La plume et l idée
175 pages
Français

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Description

« Le Neveu de Rameau, ou la supériorité du « fou » sur le « philosophe » ? Et si c'était le contraire ? Les Liaisons dangereuses, un éloge masqué du libertinage ? Voire... La révolte au sérail à la fin des Lettres persanes, une dénonciation déjà féministe du despotisme oriental ? Rien n'est moins sûr. La Plume et l'idée rassemble des études sur Voltaire, Montesquieu, Diderot, le libertinage - certaines récentes, d'autres plus anciennes -, qui sont autant de témoignages de « l'intelligence des Lumières » et de démonstrations par l'exemple de ce que lire veut dire. Synthèses de haute volée, explications de texte inspirées, fragments d'une autobiographie intellectuelle : La Plume et l'idée est la meilleure introduction possible à l'oeuvre d'un des très grands spécialistes du XVIIIe siècle. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 février 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9782304023251
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jean Goldzink
La plume et l’idée
ou L’intelligence des Lumières
préface de Pierre-François Moreau postface de Roland Mortier
Editions Le Manuscrit Paris


Illustration de couverture : Nature morte à l’exégète © Ania Szczepanska et Pierre Daubigny
© Éditions Le Manuscrit 2008
ISBN : 9782304023244 (livre imprimé) ISBN : 9782304023251 (livre numérique)


« L’Esprit des lettres »
Collection coordonnée par
Alain Schaffner et Philippe Zard
« L’Esprit des lettres » présente, dans un esprit d’ouverture et de rigueur, un choix d’ouvrages reflétant les principales tendances de la critique en littérature française et comparée. Chaque propostion de publication y fait l’objet d’une évaluation par les directeurs de collection ainsi que par des spécialistes reconnus du domaine étudié.


Dans la même collection
Agnès Spiquel et Alain Schaffner (ed.), Albert Camus, l’exigence morale. Hommage à Jacqueline Lévi-Valensi , 2006. Jeanyves Guérin (ed.), La Nouvelle Revue française de Jean Paulhan , 2006.
Isabelle Poulin, Écritures de la douleur. Dostoïevski, Sarraute, Nabokov , 2007. Philippe Marty, Le poème et le phénomène , 2007.
Philippe Zard (ed.), Sillage de Kafka , 2007
Emmanuelle André, Martine Boyer-Weinmann, Hélène Kuntz (ed.), Tout contre le réel. Miroirs du fait divers , 2008
Yves Landerouin et Aude Locatelli (ed) , Musique et littérature , 2008


Du même auteur
XVIII e siècle , Bordas, 1988 (rééd. Larousse, 2000) Montesquieu, Lettres Persanes , P uf , 1989 (épuisé) Voltaire, la Légende de Saint-Arouet , Gallimard découvertes, 1989 Stendhal, l’Italie au cœur , Gallimard découvertes, 1992
Voltaire entre A et V , Hachette supérieur, 1994
Comique et comédie au Siècle des Lumières , L’Harmattan, 2000 Montesquieu et les passions , P uf , 2001 Le vice en bas de soie , Corti, 2001 A la recherche du libertinage , L’Harmattan, 2005 Beaumarchais dans l’ordre de ses raisons , Nizet, 2008 La Solitude de Montesquieu (à paraître, Fayard)
Essais d’Anatomo-pathologie de la critique littéraire (à paraître, José Corti)
Vous avez dit Lumières ? (à paraître)


Préface de Pierre-François Moreau
L’intelligence des Lumières : un sous-titre qui est tout un programme, et même deux. L’intelligence qui caractérise les Lumières ; et celle qui consiste à les comprendre. Il n’est pas inutile d’affirmer, de réaffirmer la première, face à toutes les attaques dont les siècles suivants n’ont pas été avares. Et la seconde, c’est évidemment celle de Jean Goldzink, dont tout l’effort consiste à faire apparaître l’intelligibilité de ces auteurs et de ces livres.
Je ne dramatise pas inutilement en parlant d’attaques des siècles suivants contre l’intelligence des Lumières – que ce soit pour la nier ou pour la discréditer, ce qui revient au même. Très tôt les spiritualistes de tout poil, puis les amateurs de littérature « pure », enfin les ennemis des révolutions ont pris l’habitude de reprocher au XVIII e siècle tout à la fois d’avoir trop d’idées et d’avoir la tête brouillée par elles. Il vaudrait la peine de dresser la liste des lieux communs que deux siècles de « juste milieu » ont constitués pour nous empêcher de comprendre, et tout simplement de lire Rousseau ou Diderot, pour ne pas parler de Meslier ou d’Holbach. Ils sont, paraît-il, incohérents ; ils n’ont pas l’esprit philosophique (un comble pour ceux que l’on nommait les « philosophes » !) ; ils défigurent, par incompréhension ou par sectarisme, les grandes métaphysiques de l’âge classique ; leur tendance à tout penser en termes géométriques les empêche de comprendre l’histoire, la tradition, le concret – bref, tout ce qui importe vraiment ; ils sont trop rationnels – ou trop sentimentaux (les Anti-Lumières ne s’embarrassent guère de contradictions), ce qui de toute façon leur interdit de saisir la complexité du monde réel; leur politique est utopique, leur démocratie est totalitaire - sans compter l’ultime trouvaille du XX e siècle : les Lumières mènent à Auschwitz. Et la sottise, elle conduit où ?
On s’est donc beaucoup évertué à construire un mythe du « stupide XVIII e siècle ». stupide parce que sa conception étriquée de la raison lui imposerait des œillères. Il est toujours admirable de voir comment les ennemis de la raison sont prompts à voler à son secours contre ses défenseurs. C’est pourquoi d’ailleurs de telles attaques sont souvent solidaires d’une démarche : celle pour laquelle le regard sur la littérature doit assumer la part de la subjectivité et renoncer à une impossible rationalité.
Il y a au contraire une conviction féroce chez Jean Goldzink, et il la réaffirme encore ici : les énoncés de ce que l’on veut bien appeler l’histoire littéraire ne relèvent ni du goût ni du sentiment. Il s’agit de démontrer ce que l’on avance, et la démonstration est précisément la condition pour se soumettre à la critique. Ce n’est pas si impertinent, après tout, quand on prend pour objet ce qui fut justement le siècle de la critique.
Il ne croit pas à la science des textes ; j’y crois certainement un peu plus que lui, mais sans doute en un autre sens ; en tout cas je partage son exigence de commentaires exacts, et c’est là que doit commencer cette science, si elle doit exister. De ce point de vue, l’explication des dernières lignes de Micromégas est un modèle du genre : c’est dans la chair même du texte qu’elle fait apparaître les idées, le contexte, les controverses qui structurent toute une époque - y compris dans le détail des mots (la différence entre vénérer et révérer , comme révélatrice de la religion de Voltaire). En histoire de la philosophie, comme en histoire de la littérature et en histoire des idées, sans doute n’a-t-on jamais fait mieux que l’explication de textes ; ou, si l’on peut faire mieux, ou du moins faire aussi autre chose, c’est sur la base seulement de microanalyses sérieusement menées. Sans quoi l’on tombe très vite dans le bavardage spéculatif chez les uns, dans le lyrisme de l’ineffable chez les autres.
L’exigence de démonstrations objectives n’exclut cependant pas le parti pris. Il faut bien être partisan pour accepter résolument de prendre au sérieux une littérature qui n’a jamais caché ses prises de position. L’objectivité n’est pas la neutralité. On peut peut-être regretter la version parfois inutilement personnelle que revêt ici le parti pris. Il n’est pas question d’entrer dans tous les procès de Goldzink, ni pour l’approuver, ni pour défendre ses adversaires – à eux de faire valoir leurs arguments ; il faut plutôt se demander à quoi rime la forme profondément controversiale de sa démarche. Il est clair qu’il ne formule une théorie qu’en réfutant les « théories standard » ; parfois avec injustice, souvent avec brillant, mais il ne s’agit pas ici de compter les points. Il est plutôt utile de s’interroger sur ce qui fait le souci constant de ces travaux et que justement la polémique a pour but de faire ressortir : la considération des rapports entre philosophie et littérature. Car c’est cette recherche qui anime la plupart des explications de texte que nous lisons dans cet ouvrage.
On pourrait supposer que cette approche se justifie à titre exceptionnel, parce que l’objet s’y prête – puisque justement le XVIII e siècle s’est voulu philosophe. Ce n’est pas si sûr : il est très possible qu’elle soit valide, sous d’autres modalités, pour d’autres époques encore (Cassirer s’était posé la question pour le XVII e siècle) et, plus généralement, il est certain que ce n’est pas en isolant artificiellement les différentes composantes d’une culture qu’on parviendra à les comprendre. Ce qui est vrai en revanche, c’est que le rythme de développement, les paradigmes, les formes de rationalité se réfractent de différentes façons lorsque l’on passe d’un secteur théorique à un autre, ou du théorique à l’imaginaire ; et c’est justement ces unités différentielles qu’il convient de savoir analyser. Mais revenons au problème propre aux Lumières.
Arrêtons-nous sur ce qui devrait surprendre: l’assimilation, au long de ces études, entre idéologie et philosophie. A vrai dire, elle surprend surtout de nos jours, où le terme « idéologie » a pris, ou repris, un sens péjoratif ; et elle choque les philosophes, qui ont adopté un peu vite l’habitude de considérer leur discipline comme à l’abri de la « doxa ». Cependant ce terme a ici l’avantage de souligner, au contraire, les conditions d’insertion d’une philosophie dans le débat de son temps, et le fait que même ses déformations sont significatives de sa puissance et de

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