La Réfutation d Helvétius
111 pages
Français

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La Réfutation d'Helvétius , livre ebook

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Description

Denis Diderot (1713 - 1784). La Réfutation d'Helvetius est un essai de Denis Diderot, rédigé à partir de 1774, centré sur la critique de l'ouvrage De l'Homme d'Helvétius. Ce texte porte sur le fondement de la légitimité du pouvoir et du despotisme. Diderot réfute la thèse d'Helvétisus en affirmant la primauté des libertés individuelles sur tout projet politique

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 572
EAN13 9782820625816
Langue Français
Poids de l'ouvrage 17 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection
«Essai»

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ISBN : 9782820625816
Sommaire
TOME I
TOME II
RÉFUTATION SUIVIE DE
L’OUVRAGE D’HELVÉTIUS INTITULÉ L’HOMME
TOME I
PRÉFACE


Page 1. Si j’eusse donné ce livre de mon vivant, je me serais exposé à la persécution, et n’aurais accumulé sur moi ni richesses, ni dignités nouvelles.
On verra dans la suite combien cet aveu est contraire aux principes de l’auteur. Et pourquoi l’aurait-il donc donné ?
Page 10. La nation [ française ] est aujourd’hui le mépris de l’Europe. Nulle crise salutaire ne lui rendra sa liberté ; c’est par la consomption qu’elle périra. La conquête est le seul remède à ses malheurs ; et c’est le hasard et les circonstances qui décident de l’efficacité d’un tel remède .
L’expérience actuelle prouve le contraire. Que les honnêtes gens qui occupent à présent les premières places de l’État, les conservent seulement pendant dix ans, et tous nos malheurs seront réparés.
Le rétablissement de l’ancienne magistrature a ramené le temps de la liberté.
Nous avons vu longtemps les bras de l’homme lutter contre les bras de la nature. Mais les bras de l’homme se lassent, et les bras de la nature ne se lassent point.
Un royaume, tel que celui-ci, se compare fort bien à une énorme cloche mise en volée. Une longue suite d’enfants imbéciles s’attachent à la corde, et font tous leurs efforts pour arrêter la cloche dont ils diminuent successivement les oscillations ; mais : il survient tôt ou tard un bras vigoureux qui lui restitue tout son mouvement.
Sous quelque gouvernement que ce soit, la nature a posé des limites au malheur des peuples. Au-delà de ces limites, c’est ou la mort ou la fuite ou la révolte. Il faut rendre à la terre une portion de la richesse qu’on en obtient. Il faut que l’agriculteur et le propriétaire vivent. Cet ordre des choses est éternel. Le despote le plus inepte et le plus féroce ne saurait l’enfreindre.
J’écrivais avant la mort de Louis XV : « Cette préface est hardie. L’auteur y prononce sans ménagement que nos maux sont incurables ; et peut-être aurais-je été de son avis, si le monarque régnant avait été jeune. »
On demandait un jour comment on rendait les mœurs à un peuple corrompu. Je répondis : « Comme Médée rendit la jeunesse à son père, en le dépeçant et le faisant bouillir. »
Alors, cette réponse n’aurait pas été très déplacée.


CHAPITRE I

Page 2. J’ai regardé l’esprit, le génie et la vertu comme le produit de l’instruction. – Seule ? – Cette idée me paraît toujours vraie. – Elle est fausse, et c’est par cette raison qu’elle ne sera jamais assez prouvée. – On m’a accordé que l’éducation avait sur le génie, sur le caractère des hommes et des peuples plus d’influence qu’on ne l’avait cru. – Et c’est tout ce qu’on pouvait vous accorder.


Section I

L’auteur emploie les quinze chapitres qui forment cette section à établir son paradoxe favori, que l’éducation seule fait toute la différence entre des individus à peu près bien organisés , condition dans laquelle il ne fait entrer ni la force, ni la faiblesse, ni la santé, ni la maladie, ni aucune de ces qualités physiques ou morales qui diversifient les tempéraments et les caractères.

Page 4. Si l’organisation nous fait presque entier ce que nous sommes, de quel droit, à quel titre reprocher au maître l’ignorance et la stupidité de ses élèves ?
Je ne connais pas de système plus consolant pour les parents et plus encourageant pour les maîtres. Voilà son avantage.
Mais je n’en connais pas de plus désolant pour les enfants qu’on croit également propres à tout ; de plus capable de remplir les conditions de la société d’hommes médiocres, et d’égarer le génie qui ne fait bien qu’une chose, ni de plus dangereux par l’opiniâtreté qu’il doit inspirer à des supérieurs qui, après avoir appliqué longtemps et sans fruit, une classe d’élèves à des objets pour lesquels ils n’avaient aucune disposition naturelle, les rejetteront dans le monde où ils ne seront plus bons à rien. On ne donne pas du nez à un lévrier ; on ne donne pas la vitesse du lévrier à un chien couchant. Vous aurez beau faire, celui-ci gardera son nez et celui-là gardera ses jambes.


CHAPITRE 2

Page 5. L’homme naît ignorant : il ne naît point sot ; et ce n’est pas même sans peine qu’il le devient .
C’est presque le contraire qu’il fallait dire. L’homme naît toujours ignorant ; très souvent sot ; et quand il ne l’est pas, rien de plus aisé que de le rendre tel, ni malheureusement de plus conforme à l’expérience.
La stupidité et le génie occupent les deux extrémités de l’échelle de l’esprit humain. Il est impossible de déplacer la stupidité. Il est facile de déplacer le génie.
Page 6. En fait de stupidité, il en est de deux sortes : l’une naturelle ; l’autre acquise.
Je voudrais bien savoir comment on vient à bout de la stupidité naturelle. Tous les hommes sont classés entre la plus grande pénétration possible et la stupidité la plus complète : entre M. d’Alembert et M. d’Outrelot. Et en dépit de toute institution, chacun reste à peu près sur son échelon. Qu’il me soit permis de tâter un homme, et bientôt je discernerai ce qu’il tient de l’application, et ce qu’il tient de la nature. Celui qui n’a pas ce tact, prendra souvent l’instrument pour l’ouvrage, et l’ouvrage pour l’instrument.
Il y a entre chaque échelon un petit degré impossible à franchir ; et pour pallier l’inégalité naturelle, il faut un travail opiniâtre d’un côté, et une négligence presque aussi continue de l’autre.
L’homme que la nature a placé sur son échelon s’y tient ferme et sans effort. L’homme qui s’est élancé sur un échelon supérieur à celui qu’il tenait de la nature, y chancelle, y est toujours mal à son aise. Il médite profondément le problème que l’autre résout tandis qu’on lui attache des papillottes.
Ici l’auteur confond la stupidité avec l’ignorance.
Page 7. L’esprit s’est-il chargé du poids d’une savante ignorance ? il ne s’élève plus jusqu’à la vérité ; il a perdu la tendance qui le portait vers elle.
Et cette tendance, naturelle ou acquise, est la même dans tous ?
L’homme qui ne sait rien peut apprendre ; il ne s’agit que d’en allumer en lui le désir .
Et ce désir, tous en sont également susceptibles ?
Page 8. Que fait un instituteur ? que désire-t-il ? D’éjointer les ailes du génie .
Il y a donc du génie antérieur à l’institution.
Les Anciens conserveront sur les Modernes, tant en morale qu’en politique, et en législation une supériorité qu’ils devront, non à l’organisation, mais à l’institution.
Et qu’est-ce que cela prouve ? – Qu’une nation diffère peu d’une autre nation. – Qui vous le nie ? – Que les Français, élevés comme les Romains, auraient aussi leur César, leur Scipion, leur Pompée, leur Cicéron ? – Pourquoi non ? Donc chez quelque nation que ce fût, la bonne éducation ferait un grand homme, un Annibal, un Alexandre, un Achille, d’un Thersite, d’un individu quelconque ! Persuadez cela à qui vous voudrez ; mais non pas à moi.
Pourquoi ces noms illustres sont-ils si rares, chez ces nations même où tous les citoyens recevaient l’éducation que vous préconisez ?
Monsieur Helvétius, une petite question ? Voilà cinq cents enfants qui viennent de naître. On va vous les abandonner pour être élevés à votre discrétion. Dites-moi : combien nous rendrez-vous d’hommes de génie ? Pourquoi pas cinq cents ? Pressez bien toutes vos réponses, et vous trouverez qu’en dernière analyse, elles se résoudront dans la différence d’organisation, source primitive de la paresse, de la légèreté, de l’

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