L Épuisement de la terre
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L'Épuisement de la terre , livre ebook

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Description

Et si le véritable risque n’était pas le réchauffement climatique ? Et si c’était l’épuisement de la terre ? Comment nourrir dix milliards d’individus avec des sols surexploités ?Daniel Nahon sonne l’alarme. Les sols, soubassements féconds des civilisations humaines, s’érodent plus vite qu’ils ne se reconstituent. Ils sont la peau de la Terre. Les argiles, une poussière de minéraux, les recouvrent d’une fine pellicule. Et nous la sollicitons de plus en plus, jusqu’à la maltraiter. La vie pourra-t-elle continuer à y puiser ses aliments ?Tel est l’enjeu crucial de ce livre. Qui nous rappelle que nous sommes avant tout des Terriens. Daniel Nahon est professeur de géosciences à l’université Paul-Cézanne d’Aix-en-Provence.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 février 2008
Nombre de lectures 5
EAN13 9782738194664
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, FÉVRIER 2008
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9466-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À la mémoire de mes puisatiers dioulas, À Noé.
Introduction

Les terres émergées présentent à leur partie la plus superficielle une formation, le plus souvent argileuse, meuble et friable et qui porte la végétation naturelle ou les plantes cultivées. Elle peut être réduite à quelques centimètres dans les zones où le climat est le plus sec et atteindre deux cents mètres dans les zones équatoriales humides. On l’appelle le sol.
Les sols de nos champs, de nos pâturages, de nos forêts et de nos jardins sont de plus en plus sollicités, maltraités, amendés en dépit du bon sens, retournés, grattés, érodés, négligés. Ils s’épuisent plus vite qu’ils ne se reconstituent. Alors que le sol, soubassement fécond qui a permis l’aventure de l’humanité et la conquête de notre planète, se tarit et ne pourra plus, au rythme de son érosion, nourrir les neuf ou dix milliards d’individus que nos sociétés porteront vers le milieu du XXI e  siècle. C’est là que se situe l’ambiguïté du comportement humain !
À l’heure même où l’opinion publique se sensibilise à la dégradation de l’environnement, peu de voix scientifiques et politiques s’élèvent pour parler de la préservation du sol. Nombre de chercheurs et d’hommes politiques se voulant à la pointe du progrès, se détournent du devenir du sol au profit d’engouements plus à la mode. Mais la réalité est que nous perdons chaque année 0,5 % de notre capital-sol en soustrayant plusieurs milliers d’hectares, par accroissement de nos cités et de nos routes, par nos pollutions, par salinisation, par érosion. Et cela sans espoir de retour de ces sols.
Les ingénieurs agronomes ont certes eu une tâche difficile, celle d’accroître la production des principales cultures vivrières afin de subvenir aux besoins alimentaires d’une population mondiale en constante croissance. Pour cela ils se sont particulièrement intéressés aux horizons superficiels de labours où les plantes cultivées puisent leur développement et y ont apporté amendement, irrigation, herbicides et insecticides. Certes, ils ont fait œuvre utile et ont provoqué une augmentation très sensible de la production agricole. Mais le système sol-végétation n’a pas été compris et considéré dans son ensemble. Comme souvent le progrès immédiat a fait passer au second plan les implications sur le sol, sa composition, sa structure profonde, les nappes qui y circulent… Quelques décennies plus tard, on en mesure les conséquences sur l’environnement !
Tout comme il existe une histoire de notre planète Terre, il y a une histoire du sol qui accompagne l’émergence de la vie et son développement. La vie comme le sol sont en effet tous deux apparus sur notre globe après que l’eau y eut pris forme liquide. En tombant en pluie, elle pénètre les moindres fissures et craquelures des roches ignées et métamorphiques qui affleurent partout à la surface de la Terre. Elle interagit avec les minéraux qui les constituent et les dissout en individualisant tous leurs éléments chimiques. Certains sont emportés par le ruissellement tandis que d’autres se recombinent entre eux, sur place, en nouveaux minéraux très petits tant les conditions de température à la surface des continents sont moindres que celles qui existent plus en profondeur où roches ignées et métamorphiques se sont formées.
Ainsi, au fil des jours, des siècles, des millénaires, le sol se différencie à partir des roches. Et la vie elle-même, qu’elle soit primitive sous forme de bactéries, ou plus élaborée sous forme de végétaux, s’installe au sein de cet épiderme douillet. Elle y trouve les éléments chimiques combinés sous forme de molécules assimilables. Elle s’en nourrit, les sépare, les recombine dans ses tissus et, en définitive, les restitue au sol amorçant ainsi le cycle des éléments. Elle lui rend notamment le carbone, principal matériau de construction des végétaux, capturé à l’atmosphère. Il en est de même pour d’autres substances clefs comme l’azote, le phosphore. Et la vie végétale que porte le sol restitue à l’atmosphère l’oxygène jusqu’à en modifier profondément la composition.
C’est ainsi que le sol, pellicule fertile, se constitue pour des centaines de millions d’années par l’intermédiaire de la roche, de la vie et de l’eau.
Depuis la conquête du milieu terrestre par la vie macroscopique il y a à peu près 500 millions d’années, la Terre a subi de grandes violences tectoniques, volcaniques, climatiques ou cosmiques. Elle a enduré le bombardement d’astéroïdes, les mouvements crustaux des continents, l’ouverture et la fermeture des océans, les changements abrupts de polarité des champs magnétiques, les climats extrêmes qui la recouvrent de glaces, de déserts ou de forêts, regalbant sans cesse ses paysages. Au cours de ces événements exceptionnels, la faune et la flore ont été profondément marquées par des extinctions massives. Les sols ont subi le même sort, érodés, effacés, modifiés, emportés. Mais, chaque fois, sous l’action bienfaisante de l’eau et de la vie sur les roches, ils se sont régénérés, reconstitués, souvent sous des formes différentes ou nouvelles, ajustant ces interactions au rythme des changements climatiques et des bouleversements géologiques. Des écosystèmes naturels tout à la fois robustes et fragiles dont chacune des composantes dépend d’une autre se sont établis. En modifier une c’est à tout coup induire une perturbation de tout le système. Considérons un exemple délibérément simplifié. Localement, la végétation protège le sol de la pluie et du vent, elle absorbe l’énergie solaire, mais elle trouve dans le sol les nutriments et l’eau nécessaires à son développement. L’eau évaporée, transpirée par le sol et les plantes, se recycle en retournant à l’atmosphère. Dans cet écosystème des millions d’espèces vivantes foisonnent. Lorsqu’un événement vient à détruire la couverture végétale (incendie, tempête, défrichement) tout l’écosystème périclite. Le sol mis à nu s’érode sous la pluie et le vent, et reflète vers l’atmosphère une forte proportion de l’énergie solaire. Les nappes d’eau contenues dans le sol et maintenues jusque-là en profondeur par les racines des arbres remontent à la surface et s’épuisent. Les espèces vivantes sont décimées par centaines ou milliers. Les cycles des éléments chimiques sont profondément perturbés, etc.
À travers les temps géologiques, la surface de la Terre s’est ainsi couverte d’une mosaïque d’écosystèmes, depuis les déserts arides jusqu’aux forêts équatoriales chaudes et humides, aux toundras glacées ou aux régions tempérées. Au cours du temps, les continents se sont déplacés. Ce que nous appelons aujourd’hui le Sahara était, voici 450 millions d’années, proche du pôle Sud et couvert de glaces. Il a été à d’autres époques envahi de forêts équatoriales denses. À chacune de ces périodes, des écosystèmes distincts se sont formés dont les vestiges se retrouvent fossilisés dans les roches successivement cristallisées. Les écosystèmes, qu’on observe aujourd’hui géographiquement adjacents, sont superposés lorsqu’on se déplace dans le temps. Dans ces écosystèmes naturels, le sol est le lieu d’ancrage de toute vie végétale, le garde-manger aussi bien des bactéries que des végétaux supérieurs, le réservoir des nappes d’eau.
La marqueterie d’écosystèmes emboîtés fonctionne comme un vaste système d’ordre supérieur qu’on appelle la « couverture pédologique » (du mot grec pédon , le sol) ou « le manteau d’altération ». Chaque écosystème interagit avec ses voisins et ainsi de suite, faisant de la couverture pédologique un métasystème caractérisé par des mécanismes biogéochimiques variant de quelques nanomètres (milliardième de mètre) à la circonférence de la planète et de quelques secondes à des millions d’années. « Biogéochimique » en ce que l’activité de la vie animale et végétale (microscopique et macroscopique) s’ajoute à celles des processus chimiques.
Cette gigantesque symbiose fonctionne en continu. Les échanges d’eau et d’éléments chimiques étant régulés notamment par les minéraux de toute petite taille qui constituent l’essentiel du corps du sol. Une poussière de minéraux qu’on appelle les « argiles » dont l’ubiquité dans la couverture pédologique permet, lorsqu’on les décortique, de saisir la genèse et le fonctionnement de ce vaste ensemble naturel.
Les argiles naissent de l’interaction entre l’eau liquide et les minéraux des roches. Elles peuvent offrir des variations dans leurs compositions et leurs propriétés physico-chimiques selon que la pluviométrie est importante ou non (climats plus ou moins humides), selon que cette eau circule vite ou non (amonts, avals ou versants des modelés), selon qu’elle se charge ou peu en éléments chimiques dissous. D’une façon générale, la quantité d’argiles est plus importante dans les zones chaudes et humides que dans les zones froides ou tempérées, raison pour laquelle il est plus aisé d’approcher leur genèse dans les tropiques humides.
Le système a su s’adapter à l’échelle de temps des événements géologiques. Il requiert pour se constituer pleinement quelques millénaires. Dans l’histoire récente de notre planète, l’homme a su discerner les richesses que recelait la couverture pédologique. Pour se dévelop

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