune illusion dans le parlementarisme et n'opposait pas réforme et révolution. Comme l'écrivait Rosa Luxemburg dans la polémique qu'elle mena alors contre le réformisme : « Entre la réforme sociale et la révolution, la social-démocratie voit un lien indissoluble : la lutte pour la réforme étant le moyen, et la révolution sociale le but ». Pourtant entre la théorie et la pratique quotidienne des organisations social-démocrates, le fossé ne cessait de s'élargir.

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Langue Français

Extrait

Que Faire – Numéro 0 – janvier/mars 2005
Qu'est-ce que le réformisme ?
Diane Adam, Nicolas Verdon
Le mouvement ouvrier européen s'est structuré politiquement à la fin du XIXe siècle. Sous l'impulsion de
la deuxième Internationale, des partis sociaux-démocrates se sont développés à une échelle de masse.
Ainsi en Allemagne, au début du XX
e
siècle, le SPD comptait plus d'un million de membres. Il contrôlait des
dizaines de quotidiens, des syndicats, de nombreuses associations ; le parti constituait un véritable Etat
dans l'Etat. En France, la SFIO créée en 1905 était bien plus modeste mais elle allait tripler ses effectifs en
moins de dix ans pour atteindre près de 100 000 membres à la veille de la première guerre mondiale.
Le développement des analyses réformistes au sein de la social-
démocratie au début du XX
e
siècle
Dominée par le SPD allemand, la II
e
Internationale se revendiquait du marxisme. En théorie elle prétendait n'avoir
aucune illusion dans le parlementarisme et n'opposait pas réforme et révolution. Comme l'écrivait Rosa Luxemburg dans
la polémique qu'elle mena alors contre le réformisme
: «
Entre la réforme sociale et la révolution, la social-démocratie
voit un lien indissoluble : la lutte pour la réforme étant le moyen, et la révolution sociale le but
».
Pourtant entre la théorie et la pratique quotidienne des organisations social-démocrates, le fossé ne cessait de
s'élargir. En France, le socialiste
Millerand
défendait publiquement l'idée que la transformation sociale passait par le
parlement et par l'action gouvernementale. Ceci l'amena, au tournant du siècle, à entrer dans un gouvernement
bourgeois. Ce n'était pas un comportement marginal : de telles positions reflétaient tout un courant réformiste qui se
développait au sein de la social-démocratie. Il a trouvé son expression théorique la plus aboutie chez le socialiste
allemand
Eduard Bernstein
.
Celui-ci expliquait en substance que les transformations récentes qu'avait connues le système capitaliste rendaient
la révolution inutile. Le développement des cartels patronaux, du système de crédit, de moyens de communication
modernes, le développement des syndicats ouvriers, l'amélioration des conditions de vie ouvrières, la persistance des
classes moyennes… étaient la preuve de l'adaptation du système, de l'atténuation des contradictions internes du
capitalisme. Ces transformations qui témoignaient d'une tendance grandissante à la socialisation de la production
ouvraient la voie à un passage pacifique au socialisme au moyen de réformes progressives, par l'action syndicale et la
voie parlementaire.
Bernstein prétendait réviser le marxisme de façon pragmatique. Il en rejetait en fait son essence même. Pour Marx
le socialisme était une nécessité historique. La dynamique du capitalisme tendait vers un approfondissement des
contradictions internes du système qui lui seraient à terme fatales. Seule l'action consciente de la classe ouvrière pour
renverser le capitalisme et instaurer une société socialiste pouvait empêcher l'humanité de sombrer dans la barbarie.
Cette nécessité historique disparaissait chez Bernstein, comme chez tous ceux qui allaient par la suite défendre les
thèses réformistes.
Le XX
e
siècle a démenti du tout au tout les analyses économiques de Bernstein. Loin de s'atténuer, les
contradictions du système se sont exprimées comme jamais auparavant dans les guerres impérialistes, les crises
économiques et les révolutions. Confrontée aux crises, la social-démocratie a toujours choisi de préserver le système en
faisant payer la crise aux travailleurs. Après le déclenchement de la Première guerre mondiale, les principaux partis
sociaux-démocrates ont ainsi appelé les travailleurs à s'unir avec leur bourgeoisie et à s'entretuer par millions pour
défendre la Nation. Des politiques réformistes ont par la suite été menées dans de nombreux pays. Qu'elles aient
proposé d'instaurer le socialisme par la voie parlementaire ou plus généralement une gestion plus "efficace" du système
qui satisfasse à la fois les intérêts des travailleurs et ceux du capital, ces politiques ont toutes mené à l'impasse. Un an
après la victoire du Front populaire,
Léon Blum
a décrété la « pause », revenant sur les acquis de la grève de juin 36.
Arrivé au pouvoir, alors que la crise des années 1970 développait un chômage massif, Mitterrand a choisi dès 1982 le
tournant de la rigueur. Aujourd'hui, dans toute l'Europe, la social-démocratie défend les contre réformes libérales sur les
retraites, la sécurité sociale, les allocations chômage...
L'emprise du réformisme : un produit des contradictions du système
capitaliste
Les idées de Bernstein ont été durement critiquées à l'époque par de nombreux dirigeants marxistes parmi lesquels
Kautsky
, Rosa Luxemburg, ou Lénine. Pourtant la vision réformiste allait devenir prépondérante au sein de la social-
démocratie dans la plupart des pays européens. L'importance croissante du réformisme au sein de la social-démocratie
ne peut pas s'expliquer par la seule influence de quelques dirigeants révisionnistes comme Bernstein.
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