Bernanos le clair et l obscur
110 pages
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Bernanos le clair et l'obscur , livre ebook

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Description

Soixante-dix ans après la mort de Georges Bernanos, voici une lecture attachante de ses romans. On y redécouvre cette œuvre passionnée et passionnante et son style superbe, le plaçant parmi les plus grands romanciers du XXe siècle.
C’est une amoureuse de Bernanos qui fait revivre un homme hanté par la terrible lutte entre le clair et l’obscur, la vie et la mort, Dieu et Satan. Elle nous plonge, par une fine analyse littéraire, dans cet univers parfois très sombre. Mais la lumière est toujours là, fragile, proposant aux forces de l’obscur son inaltérable clarté.




« Je suis entre l’Ange lumineux et l’Ange obscur, et je les regarde tour à tour, avec la même famine enragée d’absolu »


Georges Bernanos

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414241170
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-24115-6

© Edilivre, 2018

Avant-propos
J’écris comme je souffre ou comme j’espère 1
Aucun écrivain peut-être n’a été, comme Bernanos, l’homme de ses livres, n’a vécu son œuvre avec le même poids humain et la même intensité spirituelle. Ses romans, objets de cette étude, avec Dialogues des Carmélites , sont les témoins des combats intérieurs d’un homme, devenu écrivain vers la quarantaine, et qui écrit à un ami : Votre œuvre , ne peut-elle être le miroir de votre vie la plus secrète – la vraie ? Comment ? D’une année à l’autre, vous aurez connu telle angoisse, telle tentation capitale et nous n’en saurons rien ? (…) Mais donnez – ah ! Donnez ! – donnez, pour votre repos, des noms, des visages, des aventures à vos diables… portez votre œuvre dans les entrailles .
Bernanos déclarait qu’il avait confié à ses livres les démons de [son] cœur. Il existait, entre eux et lui, une étrange analogie : mon œuvre, c’est moi-même, c’est ma maison. Plus étrange encore, l’intimité avec ses personnages, qui – tous animés d’une part de lui – devenaient à ses yeux des créatures vivantes, dont il se sentait responsable. Il priait pour eux, vivait avec eux leur drame spirituel, se heurtait à eux comme on se heurte au mystère d’un être . Il priait pour les deux jeunes filles qui répondent au nom de Mouchette : A l’une et à l’autre, que Dieu fasse miséricorde. Et il avoue : L’Imposture est un livre qui m’a coûté beaucoup de peine, dont je suis sorti ébranlé comme d’une épreuve au-dessus de mes forces, et, la dernière ligne écrite, j’ignorais encore si l’abbé Cénabre était oui ou non un imposteur, je l’ignore encore toujours…
Car, pour Bernanos, écrire, c’était vivre ses rêves. L’imagination devenait en lui don onirique. A propos de son œuvre maîtresse, Journal d’un curé de campagne , il écrit : J’ai commencé le Journal un soir du dernier hiver, absolument sans savoir où j’irais […]. Je tire tout ce que j’écris comme d’une source inépuisable de rêves. Les lieux, les paysages, les éléments sont les acteurs du drame, tout autant que les personnages, leurs yeux, leur visage, leur voix. Tout participe d’un même regard, presque halluciné, tout est reflet de l’âme et du combat spirituel.
Car Bernanos possède un don de vision étonnant, on est tenté de dire un don de voyance. Le clair et l’ obscur s’y incarnent de façon matérielle, quasi palpable. Le combat intérieur est d’une telle puissance et d’une telle réalité qu’il entraîne avec lui le monde des hommes et de la nature. Tout devient projection de la lutte spirituelle des personnages, de leur refus ou de leur acceptation de la lumière.
Bernanos va aussi loin qu’un Dostoïevski dans ce champ de la terrible et douloureuse lutte qui se livre, à la racine de l’être, entre la vie et la mort, le bien et le mal, le clair et l’ obscur , Dieu et Satan. Il a effectué une descente vertigineuse aux profondeurs de l’âme humaine, comme en une catharsis. Car analyser son œuvre – même sans être exhaustif – c’est découvrir le propre combat humain et spirituel de Bernanos. Il a vécu lui-même l’angoisse de la mort et la tentation du néant, qui semblent parfois tout engloutir dans les ténèbres du dégoût.
Mais n’est-il pas pourtant, par sa vie et sa nature ardentes, le témoin d’une espérance lumineuse, d’un amour infrangible pour la vie, pour la beauté des êtres et des choses, pour l ’humble hoirie de l’homme, qu’il aimait avec violence, joie et tendresse ?
Et, à travers cette vision quasi expressionniste, au sein de cet univers cauchemardesque et obscur, où le Prince des ténèbres semble triompher bien souvent, ne pressent-il pas presque toujours, pareil à une image enfouie en lui-même, un monde transfiguré et lumineux ? Au sein de ce rude combat, l’innocence ne fait-elle pas toujours une ineffable proposition au monde du mal, par son indéfectible et enfantine espérance en la lumière divine, cette source inépuisable de clarté ?
En cette étonnante œuvre romanesque, comment l’écrivain Bernanos, à travers la force verbale de sa prose, donne-t-il chair à ce monde inspiré ? Par quels personnages, quels détails, quelles images récurrentes, ces escadrons d’images qu’il lance dans (ses) livres ? Découvrir comment le combat de ses héros et les mutations de ce monde expressif expriment son âme tourmentée, c’est illustrer ce qu’il écrit à un ami : le métier d’écrivain n’est plus un métier, c’est une aventure, et d’abord une aventure spirituelle…
1 . Tous les passages en italique sont de Georges Bernanos : titres, extraits de ses livres ou de sa correspondance. Ils sont tirés des volumes de Georges Bernanos, Œuvres romanesques complètes , Paris, 1961 (Albert Béguin) et 2015 (collectif), Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade.
Repères biographiques
20 février 1888 : naissance de Georges Bernanos à Paris.
1898 à 1906 : Elève chez les Jésuites, puis au Petit Séminaire de N.D. des Champs à Paris, puis au Petit Séminaire de Bourges, enfin au collège Ste Marie, à Aire-sur-la-Lys. Toute son enfance, il est marqué par les paysages de Fressin (Pas-de-Calais), où ses parents ont une maison.
1906 à 1913 : Etudes en Sorbonne, à Paris. Licence ès-Lettres et licence en Droit. Sa jeunesse est un combat ardent pour la monarchie.
1913-1914 : dirige un journal royaliste à Rouen.
1914-1918 : réformé, il s’engage au 6 e Dragons, où il fait toute la guerre, avec blessures et citations.
1919 : Rompt avec Maurras et l’Action Française.
Le 11 mai 1917 : mariage avec Jeanne Talbert d’Arc. Six enfants naîtront de 1918 à 1933 : Chantal, Yves, Claude, Michel, Dominique, Jean-Loup.
1919 à 1926 : vit avec sa famille à Paris, puis s’installe à Bar-le-Duc. Devient inspecteur d’assurances, tout en écrivant ses premiers romans.
1926 : publication de Sous le Soleil de Satan. Succès considérable. Bernanos quitte les assurances pour vivre de sa plume. Commence alors une vie de perpétuels départs.
1926-1927 : Ciboure, Bagnères-de-Bigorre, Amiens, Clermont-de-l’Oise.
1927 : L’Imposture.
1929 : La Joie (Prix Femina)
1930 : mort de sa mère. Bernanos se fait soigner à Vesenex (Ain) (pour une dépression nerveuse ?). Puis Toulon.
1930 à 1933 : Hyères (La Bayorre), Villa Fenouillet. 1931 : La Grande Peur des bien-pensants .
1933 : grave accident de moto : sa jambe broyée le laissera handicapé.
1934-1937 : Les Baléares, où la vie est moins chère (gros soucis d’argent). Palma de Majorque, où il avance beaucoup ses romans. Il voit de près la guerre civile espagnole et l’horreur de la répression franquiste.
1936 : Journal d’un Curé de campagne. Grand Prix du roman de l’Académie Française. Immense succès.
1937 : Un Crime.
1938 : Nouvelle Histoire de Mouchette . L’un de ses plus beaux romans.
1938 : Les Grands Cimetières sous la lune, pamphlet contre les atrocités de Franco, bénies par l’Eglise espagnole. Impact retentissant dans les milieux politiques (la droite crie au scandale, la gauche applaudit).
Le 20 juillet 1938 : embarquement pour le Paraguay, sur un rêve d’enfant. Ensuite le Brésil. Rio de Janeiro puis diverses destinations, pour s’installer dans une fazenda, à Pirapora. 1939 : Nous autres Français . Il y écrit Les Enfants humiliés et termine enfin Monsieur Ouine . Il quitte Pirapora et s’établit finalement, pour quatre ans, à Barbacena, dans la petite ferme de La Croix-aux-Ames. Dès juin 1940, il écrit régulièrement dans les journaux de Rio, donne des messages à la BBC et publie : Lettre aux Anglais , 1941, à Rio, avec éditions clandestines en Europe. Il devient l’un des grands animateurs spirituels de la Résistance française. Ses fils et un neveu s’engagent dans les Forces françaises libres. Il abandonne définitivement l’écriture romanesque.
1945-1947 : retour en France en juillet 1945, sur un appel du général de Gaulle. Déçu par l’atmosphère politique de la Libération, il refuse un Ministère et, pour la troisième fois, la Légion d’Honneur. Il publie dans tous les journaux et fait de nombreuses conférences en Europe, dénonçant la déshumanisation par la technocratie et le totalitarisme de l’argent. Fidèle à son nomadisme, il s’en va à Sisteron, Bandol, La Chapelle Vendômoise.
1947 : La France contre les Robots.
1947-1948 : fatigué, et déjà atteint par la maladie, il s’exile en Tunisie : Hammamet, puis Gabès. Ecrit Dialogues des Carmélites. Son cancer du foie s’aggrave. De Tunis, on le rapatrie à Paris.
5 juillet 1948 : Georges Bernanos meurt à l’hôpital américain de Neuilly.
I Le chant de la lumière
J’ignore si la vie m’aime, mais le Bon Dieu m’a fait la grâce de bien aimer la vie.
La forme charnelle de l’espérance
Quand je serai mort, dites au doux royaume de la terre que je l’aimais plus que je n’ai osé dire…
Bernanos a aimé la vie. Passionnément. Dieu, que j’aime la vie ! Un goût violent et jaloux de la vie bouillonnait en lui. Et pourtant cette vie a été admirablement dure, mouvementée, harcelée de problèmes matériels pour lui et sa famille – six enfants turbulents, d’éternels gros soucis d’argent – menée comme une aventure, risquée, pérégrine, jetée magnifiquement dans la mêlée. Sa vie fut un nomadisme sans fin ; il ne put se fixer en France, ni hors de France. Avec toujours cette obsession du départ, d’un perpétuel exil, cette fuite en avant incessante vers un ailleurs inconnu et follement espéré.
Enfant, à Fressin, village de l’Artois où sa famille, venue de Paris, possédait une maison, ce fut un gamin aventureux, qui aimait le braconnage, les longues promenades dans la campagne, l’ivresse d’une vie de plein air, avide de liberté et de livres pris dans la bibliothèque de son père. Cette vitalité, cette fougue, cette force, Bernanos les a gardées

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