Misogynie, misandrie, il y a deux sexismes
215 pages
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Description

Dans son histoire, le féminisme a eu des adversaires bien identifiés : la misogynie, le conservatisme, le puritanisme... Mais il semble que l'on assiste à l'émergence d'un autre adversaire, plus souvent sournois et peu-être plus dangereux : la misandrie, autrement dit le sexisme contre les hommes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 octobre 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9782375040522
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Patrick Guillot
Misogynie, misandrie
Il y a
DEUX SEXISMES
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Du même auteur : Quand les hommes parlent…Le Souffle d’or, 2002 La cause des hommes. Pour la paix des sexes.Option santé (Québec), 2004 La misandrie. Histoire et actualité du sexisme anti-hommes.Groupe d’études sur les sexismes, 2010
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Aux victimes des sexismes hommes et femmes indistinctement
Introduction
S O M M A I R E
1. 15e-18e. LA MISANDRIE THEOLOGIQUELaQuerelle des femmesLes doctrinaires :Rodriguez de la Camara (1395 ?-1440 ?). Cornelius Agrippa (1486-1535). Marguerite de Valois (1553-1615)Les manieurs de paradoxes :Charles Estienne (1500-1564). Marie de Romieu (vers 1545- vers 1590)Une dialoguiste :Moderata Fonte (1555-1592)
2. UN ARRIERE-PLAN CONTINU : LE MESSIANISME FEMININ
Enfin un Christ femme…Guillelma de Bohême ( ?-1281). Guillaume Postel (1510-1581)Le principe féminin au service de la Révolution :François Boissel (1728-1807)Les Saint-Simoniens, ou l’« attente de laMère»Les matriarcales :Céline Renooz (1840-1928). Anne Léal ( ?). Françoise d’Eaubonne (1920-2005)Monothéisme, marxisme, misandrie Le messianisme banalisé
3. 20e. UN COURANT MINORITAIRE : LA MISANDRIE GUERRIERE Les virginistes: Madeleine Pelletier (1874-1939), Arria Ly (1881-1934) Mary Daly (1928-2010) Les séparatistes Valérie Solanas (1936-1988) Une postérité au 21e :Virginie Despentes,le porno-chic
4. 20-21e. LE COURANT QUI TRIOMPHE : LA MISANDRIE VICTIMAIRE La « classe des hommes » opprime la « classe des femmes » Les garçons sont des bourreaux en devenir
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Les institutions doivent protéger les femmes exclusivement, contre les hommes exclusivement Les hommes n’ont pas de sentiments Les « valeurs » sont « féminines » exclusivementLa misandrie n’existe pas Les hommes, mauvais gestionnaires, mauvais politiques La « parité »Les hommes sont de mauvais parents Les pères jouent un rôle mineur dans la procréationLes pères n’aiment pas leurs enfantsLes pères jouent un rôle mineur dans l’éducationDiscriminer les pères est légitimePriver un père de son enfant en accouchant sous X est légitime Faire d’un homme un père contre sa volonté est légitime Les garçons parasitent l’école L’école doit prioriser les fillesL’école doit enseigner la méfiance des hommesLes hommes entre eux complotent contre les femmes Le complot « masculiniste » Les hommes parasitent et exploitent les femmes La « double journée »Le « plafond de verre »Discriminer les hommes est légitime La « domination masculine », le « machisme », le « patriarcat »Les hommes sont violents La(les) « violence(s) contre les femmes »Le « féminicide » La « culture du viol » Les hommes sont violents sexuellement Les violences sexuelles sont une spécificité masculineLa violence est consubstantielle à la sexualité masculineAccuser faussement les hommes de violences sexuelles est légitimeLes hommes sont violents dans le couple
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Les « hommes battus » n’existent pasVariante : les hommes battus existent… un peu Les hommes violents sont partoutLes hommes sont violents contre la nature Les hommes ne changeront jamais
5. LA REECRITURE MISANDRE DE L’HISTOIRE
Les hommes sont redevables du (sombre) passé des femmes Un mythe réactivé : le « droit de cuissage»Une tragédie récupérée : la chasse aux sorcières
6. REGARDS COMPLEMENTAIRES
La misandrie masculine : l’homme-coupable Misandrie, idéologie transgenre, bisexisme Misandrie et racisme, hétérophobie, âgisme Autres approches critiques Conclusion Médiagraphie
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INTRODUCTION Il est, paraît-il, un pouvoir des mots. Dans le cas demisandrie, ce pouvoir n’a pas opéré. Le mot lui-même n’a pas pris sa place dans le langage courant. Et sa création n’a guère fait avancer la connaissance ou la reconnaissance du point de vue qu’il désigne, alors même qu’il n’a pas à souffrir de la concurrence d’autres mots. Misandrie, du grecmisein, haïr, etandros, homme, est un nom féminin, défini par les dictionnaires contemporains, selon les cas, comme un sentiment d’aversion, d’hostilité, de mépris ou de haine envers les hommes, au sens d’individus de sexe masculin. Son seul dérivé estmisandre, adjectif ou nom, qui désigne les personnes qui sont animées par ce sentiment. Un autre mot,androphobie, a antérieurement défini une perception négative des hommes. Il apparaît au dix-neuvième siècle, avec son dérivé androphobe, dans la première édition duGrand dictionnaire universel Larousse (1866-1869), où l’on trouve aussiandrophobique, et dans le Dictionnaire de la langue françaised’Émile Littré (1863-1869). Ce mot n’a guère connu de succès et n’apparaît plus dans les dictionnaires.  LeGrand Robert de la langue françaisesitue l’émergence demisandrievers 1970. Quarante ans plus tard, les deux termes demeurent peu connus. Au début des années 2010, leLarousseleur accolait la mention «Rare». Et ils n’apparaissent dans aucune encyclopédie. Des personnes cultivées ne les connaissent pas, ou hésitent sur leur sens. Voilà donc un mot paradoxal : censé désigner l’une des deux formes du sexisme, et même, pour certains, l’une des idéologies dominantes de notre époque, il apparaît tardivement, est peu connu et peu usité. Infiniment moins que son symétrique,misogynie, attesté depuis 1559, que personne n’ignore. Plus étonnant encore, il est incorrectement et incomplètement défini. Dans les ouvrages précités la même lacune se retrouve : la misandrie est envisagée comme un sentiment, ce qui est juste, maisseulementcomme un sentiment. D’autres ouvrages lui attribuent un sexe. En 2017 encore, leGrand Robertde fait misandre un nom féminin, désignant une attitude spécifiquement féminine ; il en est de même dans le Littré, qui le définit comme «une femme qui méprise les hommes».
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L’étude qui suit s’efforce de rectifier ces deux aprioris, les plus courants, mais aussi d’autres : celui qui voit dans la misandrie un courant moderne, d’apparition récente, sans antécédents dans le passé ; ou celui qui la considère comme un phénomène spécifiquement nord-américain ; celui encore qui la croit moins répandue, ou moins violente que la misogynie, ce qui en ferait un sexisme de moindre ampleur ou de moindre danger. Le parti a été pris d’en évoquer un large éventail d’expressions, à savoir de nombreuses citations d’auteurs, et, pour la période contemporaine, des textes de lois, des enquêtes, des faits de société, des publicités : cela constitue autant d’éléments de démonstration concrets et vérifiables. La misandrie évolue dans la forme beaucoup plus que sur le fond. C’est pourquoi l’axe de présentation principal est l’ordre historique et chronologique ; à l’intérieur de ce cadre s’inscrivent des parties thématiques. La plupart des auteurs référés sont français. Les autres sont originaires d’autres pays d’Europe et d’Amérique du nord : leur nombre est suffisant pour faire apparaître que le phénomène est notable dans tous les pays développés. Toutefois le sujet est loin d’être épuisé. Il demeure ici et là de nombreuses expressions de la misandrie, et en particulier dans le passé historique. Les textes de la première moitié du Moyen-âge et de l’Antiquité gréco-romaine pourraient fournir des matériaux. Un champ est ouvert pour les chercheurs…  Etudier la misandrie, c’est étudier le sexisme, et la rigueur commande de repréciser en préambule ce qu’est celui-ci. Cela semble a priori facile. Pourtant, en particulier parce qu’il peut prendre une forme à un seul niveau, ou à plusieurs niveaux combinés, les définitions qu’en donnent dictionnaires et encyclopédies ne sont pas forcément satisfaisantes. Ainsi, lorsque les premiers proposent «attitude discriminatoire«» ou attitude de discrimination», ils mélangent deux niveaux : «attitude» renvoie à un comportement, «discriminatoire» renvoie à l’organisation sociale. Le sexisme est la croyance en l’infériorité d’un sexe par rapport à l’autre. Au plan affectif, cette croyance s’accompagne de sentiments dévalorisants, selon des nuances diverses : la condescendance, le mépris, la haine, etc.  La croyance peut demeurer à l’état brut, non-théorisée. Elle peut aussi servir de fondement à une construction idéologique, laquelle peut servir de fondement à une construction sociale.
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La croyance peut être rationalisée et structurée, donnant corps à une idéologie. Celle-ci entend définir les critères de l’infériorité, et la démontrer par des arguments. En effet, cette infériorité n’est pas toujours conçue de la même façon. Elle peut l’être comme partielle ou comme globale. Partielle si elle ne concerne que certaines compétences ou traits de personnalité, et non l’ensemble : dans la société bourgeoise, les femmes étaient jugées incompétentes dans les activités de la sphère publique, mais irremplaçables en tant que mères et dans la sphère domestique. Ou globale : lors des chasses aux sorcières du XVe siècle, les théologiens inquisiteurs dénonçaient chez les femmes leur avidité sexuelle, leur perversité, leur immoralité, c’est-à-dire des traits caractérisant l’ensemble de leur personnalité. Le sexisme idéologique s’appuie sur trois procédés. L’essentialisation consiste à considérer que le sexe désigné comme inférieur l’est par essence, ou par nature, ou originellement. Donc qu’il l’est à toutes les époques et le sera à jamais. Il en est de même pour le sexe désigné comme supérieur. Par contre, constater l’infériorité ou la supériorité d’un sexe dans le cadre d’une société ou d’une époque données, donc de manière circonscrite dans l’histoire, ne relève pas d’un discours sexiste.  La dichotomisation réduit l’explication de toute l’histoire de l’humanité et de tous les événements contemporains à l’opposition de deux catégories, en l’occurrence les deux sexes, et à elle seule. Tout autre facteur explicatif est écarté.  La surgénéralisation consiste à sélectionner des traits qui ne caractérisent qu’une minorité de personnes, infériorisants pour un sexe, supériorisants pour l’autre : et à les généraliser ensuite à toutes les personnes du même sexe. C’est ainsi que la misogynie définit toutes les femmes sans exception comme fragiles et inconséquentes ; et tous les hommes, sans exception, comme courageux et rationnels. A l’inverse, n’attribuer qu’à une partie, même importante, des individus d’un sexe des traits infériorisants ou supériorisants ne relève pas du sexisme. Enfin la croyance idéologisée peut être concrétisée et appliquée dans la société, sous la forme de discriminations faites aux personnes du sexe jugé inférieur. En 1804, le Code civil, dit Code Napoléon, donne à l’homme l’autorité dans le couple, et instaure l’incapacité juridique des femmes, célibataires ou mariées. La définition suivante, qui prend en compte la complexité du phénomène, servira de point de repère pour l’étude de la misandrie : le 9
sexisme est la croyance en l’infériorité essentielle d’un sexe par rapport à l’autre, partielle ou globale ; il peut se structurer en une idéologie, qui utilise les procédés de dichotomisation et de surgénéralisation ; enfin, il peut s’appliquer dans l’organisation sociale sous forme de discriminations.
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