Chronique d une passion numismatique
462 pages
Français

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Chronique d'une passion numismatique , livre ebook

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Description

Cette chronique souhaite faire, avant l'éloge de la numismatique, l’apologie de l'Antiquité, à travers le monnayage qu'elle a inventé pour faciliter les échanges, mais aussi pour exprimer les ambitions de ses différentes cités et les principaux atouts économiques, politiques, artistiques ou religieux dont elles se recommandaient. Tout cela ne va pas sans un peu de philosophie qui pointe derrière les réflexions d'un collectionneur amené à s'interroger objectivement sur l'actualité du patrimoine antique ainsi présenté et, subjectivement, sur l'emprise d'une passion dont on peut penser que, bien conduite, elle pourrait libérer plutôt qu'asservir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 janvier 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782414307807
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-30781-4

© Edilivre, 2019
MEDAILLE ANTIQUE
L’Etna mûrit toujours la pourpre et l’or du vin
Dont l’Érigone antique enivra Théocrite ;
Mais celles dont la grâce en ses vers fut écrite,
Le poète aujourd’hui les chercherait en vain.
Perdant la pureté de son profil divin,
Tour à tour Aréthuse esclave et favorite
A mêlé dans sa veine où le sang grec s’irrite
La fureur sarrasine à l’orgueil angevin.
Le temps passe. Tout meurt. Le marbre même s’use.
Agrigente n’est plus qu’une ombre, et Syracuse
Dort sous le bleu linceul de son ciel indulgent ;
Et seul le dur métal que l’amour fit docile
Garde encore en sa fleur, aux médailles d’argent,
L’immortelle beauté des vierges de Sicile.
Les trophées . José-Maria de Heredia.
Avant-propos
De même qu’à Athènes nul n’était autorisé à entrer dans les jardins de l’Académie s’il n’était géomètre, et dans un souci de prévention étendu à une nouvelle catégorie de personnes, ceux qui n’ont pas connu une fois les égarements de la passion ni vécu les affres de l’attente, enduré la pathétique incertitude des enchères, éprouvé l’angoisse d’aller trop loin en même temps que l’impossibilité d’y renoncer, subi d’irréparables déceptions, affronté une avalanche de remords et de regrets alternés avant de sombrer dans une définitive incapacité à se condamner ou à s’absoudre, ces âmes innocentes et sereines, exemptes des aberrations de l’excès et pénétrées des sages mesures de la saine raison sont invitées à ne pas folâtrer dans ces pages où, contrairement aux enseignements du divin Platon, elles risquent de rencontrer matière à se laisser troubler, voire peut-être corrompre par un fort déplorable exemple. Les autres, géomètres ou non, rompus à toutes sortes de harcèlements et ayant déjà payé le prix de leur passion, dont par ailleurs peu importe l’objet, n’auront guère à redouter les effets sournois de la contamination, mais au contraire reconnaîtront, et je l’espère sans déplaisir, quelques sentiments qui leur sont familiers, quelques conduites comparables, quelques attitudes voisines, sources de la mutuelle consolation procurée par la fraternité et la solidarité communes aux réprouvés et aux êtres dans l’errance, même si rien en ce domaine tout à fait subjectif n’est exactement superposable. Il va sans dire que pareille sélection ne serait guère du goût de l’homme « aux larges épaules » dont l’avertissement, lancé à l’adresse d’éventuels impétrants fermés aux principes mathématiques d’intelligibilité du monde, repousserait avec encore plus d’intransigeance tout postulant égaré dans la folie des compulsions. Toutefois, ce n’est pas le droit d’entrer dans un tel jardin architecturé où se cultive en toute sérénité un savoir aligné au cordeau qui est ici revendiqué, mais plutôt celui d’investir plus modestement tout le champ broussailleux qui l’environne et que nulle clôture n’enserre ; terrain d’élection des passions, son exploration se prête plus à la description du vécu, occasionnellement à la révélation d’une confidence, qu’à l’assénement d’une démonstration. Au demeurant, il en va toujours ainsi chaque fois que, derrière l’ordre structuré du discours, pointent des connotations plus affectives, des impressions mal dégrossies, des effusions irrépressibles, des obsessions récurrentes et autres indices d’un parcours dont la confusion initiale n’a pas été complètement levée. En présence de ce genre de parole pour le moins décousue, suspendue au concours d’un destinataire assez compréhensif pour lui conférer un contenu qu’elle ne parvient pas à parfaitement expliciter et où prime le futile au point d’en oublier l’essentiel, c’est alors à l’indulgence que revient la tâche charitable de pardonner quelques obscurités parce qu’au fond, les jugeant inévitables, elle les crédite d’une sorte d’authenticité et, par là, leur restitue une certaine nécessité. Aussi n’est-ce plus vers Socrate ou Platon, mais vers Eschyle ou Sophocle qu’il convient de se tourner pour décrire le pouvoir de ces fatidiques passions inhérentes à la condition humaine et à l’égard desquelles la raison demeure dépourvue, pour ne pas dire totalement impuissante.
Quoi qu’il en soit et indépendamment des références aux sources littéraires grecques dont un amateur d’antiquité est en droit de se recommander, tout récit ne captive que dans la mesure où il émeut, utilisant pour cela l’un de ses procédés les plus efficaces qui consiste à lever un coin de voile et à faire pressentir les pièges pour mieux en développer l’effet dramatique ; prévenu, le spectateur ou le lecteur ressent doublement l’infortune d’une situation qui, désormais, l’implique également ; faute de compassion, au sens littéral du terme, pour le héros menacé et de bienveillance pour ses faux pas ou pour ses folies, aucune émotion véritable ne se fait jour, la connivence ne s’opère pas et la curiosité reste distante. Le sens, ici, ne dépend plus de l’universalité de l’idée, mais de l’empathie du sentiment qui vérifie cet autre fameux précepte selon lequel rien de ce qui est humain ne nous est étranger.
Par conséquent, chaque domaine se doit d’être cultivé selon des méthodes spécifiques hors desquelles il est déconseillé de s’y aventurer. La philosophie en appelle ainsi à la concordance des esprits perméables à la logique et à la justesse des arguments ; l’histoire d’une passion sollicite plutôt le concours des tempéraments rebelles, coutumiers des illusions, des outrances, des dérives, des fourvoiements. L’ironie veut qu’il n’y ait point tant de différence entre ces deux polarités qui se peuvent supplanter chez la même personne avec la même versatilité qu’on observe dans les expressions du visage où l’impassibilité affichée par les sages a tôt fait de se transformer en grimace sous l’effet d’une soudaine et irrésistible contraction. Aussi ne faudra-t-il guère s’étonner, tout au long de cette chronique, de voir la raison discourir avec les accents de la passion, tandis qu’on surprendra la passion inquiète de se pourvoir en raisons. C’est dire que le propos entretiendra une certaine ambiguïté qui apparaîtra encore davantage dans son souci de traquer et de dénoncer avec la plus grande rigueur un comportement obsessif, à la limite du psychotique, mais par ailleurs si prodigue en expériences d’une rare richesse qu’il ne pourra en contester la confondante vitalité. Partagé ainsi entre éloge et dénigrement, et incitant dans cette ambivalence autant à la sympathie qu’à la commisération et à la défiance, il ajoute à la naïve ambition de lui gagner d’improbables lecteurs, celle de déborder vers des sujets plus larges que celui de la monnaie antique qui lui sert de prétexte.
Au final, et pour lever toute espèce d’interdit qui supposerait au moins une certitude là où ne règne que l’équivoque, peut bien entrer qui veut dans ce jardin des délices et des tourments du désir, pourvu qu’il ne s’y sente pas entièrement étranger et que le paysage ne soit pas sans lui évoquer une épine irritative mal guérie, une pulsion pas tout à fait inhibée, une démangeaison à peine désenflammée et, plus généralement, quelque forme d’immodération ou d’exubérance dont il se serait rendu coupable et dont il ne pourrait, sans renier sa propre humanité, totalement disconvenir.
Introduction
Depuis plus de dix ans maintenant, je vis avec en tête une multitude d’effigies, de symboles, de types allégoriques ou figuratifs par lesquels les Anciens s’efforcèrent de signifier, par le moyen le plus adapté et le mieux distribué, le plus précieux aussi, à savoir leur monnaie, ce que représentait leur cité, ce qu’ils attendaient de leurs dieux et les buts qu’ils souhaitaient poursuivre. L’épisode grec prend à cet égard une valeur emblématique dans la mesure où il donna lieu, aux environs du VI° av. J.-C, presque en même temps que la pensée commençait à sortir de ses balbutiements, aux premières émissions monétaires ; en sorte qu’il est permis de supposer que celles-ci revêtaient l’une des expressions par lesquelles l’esprit s’éveillait peu à peu à son propre langage.
Inspirée par le besoin d’échanger, mais aussi par la volonté de revendiquer une identité, la monnaie antique répondait, sous une grande variété d’aspects, à la nécessité pour chaque cité de faire connaître sa singularité en adoptant des types conformes à ses croyances et à ses aspirations. Ainsi, à partir de simples flans métalliques d’or, d’argent ou de bronze, témoignages basiques par leur côté usuel et néanmoins éminemment révélateurs par leur caractère représentatif des mentalités et du savoir-faire des organismes émetteurs, tout un sens nous interroge indéfiniment, non seulement sur ce qu’ils dévoilent du passé, mais pareillement sur ce qu’ils manifestent d’encore présent en nous ; monuments historiques, sans doute le sont-ils au premier chef, mais surtout, pavés jetés dans la mare où stagnent nos certitudes, ils nous obligent à réfléchir sur le bien-fondé de nos propres orientations et sur le bénéfice réel du progrès dont nous sommes enclins à les créditer. De ce point de vue, la portée de la numismatique n’est plus strictement d’ordre économique, comme sa fonction première semble l’y destiner ; car ce n’est pas seulement pour assurer un négoce fructueux qu’un peuple se dote d’une vraie monnaie, étant entendu que des broches, des coquillages ou tout autre matériau investi d’une valeur fictive ou fiduciaire, auraient pu remplir ce rôle à beaucoup moins de frais, comme il l’a été constaté dans certaines contrées refermées sur les échanges locaux ; mais c’est également, grâce à la commodité de sa diffusion, pour véhiculer l’expression symbolisée de sa puissance et de tou

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